On attendait du gros jeu sur PS4, et voici enfin Nioh 2. Après avoir tâté du premier opus il y a trois ans, on savait qu’il allait nous faire souffrir… On ne s’était pas trompés !

50 nuances de cris

Oui, je sais ! Certains d’entre-vous seront sans doute choqués (ou intrigués) par les allusions SM qui ont agrémenté ce début de test (et le titre). Pourtant, elles ne sont pas là pour attirer par accident, sur cet article, les amateurs de cuir et de fouets qui se seraient perdus sur Google ! Elle n’est pas si innocente que cela, dans la mesure où elle résume à elle seule ce jeu : Nioh 2 va vous faire mal, mais vous allez aimer ça, et en redemander ! Je modère cependant en précisant que ce second opus m’a semblé plus accessible que le premier.

Nioh 2 se situe entre le RPG et le jeu d’action. Par sa gestion des skills et capacités pour le premier, par son gameplay pour le second. Certains parleront même, pas forcément à raison, d’un « Dark Souls Like » ! Tout d’abord parce que, aujourd’hui, la presse spécialisée ne peut s’empêcher de comparer un jeu à Dark Souls à partir du moment où il est difficile et exigeant… Ensuite, pour son ambiance (Japon) médiévale clairsemée de démons en tous genres…

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Ce que, pour ma part, j’aurai beaucoup de mal à faire. Oui, vous allez en baver… Pourtant, le jeu n’a rien à voir avec un Dark Souls, un Bloodborne ou même un Sekiro (qui pour moi se rapproche davantage des deux premiers (même développeur oblige). Par exemple, Nioh 2 n’offre pas la même liberté d’action que dans les titres sus-cités : des mondes ouverts ou semi-ouverts chez FromSoftware… Des niveaux plus étriqués divisés en chapitres chez Team Ninja… C’est peut-être un détail pour vous, mais je vous assure que ça change pas mal de choses…

Yo-Kaï wash

Bon, et bien voilà… Pour le scénario, tout est dit dans cet intertitre ! Vous vous baladez dans un Japon médiéval assez sombre, et allez devoir le nettoyer des infâmes Yokaï qui pourrissent la vie des pauvres humains apeurés…

Plus sérieusement, nous sommes au Japon, en l’an de grâce 1555 (presque la fin de l’ère Sengoku). Le pays est ravagé par une guerre sans fin. Les monstres et les esprits maléfiques hantent les campagnes.

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Le joueur incarne un mercenaire rebelle doté des pouvoirs surnaturels des mythiques yokai (la grosse nouveauté de cet épisode). Ce bon vieux samouraï William Adams, du premier opus sorti en 2017 (qui me fait penser, d’une certaine manière, à Geralt de Riv), est écarté de l’intrigue, puisque vous jouez ici un préquelle du premier Nioh. Vous voilà donc dans la peau d’un personnage mi-homme mi-Yokai, vivant dans la province de Mino

Concrètement, c’est donc par un créateur de personnage assez classique que vous allez débuter l’aventure. Libre à vous de concevoir votre avatar comme vous l’entendez, grâce à un générateur assez complet. Puis, vous allez devoir, d’une part, vous battre contre les démons qui peuplent cet enfer sur terre, et contre le Royaume des ténèbres.

Team Ninja aux commandes, et ça se sent

Comme ce fut le cas pour le premier opus en 2017, Sony a fait appel à Koei-Tecmo, ou plus précisément à Team Ninja, pour développer le jeu. Et cela se sent ! Les cinématiques sont aussi jolies que du Dead or Alive, l’ambiance japonisante est aussi immersive que du Ninja Gaiden. Sans mauvais jeu de mot, ça tranche avec le premier opus. Notamment au niveau des expressions faciales… La mise en scène est excellente, le scénario, lui, plus générique.

Au niveau de la réalisation, on apprécie de voir le jeu tourner en 60 fps. Très clairement, le studio a mis la priorité sur le framerate, et cela se sent, même sur une PS4 classique. Le jeu tourne comme une horloge suisse, le tout est fluide. Et ça tombe bien, puisque certains combat vont vous demander la plus grande précision.

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Cependant, l’accent mis sur le framerate devait bien avoir des conséquences sur un autre aspect. Ici, ce sont les graphismes qui trinquent. Les tableaux sont assez sombres, les textures pas toujours très jolies. Bien que cela ne nuise aucunement à votre expérience de jeu, la réalisation semble nous ramener quelques années en arrière. De même, on tiquera un peu sur un scénario assez générique dans l’ensemble, qui a parfois du mal à justifier la présence de notre héros, ou ses prises de position. Il est là, il veut de la baston, point-barre !

