TEST. – Dévoilé en même temps que la Xbox One, la dernière création du studio Remedy, à l’origine des deux Max Payne et d’Alan Wake, était attendue au tournant. La déception est malheureusement à la hauteur de l’attente. Quantum Break s’avère un peu trop banal, mais offre tout de même un agréable cocktail d’action et de réflexion.
Un casting issu du monde des séries
Entre jeu vidéo et série TV, la nouvelle création de Sam Lake promettait beaucoup sur le papier. Un jeu d’action à la troisième personne (ou TPS), qui sait ménager des phases ludiques plus axées sur la réflexion et la recherche de documents, pour dénouer l’écheveau d’une histoire aux multiples ramifications.
Écrit comme cela, pourtant rien de bien nouveau ! Surtout venant du studio Remedy à qui l’on doit les deux premiers Max Payne, et du créateur de l’excellent Alan Wake (qui se rappelle à notre mémoire dans Quantum Break, via des petits films diffusés sur de nombreux postes de TV).
C’est d’ailleurs de ce dernier jeu que se rapproche le plus la dernière création de Remedy, où le soin apporté à l’atmosphère et au level design, compte tout autant que les moyens déployés pour les scènes de fusillades. Même si dans Quantum Break, la balance penche plutôt en faveur de ce type de séquences.
La véritable nouveauté, à défaut d’être révolutionnaire comme espéré, réside dans la série TV qui survient à intervalles régulières, s’intercale dans les cinq parties du jeu. Mais j’y reviendrai plus tard.
Point positif (et ce n’est pas le seul, je vous rassure !) : un scénario et des personnages soignés, le tout soutenu par un casting quatre étoiles, issu pour la plupart, of course, du monde des séries : Aiden Gillen (Game of Thrones), Dominic Monaghan (Lost et le Seigneur des Anneaux), Lance Reddick (Fringe et The Wire), plus un membre des X-Men, Shawn Ashmore.
Gameplay et effets spéciaux au top
Ce dernier incarne Jack Joyce, qui a été touché par la machine à voyager dans le temps de son ami, Paul Serène. Il a reçu certains pouvoirs parmi lesquels la possibilité de figer un ennemi dans une stase temporelle, d’arrêter le temps autour de lui pour se protéger des projectiles, ou encore de faire revenir certains objets dans le temps, pour ne citer que les pouvoirs de base.
Pendant toute la partie jeu, c’est lui que nous incarnons, dans une véritable et littérale course contre la montre, car le temps menace de s’effondrer. Je ne peux vous en dire plus, car le scénario sait ménager de nombreux rebondissements de bonne facture, entre changements d’époque, fracture temporelle, et fusillades en pagaille.
Sur ce point, les concepteurs de Quantum Break se sont faits plaisir et nous font plaisir : le gameplay est facile à prendre en main (« un peu trop » diront certains !), et offre de nombreuses possibilités pour venir à bout d’ennemis, plus ou moins difficiles à dégommer.
Outre une panoplie d’armes bien fournie, tout l’intérêt réside dans le fait de devoir faire preuve de stratégie et de bon sens, en se servant également des nombreux pouvoirs que l’on va acquérir au cours de cette aventure hors-normes.
Et de se rappeler que Remedy a rendu célèbre (avec Matrix) l’effet Bullet-time, cet effet qui permet pendant une phase de tir, de ralentir le mouvement des adversaires, le personnage subjectif restant à vitesse constante.
Avec cette histoire de temps suspendu, cet effet est forcément de la partie, mais d’une manière assez nouvelle, et combiné à des effets spéciaux de toute beauté. L’association et l’utilisation de nos différents pouvoirs permettent de créer des scènes de gunfights inédites, sans cesse renouvelées, à la beauté plastique incomparable. Par contre, le système de couverture automatique est perturbant, et rend difficiles les tirs à couvert.
Autre point négatif : des effets d’aliasing, un framerate qui se fait la malle à intervalles assez régulières, et des temps de chargement interminables. Des gros défauts qui viennent, en partie, d’être corrigés avec le patch de fin avril, mais qui subsistent un peu. Ajoutez à cela un grain de l’image un peu flou voulu par les créateurs, comme dans Alan Wake, mais qui, ici, amoindrit la lisibilité de certaines scènes.
