S’il est un jeu que j’attendais cet été, c’est bien celui-ci ! Le nouveau bébé du studio Sucker Punch, Ghost of Tsushima, nous emmène dans le Japon féodal, sur une île sous occupation mongole. C’est aussi le dernier titre majeur à sortir sur PS4 ! Et c’est l’heure de notre test, avant la sortie du jeu ce vendredi 17 juillet…
Un vrai contexte historique
C’est assez drôle de constater que le studio Sucker Punch a participé au lancement de la PS4 avec InFamous : Second Son… Et boucle la boucle en signant l’un des derniers jeux majeurs de la console, avant le lancement de sa cadette en fin d’année…
Ghost of Tsushima nous emmène à la fin du XIIIe siècle, durant l’époque Kamakura. Date à laquelle l’empire mongol a ravagé des nations entières lors de sa campagne pour conquérir l’Orient. L’île de Tsushima est désormais le dernier rempart protégeant l’archipel japonais d’une invasion de l’incroyable flotte mongole.
Le jeu débute tel un film de Samouraïs. L’armée mongole vient de poser le pied sur l’île de Tsushima, avec des milliers d’hommes. Face à eux, les défenseurs de l’île : une centaine de samouraïs à peine, prêts à en découdre jusqu’à la mort, se battant pour la justice et l’honneur… Bien conscients que leur défaite ouvrirait aux Mongols les portes du Japon.
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Lors de cet assaut désespéré, le joueur prend le contrôle de Jin Sakaï, un jeune samouraï élevé par son oncle, Shimura, dans le respect du Bushido (code d’honneur des samouraïs). Et accessoirement, Shimura est le seigneur et « chef de guerre » de Tsushima. Vous vous en doutez : c’est la débâcle ! L’armée japonaise est décimée, son chef capturé, et Jin est laissé pour mort sur la plage. L’heure de la revanche a sonné, et notre héros doit sauver son oncle et stopper l’armée mongole menée par Khotun Kahn par tous les moyens, quitte à sacrifier son honneur !
Vous l’aurez compris : contrairement à de récentes productions mettant en scène des samouraïs (NioH, Sekiro…), il ne sera pas question ici de se battre contre des démons et autres créatures issues du folklore… Mais bel et bien contre de vrais humains. Le jeu se veut réaliste, et s’appuie sur un fait historique : l’attaque, en 1274, de l’île de Tsushima par les troupes coréennes de l’armée mongole dirigées par Kim Bang-Gyeong.
Un voyage dépaysant
Que dire à propos de la réalisation ? Les trailers et screenshots que vous avez pu voir parlent d’eux mêmes ! Bien évidemment, le jeu tourne avec fluidité, dans les standards d’affichage désormais habituels. Et les temps de chargement ne sont pas aussi lourds que dans beaucoup de jeux.
Fait qui m’a surpris : le soft ne pèse « que » 50go environ, quand la plupart des Triple A qui veulent nous en mettre plein la vue s’approchent des 100go. Au niveau des sons, vous pourrez opter pour votre langue maternelle, ou pour des voix japonaises sous-titrées (option que l’on vous recommande pour plus d’immersion, évidemment).
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Visuellement, le jeu est impressionnant, même sur une PS4 dite classique ! Les décors fourmillent de détails : les végétaux se couchent avec le vent, les feuilles et les pétales « volent » autour de vous, les animaux (que vous pouvez aussi chasser, comme les biches ou les ours) se baladent librement dans la forêt. L’animation des PNJ et des personnages principaux, qui vivent leur vie en arrière plan, est convaincante. Et que dire des jeux de lumière, du rendu des éclairages ou des couchers/levers de soleil… La copie est soignée sur une majorité de points. Et globalement, Ghost of Tsushima est vraiment très chouette à regarder.
On peut toutefois modérer ces propos. Car si beaucoup de plans sont magnifiques, d’autres sont plus sombres, plus ternes. Au point que l’on se dit rapidement que les décors n’ont pas tous bénéficié du même traitement de faveur : certains servent de vitrine, lors des scènes fortes (idéal pour capturer des screenshots), d’autres servent simplement l’action, sans forcément miser sur l’esthétique. Les rares plans en intérieur des bâtiments, par exemple, sont moins marquants.
