Entre deux jeux triple A, ça fait du bien de se faire une pause « indé » ! D’autant que certains studios indépendants nous révèlent parfois de petites pépites… Et aujourd’hui, c’est le Viennois Lost in the Garden qui nous propose son LightField, un jeu de course qui lorgne du coté de WipEout, de Tron… Mais pas que !

En mode « Spiderman »

A tous ceux qui se demandent de quoi nous allons parler aujourd’hui, LightField est un jeu de courses, qualifié par ses quatre créateurs « d’ultra-futuriste » ! D’ailleurs, puisque l’on parle d’eux, autant les citer ! LightField est donc l’aboutissement d’un projet qui aura mis un peu plus de quatre ans à se concrétiser. Le jeu a été développé par le studio autrichien Lost in the Garden, porté par Matthias Maschek, Julia Murczek, Raimund Schumacher et Simon Wallner.

Pour les amateurs du genre, il fera irrésistiblement penser à WipEout, F-Zero, Rez ou même à SlipStream 5000, le titre qui a véritablement été source d’inspiration pour le studio Lost in the Garden. Mais avec une jouabilité bien à lui !

Et c’est bien là l’aspect le plus fou et le plus original de LightField ! Ce que ses créateurs appellent la « course parkour omnidirectionnelle » ! Comprenez par là que le jeu s’adapte à la géométrie de l’environnement. Vous allez pouvoir vous accrocher à n’importe quelle surface, glisser sur les murs, dans les tunnels, ou la tête en bas sur les plafonds… Ici, la gravité semble ne pas exister ! Ou plutôt, vous en êtes maîtres !

Entre circuit et monde ouvert

La piste n’est pas ici sur un seul plan, mais est constituée par tout élément du décor ! Une vraie bonne idée qui ouvre de nombreuses possibilités, un champ des possibles inouï. Peut-être un peu trop d’ailleurs, tant il est possible de se paumer, de s’écarter du droit chemin.

Car voici l’autre étrangeté de LightField : hormis un point de départ (qui sert aussi de ligne d’arrivée), il n’y a pas de tracé prédéfini dans le jeu. Si ce n’est que vous devrez passer par des check-points, sans les louper ! Des flèches vous aident aussi à vous orienter (constituées de fragments d’énergie que vous pouvez aussi récupérer, en passant dessus).

Mais aucune bordure, aucun mur invisible pour délimiter le circuit. Et l’on peut facilement s’éloigner très loin de la piste sans s’en rendre compte. C’est à vous de trouver le chemin, votre chemin vers la victoire ! En vous aidant des traînées de lumière laissées par les autres participants (petite astuce… De rien, c’est gratos). De même, on appréciera de trouver, dans le décor, des éléments interactifs (des portes qui changent d’orientation, vous obligeant à prendre un autre chemin…).

Concrètement, vous allez utiliser principalement deux touches : la première pour mettre les gaz, la seconde pour accélérer (utilisable seulement lorsque vous êtes en contact avec le décor, mais pas lorsque vous « volez » ). Les deux sticks seront également très utile, et pour cause : le gauche vous servira à vous orienter. Et le droit à adhérer aux différents éléments servant de piste, tout en vous permettant de vous orienter sur l’axe vertical. Le gameplay demande un temps d’adaptation, mais une fois maîtrisé, il est très agréable.

On trace la route, ou on explore ?

C’est une très bonne question, ça ! Car effectivement, les deux possibilités vous sont offertes. L’argument principal du jeu, c’est évidemment les nombreuses courses qu’il propose. Mais des phases d’exploration libre viennent casser la routine, et ajouter une plus-value.

Les courses constituant la sève du jeu, plusieurs modes classiques vous seront proposés. Des courses simples, du contre-la-montre… Mais surtout un mode multijoueur. Année 2017 oblige, les courses en multijoueur seront jouables en ligne avec classement (à condition que se constitue une communauté en conséquence). Mais s’il est un point qu’il est bon de souligner, c’est que LightField propose aussi du local en écran splitté, jusqu’à 4 joueurs. Tellement devenu rare de nos jours que l’on apprécie d’autant plus  la démarche.

Mais sachez que vous pourrez aussi vous détendre en passant, à tout moment, en mode libre. Un mode qui laisse libre-court à vos envie de vagabonder dans les décors, où bon vous semble. Et toujours en vous accrochant au relief.

