Publié depuis 2009 en manga, l’Attaque des Titans (Shingeki no Kyojin au Japon) connaît aujourd’hui sa deuxième adaptation sur consoles de salon (je ne compte pas ici les versions portables). Ce second opus, signé Omega Force (derrière la série Dynasty Warriors) fera t-il mieux que le premier, sorti il y a deux ans ? Le meilleur moyen de le savoir est de soumettre ce nouvel épisode, intitulé sans surprise A.O.T.2, à l’épreuve du test.

On est mal, patron… On est mal !

Derrière cet intertitre assez stéréotypé (si tout allait bien, il n’y aurait pas de jeu, ou alors un graphic-novel très kawaï), se cache la réalité de l’Attaque des Titans. Le monde va mal, l’Humanité a quasiment été décimée… Et les rares humains qui subsistent doivent se battre tous les jours pour espérer voir des jours meilleurs !

Car dans le monde créé par Hajima Isayama, de gigantesques créatures humanoïdes (entre 3 et 15m de haut) sont apparues il y a de cela cent ans. On les appelle les Titans ! Leur particularité ? Lorsqu’ils voient des humains, ils sont pris d’une grosse fringale, et défoncent tout ce qui se trouve alentour pour caler ce petit creux. Lorsqu’un village est attaqué par un Titan, ça se passe très mal ! Lorsqu’ils sont une armée, je vous laisse imaginer le délire !

Heureusement, les quelques humains survivants ont pu se réfugier derrière trois gigantesques murs. Maria, Rose et Sina (oui, les murs ont un nom) sont censés protéger les survivants des attaques de titans. Au sein de ces murs, les humains ont organisé une résistance répartie en trois branches : les Brigades spéciales agissent sous l’autorité du roi, dans l’enceinte de la ville ; la Garnison protège les murs ; et l’Escadron d’Exploration, part au combat à l’extérieur de la ville.

Si le manga tourne autour de personnages principaux comme Eren Jäger, Mikasa Ackerman ou Armin Arlelt, c’est un personnage inédit que vous allez incarner. Il a choisi de rejoindre le 104e bataillon suite au massacre de sa famille par un Titan Blindé, dont il veut se venger… Voilà le point de départ d’un jeu qui vous promet une bonne quinzaine d’heures en solo. Une durée de vie considérablement rallongée par le mode online, et ses « parties de chasse » en co-op !

Étape N°1 : créez votre avatar

Votre première mission, si vous l’acceptez, consiste à… Créez votre avatar ! Car la particularité très intéressante de cet épisode est de vous permettre de jouer un personnage purement fictif. Une mécanique déjà goûtée et approuvée avec la série Dragon Ball Xenoverse. Et qui permet de vivre une histoire alternative. Bien que le scénario colle à celui de l’anime, le fan suivra donc ici une trame légèrement différente, d’un autre point de vue.

Pour le reste, l’outil de création de personnage proposé par le jeu est très complet. De la coupe de cheveux jusqu’aux fringues, en passant par le sexe, la voix… Les choix offerts sont suffisamment riches pour que vous puissiez personnaliser votre avatar à l’envie. Avec pour seule limite votre imagination.

Par la suite, votre personnage aurait pu se contenter de s’intégrer à l’histoire. Mais les développeurs renforcent l’immersion par un procédé plutôt sympa : les liens d’amitié. Au fil de l’aventure, vous pourrez déclencher des dialogues avec les personnages principaux de la série. Des dialogues avec des réponses à choix multiples. Si vous répondez correctement à votre interlocuteur, une jauge d’amitié se remplit. Eren ou Mikasa peuvent ainsi devenir vos « best friends » !

Une jouabilité qui demande du doigté

On ne va pas se mentir : si la jouabilité est très agréable une fois prise en main, elle va vous demander une période d’apprentissage (ça tombe bien, il y a un bon gros tuto). Et aussi de la souplesse dans les doigts. Évidemment, je ne parle pas ici des phases « en ville » où il ne suffit que de se déplacer et dialoguer. Mais bien des phases de combats, assez techniques.

Et on commence avec le déplacement tridimensionnel. Pour se déplacer autrement qu’avec ses jambes, il suffit de presser L2+carré. Manipulation qui a pour effet de lancer vos grappins pour vous propulser. Cette manip peut ensuite être couplée avec la touche X, pour un boost. Ce déplacement aérien est vraiment jouissif. Mais un Titan apparaît, et il va falloir engager le combat.

