C’est drôle de voir que, pour les jeux vidéo aussi, les grands esprits se rencontrent parfois. Et 2025 aura vu la sortie de deux jeux AAA relativement similaires. Une femme qui cherche à venger la mort de ses proches dans le Japon féodal… C’est à la fois le pitch de Assassin’s Creed Shadows, et de Ghost of Yotei. Le second est le titre qui nous intéresse aujourd’hui, disponible exclusivement sur PS5 depuis le 2 octobre. Et accessoirement, un jeu qui jouit d’un solide bagage, puisqu’il est l’œuvre de Sucker Punch. Un studio qui nous a déjà régalés avec un Ghost of Tsushima aujourd’hui considéré comme l’une des meilleures licences de PlayStation Studios. Vous l’aurez compris : Ghost of Yotei porte un lourd fardeau. Celui d’être un jeu très attendu, et que l’on espère aussi bon sinon meilleur que son aîné. Et c’est justement ce que nous allons voir maintenant…
L’Onryō, la louve et les truands
Si je vous dis Sucker Punch, les plus cinéphiles d’entre vous penseront immédiatement au film de 2011, de Zack Snyder. Mais un vrai fan de jeux vidéo, lui, saura ! Il aura la référence ! Instantanément, il aura compris que nous parlons du studio Sucker Punch productions. À qui l’on doit quelques franchises légendaires de la marque PlayStation. Vous en doutez ? les séries Sly Raccoon, ou encore InFamous, ce sont eux ! Depuis 2011, date de son rachat par Sony, le studio américain fait partie du giron PlayStation Studios.
Si vous êtes arrivé plus tardivement dans le monde du jeu vidéo, alors le titre qui va vous venir à l’esprit, c’est le plus récent : Ghost of Tsushima, sorti en 2020 sur PS4. Et un jeu qui flirte avec les 10 millions de copies vendues depuis son lancement. Pour vous faire la version courte, Ghost of Tsushima est un jeu d’action en monde ouvert. Il se déroule sur l’île de Tsushima, entre le Japon et la Chine, en 1274. L’armée mongole débarque, l’île constituant une étape vers la colonisation du Japon. Si les Mongols parviennent à leurs fins, il n’y aura plus aucun rempart pour protéger l’archipel. Alors, 80 samouraïs leur font face… Et se font massacrer ! Ne reste plus que Jin Sakaï qui, à lui seul, va tenter de contenir, voir vaincre, l’envahisseur. Pour cela, il se détourne du code d’honneur des samouraïs (bushido), pour se tourner vers la Voie de l’ombre, en devenant le Fantôme de Tsushima…
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Septembre 2024 ! Alors que les fans espèrent une annonce d’un éventuel Ghost of Tsushima 2, la nouvelle tombe lors d’un State of Play qui marque l’ouverture du Tokyo Game Show. Sucker Punch annonce son nouveau jeu pour l’automne 2025, soit un an plus tard ! Surprise : le jeu se nomme Ghost of Yotei. On est donc loin de Tsushima, puisque le mont Yotei est un volcan situé sur l’île d’Hokkaido. Tout au Nord du Japon. Autre surprise de taille, le trailer nous montre une héroïne, armée d’un sabre et accompagnée d’un loup (ou d’une louve). Aucune des deux ne rechigne à ouvrir quelques gorges. On comprend donc que c’en est fini de Jin Sakaï. Et pour cause !
Avec les trailers suivants, le contexte se précise. Nous sommes désormais en 1603, soit plus de 300 ans après Ghost of Tsushima. Le joueur incarne Atsu, une fillette qui assiste impuissante au massacre de sa famille. Seize ans plus tard, devenue une redoutable mercenaire, Atsu est de retour à Ezo (l’ancien nom d’Hokkaido), au pied du mont Yotei, sur ses terres natales. Pour les habitants, elle est devenue l’Onryō, un esprit vengeur réputé invincible, dans la culture japonaise. Atsu est déterminée à venger sa famille en tuant un à un les Six de Yotei. Les assassins masqués de son père, sa mère et son frère jumeau. Mais la tâche s’avère plus complexe que prévu… D’ailleurs, c’est aussi l’occasion de saluer l’acting d’Erika Ishii (capture et voix pour Atsu), actrice et doubleuse. Que vous connaissez aussi pour être Valkyrie dans Apex Legends.