Quelques jours auparavant, je testais la démo de Final Fantasy VII Remake, en me disant que chaque capture d’écran pourrait être un wallpaper ! Ce que j’ai beaucoup plus de mal à me dire pour Nioh 2 ! De plus, lors des phases d’action, la lisibilité en pâtit aussi. Le joueur s’y perd parfois, dans les grandes envolées pyrotechniques qui explosent à l’écran. Encore une fois, cet aspect « réalisation » n’a vraiment rien de gênant, quand beaucoup d’autres jeux font pire. Mais je rappelle que nous sommes sur une exclu Sony, sur une fin de génération. Donc, on attend forcément plus…

Gameplay : l’apprentissage est la clé

Nioh 2 s’inscrit dans la continuité du premier opus ! Autrement dit, vous allez retrouver ici des ennemis qui tabassent fort, et ce dès le début du jeu… Et votre salut ne tiendra qu’à votre capacité à progresser pas à pas, à apprendre dans la douleur (de vos erreurs, mais pas que), et à faire preuve d’endurance. De beaucoup d’endurance (c’est justement l’un des points qui le distinguent, par exemple, de Sekiro). Nioh 2 est de ces jeux punitifs qui vont vous apprendre l’humilité, que pour progresser, il faut parfois s’en prendre plein la tronche, et savoir se relever… Croyez-moi, vous allez savourer la découverte des sanctuaires (qui vous permettent de vous reposer, de reprendre des points de vie, etc. Mais attention, les ennemis respawnent quand vous utilisez un sanctuaire).

Si les vidéos qui ont circulé vous ont laissé croire que, pour avancer, il suffit de bourriner tout ce qui bouge, vous allez vite déchanter. Les combats de Nioh 2 sont très techniques. La clé du succès consiste à maîtriser vos parades, pour mieux placer vos attaques (en posture haute, medium ou basse) de différentes puissances dès que vous avez une ouverture. Une pression carré+triangle vous permet aussi d’envoyer une attaque lourde. Pire, vous allez aussi devoir apprendre à garder un œil sur la barre d’endurance de votre ennemi, pour la vider, mais tout en gardant l’autre œil sur la votre (ici appelée « Ki »), qui fond à chaque coup (mais que l’on peut recharger).

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Si votre personnage est plus fort que William (du premier opus), la difficulté des boss a aussi été revue à la hausse. Et c’est là que l’on voit arriver l’un des points noirs du jeu : ses soucis d’équilibrage et ses pics de difficulté. Car pour faire simple, certains boss ne vont tolérer aucune erreur de votre part, au moindre écart, c’est la mort ! Ne vous reste plus qu’à trouver l’enchaînement parfait si vous comptez poursuivre l’aventure.

Ce qui nous amène à aborder LA nouveauté du jeu : les pouvoirs Yokai, avec leur nouvelle jauge dédiée (violette) ou jauge Amrita. Ils consistent en des contres particulièrement dévastateurs, quand ils passent. Car ils constituent également une grosse prise de risques. Donc encore une fois, vous allez devoir apprendre à utiliser correctement le Contre Yokai (quand l’ennemi a une aura rouge) les Noyaux d’Ame (des attaques) ou encore la transformation en Yokai qui vous donne une puissance folle (attaques dévastatrices et invincibilité temporaire). Plus tard dans le jeu, vous obtiendrez d’autres pouvoirs, récupérés sur des ennemis vaincus. Pouvoirs dont vous devrez évidemment équiper vos esprits protecteurs, ces créatures qui vous accompagnent et représentent votre force intérieure (de trois natures : le Feral, le Phantom ou la Brute).

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Si les combats étaient jusqu’alors techniques, les pouvoirs Yokai leur apportent vraiment de la profondeur, encore plus de technicité. Au grand dam de ceux qui s’emmêlent les pinceaux dès qu’il faut utiliser plus de deux touches… Et c’est ici que le jeu prend toute sa dimension RPG, avec un arbre de compétences très complet, à optimiser. Chaque arme utilisée, chaque magie, chaque pouvoir… Gagne en XP au fur et à mesure de son utilisation, jusqu’à atteindre le plus haut niveau de maîtrise. Chaque joueur y verra ainsi le moyen de progresser vers son domaine de compétence préféré : êtes-vous plutôt corps-à-corps, ou combat à distance ?

