Licence créée en 2005 par Santa Monica Studio, God of War a su d’entrée s’imposer comme l’une des licences fortes de Sony. Ce bon vieux Kratos est enfin de retour sur PS4, avec quelques poils de barbe en plus, et un rejeton répondant au doux nom d’Atreus. Aiguisez vos haches, notre test commence maintenant !

Du panthéon grec aux plaines enneigées

On n’avait pas vu ce cher Kratos depuis 2013, avec un God of War Ascension pas toujours apprécié par les fans. Beaucoup d’entre-eux resteront en effet sur la claque monumentale God of War III (2010), ou sur Ghost of Sparta (fin 2010) pour ceux qui possédaient une PSP. Soit cinq ans après un premier God of War sorti sur PS2, dirigé par David Jaffe (Mickey Mania ou la série Twisted Metal). Et pour l’anecdote, c’est en 2007 qu’arrivait, toujours sur PS2, un God of War II supervisé par un certain Cory Barlog, que nous retrouvons aujourd’hui.

Pour revenir sur les épisodes précédents, God of War est une série hack’n slash qui nous permet d’incarner Kratos (littéralement « Force » ). Un général spartiate affublé par Arès de pouvoirs divins, pour défaire des envahisseurs barbares. Mais pris d’une frénésie meurtrière, Kratos décime tout ce qui bouge. Y compris son village d’origine, sa femme et son enfant. Frappé d’une malédiction pour ses actes, Kratos est alors recouvert ad-vitam aeternam des cendres de sa femme et de sa fille. Ce qui lui donne cette apparence pâle (d’où son surnom de « fantôme de Sparte » ). Kratos crie alors vengeance, et se donne pour but de décimer le panthéon grec…

Viking spartiate

Ce nouvel épisode (considéré comme un God of War 4) se déroule donc, fort logiquement, après God of War III, qui avait laissé un Kratos mourant dans une Grèce complètement vidée de ses dieux. Et l’on apprend donc aujourd’hui que notre « Dieu de la Guerre » est parti, entre temps, se refaire une santé en Scandinavie.

Et les montagnes enneigées semblent lui convenir. À en juger par la longueur de sa barbe et de ses rides, notre ami y a passé quelques années, fondant même un foyer. Mais nous sommes dans un jeu God of War, et le « happy end » ne fait pas vraiment partie du cahier des charges. Aussi, c’est dans un climat dramatique que débute l’aventure (no spoil), que Kratos reprend du service pour aller botter des culs. Mais cette fois, il ne sera plus seul !

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« Un jour, tu seras un homme, mon fils ! »

L’une des grosses nouveautés de cet épisode, pour ne pas dire la plus grosse, est que Kratos sera accompagné par un enfant. Répondant au nom d’Atreus, celui-ci n’est autre que le fils du héros. Victime colatérale de la poisse de son père, Atreus va donc malgré lui découvrir les joies d’être un fils de Spartiate, d’être un personnage de God of War : il n’aura pas de PlayStation 4 à Noël… Juste un voyage initiatique « à la dure » et un bel arc.

La plus grosse crainte que j’avais, en découvrant les premiers trailers du jeu, était de devoir « subir un boulet » tout au long du jeu… Un assist pas vraiment dégourdi que l’on traîne au fil de l’aventure… Qui vous interrompt dans vos plus belles actions car « il faut aller l’aider et le protéger » ! Il n’en est rien ! Dieu(x) merci, Atreus est franchement débrouillard, et s’avère être un assistant précieux ! C’est son voyage initiatique, mais c’est lui qui va vous apprendre des choses !

Lors des combats, vous pouvez (en pressant la touche « carré » ) lui demander de décocher quelques salves de flèches. De même, si vous bloquez sur un passage, il engage la conversation pour vous délivrer de précieux conseils. Atreus n’est pas de trop, il est même un élément capital du gameplay ! Il vit sa vie sans se prendre les pieds dans la première branche venue. Et vous allez très rapidement perdre ce réflexe inutile de le surveiller, dès fois qu’il aurait besoin d’un coup de main… Ce serait même plutôt l’inverse !

