Sorti cet été en version dématérialisée, Abzû est de retour en version physique sur PS4 depuis la fin janvier (il est déjà disponible en boîte sur Xbox 1). Giant Squid et 505 Games nous invitent à replonger dans ce monde fabuleux, à la découverte des mystères de l’océan. Cette sortie est l’occasion de tester le jeu…

Un désert, des fleurs et… L’océan

Dans l’univers des jeux vidéo, il n’y a pas que la baston, les gros flingues et les zombies. Et parfois, nous avons la bonne surprise de découvrir de petites perles, plus poétiques, plus pacifiques, plus oniriques.

Il faut le reconnaître : ces jeux à l’ambiance plus « zen » sont beaucoup plus rares, et suscitent moins d’attente que les triple A. Et pourtant, combien nous ont fait rêver ? Je ne puis m’empêcher de citer  les iconiques Flowers, ou encore Journey. Deux titres que l’on ne pourra s’empêcher de comparer à Abzû. Et pour cause !

Car dans les trois cas, nous allons retrouver un gros point commun ! Une direction artistique au style reconnaissable, signée par un seul et même homme : Matt Nava ! En effet, le développeur a récemment quitté le studio Thatgamecompany pour rejoindre Giant Squid.

Dans ses bagages, il a embarqué le compositeur de Journey, le très talentueux Austin Wintory. Si le musicien nous avait offert une magnifique OSt avec Journey, il se surpasse aujourd’hui avec Abzû. L’OST du jeu est planante, magnifique, et colle à la perfection à l’ambiance subaquatique du titre distribué par 505 Games.

Le monde du silence

Dans Abzû, vous incarnez une plongeuse, et vous allez explorer les fonds marins. Pourquoi ? Quand ? Comment ? Vous n’en saurez pas plus, pour le moment ! Au fil de votre progression va se dévoiler un scénario qui ne vous surprendra pas vraiment : l’océan regorge de « trésors » vivants, et nous devons le protéger.

Mais derrière ce fil rouge que certains jugeront peut-être trop « donneur de leçons » se cache une histoire beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît.

Ainsi, pour donner corps à ces fonds marins, de très nombreuses espèces font de la figuration. Un large casting de poissons et mammifères marins peuple les niveaux.

De plus, les développeurs sont allé puiser leur inspiration dans de nombreuses mythologies : mythe de l’Atlantide, influences des civilisations Arabe, Egyptienne ou Maya… D’ailleurs, le site officiel lui-même nous explique la signification de « Ab-Zû » qui, en langue ancienne (ils ne précisent pas laquelle) signifierait « connaissance de l’océan ».

Une direction artistique qui force l’admiration

Le très gros point fort d’Abzû, c’est sa direction artistique ! Sans faire dans l’ultra-réalisme, le jeu s’offre un style graphique que l’on peut qualifier d’oeuvre d’art.

Les décors sont tout simplement somptueux. Colorés, pleins de vie, avec des choix de couleur vraiment bien sentis, ils forcent l’admiration. On ne peut s’empêcher de s’arrêter pour les contempler. En fait, c’est très simple : si vous mettez le jeu en pause, à n’importe quel moment, n’importe quelle capture d’écran sera digne de faire office de wallpaper !

Les animaux sont, eux aussi, criants de vérité. Leurs comportements, leurs cris, la façon dont ils gobent en loucedé un poisson plus petit qui passait par là… Autant de détails qui confèrent à Abzû un réalisme certain. Vous êtes seul, mais dans un monde extrêmement vivant !

Ce soucis du réalisme est poussé jusqu’aux petits détails, comme les mouvements de la végétation, les sons subaquatiques perceptibles en arrière plan (grattements sur le sable, mouvements de l’eau, etc).

Seule ombre au tableau : l’action est un peu trop souvent coupée par des temps de chargement un peu trop longs, qui viennent casser le rythme du jeu.

Comme un poisson dans l’eau

Abzû est un jeu très simple à prendre en main, les commandes sont basiques. Quelques touches suffisent à prendre part au voyage, en toute simplicité. Une fois que vous aurez compris comment plonger (R2), accélérer (croix), vous agripper à un animal (L2), utiliser votre sonar (carré) et faire des pirouettes (rond), l’aventure commence !

Le jeu se divise en sept niveaux, que vous devrez boucler en résolvant l’énigme (très simple, souvent des mécanismes à enclencher) permettant de passer au suivant. Les portes, qui se referment sur vous, vous empêchent de revenir en arrière, ce qui accentue le sentiment de linéarité dont je parlerai plus bas.

