La PS4 s’apprête à passer la main, en fin d’année, à la prochaine génération. Mais avant cela, la PlayStation 4 a encore quelques jolies cartes exclusives à jouer. Ghost of Tsushima à la fin du mois, par exemple. Mais avant de partir pour le Japon, c’est un certain The Last of Us part II, par Naughty Dog (Uncharted), qui nous a retourné la tête. Explications avec un test garanti sans spoilers…

Une licence qui a gagné en maturité

En juin 2013, Naughty Dog créait la surprise. Le studio nous avait jusqu’alors habitués à des mondes plutôt funs et colorés (Crash Bandicoot, Jak & Daxter), voire à du grand spectacle, façon « blockbuster de cinéma » avec sa série Uncharted.

Car cette année 2013, le studio de Neil Druckmann nous plongeait dans un univers plus sombre, plus sinistre, avec The Last of Us. D’Uncharted, cette nouvelle franchise empruntait le coté cinématographique, avec des graphismes et des cinématiques de grande qualité. Mais le scénario plus noir de ce TPS allait lorgner du côté des survival-horror post-apocalyptiques. Et pour l’anecdote, il y a sept ans, The Last of Us était déjà un jeu qui nous mettait une claque, en étant l’un des derniers titres majeurs de la PS3.

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On y découvrait deux protagonistes, Ellie et Joël. Ceux-ci devaient survivre dans une Amérique en ruine, dévastée par une pandémie causée par un champignon, le cordyceps, qui transforme ses hôtes humains en monstrueux mutants. 20 ans après ce cataclysme, les restes de la civilisation humaine tentaient de survivre au milieu de ruines recouvertes par une végétation luxuriante. Les survivants tentaient de reformer des sociétés… Et c’est là que nous faisions la connaissance de nos deux héros.

Cette seconde partie se déroule cinq années après les événements du premier The last of Us. Joël a donc gagné quelques cheveux gris, et Ellie est maintenant devenue une jeune femme de 19 ans. Et si les personnages ont gagné en maturité, nous allons voir qu’il en est de même pour le jeu, et surtout pour son écriture. Encore plus sombre, encore plus viscéral, The Last of Us II peut être considéré comme LE chef d’œuvre de Naughty Dog… Et nous allons vous expliquer pourquoi !

PS : je ne l’ai pas dit, mais… Oui, c’est mieux d’avoir joué au premier opus avant 😉

Une histoire de vengeance

Lorsque j’écris plus haut que le jeu est plus noir, plus sombre que son prédécesseur… C’est un euphémisme. L’intérêt du jeu est dans sa découverte, et vous devez absolument lever le voile sur son intrigue par vous même. Ne vous spoilez pas, ne regardez pas de vidéos sur YouTube… Vivez l’aventure ! Alors rassurez-vous, je ne vous dirai quasiment rien du scénario, que j’aborderai seulement en surface, et encore…

Après avoir planté le décor, dans la colonie de Jackson, dans le Wyoming, où se sont installés Ellie et Joël… Un événement va survenir. Événement dont je ne vais évidemment pas vous parler, pour vous laisser la surprise. Mais sachez d’une part que beaucoup de joueurs seront choqués… D’autre part qu’il va être le déclencheur de cette nouvelle histoire, dont le fil conducteur sera la vengeance… Mais cette fois dans la ville de Seattle.

Si vous avez vu les trailers du jeu, alors peut-être pensez-vous que son plus bel atout, ce sont ses graphismes. Et bien, pas seulement ! L’aspect le plus réussi de The Last of Us II, selon moi, est son scénario. Naughty Dog aurait pu se contenter de nous offrir une bonne histoire… Mais ici, la maîtrise quasi-totale de l’écriture, du début à la fin du jeu, relève du génie ! Bien que The Last of Us ne soit pas ma licence vidéoludique préférée, le scénario de ce The Last of Us II est sans doute l’un des meilleurs qu’il m’ait été donné de voir dans un jeu vidéo ! Rien que ça !