Air de déjà vu, ou jeu incomparable ?



Où que vous alliez, sur la toile, sur les réseaux… Les pages ou les chroniqueurs auront cette fâcheuse tendance à comparer Ghost of Yotei avec… Le mauvais jeu, à mon sens. Oui, il se déroule dans le Japon féodal. Oui, Atsu épouse la voie de l’ombre pour venger sa famille, massacrée par un clan dont les membres portent des masques. Oui, vous allez parcourir une immense carte avec de nombreux points d’intérêt… Et des tâches de peinture pour vous dire où escalader. Et oui, Atsu utilise un grappin, et des méthodes de combat qui vont souvent vous faire penser à Naoe. Pourtant, après de nombreuses heures passées sur Ghost of Yotei, si je dois le comparer à un autre jeu vidéo… Le nom qui me viendra en premier ne sera certainement pas… Assassin’s Creed Shadows !
Et pourtant, j’en ai passé, du temps sur le jeu d’Ubisoft ! Dont je suis allé chercher le trophée de platine. Mais… Non ! Yotei en a la couleur, mais pas tout à fait le même goût ! Pour tout vous dire, plus je joue à Ghost of Yotei, et plus il me fait penser à… The Legend of Zelda : Breath of the Wild ! Même liberté une fois que vous avez posé le pied dans ce monde ouvert ; Même possibilité de foncer à l’essentiel (les Six de Yotei), ou d’explorer chaque millimètre de la carte avant de rejoindre la quête principale ; Ou aussi même façon de planter l’intrigue, les enjeux, et de vous laisser vous débrouiller, apprendre ; Ou encore même impression de voyage, de grandeur, d’opposition entre la folie des hommes et la force spirituelle de la nature ! En écrivant ce test, j’en ai la certitude : Atsu tient plus de Link que de Naoe !
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Quid de son prédécesseur, Ghost of Tsushima, alors ? Et bien là encore, vous ne pourrez échapper au comparatif entre Jin et Atsu. Oui, Jin est un personnage aux enjeux plus complexes, qui semble plus profond que Atsu. Jin est partagé entre l’honneur des samouraïs et la voie plus sombre des shinobi. Il est tiraillé entre le devoir, et l’envie de se faire justice… Là où Atsu n’est animée QUE par la volonté de se venger (sans doute fortement inspirée par le film Lady Snowblood). Mais… Et d’une, avancez plus loin dans Ghost of Yotei, pour découvrir un personnage plus riche (ceux qui vous ont assuré du contraire n’ont sans doute joué qu’une heure)… Et de deux, les deux titres de Sucker Punch sont très différents ! Tsushima est un film japonais de samouraïs, de Kurosawa… Yotei est un western ! Parfois même un western spaghetti, et Atsu pourrait presque être un personnage du grand Sergio Leone !
Ce parallèle entre jeu vidéo et cinéma est d’ailleurs franchement assumé par le studio Sucker Punch. Et les amoureux du 7e Art vont se régaler avec les différents modes proposés. Ainsi, comme dans Ghost of Tsushima, le mode Kurosawa (en hommage au réalisateur Akira Kurosawa) affiche le jeu en noir et blanc. Un mode qui met l’accent sur le storytelling, en vous plongeant dans l’ambiance des films tels que Les Sept Samouraï, Yojimbo… Le mode Miike rend quant à lui hommage à Takashi Miike (13 Assassins). Avec des combats plus fluides, gores et spectaculaires. Enfin, le mode Watanabe est le fruit d’une collaboration avec Shinichiro Watanabe (Samurai Champloo, Cowboy Beebop), qui remplace la musique, lors des phases d’exploration, par des pistes lo-fi originales, pour rendre hommage au producteur et DJ Nujabes (décédé en 2010).
