Le jeu dont nous allons vous parler aujourd’hui est pour moi une réelle découverte. Disaster Report 4 : Summer Memories vous met dans la peau d’un citoyen japonais… Qui va devoir survivre à des tremblements de terre !
C’est comme… Un tremblement de Terre
Non, rassurez-vous ! Le but n’est pas ici de vous proposer une chronique sur une chanson de Dorothée de 1989… Mais bel et bien de chroniquer le dernier jeu publié par le studio Nis America : Disaster Report 4 : Summer Memories, du studio Granzella.
Vous l’aurez donc compris, nous allons parler ici d’un titre qui vous met dans la peau d’une personne (homme ou femme, à vous de choisir à la création de votre avatar), après un séisme qui frappe une grande métropole japonaise. Comment allez vous réagir ? Comment survivre à cette catastrophe, tout en aidant les autres ?
La série (que je ne connaissais pas avant de tâter de ce quatrième opus) est apparue au Japon sur PS2 en 2002, sous le nom Zettai Zetsumei Toshi. Le jeu sera aussi adapté pour l’Occident, sous le nom cette fois de SOS: The Final Escape. Un second épisode sortira sur PS2 en 2006, puis un troisième sur PSP en 2009. Et voici donc le quatrième volet, désormais dispo sur PS4 et Switch.
Pourquoi est-il aussi daté visuellement ?
C’est l’un des aspects qui va vous sauter aux yeux dès vos premières parties. La technique est horriblement datée, avec ses graphismes dignes d’un simulateur allemand. Certes, la modélisation des personnages tient la route, bien que l’on puisse dire des choses sur la synchronisation labiale. Mais entre les décors vides, et les débris urbains polygonaux au possible… Le jeu date clairement d’un autre âge. Et beaucoup ne l’auront pas épargné à ce sujet.
Mais il faut savoir qu’il y a une raison à cela. Et avant de lui jeter la pierre, rappelons son histoire. Zettai Zetsumei Toshi 4: Summer Memories devait initialement sortir… Sur PlayStation 3, le 10 mars 2011 (la date est importante), mais sera retardé de quelques semaines pour raisons techniques ! Le jeu devait intégrer de la 3D, et des fonctions PS-Move.
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Oui mais voilà : le jeu sera finalement annulé, à cause du tremblement de Terre de Tohoku, le 11 mars 2011. En seulement 6 minutes, le séisme fera près de 16 000 victimes. On comprend donc aisément que le studio Irem (alors éditeur de la série) ait souhaité annuler son jeu dès le 14 mars.
Fin 2014, le créateur de la série, Kazuma Kujo, rachète les droits du jeu à Irem, pour reprendre son développement sous le nom de son propre studio, Granzella. Il sortira en 2018 au Japon, puis sera localisé deux ans plus tard chez nous. Disaster Report 4 est donc en quelque sorte un « portage » d’un jeu PS3 vieux de 9 ans ! Rehaussé pour l’occasion, et avec quelques options en plus (comme de la VR sur PS4). On comprend donc plus facilement l’écart technique entre le jeu, et d’autres productions plus actuelles.
Pas vraiment de liberté
Une fois n’est pas coutume, on va démarrer ce test avec les défauts du jeu, histoire de les évacuer une bonne fois pour toutes. Revenons sur la technique du titre : si on comprend maintenant son retard, ce décalage n’est hélas pas que visuel, mais impacte aussi le gameplay. Car si les bâtiments ont tendance à s’écrouler tout au long du jeu (spectaculaire, avec les vibrations de la manette en prime), les nombreux murs invisibles sont indestructibles eux. Pire, vous serez souvent confrontés à un manque de liberté d’action qui se concrétise par des situations illogiques. Votre héros qui doit s’extraire d’une ruine, mais qui ne parvient pas à passer dans une brèche d’un mètre cinquante juste devant vous ? Il n’y a que moi que cela gêne ?