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Du génie tout simplement car, dans 90% des jeux vidéo, à plus forte raison lorsqu’ils sont typés (comme ici du survival-horror), les scénaristes prennent allègrement l’autoroute, nous emmènent vers des clichés. Pas dans The Last of Us II. Pour les scénaristes de Naughty Dog, il n’y a pas que du noir ou du blanc, mais aussi un milliard de nuances de gris entre les deux. La trame du jeu est capable de vous faire douter, de vous faire ressentir de l’empathie pour votre ennemi, d’adhérer ou non aux positions d’Ellie… Ce scénario n’est pas qu’une simple lecture, il vous poussera aussi, de nombreuses fois, à la réflexion, et à remettre tant de choses en cause… Dont votre sens moral !

Mais surtout, l’histoire de The Last of Us II va vous faire traverser et ressentir de nombreuses émotions. De la peur, de la colère, de la tristesse, de l’espoir, de l’amusement, de la rage, de la violence… Quand beaucoup de développeurs misent sur les graphismes pour vous immerger dans un jeu, The Last of Us II le fait par son écriture. Ici, vous n’êtes pas spectateur, vous allez ressentir toutes les émotions d’Ellie au plus profond de votre chair. Au point de prendre parti, souvent, dans l’escalade de violence qui vous attend. Allez-vous céder à cette soif de vengeance, ou bien votre sens moral (finalement, c’est le vrai moteur du jeu) va t-il vous dicter une autre voie ?

Visuellement, la PlayStation 4 au top

Ce test a été réalisé sur une PS4 classique, et au regard de la qualité des graphismes, je n’ose imaginer la claque sur une PS4-Pro ! Ici, tout n’est que réussite : qu’il s’agisse de la modélisation et de l’animation des personnages, des expressions faciales, des environnements, des jeux de lumière… Le jeu est très fluide et cinématiques et gameplay s’enchaînent avec des transitions quasi-imperceptibles. The Last of Us part II est aussi une claque pour ses visuels. Et nous fait réaliser que la PS4 va terminer sa vie sans avoir démontré véritablement ses capacités réelles. Autrement dit, c’est l’un des plus beaux jeux de la console à ce jour (peut-être même le plus beau).

Les performances de la console sont une chose, le travail du studio Naughty Dog en est une autre. Et là encore, on ne peut que saluer le labeur des développeurs, pour le soucis du détail complètement dingue dont ils font preuve. La physique de l’eau ou des éléments de décor est incroyable, avec de la neige qui tombe des branches à votre passage, des dents qui volent lorsque vous fracassez un ennemi… Comportement de la végétation, réverbération des sons dans les espaces confinés, empreintes de pas, mouvements du sac à dos d’Ellie… Les développeurs poussent ici le soucis du détail très très loin. Beaucoup plus, même, que dans un certain Red Dead Redemption II qui avait pourtant mis cet argument en avant (même si, dans TLoU2, les chevaux n’ont pas de testicules qui rétrécissent avec le froid).

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Détails toujours avec les comportements des PNJ, en arrière plan. Les animaux réagissent à votre présence, les ennemis ont des réactions en voyant leurs potes se faire tuer, et ils élaborent parfois des stratégies… Vous ne vous en lasserez pas, il y a toujours quelque chose à voir… D’ailleurs, je vous conseille autant que faire se peut de jouer avec un casque, pour mieux profiter de l’ambiance sonore. Le soucis du détail évoqué plus haut n’est pas que visuel, et de nombreux sons ou dialogues en arrière plan ont aussi leur importance.

Cependant, le jeu n’est pas exempt de tout reproche. Et durant ma partie, je vous avoue avoir pu constater quelques petits bugs ici et là. Notamment des soucis de collision ou de moteur physique. Le cadavre d’un ennemi qui s’évapore… Votre cheval qui, tel un fantôme, parvient à traverser la matière et certains obstacles… Mais rien de bien méchant au regard de la qualité quasi-permanente qui accompagne votre aventure.