Nature et découverte



Comme son prédécesseur, Ghost of Yotei est un véritable hymne à la Nature. La direction artistique la rend grandiose, pour ne pas dire organique, vertigineuse, avec un rendu très soigné : les paysages sont variés (forêts, montagnes enneigées, zones côtières), on a une météo dynamique et un cycle jour/nuit. On aime aussi les effets de lumière, la végétation dense… Sucker Punch reprend et assume des choix qui peuvent déstabiliser au premier abord… Mais qui, à terme, rendent le jeu tellement plus immersif ! Ainsi, pas de mini-carte à l’écran, encore moins de HUD. Quelques menus ou barres de santé apparaissent lorsque nécessaire (lors d’actions ou pendant les combats), mais sinon, l’exploration est un régal pour les yeux. L’image, rien que l’image ! Et quelle magie que de voir Atsu galoper à travers les champs de fleurs, suivie par des grues ou par des troupeaux de chevaux sauvages (malgré les bandes noires cinémascope) !
Mais alors, sans ces précieuses indications, comment fait-on ? Et bien, exactement comme dans Tsushima. Le vent souffle dans la direction de votre objectif (guiding wind). Et certains animaux ne sont pas là pour faire joli. Les oiseaux indiquent discrètement des points d’intérêt, tandis que les renards ont aussi quelques secrets à vous dévoiler. Ghost of Yotei n’est pas un jeu qui vous balance un milliard d’informations à l’écran, on n’est pas dans un MMO ! Ici, il faut savoir observer, écouter la nature (jouez avec un casque et vous m’en direz des nouvelles). Seule indication un peu trop voyante à mon goût : les parois que vous pouvez escalader sont marquées de traces de peinture blanche. Un petit faux pas esthétique qui fait penser à Assassin’s Creed Shadows, et ses marques jaunes encore plus voyantes.
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Puisque l’on parle de technique, il faut aussi parler de la performance musicale de Toma Otowa, compositeur d’une OST qui colle parfaitement à l’ambiance générale. Un compositeur qui a déjà officié sur les bandes originales de films d’animation comme Hotel Transylvania 3, Thor Ragnarok, The Lego Movie 2… Ou sur les jeux Ratchet & Clank Rift Apart, Knack, Resident Evil 5… En étant crédité Wataru Hokoyama. Et pour revenir au rapprochement entre Ghost of Yotei et les westerns, on peut même trouver, dans certains morceaux comme The Yotei Six ou The Wilds of Ezo, quelques influences du grand Ennio Morricone. Et avec un shamisen omniprésent (une sorte de guitare à trois cordes japonaise, au son si caractéristique), on ne peut pas faire plus traditionnel ! Même si les voix japonaises sont au top, le jeu propose aussi une VF de très bonne facture, avec Camille Donda (Naminé dans Kingdom Hearts 2, Lilo dans Lilo et Stitch) qui prête sa voix à Atsu.
Ghost of Yotei prend aussi le parti de nous parler d’une culture japonaise très peu mise en valeur : celle des Aïnous. Ce peuple autochtone du nord du Japon, porteur d’une culture animiste et poétique, longtemps marginalisé et victime d’acculturation… Mais désormais revalorisé comme un élément essentiel du patrimoine japonais (depuis 2008). Leurs traditions, leur langue et leur artisanat sont aujourd’hui en pleine redécouverte. Grâce à un mouvement de renaissance culturelle et à un musée national aïnou ouvert en 2020 à Shiraoi (Hokkaidō). Dans le jeu, les Aïnous sont des personnages bienveillants que vous allez croiser à de multiples reprises, avec qui vous pourrez faire du troc ou philosopher.
