C’était probablement LE jeu le plus attendu de ce début d’année 2022 (avec GT7) ! La chasseuse Aloy reprend du service pour le second chapitre de ses aventures dans un monde aussi hostile que sauvagement beau. Horizon Forbidden West (ou Horizon II comme on a pris l’habitude de l’appeler) est enfin là, et il nous tardait d’en découdre. Le jeu de Guerrilla Games vaut-il le coup ? Aloy va t-elle se prendre les pieds dans un vieux fil électrique qui traine ? La réponse, c’est maintenant avec notre test.

L’Ouest interdit : Aloy en Bretagne ?

Guerrilla Games est un studio dont vous n’aviez peut-être jamais entendu parler avant 2017. Car avant cette date, le néerlandais était surtout connu pour sa série Killzone, des FPS sortis sur consoles PlayStation (le studio a été racheté par Sony en 2005). Entre autres. Et puis, en mars 2017, Guerrilla se retrouvait sous les feux des projecteurs avec une nouvelle licence forte ! Horizon Zero Dawn se retrouvait affublé d’une double mission : d’une part installer solidement Aloy, son héroïne, dans le cœur des joueurs… D’autre part résister à l’énorme hype provoquée par Nintendo avec son redoutable double-combo : la sortie de sa Switch le 3 mars 2017, nouvelle console dont l’un des premiers jeux était The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Rien que ça !

La suite, vous la connaissez. Breath of the Wild défonce tout sur son passage, mais Horizon Zero Dawn n’a pas à rougir, et nous offre l’un des meilleurs et l’un des plus beaux openworlds de la PS4. Malgré tout, Guerrilla et Sony réussissent leur pari. Aloy devient un personnage emblématique de l’univers PlayStation. Aloy se trouve une solide fanbase, et à peine quelques mois plus tard (en novembre 2017), un énorme DLC The Frozen Wilds prolonge l’aventure avec des terres enneigées.

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Presque cinq ans plus tard, la chasseuse rousse est de retour. Le pitch du jeu nous explique que la terre se meurt. Alors que de nouvelles machines redoutables rôdent autour de leurs frontières, de violentes tempêtes et une peste incontrôlable déciment ce qu’il reste de l’humanité. La vie sur Terre fait face à une nouvelle extinction et personne n’en connaît la raison.

C’est à Aloy de découvrir ce qui se cache derrière ces menaces afin de restaurer l’ordre et l’équilibre du monde. Au cours de son voyage, elle doit retrouver d’anciens amis, forger des alliances avec de nouvelles factions en guerre… Et lever le voile sur l’héritage des temps anciens, tout en essayant de garder une longueur d’avance sur un ennemi à priori invincible… Ça vous a mis en appétit ? Nous oui, alors c’est parti pour notre test !

Sœur Sourire

Dans l’opus précédent, il avait été reproché à Guerrilla Games le manque d’expressivité d’Aloy. Telle l’équivalent vidéoludique de l’acteur Steven Seagal, la jolie rousse était accusée de ne posséder que deux expressions faciales et demi. Et très étrangement, on sent dans cet opus que les expressions faciales d’Aloy ont été une vraie préoccupation pour les développeurs. Voire qu’un chapitre entier y était consacré dans le cahier des charges du jeu.

Une fois le jeu en mains, cela se vérifie. En 2017, c’était l’un des principaux reproches que l’on pouvait faire au jeu : Aloy manquait de personnalité. Elle était une héroïne forte, mais elle était aussi un personnage de jeu vidéo assez standard. En 2020, il faut reconnaître qu’Aloy devient encore plus attachante, encore plus humaine. Et de ce fait, le joueur se l’approprie, l’incarne encore plus facilement. Elle nous offre encore davantage de scènes à la fois singulières et mémorables, placée au centre d’un scénario qui offre une place et un développement à chaque personnage important du récit. Aloy devient un vrai nouveau personnage fort de l’univers PlayStation, dont on se souviendra dans 20 ans. À l’instar d’un Nathan Drake, Kratos, Jak ou Sackboy.

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Puisque nous parlons de l’aspect technique, on peut aussi parler très longtemps des décors du jeu, qui sont juste magnifiques. Et je vous parle ici de la version PS4, qui pousse la console dans ses retranchements. Je n’ose imaginer le délire sur une PS5. La formule peut sembler bateau, mais Horizon II est véritablement une invitation au voyage. Le jeu respire le grand air, nous donne réellement l’impression de voyager. Le monde de Horizon Forbidden West grouille de détails, de vie : dans ses couleurs, dans ses feuillages, ses textures, ses habitants, ses regards, ses fringues… La dernière fois qu’un jeu m’a autant marqué pour cet aspect, c’était un certain Ghost of Tsushima.

