Pour la troisième fois, on explore un océan sans fin

Mine de rien, ces dernières années, les jeux vous permettant d’explorer les fonds sous-marins commencent à devenir nombreux. En 2016, nous avions par exemple adoré Abzû (Giants Squid et 505 Games) de Matt Nava (directeur artistique de Flower et Journey). On peut aussi citer, dans les productions récentes, Beyond Blue (E-Line Media) en 2020, Under the Waves (Parallele Studio, Quantic Dream) en 2023, voire Dolphin Spirit (Magic Pockets, Microids) pour les plus jeunes. Les tests sont en liens 😉

Aujourd’hui, c’est donc Nintendo qui s’y met sur Switch. Ou plutôt qui s’y remet. Car si vous êtes un fidèle de la marque, il ne vous aura pas échappé que ce Endless Ocean : Luminous est en réalité le 3e épisode d’une série apparue sur Wii en 2007. Une série qui se nomme Forever Blue, au Japon. Le premier épisode de 2007 marche plutôt bien, et son développeur, Arika, met alors un second volet, Endless Ocean 2 : Aventuriers des fonds marins qui sort toujours sur Wii, en 2009. Forever Blue/Endless Ocean, pour l’anecdote, est la suite spirituelle d’une autre licence dédiée à la plongée, et développée par le même studio Arika : Everblue, dont les deux épisodes sont sortis respectivement au Japon en 2001 et 2002, sur PlayStation 2 (jeux distribués par Capcom).

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Il aura donc fallu attendre 15 ans pour pouvoir jouer à une suite de Endless Ocean 2 : Aventuriers des Fonds Marins, puisque le troisième épisode de la franchise, Endless Ocean : Luminous, débarque tout juste sur la Switch, et c’est toujours Arika qui est au développement. Avec la promesse de nous faire renouer avec l’aventure sous-marine, avec l’exploration des fonds marins, en solo ou à plusieurs. D’ailleurs, à ce sujet, sachez que Nintendo vous offre, avec le jeu, un essai de 7 jours du Switch Online. Histoire de tester les modes en ligne de Endless Ocean : Luminous. Et de demander l’aide d’amis pour référencer poissons, mammifères et invertébrés marins. Du scalaire au beluga, en passant par le concombre de mer, le requin tigre, le poisson perroquet, le baliste clown, le crabe royal, la baleine à bosse, la raie pastenague… Et même des créatures que l’on pensait éteintes…

Le scénario n’est clairement pas le point fort du jeu : on y incarne un plongeur qui doit enquêter dans la Mer Voilée, en compagnie d’un autre plongeur, et assisté d’une intelligence artificielle, OceanIA, qui vous guide dans vos recherches. Ici, on parlera d’un arbre de mer, d’une mystérieuse lumière qui entoure les espèces marines, et que vous pouvez récupérer simplement en scannant les bêbêtes aquatiques. On parlera aussi de civilisation ancienne, et de créatures venues du fond des âges… Bref, un scénario un peu classique, et gentillet. D’ailleurs, on l’a dit : ici, pas de combat, vous pourrez nager en totale détente aux côtés de l’orque, du requin blanc, du requin bouledogue voire du mosasaure… Sans que ces carnivores n’en aient rien à faire de votre présence.

Ode à l’exploration

Concrètement, le jeu se partage en trois modes distincts. Un mode Plongée en Groupe, qui vous propose d’explorer les fonds marins avec d’autres joueurs online. Un mode qui, tenez vous bien, vous permet d’explorer la Mer Voilée avec jusqu’à 29 autres joueurs ! Il y a clairement moyen de bien s’amuser, en se sentant moins seul. Le troisième mode est celui dont nous avons commencé à parler précédemment : le mode Histoire, qui débute comme un tuto avec des missions courtes (on va y revenir plus bas), et nous propose un scénario autour de ce nouvel environnement mystérieux qu’est la Mer Voilée, havre de paix pour les espèces aquatiques.