Kratos (re)devenu « humain »

Mais Atreus n’est pas qu’un assist. Il est aussi le moteur du scénario, à la fois in-game et out-game. Je ne vais pas vous faire un dessin sur la partie in-game : la narration du jeu s’en chargera très bien. Pour le out-game (ce que vous ne verrez pas), Atreus permet de comprendre pourquoi Kratos est aujourd’hui plus posé (l’âge et la paternité n’expliquent pas tout). Atreus est aussi la part d’humanité retrouvée de notre héros, redevenu père après avoir vécu tant d’années dans le traumatisme de la mort de sa première femme et de son premier enfant (de sa main, en plus). La cicatrice ne s’était jamais refermée, mais la présence d’Atreus panse la blessure. En devenant père, Kratos est devenu plus humain qu’il ne l’a jamais été.

Et c’est là toute la force du scénario de God of War (bien que celui-ci soit perfectible, comme nous allons le voir plus bas). Cory Barlog et ses hommes se sont réappropriés Kratos pour faire, du demi-dieu insensible, un père profondément humain. En ce sens, ce God of War n’en est pas vraiment un. Les combats de Kratos contre les dieux sont devenus anecdotiques, et ne sont là que pour rythmer le récit. La véritable quête de notre Spartiate est d’éduquer son enfant. Un voyage initiatique dont le but est d’empêcher Atreus de reproduire les erreurs de son père. Le véritable ennemi du jeu ? Sans doute les vieux démons du passé…

La PS4 poussée dans ses retranchements

Autant vous le dire tout de suite : votre PS4 va souffrir ! En témoigne le ventilo de la console, en mode « Boeing 747 » qui couvre le son du jeu en quasi-permanence. Pour ce test, je fais tourner le jeu sur ma bonne vieille PS4 classique, qui risque à chaque instant de passer ad-patres. J’ose imaginer que le résultat est moins « spartiate » sur une PS4-Pro !

Inutile de tourner autour du pot : God of War est tout simplement l’un des plus beaux jeux tournant actuellement sur une PS4 ! Du début à la fin du titre, on ressent les cinq années de dur labeur de Cory Barlog et de son équipe ! Qu’il s’agisse des environnements ou des personnages, le jeu frappe instantanément par la qualité de ses détails, de ses animations.

Le monde de God of War est à la fois extrêmement détaillé et vivant, il va vous marquer pour longtemps ! Un tel rendu graphique est habituellement réservé aux jeux à la Uncharted. Et si je craignais que GoW prenne cette orientation qui laisse le gameplay un peu trop en retrait à mon goût, il n’en est rien ! Le jeu est magnifique, mais ce n’est pas pour autant que vous n’allez pas martyriser votre manette de manière frénétique.

Quasiment pas de temps de chargement

S’il est une véritable prouesse que je me dois de vous signaler, c’est le fait que cette aventure de Kratos (et Atreus) n’est qu’un unique plan séquence ! Pour les non-cinéphiles, un plan séquence est une scène très longue, filmée en une seule prise, sans coupure. C’est ici le cas, et du début à la fin de l’aventure, une seule scène se déroule sous vos yeux, sans aucune interruption. En vue rapprochée, histoire de vous immerger encore plus dans l’histoire. Ce qui implique d’imbriquer avec une précision hallucinante les scènes de gameplay et les cinématiques, avec des transitions invisibles. Le studio y parvient avec succès. C’est peut-être un détail pour vous, mais je puis vous assurer que techniquement, c’est un véritable tour de force !

Enfin, nous pourrions fermer ce chapitre en parlant de la magnifique BO du jeu signée par Bear McCreary (Battlestar Galactica, Defiance, Terminator : les Chroniques de Sarah Connor…). Le thème chanté est interprété par la Féroienne Eivør Pálsdóttir. Pour ce qui est du doublage en VF, c’est Frédéric Souterelle (Chopper dans Overwatch, Frank West dans Dead Rising 4…) qui incarne Kratos. En Anglais, c’est Christopher Judge (Teal’c dans Stargate SG-1) qui prête sa voix à Kratos.