NOTE : Mise à jour. Pendant que je testais le jeu, Team Ninja a déployé une mise à jour qui a pour rôle de simplifier le jeu. Elle baisse par exemple la barre de vie des insupportables Gaki, ou corrige quelques erreurs. Chacun y verra midi à sa porte, mais il me semble que cette mise à jour peut nuire à l’expérience Nioh 2. Certes, le jeu n’en devient que plus abordable… Mais c’est justement sa difficulté qui lui donne toute sa saveur…

Un jeu généreux

S’il est un terrain sur lequel Nioh 2 marque des points, c’est bien sur celui de son contenu. Oui le jeu est difficile et exigeant… Mais la récompense est au rendez-vous pour les plus habiles. Avec ses vingt niveaux découpés en chapitres, le jeu vous promet à l’aise plus de 40 heures de souffrance et de transpiration des pouces.

Comme pour nous pousser à nous accrocher, Nioh 2 est en revanche plutôt généreux en termes de loot. Armes, équipement ou objets divers… C’est un peu la foire au butin, et on ne va pas s’en plaindre ! D’autant qu’avec un certain sadisme, Team Ninja aime vous reprendre d’un coté ce qu’il vous a offert de l’autre. Ainsi, si vous mourrez, vous perdez vos points d’expérience classiques. « Sachions-le ! »

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Comme la douleur, ça se partage, Nioh 2 a pensé à vous. Et une fois que vous en aurez bien bavé en solo, avec personne pour vous entendre pleurer… Vous pourrez refaire les niveaux terminés, mais cette fois avec des amis. Le multi est jouable jusqu’à 8 il me semble, mais avec un abonnement PlayStation Plus nécessaire.

Ici, on parle évidemment de multijoueur en ligne, vous l’aurez compris, qui constitue une aide in-game ! En effet, Nioh 2 vous permet de jouer ensemble à des niveaux déjà terminés dans Expéditions. Les Tombes Bienveillantes (bleues… Attention, les rouges renferment des adversaires puissants à combattre), autre mode multijoueur, cette fois asynchrone, vous permettent d’être assisté par le fantôme d’un autre joueur contre des tasses Ochoko, mais piloté par l’IA (bien que parfois, l’IA ait du mal à choisir les options les plus safe). De quoi rallonger le plaisir, mais cette fois à plusieurs…

Au final

Je ne vais pas vous mentir ! Pour sa difficulté, ou plutôt pour son exigence (bien que je le trouve plus accessible que le premier), Nioh 2 est un jeu qui va en rebuter plus d’un ! À une époque où les jeux vidéo se doivent d’être simples, pour séduire le plus grand nombre, il nous replonge dans les années 90. Une époque où le joueur en bavait, flinguait ses vies par milliers… Mais quand il parvenait à défaire le boss de fin, purée quelle récompense !! C’est sur ce point, effectivement proche d’un Sekiro ou d’un Dark Souls, que Nioh 2 séduira, ou pas…

Pour le reste, malgré des graphismes qui datent un peu et des écrans assez sombres dans l’ensemble… C’est du tout bon ! Les cinématiques sont vraiment chouettes, le gameplay est nerveux, et le jeu récompense votre acharnement par un contenu généreux. Sans doute pas la meilleure sortie de Sony cette année, mais un jeu qui mérite vraiment que l’on s’y attarde (d’autant plus qu’en ce moment, on a un peu de temps libre)…

Globalement, le constat tend donc vers la réussite pour Team Ninja. Le studio nous offre ici un jeu qui va vraiment rentabiliser les 70 balles que vous investirez. Si vous aimez le challenge, ou si vous êtes fan du japon médiéval, vous ne pouvez pas passer à coté de ce Nioh 2. Il est suffisamment armé pour nous faire patienter jusqu’à la sortie du très attendu Ghost of Tsushima


Nioh 2

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur
Points positifs :
  • Un vrai challenge
  • De la bonne grosse « dark samurai fantasy »
  • Gameplay technique et bien complet
  • Pas mal de contenu
  • Les cinématiques vraiment jolies
  • Un bestiaire riche
  • Les pouvoirs Yokai
  • Ça loote à tout-va
  • Le jeu tourne en 60 fps
Points négatifs :
  • Visuellement, on a déjà vu plus beau
  • Le scénario
  • Les niveaux assez confinés
  • Parfois un peu brouillon visuellement
  • Des problèmes d’équilibrage
  • L’IA alliée qui se loupe parfois face aux boss