Points d’intérêt : pas de pollution visuelle
La jouabilité n’est sans doute pas l’aspect qui vous marquera par sa nouveauté, au premier abord : le jeu est très agréable à jouer, mais ne prend pas vraiment de risques. Ghost of Tsushima est un jeu solo, qui vous ouvre un vaste monde ouvert puisque, une fois le cadre planté, vous serez libres d’explorer la quasi totalité de l’île de Tsushima (certaines zones nécessitent néanmoins des compétences précises pour y accéder). Assez classique dans l’ensemble donc, pour ne pas dire qu’il va vous rappeler de nombreux autres jeux du genre. Pourtant, il vous réserve quelques subtilités, quelques surprises.
Ainsi, comme il serait bête de gâcher tous ces jolis paysages avec des grosses flèches en surbrillance à suivre (comme dans certains jeux où il ne manque que la voix de la « dame du GPS » )… Ces indications ont tout simplement été enlevées ! Le HUD s’efface lors des phases d’exploration, pour réapparaître durant les combats. C’est un coup à se perdre, me direz-vous ? Et bien, pas vraiment, puisque l’habituel balisage visible à des kilomètres a simplement été remplacé par des éléments plus… Naturels.
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Suivez le vent pour rejoindre l’action principale ou un lieu ciblé sur la carte ; Suivez les renards pour trouver des sanctuaires inari ; Ou suivez les oiseaux jaunes pour trouver des points d’intérêt avec quelques bonus à récupérer ; les fumées qui s’élèvent dans le ciel vous indiquent quant à elles des habitants ou des villages qui ont besoin de vous… Bref, votre meilleur guide dans le jeu sera vos yeux, votre sens de l’observation. Car Ghost of Tsushima n’est pas un jeu dans lequel vous lisez une carte. Bien qu’elle soit accessible n’importe quand, pour vous aider ! Vous ne devrez faire qu’un avec la nature !
Reconstituer des haïkus (petits poèmes japonais) pour une petite pause zen, trouver des sanctuaires pour débloquer des charmes Omamori (à assigner pour des effets d’aide), trouver des sources thermales (onsen) pour vous soigner et allonger votre barre de vie… Autant de points d’intérêt qui, eux aussi, vous écarteront souvent de la quête principale, au début du jeu par curiosité, puis très vite par nécessité. Mais je vais y revenir plus bas.
Des combats qui tranchent
Le nerf du jeu, c’est son système de combat. Ici, on va retrouver les classiques, comme les coups de base, les parades et les contres, ou les attaques chargées. Mais… Je dois quand même vous prévenir que le jeu va vite partir dans une gestion des combats plus complexe, via un arbre de compétences à optimiser. Oubliez tout de suite les jeux où seuls trois boutons suffisent !
Vous allez vite comprendre que Jin est tiraillé entre le code d’honneur des Samouraïs (le fameux Bushido) et les préceptes inculqués par son oncle… Et la voie moins honorable du fantôme, avec ses techniques d’assassin et ses attaques par derrière. Mais ici, vous n’aurez pas le choix. Et le jeu vous amène petit à petit vers le coté obscur de la Force. Ce qui aura pour effet de vous ouvrir l’accès à des techniques plus puissantes… Mais qui ne plairont pas forcément à tonton !
Afin de vraiment maîtriser les combats, vous devrez apprendre à gérer vos postures avant de frapper. Posture de la Pierre, de l’Eau (je vous laisse la surprise pour les deux dernières)… Vous devrez les connaître et apprendre à bien les choisir, en temps réel... Pour mieux faire face à vos ennemis, en fonction de leur nature (soldats équipés de boucliers, de lances, archers… Tous ne seront pas sensibles aux mêmes postures). Et très vite, vous prendrez un malin plaisir à apprendre des techniques vous rapprochant de l’Iaidō… Cet art martial qui consiste à ne dégainer qu’une fois votre sabre pour un coup fatal et instantané. Et il est très satisfaisant de pouvoir tuer un adversaire en un seul coup, en maintenant la touche triangle, puis en la relâchant dans le bon timing !