Et le mode du milieu ? Il s’agit du mode Plongée en solo… Et celui-ci, vous allez le retourner dans tous les sens ! Car dans ce mode, il y a tellement à faire !! Scanner et répertorier les 578 espèces du jeu (poissons, mammifères, crustacés…), trouver des trésors perdus au fond de l’eau, mettre à jour les 99 secrets de la Mer Voilée (de petites énigmes à résoudre)… Lorsque vous scannez un nouvel animal, vous récupérez aussi le halo de lumière qui l’entoure, et qui va constituer votre niveau d’expérience (sous forme de barre en haut à gauche de l’écran). Et une fois que vous passez un palier, une roulette se déclenche pour vous offrir des stickers. Ajoutez à cela les nombreux stickers, signes et coloris à acheter… Et vous comprendrez que le jeu va vous occuper un bon moment !

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D’autant que ce mode exploration en solo a une autre carte à mettre sur la table : à chaque fois que vous engagez une plongée en solo, vous pouvez soit finir une map déjà commencée (vous devez dévoiler 100% de la carte et trouver 100% des espèces)… Soit en commencer une nouvelle. Mais le décor sera différent à chaque fois ! Avec des biomes différents : une mer glacée, des abysses, une mer antique avec des créatures disparues depuis longtemps… Avec cependant un très gros bémol : si vous changez de carte, vous ne pourrez ni enregistrer la précédente, ni y revenir autrement que par un code à noter et à rentrer manuellement… Comme s’il n’était pas possible de pouvoir enregistrer plusieurs progressions en 2024 !

En réalité, vous allez beaucoup naviguer (c’est le cas de le dire) entre le mode Plongée en Solo et le mode Histoire. Car le déblocage des chapitres de ce dernier est souvent soumis à des conditions, on va vite le délaisser pour lui préférer le mode libre, mais on y reviens plus bas…. En revanche, sachez que des événements ponctuels en ligne complètent le mode Plongée en Groupe. Du moins, ces événements en reprennent le principe, mais avec des bestioles un peu plus rares. Mais attention : ces événements sont limités en durée.

C’est joli et agréable à jouer

Les images ci-contre parlent d’elles mêmes. Endless Ocean : Luminous est un beau jeu, agréable à regarder, coloré, avec des fonds détaillés : certes beaucoup de bancs de sable, mais aussi des récifs coralliens, des grottes, des épaves… Et quand plusieurs bancs de poissons s’affichent à l’écran, là où l’on s’attendrait à des chutes de framerate, le jeu reste fluide. Le milieu marin permet aux développeurs de jouer avec l’environnement, et notamment l’effet d’eau trouble…) pour optimiser le jeu en réduisant la distance d’affichage : on voit moins loin, mais le tout reste fluide. Malin, mais plutôt réaliste en fait ! Le reproche que l’on pourra lui faire sur le plan de la technique concerne les temps de chargement, longs et nombreux.

Même constat pour la jouabilité. Votre avatar en combinaison se contrôle à la perfection, sans vraiment galérer. Bien entendu, il vous faudra passer par un apprentissage des touches, afin de ne pas confondre le scan et le mode photo (vous confondrez sans doute les deux touches L au départ). Pour le reste, les commandes répondent au doigt et à l’œil, et votre personnage dispose également d’un court dash très pratique lorsqu’il doit se déplacer loin sur la map. Du côté des tenues et stickers, on apprécie grandement de pouvoir les échanger contre de la monnaie in-game. On touche du bois, mais pour le moment, Endless Ocean : Luminous est un jeu qui ne connaît pas les DLC payants… Pourvu que ça dure !

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En revanche, et on va encore une fois revenir sur un mode Histoire mal foutu mais… Pourquoi ? Ce mode se découpe en plusieurs chapitres très courts : jamais plus de deux ou trois minutes chacun. Parfois même, un acte se déroule tel une cinématique, sans que vous n’ayez à intervenir. Mais le plus surprenant est le système de progression dans l’Histoire : au bout du deuxième chapitre, l’acte suivant se débloque sous conditions. La première est de finir le précédent (logique)… Mais le suivant est de scanner 1000 ou 2000 poissons de plus. Ce qui vous impose des allers-retours vers le mode Plongée en Solo, tout en cassant le rythme de l’histoire. Car parfois, ça peut être long de remplir les conditions ! Autrement dit, l’histoire n’avance que si vous partez farmer dans le mode libre… Alors très vite, on privilégie les longues sessions libres, et on oublie le story-mode qui n’apporte finalement pas grand chose…