Gameplay : une richesse incroyable



Avec les capacités qu’offrent les machines contemporaines, beaucoup tombent dans le piège du jeu qui en met plein la vue, mais au gameplay aussi plat que le relief dans la Beauce. Ce n’est pas le cas dans Ghost of Yotei. Le système des combats a été amélioré par rapport à Tsushima. C’est vif, nerveux, les systèmes de parades et de duels sont à la fois plus intenses et plus agréables à prendre en main. On a de très bonnes sensations avec les armes, que l’on peut switcher de manière fluide… On aime aussi la confrontation qui engage les combats. Maintenez et relâchez triangle au bon moment, pour tuer l’ennemi d’un coup ! Vous pourrez aussi désarmer l’adversaire (ou vous faire désarmer), ou lui lancer une arme ramassée sur un autre ennemi vaincu… Quand les combats trop techniques peuvent déstabiliser ou décourager, ceux de Yotei sont jouissifs.
Les fans de Tsushima retrouveront cependant certains mécanismes, comme le stance management. Autrement dit, les différentes postures que vous pouvez prendre. Chacune correspond à un style de combat adapté à un type d’ennemi précis. L’idée est de changer de posture en plein combat (ça se fait très simplement) pour briser les défenses adverses et maximiser les dégâts. Le katana, arme équilibrée, est ainsi parfait pour les duels. Plus rapide, le double katana est idéal contre les ennemis équipés d’une lance. Et puisqu’on en parle, le yari (lance) est à recommander face à des adversaires armés de faucilles (kusarigama), elles mêmes efficaces contre les boucliers… Et on ne parlera pas de l’ôdachi. Un long katana lourd et lent (le plus connu étant le Masamune de Sephiroth dans Final Fantasy VII), mais qui balaie un large périmètre… Plusieurs armes sont à trouver. Et vous pourrez apprendre des techniques auprès de plusieurs sensei.
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Si Atsu dispose de plusieurs arbres de compétences (avec des aptitudes à débloquer contre des points), ici on ne parle pas de « level up » mais d’acquérir des améliorations. On gagne les précieux points en trouvant des autels de réflexion, et en y priant. Mais pour tout upgrader, vous devrez fouiller la map pour trouver les nombreux points d’intérêt, associés à des arbres précis. Des sanctuaires pour gagner des amulettes ; Des tanières de loups pour améliorer l’arbre du canidé ; Des sources d’eau chaude pour vous relaxer et améliorer votre santé… Ou encore des sumi-e (peinture à l’encre) pour améliorer votre esprit. Sans compter les nombreuses quêtes secondaire où vous devrez aider les villageois pour de l’argent, ou des matériaux pour améliorer votre équipement ; Des missions de chasseur de prime ; Des camps à libérer… Ou revivre des souvenirs d’enfance pour dévoiler le lore. Bref, on ne s’ennuie jamais !
Vous l’avez vue dans les nombreux trailers du jeu, alors… Il va aussi falloir que l’on parle de la louve ! Ce canidé sauvage qui vous accompagne, et vous aide pendant les combats en sautant à la gorge des ennemis… En réalité, c’est un peu plus compliqué que cela. La louve fait l’objet de missions dédiées, dans lesquelles vous devrez l’aider, et libérer ses congénères. Plus vous remplirez ces missions, et plus vous débloquerez des aptitudes sur un arbre de compétences dédié à l’animal. Son intervention n’est donc pas systématique. Mais vous devrez renforcer le lien qui vous unit, pour en augmenter la fréquence. Quand on vous dit que les développeurs ont soigné les moindres détails, c’en est un nouvel exemple. D’une feature qui aurait pu être totalement cheatée, les développeurs ont fait un élément réaliste, qui évolue en fonction de votre implication.
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Comme on l’a vu plus haut, le jeu se joue comme The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Comprenez par là que, une fois l’introduction passée, vous êtes libre soit de localiser les boss et de foncer leur faire la peau… Soit de traîner des heures entières afin de percer les secrets du jeu. Et croyez moi, il y a de quoi faire. Vous aurez sans doute même encore pas mal de choses à compléter une fois le jeu fini. À titre d’exemple, j’ai dû explorer la carte une bonne quinzaine d’heures avant de reprendre ma quête vers… Je n’en dirai pas davantage, puisque vous êtes même libre de fracasser trois des Six de Yotei dans l’ordre que vous voulez. Ghost of Yotei est une véritable invitation à la découverte, à l’exploration. Sans vraiment de zone trop déserte : il y a toujours quelque chose à trouver, en cherchant bien.