Les QTE sont toujours là !

Avec un God of War qui dépoussière totalement la série, en prenant de nouvelles orientations, les fans pouvaient craindre aussi un changement radical de gameplay. Soyez rassurés : la jouabilité de GoW est très proche de ce que vous connaissez déjà ! Elle en garde le meilleur, pour en améliorer le plus perfectible ! Les combats se déroulent toujours en pressant les touches pour envoyer du gros cassage de gueule, et les scènes sont entrecoupées de nos fameux Quick Time Events (QTE), durant lesquels vous devrez appuyer sur la touche qui s’affiche pour déclencher une séquence plus spectaculaire.

La véritable nouveauté au niveau du gameplay est, comme nous l’avons vu plus haut, la présence d’Atreus. S’il vit sa vie, à vos cotés, vous pourrez aussi le solliciter (dans la limite des flèches disponibles, à recharger lorsque son carquois est vide), pour un précieux assist, pour un soutien à distance. De son coté, Kratos a troqué ses célèbres « Lames du Chaos » contre une hache « Leviathan » qui, telle le marteau de Thor, peut revenir dans le creux de votre main à votre demande…

Du loot, du crafting, de l’upgrade…

Le jeu vous offre aussi quelques phases de réflexion, avec des mécanismes à débloquer en accomplissant des actions bien précises en duo. Sachez observer autour de vous, la solution n’est jamais bien compliquée ! Quoi qu’il en soit, l’observation sera de mise, puisque vous devrez fouiller les niveaux afin de ne rien louper si vous vous êtes fixé pour objectif de récupérer tous les collectibles du jeu.

Connu pour être un hack’n slash plutôt bien maîtrisé, ce God of War introduit également une dimension plus RPG dans la série. Ici, nous allons parler de levelling, ou bien d’upgrade de vos armes et de vos tenues. Sans parler des nombreux éléments à crafter. Kratos et Atreus disposent ici d’un arbre de compétences sur lequel vous devrez garder un oeil, afin de débloquer dès que possible des skills qui vous faciliteront la vie.

Le jeu parfait ?

Des sites spécialisés qui notent 10/10 ou 100% ? Vraiment, tout en relevant quelques défauts ? 😉 Vous commencez à connaître mon point de vue à ce sujet : le jeu parfait n’existe pas ! Et s’il en prend la direction, ce God of War, malgré ses qualités, ne fait pas exception à la règle !

Oui, le jeu est magnifique, oui les paysages sont sublimes, oui l’histoire est captivante, mais… Le jeu a aussi ses défauts. À commencer par le mode exploration, pas si dingue que ça. Alors certes, il va vous obliger à fouiller partout dans des paysages magnifiques (c’est le principe, en fait). Mais à bien y regarder, et en toute objectivité, le concept a déjà été usé jusqu’à la lie par des centaines d’autres titres. Un mode « téléportation » est disponible, hélas non compatible avec le no-cut du jeu. Il en résulte des « voyages rapides » qui ne le sont pas vraiment !

Et ici, l’exploration semble avoir été mise là parce qu’il fallait le faire. Et il en ressort parfois une grande impression de n’importe quoi : au Pays de Thor, les gens sont vraiment bordéliques et laissent traîner dans la forêt l’équivalent d’un supermarché ! Vous ne manquerez de rien, n’aurez jamais l’impression de devoir lutter pour survivre. Puisqu’il suffit de se baisser pour ramasser de l’argent, des armes… Ah, si seulement c’était comme ça dans la vraie vie, je serais riche !

Un peu de répétitivité ?

Si le bestiaire du jeu est vraiment génial (big-up aux chara-designers), le joueur aura toutefois rapidement l’impression de croiser les mêmes têtes, les mêmes ennemis. Je dois cependant reconnaître qu’un gros effort a été réalisé sur les Trolls. Chacun ayant son propre caractère, son propre design… Mais ce n’est pas la même pour les ennemis de base !