Je(u) est un autre
Malgré une esthétique et des moyens qui réjouissent au plus haut point, le sentiment qui domine tout au long de la petite dizaine d’heures qu’il faut pour connaître le fin mot de cette histoire digne de la série Fringe, est celui d’un goût de trop peu, pour ne pas dire d’inachevé.
Les fusillades s’enchaînent contre des ennemis pas si coriaces que cela (l’IA est de ce point de vue, assez faible), les phases de réflexion ne sont pas des plus ardues, et les documents à collecter beaucoup trop nombreux, ce qui amoindrit la compréhension d’une histoire, pourtant pas si tortueuse que cela. D’ailleurs, sans rien dévoiler, j’ai trouvé la conclusion de l’histoire assez bâclée, mais qui laisse la porte ouverte pour une éventuelle suite.
Dans cette volonté de complexifier une histoire qui n’en demandait pas tant, les quatre parties de la série TV sont malgré tout le point positif. La raison ? Le choix adopté par Sam Lake et son équipe, de mettre en scène dans ces segments en Live, d’autres personnages périphériques à l’histoire.
L’histoire prend ainsi une dimension polyphonique passionnante, qui s’intègre parfaitement à l’esprit d’un jeu qui s’amuse justement avec différentes strates de la réalité.
Ce choix de changement de points de vue montre qu’ils ont bien compris les enjeux de chacun des médias, et des points communs qui les relient. A savoir, que ce sont deux formes de récits au long court, aux histoires et aux personnages malléables, dont les cartes peuvent être rebattues à tout moment. Life is Strange (lire aussi notre test) l’a bien compris et l’a merveilleusement incarné l’année dernière. Quantum Break est dans cette lignée, mais à un moindre degré, car tout cela reste ici à l’état de promesse.
En tout cas, la série est un contrechamp idéal au jeu. Lequel vient nourrir la seconde : à chaque fin des cinq parties de celui-ci, un moment de jonction se met en place, où se déroule ce passage de relais du personnage de Jack que vous incarnez à un autre.
Ainsi, vous êtes même amené à incarner son ennemi juré, Paul Serène. Là, il convient de faire un choix entre plusieurs possibilités, qui amèneront des changements dans la série et le jeu.
La révolution attendra
Et c’est là que le bât blesse : dans l’une comme dans l’autre, les changements s’avèrent minimes. La rejouabilité s’en trouve quelque peu entachée. Tout comme la révolution que devait être ce projet transmédia.
Autre point négatif : la série en elle-même, à l’intrigue sans trop d’originalité, et à la mise en scène sans relief. Les personnages comme les situations, entre moments d’action ou dialogués, s’avèrent, au mieux sans intérêt, mais souvent gênants. En gros, l’impression de voir une mauvaise série des années 80 !
Au final
Quantum Break avait toutes les cartes en mains pour devenir un hit, capable de satisfaire aussi bien les amateurs d’action pure que ceux amateurs de récits alambiqués avec des phases de jeu basées sur la réflexion. Même si les premiers auront une dose suffisante de gunfights de haute-volée, les autres resteront certainement sur leur faim.
Surtout, la promesse de savourer une nouvelle expérience transmedia relève plutôt du pétard mouillé. Pourtant, Remedy sème quelques beaux cailloux pour l’avenir, qui ne demandent qu’à être ramassés par eux-même ou d’autres.
Site officielVerdict
Un bon jeu pour les amateurs d’action et d’effets spéciaux. Hélas la promesse, alléchante sur le papier, de réunir jeu vidéo et série TV, tombe à plat et laisse le joueur sur sa faim.
13/20
Les + :
- Gameplay simple à prendre en main, et avec beaucoup de possibilités
- Effets spéciaux et level design soignés, sans être tape-à-l’œil
- Bonne compréhension des points communs entre série et jeu vidéo
- Récit pas trop alambiqué
Les – :
- Des temps de chargement trop longs
- VF imposée pour la série
- Récit qui manque d’originalité
- Rejouabilité minime
- Des effets d’aliasing et des chutes de framerate très gênants
- La série TV n’ajoute rien à l’expérience vidéoludique
Quantum Break, par Remedy, en exclusivité sur Xbox One. Pegi : 16.
Jeu testé sur une version fournie par l’éditeur.
Ça donne envie de le tester, mais pas au prix vendu en magasin ! Vu ce que je viens de lire.