Du coté du son, les musiques, discrètes, collent parfaitement à cette promenade sous la mer. Elles sont douces, apaisantes, bien que le jeu ne propose au final pas tant de morceaux que cela… Donc des musiques parfaitement dans le ton. Notez que le jeu est doublé en VF, notamment lorsque OceanIA vous lit les fiches des poissons avec sa voix synthétique : parfait pour les enfants qui ne savent pas encore lire. En revanche, on s’étonne de quelques sons sortis de nulle part. Comme par exemple celui que vous entendez lorsque vous switchez entre les poissons que vous venez de scanner : les développeurs ont clairement repris le son des menus de la PS4. Idem pour Daniel, votre comparse des missions du mode histoire, qui aurait pu s’exprimer à travers un micro intégré à sa combi, par exemple… Mais qui parle ici avec des bruitages caricaturaux, qui cassent l’immersion.

Au final

Vous aurez compris que, si vous êtes un fan de jeux d’action, où l’on cogne et où l’on vide des chargeurs… Vous pouvez passer votre chemin : de nombreux autres titres vous attendent ! Endless Ocean : Luminous est un jeu à réserver aux amoureux d’exploration marine, de jeux contemplatifs… Ou aux completionistes acharnés qui visent le 100% dès lors qu’un jeu propose une collection ou un inventaire à compléter. Autrement dit, certains joueurs y verront un jeu barbant (pour rester poli), quand d’autres apprécieront cette virée zen et reposante, qui permet de se poser entre deux jeux d’action. Je me situe sans aucun doute dans cette dernière catégorie, vu le nombre d’heures passées sur le jeu.

Pour autant, et aussi plaisant soit-il, ne pensez pas que le jeu soit parfait, loin de là ! Son mode histoire est loupé, d’une part parce que les chapitres présentent peu d’intérêt… D’autre part parce que le système qui permet de débloquer ces chapitres est une invitation à oublier ce mode ! Reste la plongée, en solo ou en groupe, qui restent les points forts du jeu ! Bien que l’expérience soit parfois gâchée par une visibilité réduite (la Mer Voilée porte bien son nom). Et une fois que vous aurez trouvé 500 espèces environ, bon courage pour trouver les manquantes, qui se font parfois aussi rares qu’un Shiny dans Pokémon.

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En conclusion, Endless Ocean : Luminous est un jeu très agréable à jouer si vous aimez le genre, mais qui hélas, manque de profondeur, sans mauvais jeu de mot (on aurait aimé plus de variété dans les menus). Ce n’est pas la meilleure exclusivité Switch cette année, mais si vous aimez ce style de jeux, l’expérience mérite d’être tentée. Ne serait-ce que pour vous détendre, ou pour le plaisir de collaborer avec de parfaits inconnus lors de plongées en groupe. Bien que le tarif soit un poil élevé. Pour le coup, on espère que Nintendo nous réserve quelques DLC, histoire d’éviter une lassitude qui pourrait vite arriver…


Endless Ocean : Luminous

  • Par : Arika pour Nintendo
  • Sur : en exclusivité sur Switch (lien eShop)
  • Genre : exploration sous-marine
  • Classification : PEGI 3
  • Prix : 49,99€
  • Conditions de test : testé sur une version fournie par l’éditeur.
  • Cette ambiance tellement zen et tellement reposante !!
  • Très agréable à regarder
  • La réalisation : pas vraiment de bug ni de ralentissement
  • Les musiques réussies
  • Des commandes qui répondent au doigt et à l’œil
  • Les fiches explicatives détaillées : une encyclopédie de la mer
  • Près de 600 espèces à découvrir
  • De nombreux secrets et trésors à débusquer
  • Des maps assez grandes en mode libre
  • L’exploration jusqu’à 30 online
  • Les événements à durée limitée
  • Pas de possibilité de sauvegarder une carte déjà visitée autrement qu’avec son code à saisir manuellement
  • Les temps de chargement
  • Le mode histoire
  • Certains passages où l’on ne voit vraiment pas grand chose
  • Finalement peu de thèmes musicaux
  • Répétitif au bout d’un moment