Pour justifier ces phases d’exploration, vous devrez trouver des collectibles (une vingtaine « d’étoiles » ou des trésors dans chaque niveau), planqués dans le décor. Compléter chaque série va vous octroyer des points d’XP, qui vous permettront de débloquer les niveaux suivants.

Rétro-futurospective

De LightField, on appréciera (ou pas, c’est selon les goûts) des graphismes soigneusement épurés. Les décors sont vides, et ce n’est pas ici que vous allez trouver une foule en délire sur le bas-coté de la piste. Paradoxalement, par ses couleurs et ses jeux de lumière, par le design plutôt sympa de ses vaisseaux, par les traînées de lumière de ces derniers… LightField plante un décor cohérent, très agréable à regarder. Pour ne pas dire totalement hypnotique ! Une fois pris au jeu, on veut aller plus loin…

En fait, cette impression de « vide » est compensée par cette conviction qui s’installe au fil des niveaux : LightField n’est pas vide par paresse des développeurs, mais par choix artistique ! Une démarche esthétique, plus que la conséquence de limites techniques. Et quoi qu’il en soit, un choix qui donne une véritable âme, une identité bien marquée au titre de Lost in the Garden.

Et c’est donc avec un certain plaisir que le joueur amateur de SF aura cette sensation de replonger dans les classiques de la science-fiction des années 60-70. Le cinéphile aura une grosse pensée pour Tron, pareillement épuré (les circuits de LightField me font parfois penser à « La Grille » ). Un choix artistique qui sera d’ailleurs repris dans Tron L’Héritage, pourtant sorti en 2010 soit 28 ans après.

La bande-son s’inspire des classiques du genre « courses futuristes » : comme dans WipEout ou F-Zero, vos pérégrinations seront rythmée par une musique électro (ou IDM, comme Intelligent Dance Music, pour être plus précis). Cette OST est signée par un certain Zanshin, un artiste viennois qui dévoile ici un grand talent. Tantôt relaxante, tantôt plus nerveuse, la bande-originale de LightField est sans doute l’une de ses plus grosses qualités.

À vitesse modérée ?

De prime abord, vous pourrez être surpris par la quasi-absence de sensations de vitesse. Lors de vos premières parties sur LightField, vous aurez cette impression que le vaisseau se traîne, que le pilote a du mal à passer la seconde… Il en résulte une impression de ne jamais se sentir vraiment en danger. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir des adversaires qui viennent parfois vous mettre un tour dans la vue. Mais comme je l’ai dit, ce n’est qu’une impression !

Car rassurez-vous : nous allons maintenant nous rendre dans les options, pour trouver un onglet permettant de moduler la vitesse du jeu. On se la joue à fond ? Et là, ça change tout ! Avec des paramètres au maximum, le jeu devient trop rapide, le joueur a la tête qui tourne. Un simple changement de direction se change en tête à queue, avec ce message vous signifiant que vous partez dans la mauvaise direction.

Grâce à ce paramètre, on saute du coq à l’âne. Et le gameplay autrefois si confortable se change en adversaire démoniaque. Croyez-moi, à changer l’indice de vitesse sans véritablement maîtriser le jeu, vous risquez de vous encastrer dans un mur à chaque changement de direction. La jouabilité devient alors plutôt hardcore.

Vous aurez donc probablement, à cet instant, le réflexe de revenir dans le menu, afin de régler la vitesse à votre convenance. D’autant que, pour bénéficier de chouettes sensations, les pistes disposent à la base de suffisamment de couloirs et anneaux d’accélération…  Encore une fois, vous êtes libre : de jouer soft, ou d’adopter une vitesse démente.

Un contenu trop maigre

Reste à aborder la question du contenu. LightField ne va vous proposer que sept tracés, dont vous ferez vite le tour. Une fois la partie exploration terminée, il ne vous restera que les courses (en solo et en multijoueur) à faire…

En début de partie, un tutoriel vous permet d’apprivoiser les commandes du jeu. Une fois terminé, ce tuto vous ouvre le premier niveau. Les autres sont bloqués, et vous devrez les « unlocker » en gagnant des points d’expérience (en gagnant des courses ou en collectant les différents objets pour engranger des points).