Et puis, il est impossible de ponctuer cette partie sans parler de son casting. Ashly Burch retrouve le costume d’Aloy, et on retrouve aussi avec un énorme plaisir Lance Reddick (Fringe, John Wick 4) dans celui de Sylens. John Hopkins retrouve le rôle de Erend, et John Macmillan celui de Varl. Mais la bonne surprise est de retrouver Carrie-Anne Moss (Trinity dans Matrix), incarnant le nouveau personnage de Tilda.

C’est toujours un monde ouvert ?

J’avoue qu’en jouant l’introduction du jeu, assez longue, j’ai eu comme un doute. Les débuts de HFW sont assez linéaires. Une sorte de long couloir avec un objectif à atteindre, et pas vraiment 36 possibilités pour y arriver. Le jeu vous prend par la main, guide vos premiers pas et… Fort heureusement, cette introduction n’est qu’une mise en bouche, afin de vous apprendre (ou vous remémorer) les mécaniques de gameplay. Un tuto, quoi !

Et puis… Générique ! Le titre apparaît, Aloy part à l’aventure, et cette fois le monde d’Horizon II se dévoile vraiment. Avec beaucoup moins de limites, et la sensation de découvrir son openworld gigantesque. Notez que vous pouvez choisir deux modes de difficulté : le premier, plus facile, matérialise tous les points d’intérêt sur la map et les points liés au scénario (un peu à la manière d’Assassin’s Creed) ; Le second choix efface tous ses points, afin de vous laisser chercher et vous débrouiller par vous même.

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Alors, Horizon II est-il vraiment un openworld dans le sens premier du terme ? En ce qui me concerne, je dois vous confirmer que la sensation de liberté est gigantesque (sans doute cette sensation est-elle exacerbée par une profondeur de champ qui vous donne l’impression de voir à l’infini devant vous)… Mais… La sensation de liberté est aussi parfois gâchée par des passages plus scriptés. Pour aller d’un point A à un point B, s’il peut être tentant de prendre tel chemin, le jeu vous obligera à prendre celui voulu par les développeurs. Et c’est d’ailleurs une tendance générale : le jeu est balisé en permanence par votre Focus, et sa difficulté ne tient que sur les combats. Pour la partie exploration, Aloy qui vous donne les solutions des énigmes en réfléchissant à vois haute, ou les points d’accroche pour l’escalade trop voyants… Cet assistanat nuit quand même pas mal au coté « monde ouvert » !

De plus, un fan sera sans doute frustré de devoir tout reprendre à zéro, alors qu’il avait farmé pendant des heures pour élever Aloy à son meilleur niveau. Ici, on ne conserve rien, la sauvegarde du premier opus ne vous servira pas. Mais ça, c’est juste un détail.

Distribution de bons points

Je ne vais pas revenir ici sur la technique qui, de toute manière, est sans doute le point positif le plus flagrant du jeu. Ce qui, du point de vue de PlayStation Studios, n’est pas forcément un point positif. Car les équipes de développement de jeux sur consoles PlayStation vont désormais être en sueur, à la simple idée de devoir faire mieux, plus beau… La barre est un peu haute, là, non ?

Un autre point a retenu mon attention : les combats, qui se déroulent toujours en trois étapes (scannez vos ennemis pour voir leurs points faibles, détachez des pièces à récupérer, puis finissez les). Car si l’IA est correcte sans être totalement folle, la gestion des combats est intelligente. Votre arbre de compétence (à développer avec les points d’expérience acquis) va vous permettre de privilégier votre style de combat favori. Etes vous plutôt bourrin ? Plutôt adepte de l’approche furtive en mode Solid Snake ? Etes vous vicieux au point de placer des pièges autour de vous ? Tout est possible, y compris (et les développeurs vous y encouragent) d’utiliser le décor autour de vous. Le level-design d’Horizon II ne consiste pas seulement à être joli, mais aussi à être utile.

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J’avoue que, agenda plutôt chargé oblige, ma priorité aura été de finir le jeu afin de découvrir son scénario. Zappant ainsi la plupart des quêtes annexes (mais en savourant quand même certaines d’entre-elles). Tout ceci pour finir le jeu en un peu moins de 30 heures (27 exactement). Alors, je crois que l’on peut dire que, pour quelqu’un qui vise le 100% et les 59 trophées, la durée de vie est tout simplement colossale.