Un bon gameplay, mais pas une révolution non plus

Du coté du gameplay, on va être beaucoup plus modéré. Il est bon, mais ne révolutionne pas vraiment le genre. On est ici dans un TPS solo-offline, dans tout ce qu’il y a de plus classique. Et sur ce point, Naughty Dog a davantage joué la carte de la continuité (par rapport à The Last of Us), plutôt que de tout chambouler. Même s’il est très plaisant de faire des pauses pour jouer de la guitare à l’aide du stick et du pavé tactile. Une bonne chose pour le fan, qui retrouvera instantanément ses marques.

Le joueur incarne Ellie, ou d’autres personnages, en vue à la 3e personne dans un monde semi-ouvert. Et ici, le mot « semi » est important car, si l’immense profondeur de champ vous donne l’illusion d’être dans un openworld… Vous êtes en réalité dans des couloirs, avec souvent deux ou trois chemins possibles, histoire de vous donner l’illusion de pouvoir tout faire. Du coté du bestiaire, vous devrez affronter des humains, mais aussi nos amis les infectés, toujours de la partie (rodeurs, coureurs, colosses, et évidemment les claqueurs avec leur gueule de morilles).

Cependant, et il est important de modérer ce point, qui dit « couloir » ne dit pas qu’il faut se contenter de les suivre bêtement. Bien au contraire. Car si l’aventure peut se rusher en allant d’un point A à un point B… Le jeu vous encourage très fortement à sortir du cadre. À explorer, visiter les recoins des cartes. Car si sortir des sentiers battus vous expose au danger, il sera également très gratifiant de le faire. Vous trouverez alors des armes ou des items rares, des objets à collectionner (fiches de personnages, cartes de super-héros…). Vous serez récompensé à la hauteur de votre audace. Osez sortir des limites, le jeu n’en deviendra que plus intéressant, et plus généreux.

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Pour le reste, les combats sont assez classiques. Avec des armes et des munitions à ramasser, armes que vous pourrez d’ailleurs customiser. Ceci dit, lorsqu’un combat va avoir lieu, vous aurez différentes approches possibles, vous aurez le choix des armes. Pour résumer, soit vous la jouez infiltration et discrétion en vous planquant sous les voitures, et en assassinant silencieusement, et chacun à leur tour, vos ennemis… Soit en bourrant dans le tas (Ellie est beaucoup plus agile, avec notamment des esquives) et en faisant un carnage (au choix à l’arme blanche, aux armes à feu ou même à mains nues). Mais attention à bien gérer vos balles ou vos cocktails molotov… Et le fait que vos adversaires savent aussi vous surprendre en vous encerclant, ou en vous attaquant par derrière.

Ce qui m’amène à vous parler de l’IA, et je suis très heureux de vous annoncer que vous rencontrerez ici des ennemis qui ne se comportent pas comme de vulgaires poteaux électriques. Comme je l’ai dit, les humains peuvent élaborer des stratégies (voire vous supplier de les épargner lorsqu’ils sont acculés), leurs chiens de garde peuvent vous flairer et vous suivre sur de longues distances… Du coté des mutants, certains sont aussi capables de se planquer dans les ruines, pour vous tomber dessus lorsque vous passez à proximité (vous aimez les jumpscares ?). Je connais des jeux qui devraient en prendre de la graine !

Naughty Dog a aussi pensé aux joueurs handicapés

S’il est un point positif dont nous ne parlons pas toujours (à tort) dans nos tests de jeux vidéo, c’est bien la question de l’accessibilité. Et sur ce point, il est important de vous signaler que TLOU2 ne laissera personne sur le bord de la route.

Le menu d’option vous propose ainsi d’agrandir l’interface, ou de modifier les couleurs du HUD, pour les personnes mal-voyantes. De même, un mode « daltonien » est disponible.