Des pétouilles dans les choses qui marchent



L’un des premiers points qui fonctionnent, on vous l’a dit ce sont les graphismes et la direction artistique. Ghost of Yotei est sans aucun doute l’un des plus beaux titres de la PS5 ! Le jeu est plutôt bien optimisé, avec des temps de chargement rapides, voire inexistants. Le framerate est stable, et le jeu tourne en 4K/30 fps en mode Qualité/ray tracing, et 1440p/60fps en mode Performance (plus sur une PS5-Pro). On constate cependant une petite dissonance technique entre le gameplay en 60fps et la plupart des cinématiques en 30 fps. On regrette aussi quelques rares bugs croisés dans le jeu : quelques rares soucis de caméra, ou Atsu qui se bloque dans le décor suite à un saut… Il n’y a pas que le cadre historique qui nous rappelle Assassin’s Creed Shadows !
L’autre aspect qui fonctionne bien, c’est sa narration. Avec ses moments forts, ses twists, ses petites surprises… On aime le personnage d’Atsu, mieux caractérisée (émotion, vulnérabilité, détermination) que de nombreux personnages féminins trop stéréotypés. Son histoire de vengeance personnelle nous touche. On aime aussi les quêtes secondaires liées à la culture Ainou (ou Ainu), au folklore, à l’histoire, qui enrichissent le décor. Pourtant, le scénario est, lui aussi, perfectible. Il démarre fort, avec un début d’aventure qui nous aspire… Mais il connait aussi quelques coups de mou dans la seconde moitié. Avec des moments forts suivis de passages moins intéressants… L’intrigue démarre crescendo, mais le rythme devient en dents de scie dans la seconde moitié.
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On adore aussi le fait que la progression du personnage ne se fasse pas avec un système de level-up classique (basé sur des points d’expérience), mais sur un système d’items à trouver. C’est un mode de progression particulièrement gratifiant. Qui nous pousse à explorer, à fouiller, à discuter avec les PNJ… Bref, cela pousse le joueur à s’investir, plus encore que dans beaucoup de jeux vidéo ! Pourtant, ce système a lui aussi ses limites. Notamment à cause des missions et objectifs qui, s’ils sont nombreux, deviennent vite répétitifs. Au bout de quelques heures, nous arrive dans la figure cette impression de toujours faire les mêmes quêtes. Mais dans des endroits ou avec des PNJ différents. En conséquence, au bout d’un moment, on va vite zapper certains objectifs qui, à nos yeux, perdent de l’intérêt sur la durée.
On ne l’a pas précisé, mais Ghost of Yotei est un jeu solo. Mais que les fans de multijoueur se rassurent : PlayStation a déjà annoncé, lors de la Gamescom, le mode multijoueur, Ghost of Yotei Legends. Il reprendrait vraisemblablement le modèle de son aîné, avec une dose de surnaturel, des missions scénarisées à deux et des matchs de survie à quatre… Autre bonne nouvelle, il sera gratuit pour les possesseurs du jeu de base. Seulement, il va falloir prendre votre mal en patience : ce mode ne sortira pas avant 2026 ! Sans plus de précision sur la date, donc ça laisse une fenêtre de… Douze mois !
Au final



Vous l’aurez compris à la lecture de ce test : Ghost of Yōtei est un très bon jeu, qui coche toutes les cases du hit ! Le nouveau jeu de Sucker Punch est très réussi si vous aimez les jeux d’action-aventure ouverts, bien foutus visuellement, avec une ambiance forte et une héroïne qui tient la route. Il l’est aussi si vous recherchez un gameplay agréable, avec des combats qui allient technique et accessibilité. Précis et nécessitant parfois un bon sens du timing, les duels et les affrontements sont parfois à la limite de la chorégraphie martiale. C’est autant un plaisir à regarder qu’à exécuter, pour le feeling manette en main.