Enfin, je suis obligé de terminer sur le scénario du jeu. Dans la continuité du premier opus, il lève le voile sur cet univers mystérieux… Et répond à la plupart des questions que vous vous posiez à la fin de Horizon Zero Dawn. Au point peut-être de vous perdre face à cette déferlante d’informations. Toujours est-il que l’on aime voir Aloy suivre sa quête, avec ses amis. L’écriture est, dans l’ensemble, bien maîtrisée, avec une montée en tension au fur et à mesure que vous approchez du dénouement et de ses rebondissements.

Une recette qui manque quand même d’évolution

Horizon Forbidden West est un jeu extraordinaire visuellement parlant, ou pour son scénario qui vous scotche jusqu’au générique de fin. Le fond est donc juste parfait, au delà de nos attentes ! En revanche, le constat est beaucoup plus mitigé en ce qui concerne la forme. Et sur ce point, les développeurs devront revoir leur copie pour une éventuelle suite.

Car Horizon Forbidden West surfe sur tous les poncifs de l’openworld. Au point d’en devenir, sur ce point, un jeu générique, usant et abusant de mécaniques vues des milliers de fois dans les autres jeux du genre. Par exemple, la tonne de missions annexes de remplissage vues et revues, pas forcément intéressantes mais qui ont pour objectif de rallonger (au forcing) la durée de vie du jeu. Ou encore la map à cartographier et les points d’intérêt sur ladite carte (coucou Assassin’s Creed), le deltaplane pour se déplacer en contrebas (coucou Breath of the Wild).

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J’aurais aussi pu vous citer les menus, ou plus particulièrement le menu de craft, qui commencent eux aussi à devenir franchement vieillots. Là encore, il y a des choses à faire évoluer pour se démarquer, voire pour apporter un vent de fraîcheur à un genre qui peine à se renouveler.

Je terminerai cette partie avec un tout dernier défaut, qui va se permettre de gratter un peu du coté de la technique, jusqu’alors vantée. Car oui, le jeu est perfectible techniquement, malgré tout. Avec des bugs grossiers, comme des PNJ qui se coincent dans le décor… Durant mes parties, j’ai pu constater un peu d’aliasing… Ainsi que des animations d’une autre époque. Notamment des personnages (Aloy en tête) un poil trop rigides. Sans parler de l’animation de la chevelure de notre chasseuse de ferrailles, parfois délirante. Avec des dreads qui bougent d’une manière louche, et peu réaliste.

Au final

Je ne vais pas tourner autour du pot pendant des heures : Horizon Forbidden West est sans aucun doute l’un des meilleurs jeux de la PlayStation 4 ! Et peut-être peut-il même prétendre au titre de meilleur jeu de l’année 2022, si aucune grosse licence ne vient lui faire de l’ombre (un Hogwarts Legacy en fin d’année par exemple). Il est le jeu qui pousse votre vieille PS4 dans ses retranchements, au point de vous faire douter de l’utilité d’acheter une PS5 (vous savez, la console quasi introuvable) dès maintenant. Si ce n’est pour la rapidité des chargements.

S’il reste perfectible, Horizon Forbidden West est un titre à faire absolument, que l’on ait aimé le premier opus ou pas (qu’il est quand même conseillé de faire, pour ne pas être largué). Ce deuxième épisode vous invite dans un monde encore plus beau, encore plus riche, encore plus généreux. Véritable baffe graphique, il marque un tournant dans l’évolution des jeux PlayStation. Un jeu qui s’impose d’office dans notre Top10 des meilleurs jeux de ces dix dernières années, et qui doit donc figurer coûte que coûte dans votre ludothèque.


Horizon Forbidden West

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Un véritable exploit technique sur PS4
  • Aloy qui exprime des émotions
  • Je ne vous parle même pas de son OST
  • Exploration à gogo
  • La narration, et une histoire passionnante
  • Des passages mémorables
  • La jouabilité juste exquise
  • Des PNJ bien écrits
  • les décors, surtout sous-marins
  • Le casting
  • La durée de vie
  • Un fond juste parfait
Points négatifs :
  • Le jeu (Aloy la pipelette) vous donne trop d’indices
  • On a quand même quelques bugs
  • Beaucoup de choses qui proviennent du premier opus
  • Les quêtes annexes pas forcément intéressantes
  • Une forme à faire évoluer