Des signaux de parcours permettront aussi de signaler les points d’intérêt, ou les endroits où il faut faire une action précise. Qu’il s’agisse des phases d’exploration ou de combats. Enfin, une assistance est aussi disponible, pour effectuer certaines actions automatiquement. Pour plus de détails sur ce point, voir ici.

Polémique autour du jeu

Il ne vous aura pas échappé, si vous vous baladez sur la toile, que The Last of Us II s’est retrouvé au cœur d’une polémique. En cause, la relation amoureuse entre Ellie et Dina. Parmi les reproches… Apologie de l’homosexualité, prise de position de Naughty Dog pour la cause LGBT… Le jeu a eu le droit à la totale, y compris du review-bombing sur Metacritic (des joueurs qui le notent mal, exprès), certains refusant même de l’acheter pour ces raisons.

Alors, que doit-on penser de cette relation homosexuelle ? La vérité est que… L’on s’en contrefout d’une force que vous ne pouvez pas imaginer. Que Ellie soit hétéro, lesbienne, ou qu’elle aime les cactus… N’y change rien ! Et vous l’aurez compris, cette polémique est aussi inutile que stupide !

À la limite, peut-être aurait-on pu reprocher à Naughty Dog de se servir de ce choix pour se faire de la pub, du buzz, ou pour se donner bonne conscience. Mais ce n’est même pas le cas ! Et tout du long du jeu, on comprend que cet aspect, comme tous les autres, a été écrit avec soin, intelligence et finesse. L’orientation d’Ellie n’est jamais lourdingue, et est toujours amenée avec pertinence… The Last of Us part II est un jeu qui fait montre d’ouverture d’esprit, et qui s’adresse aux ceusses qui ont l’esprit ouvert.

Au final

The Last of Us n’est pas ma licence préférée. Et ce second opus n’est pas le jeu que j’attendais le plus cette année. D’une part échaudé par un Days Gone en demi-teinte l’an passé, d’autre part lassé par l’ambiance « survival-zombies-post apo-the walking game » qui fleurit autant à la TV que dans les jeux vidéo. Pourtant, malgré tout, je dois le reconnaître : The Last of Us part II est la plus grosse baffe que j’ai pu prendre depuis longtemps ! Pour certains aspects, je me demande même s’il ne s’agit pas là du meilleur jeu PS4 ? (ah non, pardon, il y a God of War aussi).

Pour un testeur, il n’est pas commun de regarder ses notes pour constater que l’on a peu rempli la case « défauts » ! Alors, on se relit, on repasse en revue les différents aspects du titre. Mais ici, force est de reconnaître que ce jeu respire la maîtrise de bout en bout : graphismes, scénario, jouabilité, ambiance générale (cependant au prix d’un crunch de malade : une grosse pensée pour les développeurs qui viennent de terminer un vrai marathon)… Je pensais garder plus de recul, pourtant, le jeu m’a littéralement happé !

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Audace est le maître-mot de ce jeu : celle des développeurs, tout d’abord, qui prennent des risques, beaucoup de risques… Et l’audace dont vous devrez faire preuve, pour sortir des sentiers battus et savourer ce hit comme il se doit.


The Last of Us part II

  • Par : Naughty Dog, pour Sony Computer Entertainment.
  • Sur : PlayStation 4 (exclusivité).
  • Genre : Survival Horror.
  • Classification : PEGI 18.
  • Prix : 69,99€
Testé sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Visuellement magnifique
  • L’une des meilleures écritures de la PS4
  • La bande-son (bruitages et OST de Gustavo Santaolalla)
  • Les options d’accessibilité pour les joueurs handicapés
  • Le rythme de l’aventure
  • Des détails partout
  • Le jeu d’acteurs
  • Une tension permanente
  • Osez explorer, c’est très gratifiant
Points négatifs :
  • Les couloirs déguisés en semi-openworld
  • Peu d’innovations au niveau du gameplay
  • Quelques bugs
  • Quelques petites redites scénaristiques sur la fin