Dans chaque niveau, il vous faudra trouver différents items : des coquillages, des poissons à libérer des fosses (quatre dans chaque niveau), et une stèle de méditation qui, grâce au pavé tactile, vous permettra de faire une pause en observant la faune locale.

Vous ne trouverez pas tous ces objectifs du premier coup, ce qui assure un minimum de rejouabilité si vous êtes des ceusses qui visent les 100% dans un jeu. Mais sachez qu’une fois le jeu terminé, vous avez accès aux niveaux, et aux méditations. Le véritable facteur de rejouabilité sera d’ailleurs le simple plaisir de se balader…

Enfin, pour les chasseurs de trophées ou d’achievements, ceux-ci sont aussi assez simples à déverrouiller. En revanche, le jeu n’offrira pas de « platine » aux meilleurs d’entre vous.

On en voudrait encore plus !!

Passée la magie de la découverte, la réalité nous rattrape. Et Abzû s’avère au final un jeu qui manque cruellement de consistance, pour ne pas dire d’ambition. Il y a du potentiel, bien exploité, mais il manque quelques petits trucs.

Le premier exemple qui me vient en tête est tout simplement la grande variété d’espèces que l’on croise dans les niveaux, ou dont les noms s’affichent lors des phases de « méditation ». C’est sympa d’avoir des noms scientifiques. Mais pourquoi les développeurs n’ont-ils pas intégré des fiches en bonus, un « bestiaire » pour présenter chaque animal ? Le jeu se prive ainsi d’une dimension pédagogique qui aurait été ici fort appréciable !

Le titre de Giant Squid mise sur son ambiance, sur sa musique et sa direction artistique mais… What else ? Pour le reste, Abzû s’apparente plus à un immense jeu-couloir qu’à un jeu « d’aventure-exploration ». La dimension « exploration », déjà bien timide à la base, est littéralement étouffée par la linéarité du soft.

Enfin, je terminerai sur sa difficulté inexistante. Les rares énigmes ne vous résisteront que quelques minutes, et lorsque danger il y a, il est impossible de mourir. Abzû est un jeu qui se termine d’une traite, sans aucune difficulté. Le jeu vous prend ouvertement par la main pour vous conduire à sa fin. Vous n’êtes pas là pour la performance, mais pour profiter du spectacle. La notion de « game over » n’existe pas !

Il en résulte un jeu qui se plie en trois heures grand max, si vous traînez un peu. Certes, vous y reviendrez si vous voulez retrouver tous les items (coquillages à collecter et poissons à trouver). Ou juste pour le plaisir de patauger dans un univers féerique. Il n’empêche que l’aventure est loin de constituer un  véritable challenge. Mais vous l’aurez compris : on n’est pas là pour ça !

Au final

Très clairement, pour moi, Abzû n’est pas un jeu vidéo classique ! Abzû est un voyage enchanteur ! Une plongée (si j’ose dire) dans un monde fabuleux, si proche mais qui nous est pourtant tellement étranger : les fonds sous-marins. On se laisse porter par un récit paisible (pour ne pas dire pacifiste) et envoûtant, qui nous démontre que le jeu vidéo peut nous faire rêver, même sans aliens et sans gros flingues.

Ainsi, si vous êtes un hardcore-gamer, Abzû ne va pas vous résister très longtemps. En revanche, si vous avez adoré Journey ou Flowers, vous allez kiffer le dernier bébé de Matt Nava !

Abzû a donc ses défauts ! Mais ses qualités sont tellement séduisantes et scotchantes qu’on lui pardonne, pour se laisser entraîner dans l’aventure dépaysante proposée par Giant Squid. Je le disais : Abzû est un voyage, et l’immersion est totale. A moins de 20€, on ne va pas cracher dessus ! Le plus difficile est de revenir à la réalité !


Verdict

Si l’on passe outre sa durée de vie trop faible, Abzû est une petite merveille de poésie, un voyage paisible et enchanteur, à faire absolument.

15/20

Les + :

  • Les graphismes très colorés
  • Une direction artistique très réussie
  • La plongeuse, tout en élégance
  • Une ambiance envoûtante et quelques moments de grâce
  • La superbe musique d’Austin Wintory
  • On y croise pas mal d’espèces aquatiques
  • Son petit prix (autour de 20€)

Les – :

  • L’aventure se plie en 3h grand max
  • Une aventure trop linéaire
  • Les temps de chargement
  • Exploration très en retrait
  • Le dénouement n’est pas une surprise, on le voit venir de loin
  • Menus trop sobres, pas assez de bonus

Abzû, par Giant Squid pour 505 Games. Disponible sur PC, Xbox One et PS4. Pegi : 7.

Test réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Site officiel