Sept tracés au total sont donc à débloquer. C’est peu, mais le système de progression de LightField vient rallonger sa durée de vie… Il va falloir partir au charbon pour déverrouiller les autres pistes. Accéder à tous les circuits du jeu, ça se mérite ! Ou pas…

… Car dans ce cas, je ne comprends pas vraiment pourquoi les développeurs ont inclus une manipulation qui permet de faire sauter le verrou des circuits ? Vous pourrez donc parcourir n’importe quelle piste, en suivant la manipulation qui vous invite à débloquer les pistes cadenassées. C’est sympa de nous faciliter la tâche, mais avouons que cela tue quelque peu la durée de vie du soft !

Oui, le jeu a évidemment des défauts, mais il faut relativiser. Je vous rappelle quand même que nous avons ici un jeu indépendant, développé par une équipe de quatre personnes, en quatre ans. Et j’avoue que le regard qui aurait pu être acerbe avec un gros studio se change ici en une certaine forme d’admiration.

Les principaux défauts du jeu

On ne pourra pas parler du jeu sans évoquer ses différents bugs. Rien de bien méchant, mais le constat de quelques freeze de quelques millisecondes, qui reviennent trop souvent. Un (très) bref instant, le jeu se fige. Et lorsque votre vaisseau retrouve ses moyens, il subit une micro-latence qui fait que vous en perdez momentanément le contrôle. Tout se passe très vite, je vous rassure. Mais sur mes différentes parties, j’avoue avoir loupé des virages à cause de ce petit bug.

De même, si dans 99% des cas la jouabilité est bonne, elle a aussi ses lacunes. Notamment lorsque vous voulez accrocher un élément vertical grâce aux facultés anti-gravitationnelles de votre engin. Sur certains angles à 90°, votre vaisseau décroche (même si vous vous acharnez sur le stick) pour venir s’éclater contre le mur. Une situation assez rare, mais qui m’a valu d’être rétrogradé dans le classement.

On pourrait aussi pointer du doigt le niveau de l’IA ! C’est bien simple : l’IA est en quelque sorte composée de ce qui pourrait s’apparenter aux ghosts des meilleurs chronos du jeu, sur le tracé idéal. Ça peut être une bonne expérience, très formatrice pour le hardcore-gamer soucieux de s’améliorer pour toucher la perfection du bout de la manette. Mais beaucoup de joueurs pourront être rebutés par cette IA qui semble intouchable. Et s’orienteront donc davantage vers les courses en ligne ou en versus local. Pourtant, il suffit de s’accrocher (et de connaître le circuit) pour atteindre la première place…

Le positif dans tout cela, c’est que tous ces petits défauts se corrigent très bien à l’aide de patches. Donc, on verra avec la prochaine mise à jour.

Au final

Franchement, au bout de plusieurs heures de jeu, je ne sais pas vraiment où classer LightField : car je dois avouer que le jeu m’a autant distrait par ses phases de courses que par celles plus orientées exploration. Les deux aspects se complètent, et empêchent le jeu de s’enfermer dans une certaine redondance.

Un tel produit développé par une équipe si réduite ne peut que forcer l’admiration. Chapeau ! Et bravo à Lost in the Garden qui, pour un premier essai, nous livre un jeu avec pas mal de qualités.

Reste à savoir si le contenu du soft justifie les 19,99€ demandés. C’est un peu cher pour un titre de ce type. Mais au regard des conditions expliquées plus haut, on a tout de même envie de valider l’achat. Mais… disons que c’est une démarche de soutien ! Pour encourager le studio viennois à continuer, et à se faire une place dans l’industrie vidéoludique 😉


LightField

Par Lost in the Garden, sur PS4 et Xbox One. Prix indicatif : 19,99€.

LightField

 

Ca accroche bien à la piste ! :

  • Un style visuel minimaliste, mais très coloré et très stylé
  • Affichage en 1080p
  • LightField a vraiment sa propre identité
  • La mécanique consistant à défier la gravité en s’accrochant à quasiment tout
  • Des phases d’exploration pour se détendre
  • La bande-son électro de Zanshin
  • Visuellement hypnotique
  • Un multi local en écran splitté (jusqu’à 4 joueurs)
  • Grande liberté : on peut prendre le chemin que l’on veut

Boum, c’est la chute ! :

  • Une durée de vie un peu faible
  • Des adversaires IA surcheatés
  • Quelques freeze et bugs d’affichage constatés sur PS4
  • La manip pour débloquer les circuits verrouillés, qui tue la durée de vie
  • Grande liberté : on peut facilement se paumer
 .