En revanche, si vous recherchez un défi narratif fort ou quelque chose de complètement neuf, certains aspects (répétition, similitudes avec le précédent, quelques lacunes techniques) peuvent tempérer l’enthousiasme. À mon sens, le background de Jin Sakaï me semblait mieux construit et plus complexe. Notamment grâce à des enjeux plus pesants, sur un héros pris dans un dilemme moral plus clair et plus puissant. Chaque combat et chaque scène du jeu faisait alors écho à cette lutte intérieure, qui constituait l’âme même du jeu. C’est un aspect que l’on ne retrouve pas avec Atsu, qui n’est animée que par sa soif de vengeance. S’asseyant même parfois sur son sens moral, pour parvenir à ses fins. Et donc qui évolue moins que Jin, c’est certain.
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Atsu est un personnage dont les contours sont un peu plus flous. Qui manque donc clairement de ces conflits intérieurs tangibles, qui lui donneraient sans doute plus de corps, plus d’humanité. Mais cela ne signifie pas pour autant que Ghost of Yotei est moins bon que Ghost of Tsushima. Il mise juste davantage sur les panoramas, les décors, la mythologie, la culture que sur son protagoniste, qui n’est qu’un « véhicule » pour le véritable héros : le joueur ! Oui, l’histoire et l’évolution de Atsu sont plus linéaires que celles de Jin… Mais quand Ghost of Tsushima racontait l’histoire d’une guerre intérieure, Ghost of Yotei est davantage un voyage spirituel ! Une fiction à 100%, quand Tsushima s’appuyait sur des faits historiques (l’invasion du Japon par les Mongols).
En conclusion, Ghost of Yotei est un jeu à côté duquel il ne faut pas passer, si vous possédez une PS5. À plus forte raison si vous aimez les voyages contemplatifs, ou l’histoire, les paysages et le folklore du Japon. Pour tout son enrobage, Yotei est un véritable poème vidéoludique, dans lequel on se balade autant que l’on dégaine le katana (et c’est voulu). Et puis, vous l’aurez sans doute ressenti tout au long de ce test, Yotei est aussi en résonnance avec le cinéma. Par ses plans, ses cadrages, mais aussi par ses clins d’œil appuyés au cinéma de genre, Akira Kurosawa en tête. Un hommage aux films de samouraïs, mais aussi, à travers la quête vengeresse de Atsu, aux westerns (qui eux mêmes sont des copies des premiers) ! Ghost of Yotei est donc l’un de nos plus gros coups de cœur de 2025 ! Peut-être même mon jeu de l’année, allez savoir !
Ghost of Yotei

- Par : développé par Sucker Punch, édité par PlayStation Studios
- Sur : PlayStation 5
- Genre : action en solo
- Classification : PEGI 18
- Prix : 79,99€
- Conditions de test : testé et poncé sur PS5, sur une version fournie par l’éditeur.
Les points positifs
- Visuellement, c’est juste magnifique !
- L’impression de liberté, et de voyage
- Un monde ouvert réellement vivant
- La bande-son de Toma Otowa
- Un doublage japonais top, une VF bonne aussi
- Les combats plus affutés que dans Ghost of Tsushima
- Chaque zone a son ambiance, sa personnalité
- Le Guiding Wind, plus discret et immersif que des infos à l’écran
- Le système de progression gratifiant
- Des tonnes de choses à trouver, même une fois le jeu fini
- Scénario : des moments forts
- Atsu, un nouveau personnage fort dans l’univers PlayStation
- Une solide durée de vie
Les points négatifs
- Un scénario moins complexe, plus brut que celui de Ghost of Tsushima
- Narration : quelques coups de mou dans la seconde moitié
- Quelques bugs (caméra, blocage dans le décor)
- Les missions deviennent répétitives sur la durée
- L’écart de résolution entre le gameplay et les cinématiques