Le scénario est bien écrit. Il est poignant, le lien entre Kratos et Atreus est fort. Il saura vous émouvoir. Pourtant, il faut reconnaître que le scénario prend parfois un chemin plus classique, avec quelques impressions de déjà-vu ! Il fonctionne dans l’ensemble, mais sans vous spoiler, quelques passages sont prévisibles. Je ne sais pas pour vous, mais j’avoue avoir parfois deviné où les scénaristes voulaient nous emmener…

De plus, ce rapport si fort entre père et fils est… Trop souvent à mon goût déboîté par un Kratos en mode bourrin. Le héros a quelques lignes de dialogue où son naturel névrosé revient au galop. Des répliques en mode « tu es une me…, mon fils » , qui nourrirait presque de l’antipathie pour notre barbu (et une affection soudaine pour son rejeton). « Je t’aime fiston » ne se dit pas « ferme-la, petit con » , même en Spartiate !

Enfin, si le gameplay offre son lot d’originalités, le joueur va rapidement tomber dans une sorte de routine. Parfois désamorcée par quelques surprises bienvenues. Mais si l’on écarte ces séquences qui vous réveillent sur votre canapé, un sentiment de répétitivité s’installe dans la seconde moitié du jeu, avec cette cruelle sensation de devoir répéter inlassablement les mêmes actions.

Au final

On ne peut pas vraiment parler de bonne « surprise » en évoquant ce God of War. Dans le sens où l’on savait d’entrée que Santa Monica allait envoyer du lourd ! Au contraire, je dirais même qu’il aurait été plus facile pour GoW de décevoir, tant on attendait de lui ! Pourtant, force est de reconnaître que le jeu parvient avec brio à être au dessus de nos attentes. Avec ce nouvel opus, le studio réalise un épisode majeur de la série. Et sans aucun doute un jeu majeur du catalogue de Sony !

Bien évidemment, le jeu a des défauts. Et pas qu’un ! Scénario parfois prévisible, gameplay qui devient répétitif à la longue, bestiaire pas si varié… Autant de points qui flingueraient n’importe quel jeu normal. Mais ici, la barre est fixée tellement haut que God of War reste un excellent jeu malgré tout !

Si vous êtes fan de la licence, et que les changements annoncés ne vous font pas plus peur que cela, God of War est un épisode à posséder absolument. Il marque une transition historique dans la série, opère un tournant que l’on aurait rêvé plus tôt. Si vous ne connaissez pas Kratos et que GoW est pour vous un jeu lambda, un triple A de plus… Nous ne pouvons que vous conseiller de vous essayer à ce voyage dépaysant à travers les sublimes panoramas scandinaves. Tous genres confondus, nous avons ici le haut du panier ! Sans être la claque monumentale que j’espérais, God of War reste une grosse beigne, et figure dans mon Top 10 sur PS4.


God of War

 

Dieu de la guerre :

  • Techniquement à s’en décrocher la machoire
  • Le duo Kratos/Atreus qui fonctionne à merveille
  • Atreus est un solide allié, et non un boulet
  • La bande-son très réussie (et sans en faire des caisses)
  • Des dialogues bien écrits
  • Le personnage secondaire de Mimir
  • Durée de vie : environ 25h, avec l’envie de tout refaire
  • Un seul plan séquence, sans chargement
  • Un jeu qui a sa propre identité, sa personnalité bien à lui
  • Les mécaniques RPG

Dieu de la loose :

  • Le scénario parfois prévisible
  • Les phases d’exploration pas vraiment originales
  • Certains ennemis répétitifs
  • Quelques sorties de Kratos en mode « sans finesse » qui laissent présager une adolescence bien rebelle d’Atreus
  • Des « voyages rapides » pas… rapides !
  • Dingue de voir autant de loot abandonné dans la forêt
  • Le ventilo de la console en mode « balayeuse de caniveaux »
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