Dans un premier temps, R1 permet de cibler l’adversaire, ou plutôt une partie de celui-ci. Car avec des ennemis de cette taille, plusieurs possibilités vous sont offertes : les jambes, les bras, et évidemment la nuque, seul point mortel chez les Titans. Choisissez la bonne cible avec le stick droit… Et pressez « triangle » pour booster vers votre cible. Enfin, avec un timing parfait, vous devrez presser à nouveau « triangle » pour frapper. Ni trop tôt, ni trop tard… Et il faudra souvent affaiblir l’adversaire en lui détruisant par exemple les jambes, avant de porter le coup de grâce sur la nuque.

Enfin, la croix de direction vous permettra de solliciter vos alliés (quatre, donc) pour qu’ils viennent vous prêter main-forte ! Avec des techniques plus ou moins puissantes selon les personnages qui vous accompagnent. La chasse aux Titans, c’est aussi un sport collectif ! Et si vous voulez combattre à moindres risques, une attaque à distance est également de la partie : elle permet de foudroyer un Titan en le ciblant à distance, après l’avoir visé avec votre longue vue… Mais ça ne marche pas à tous les coups…

C’est quoi ? C’est un RPG ?

Mais au juste, dans quelle case doit-on ranger A.O.T.2 ? Car dans son gameplay, le jeu offre un mix d’action/hack’n slash… Avec parfois une dimension plus stratégique. Mais dans ses systèmes d’upgrade, de collecte d’items ou de dialogues avec les PNJ, il s’apparente aussi au RPG.

Car si nous évoquions plus haut les liens d’amitié, proposés dans cet opus, vous vous doutez bien qu’ils ne sont pas là juste pour faire joli ! Aussi, leur intérêt réside dans le fait que, plus vous serez proche d’un personnage, plus il vous permettra de développer de nouveaux skills sur votre arbre de compétences.

Il suffit pour cela de partir en mission suite au dialogue, de vaincre des titans, puis de revenir pour optimiser la compétence en question. Ce qui nous amène, au passage, à un autre défaut du jeu : les missions proposées deviennent vite répétitives. Heureusement, le gameplay nerveux et jouissif sauve les meubles, et estompe l’impression de tourner en boucle, à re-combattre les mêmes titans pour les mêmes missions de sauvetage.

Lorsque vous serez lâché sur le champ de bataille, vous trouverez également des bases, qui vous permettront de récolter de précieux items. Ce afin d’améliorer votre matériel (armes, kit tridimensionnel…) ou d’en acquérir du nouveau (canons, bombes…). Les objets vous permettent donc soit d’améliorer votre équipement, soit également d’en acquérir du nouveau.

Et les Titans dans tout ça ?

Je réalise que j’ai omis de vous parler de nos chers amis les Titans. Des adversaires qui, s’ils sont réputés redoutables, sont aussi connus pour leur QI de bernique. Cela se ressentait d’ailleurs fortement dans le premier opus du jeu.

Force est de constater qu’avec A.O.T.2, nos Titans sont devenus un poil plus intelligents. Pour autant, ce n’est pas demain qu’ils vont inventer un vaccin… Mais les développeurs ont revu l’IA à la hausse. Ils sont désormais plus rapides, et il peut aussi arriver que vos embuscades soient déjouées. La moindre erreur ne pardonne (presque) pas, et si vous ratez vos assauts plusieurs fois de suite, il y a des chances que vous ne finissiez dans le gosier d’un géant.

Évitez de rester dans le champ de vision de l’ennemi, et gardez un oeil sur la jauge de détection ! Lorsque celle-ci est pleine, le Titan bénéficie d’un surplus de vitesse, d’agilité et de conscience. Il entre dans un mode « rage » qui peut vous faire passer un sale quart d’heure !