L’explication est simple : le jeu est très scripté. Pour vous sortir d’une situation, il n’existe souvent qu’une seule possibilité. Et tant que vous n’avez pas emprunté la voie voulue par les développeurs, vous ne pourrez rien faire d’autre… Même s’il y a un boulevard dégagé devant vous, vous ne pourrez pas l’emprunter si le jeu a décidé de vous faire passer par une corniche de fortune au dessus des flammes. Ou quand un personnage vous demande de l’eau, vous ne pourrez pas ramasser l’une des bouteilles qui jonchent le sol, mais devrez finir une quête pour pouvoir en acheter une (fuck la logique)… Dommage dans un jeu qui, justement, prône la liberté d’action et l’importance de vos choix.
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Le jeu tente des choses, comme par exemple la matérialisation de vos besoins (soif, faim ou envie de pipi), mais sans aller au bout, sans aucun impact sur votre santé. Et votre avatar, même en crevant la dalle, pourra gambader, frais comme un gardon. Je réalise que je ne vous ai pas parlé de la fonction qui consiste à crier pour appeler à l’aide, mais qui ne sert à rien dans le jeu… On pourrait aussi s’attarder sur la technique, avec des temps de chargement longs, et quelques soucis d’affichage. Des bugs d’une part, mais aussi des chutes de framerate plus ou moins violentes. Sans parler de la caméra, qui a parfois tendance à choisir l’angle qui va le plus vous embêter, et nuire à la lisibilité de l’action.
Et puis, dernier défaut et non des moindres : nous sommes dans un jeu Nis America. Un éditeur qui propose beaucoup de titres qualitatifs, mais qui a une fâcheuse tendance à ne pas localiser ses jeux, neuf fois sur dix. Et ce sera encore le cas aujourd’hui, avec des voix japonaises, mais des textes uniquement en Anglais. Pas de soucis majeurs si vous maîtrisez la langue. Mais si vous êtes anglophobe, cet aspect constitue un frein indéniable… D’autant que le titre comporte énormément de textes.
Comment on joue ?
Le déroulement de Disaster Report 4 : Summer memories est assez classique dans son fonctionnement. Vous contrôlez un avatar que vous avez créé de toutes pièces dans une succession de niveaux, avec un début et une fin. Entre les deux, vous allez rencontrer des gens, vivre des situations extrêmes (se prendre un immeuble entier sur la tête, ça peut marquer)… Et votre objectif sera de survivre jusqu’à la fin du niveau, pour passer au suivant.
Au milieu de ce chaos, vous allez croiser de nombreux PNJ, de deux types différents. Les premiers n’apportent rien si ce n’est quelques lignes de dialogues… Les seconds sont liés à l’histoire : vous devrez soit les aider, soit répondre à leurs interrogations, ou encore démarrer une série d’actions afin de réaliser les objectifs qu’ils vous confient, pour débloquer la zone suivante.
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Le plus intéressant est que, pour chaque situation, le dialogue ne vous propose pas une, mais plusieurs solutions. Et vous devrez donc prendre les bonnes décisions. Du moins, celles que vous estimez être les bonnes. Sachez aussi que certains de vos choix rebondiront sur l’histoire quelques chapitres plus tard. Et une action qui vous semble banale à l’instant T aura peut-être des conséquences plus tard. D’ailleurs, tant que j’y pense, sachez que tout cela aboutira à plusieurs fins disponibles…
Enfin, le jeu vous propose aussi un inventaire, avec de la nourriture et des boissons à stocker (évidemment pour recharger votre barre de vie/stress), des costumes et divers objets à collecter. Certains sont essentiels, d’autres ne sont que cosmétiques. Pour vous faire une idée, ce menu est comparable à celui que vous pouvez trouver dans la série des Yakuza. Et si vous jouez sur PS4, vous débloquerez rapidement un mode VR, qui vous plonge encore plus dans le chaos. Sympa… Mais pas mémorable non plus.
Suis-je un enfoiré ?
Il est temps maintenant d’aborder l’un des points les plus réussis du jeu… Ou plutôt un point qui m’a énormément séduit : le comportement des humains. Car comme la série The Walking Dead (par exemple), qui vous montre que les zombies ne sont pas la plus grande menace… Disaster Report 4 s’appuie aussi sur le fait que les séismes sont une chose… Mais les réactions et les actes de vos congénères en sont une autre !