Bien évidemment, il convient de distinguer les Titans de base (ceux que vous allez voir le plus souvent), et les plus costauds, comme les « Deviants » qui vont vous demander une approche plus stratégique…

Une technique en retrait

Je dois bien vous avouer que, ce qui constitue pour moi le principal défaut du jeu, est un point auquel je m’attendais ! Sa réalisation technique ne s’inscrit pas vraiment dans les standards actuels, et on aura vite l’impression de jouer sur un soft d’il y a deux ou trois ans. Cependant, je relativise en me disant qu’Omega Force (filiale de Koei-Tecmo) ne l’a jamais caché ! Le studio préfère ouvertement privilégier l’expérience de jeu, au détriment parfois de la réalisation. Et AOT n’est pas le seul jeu  d’Omega dans lequel cela se ressent !

D’autant que cette réalisation datée est ici compensée par une direction artistique qui rend hommage à la série. Vous reconnaîtrez instantanément les personnages, les lieux, les Titans… Et même certains passages narratifs de l’Attaque des Titans. En termes de fan-service, les développeurs avaient vraiment envie de vous faire plaisir ! Ce en vous faisant revivre les saisons 1 et 2 de la série (les trois premiers arcs du manga) : pas de soucis si vous n’aviez pas joué au premier opus, donc ! Mention spéciale pour la bande-son : s’il ne s’agit pas ici des thèmes de la série, on s’en rapproche. Tantôt douce, tantôt épique, la musique colle parfaitement aux situations.

Rien ne se perd, rien ne se crée…

Toujours est-il que le jeu pêche par sa réalisation, c’est un fait. Aux personnages superbement modélisés, on opposera des décors parfois un peu vides, qui manquent de vie et de réalisme. Aujourd’hui, il est surprenant de voir une ville dont les habitants campent tous au garde-à-vous en attendant que vous ne veniez leur adresser la parole. Et si le studio a inséré nombre d’éléments destructibles dans les niveaux, ceux-ci apparaissent vite comme pré-programmés, n’ont rien de naturel. Et provoquent, accessoirement, quelques légers ralentissements.

De plus, ceux d’entre vous qui ont joué à AOT : Wings of Freedom (le premier opus) auront vite l’impression que les développeurs ont fait du recyclage. Certaines cinématiques sont quasiment les mêmes. L’intérêt de votre personnage inédit n’en est que plus grand, puisqu’il apporte un regard alternatif sur l’histoire. Certains passages seront d’ailleurs des scènes connues, mais en vue à la première personne.

Enfin, par moment, le sang est un poil trop présent à l’écran (vous pouvez choisir de l’ôter si vous ne supportez pas l’hémoglobine ^^). Lors des combats, vous allez parfois voir beaucoup de rouge, dans des gerbes de sang… titanesques ! Et parfois, c’est la lisibilité de l’action qui en pâtit !

Au final

Vous l’aurez compris : A.O.T.2 est un bon jeu ! On pourra certes lui reprocher une réalisation technique qui commence un peu à dater… Mais toujours est-il qu’il retranscrit parfaitement (à mon sens) l’ambiance de la série ! Avec un angle inédit, mais sans la dénaturer. Le joueur ressent la pression lorsqu’il s’agit de partir défendre la ville contre une horde de Titans. Avec l’excitation de défourailler du monstre, mais aussi la crainte de voir des amis qui ne rentreront pas de mission !

La direction artistique rend hommage au manga d’origine, et le fait de croiser les héros en étant dans la peau d’un personnage inédit n’en renforce que plus l’immersion. Seul petit bémol si vous êtes fan d’AoT : ce nouvel épisode se limite au contenu des saisons 1 et 2 (donc de la redite si vous avez joué au premier opus). Frustrant de ne pas aller plus loin dans l’histoire… Mais en même temps, les nouveaux venus éviteront ainsi les spoilers…


A.O.T.2

  • Par Omega ForceKoei-Tecmo, sur PS4, Xbox One, PC et Switch.
  • Classification : PEGI +18.
  • Prix : environ 60€.

 

Titanesque :

  • Le point de vue d’un personnage alternatif
  • Le système de liens d’amitié
  • Toute l’ambiance du manga
  • Une narration réussie
  • Bonne durée de vie
  • Le déplacement tridimensionnel
  • La bande-son
  • Dialogues japonais, sous-titrés en français
  • Des combats « titanesques »
  • Les Titans ont la dalle et vous le font savoir
  • Un mode online et de la co-op

Jeu de massacre :

  • La réalisation technique
  • Les missions deviennent vite répétitives
  • Des décors un peu vides
  • Parfois, les mêmes cinématiques que dans AOT 1
  • Trop de sang tue la lisibilité
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