Bien évidemment, les premiers que vous allez regarder, ce sont les autres. Et sur ce point comme je l’ai dit, l’écriture est vraiment intéressante. Vous allez croiser des personnes paniquées, en profonde détresse, prêtes à aider les autres… Mais aussi des gens qui n’en ont rien à faire, d’autres qui passent leur temps à faire des stories pour les réseaux sociaux… Voire quelques raclures qui profitent de la situation pour se faire des brousoufs en profitant des plus faibles… Des profils plutôt bien écrits et des personnalités marquantes, qui alimentent une histoire originale et passionnante.
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Mais Disaster Report 4 : Summer Memories devient encore plus intéressant lorsqu’il vous pousse à vous interroger sur votre propre comportement. Dès la création de votre avatar, il vous sonde, afin de savoir si vous serez individualiste, ou si vous mettrez vos forces dans l’entraide. Et face aux différentes situations du jeu, la question se pose sans arrêt… Avec des scènes qui vous permettent de choisir la nature de votre réaction, de votre comportement. Allez vous passer votre chemin avec indifférence, ou bien aider cette prof qui a perdu ses élèves ?
Le pire, c’est que le jeu vous pousse parfois à commettre de mauvaises actions sans le vouloir. Ramasser un item comme on le ferait dans n’importe quel jeu vidéo ? Oui mais… Vous voilà devenu un simple voleur qui profite de la situation pour dépouiller les échoppes (je m’étais pourtant déjà fait avoir dans Skyrim). Une mauvaise réponse face à une situation donnée ? Les conséquences se feront ressentir quelques scènes plus tard… Et pas forcément avec les résultats que vous auriez souhaité.
Pour matérialiser tout cela, le jeu distribue les points de moralité ou d’immoralité… Et vous devrez attendre la fin du jeu pour savoir si vous êtes, globalement, un ange ou une raclure.
Au final
Oui, Disaster Report 4 : Summer Memories est un jeu qui date, techniquement parlant. Et on pourra aussi contester son level-design qui vous donne l’impression de jouer dans un monde ouvert, mais qui est en fait une ligne droite. Cependant, par son contexte, et par la manière dont il vous confronte à votre propre personnalité, le jeu est très intéressant. Et je me suis retrouvé complètement happé par cette histoire peu commune dans un jeu vidéo. Ici, pas de monstres, pas de boss… Juste des humains très banals qui ne veulent que survivre…
Pour autant, le jeu n’est pas un jeu de survie traditionnel, mais bel et bien un jeu d’aventure. Ou plutôt devrais-je dire que la notion de survie est bien présente dans le scénario, mais pas vraiment dans le gameplay si ce n’est dans les choix assez génériques que vous devrez faire (mais il ne sera pas question ici de craft ou de survivalisme).
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Au final, faut-il craquer pour Disaster Report 4 ? L’expérience peut être intéressante, en ces temps de confinement, si vous n’avez plus rien à vous mettre sous la dent (comprenez « si vous ne jouez pas à Animal Crossing » ^^). Le concept est original, l’aventure intéressante, et l’on passe rapidement sur la technique datée pour plonger dans l’histoire. Reste la question du prix, à mon sens un poil trop élevé pour le contenu proposé. À voir si, tel John Hammond vous allez dépenser sans compter… Ou si vous préférez attendre une promo…
Disaster Report 4 : Summer Memories
- Par : Granzella pour Nis America.
- Sur : PS4, Switch,
- Genre : Aventure/survie.
- Classification : PEGI 18.
- Prix : 59,99€.
Points positifs :
- Un concept peu commun dans un jeu vidéo
- Pouvoir créer son avatar
- L’histoire globalement bien ficelée, une écriture intéressante
- Quelques personnages marquants
- Le plus grand danger ? Les comportements humains
- Plusieurs fins possibles
- Un mode VR sur PS4
Points négatifs :
- Graphiquement, ça date
- Finalement peu de libertés d’action, trop de script
- Les besoins sans aucun impact sur votre avatar
- Les (nombreux) murs invisibles
- Quelques bugs et chutes de framerate
- Angles de caméra pas toujours pertinents
- Pas de VF, textes en Anglais
- Prix trop élevé