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Si le katana reste son arme principale, Jin apprendra vite à se servir également d’un arc, voire de kunaïs (couteaux de lancer) lorsqu’il empruntera la voie du fantôme. D’ailleurs, plusieurs accessoires vous seront très utiles pour détourner l’attention, comme des fumigènes ou des pétards. Par la suite, vos armes seront upgradables (vos flèches peuvent devenir incendiaires par exemple), et d’autres objets viendront vous ouvrir des possibilités d’explorations, comme le grappin.
Une même mission peut s’accomplir avec plusieurs approches différentes. Vous pouvez jouer la carte de l’infiltration, tout en discrétion, en éliminant vos adversaires un à un (et vous le ferez souvent)… Et en les localisant grâce à vos sens (pavé tactile), avec ce qui s’apparente à une vue d’un certain rapace dans un autre jeu. Une méthode peu honorable pour un Samouraï qui préfère tuer en regardant l’adversaire dans les yeux, mais cet option est celle qui fera courir le moins de risques aux otages.
Vous pouvez assassiner les Mongols en vous approchant par derrière, mais aussi vous servir de l’environnement à votre avantage. Une flèche bien placée dans un baril et boum ! Une autre dans un nid de frelons à proximité et l’ennemi devra gérer quelques piqûres qui font très mal… Et au passage, on aime aussi la possibilité de pouvoir planter un ennemi à travers les shojis (cloisons en papier fin, dans les maisons).
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Mais vous pourrez aussi opter pour une approche plus bourrine, et foncer dans le tas ! Avec les risques que cela implique (il y a des chances pour que toute une garnison vous tombe dessus). Mais lorsque vous choisissez cette option, il est assez drôle de pouvoir provoquer l’ennemi, de débarquer dans un camp en interpellant les gardes (on lance alors une « confrontation » qui se règle par un duel). S’en suit alors la fameuse manipulation où, si vous avez le bon tempo, vous vous débarrasserez de vos adversaires du premier coup. Le système de combats est un coup à prendre, mais une fois maîtrisé, il s’avère être tout simplement génial ! Et paradoxalement, malgré cette complexité, de nombreuses aides sont là pour rendre le jeu plus accessible aux néophytes (lock auto, déplacement rapide, etc)…
Enfin, il est un point que je n’ai pas encore abordé… Contrairement à beaucoup de jeux du genre (un Assassin’s Creed par exemple), votre barre de vie ne se recharge pas automatiquement si vous vous éloignez de la zone de combat. Quand votre santé est au plus mal, vous allez devoir puiser dans une jauge de « détermination » pour regonfler vos batteries (les pastilles jaunes au dessus de votre barre de vie). Jauge qui se recharge grâce à des attaques bien placées. Mais quand elle est vide, la touche de direction « bas » curative n’est plus disponible. Et le game-over n’est plus très loin…
L’art de la personnalisation
Je n’ai pas encore abordé cet aspect, mais de nombreux éléments pourront être customisés, de votre tenue à la selle de votre cheval. Et pour cela, vous devrez collecter de nombreuses ressources sur la map. Des fleurs qui serviront à faire de la teinture, des branches et autres matériaux pour solidifier armures et armes, ou des packs de provisions qui serviront à être échangés avec les artisans contre un upgrade d’armure ou de sabre…
Vous devrez aussi, bien évidemment, optimiser un arbre de compétences, ou plutôt plusieurs. Et là, cela se complique, entre les techniques de base du samouraï (attaques, parades…), les postures, ou les techniques dites de « Ghost » ! Toutes ces compétences se débloquent cette fois de manière assez classique, grâce à des jetons d’expérience obtenus en battant des boss…
Sans oublier les effets des porte-bonheur ou « charmes » à assigner à des emplacements sur votre arme, afin d’obtenir des aides comme plus de vie, meilleure défense, plus de résistance… Ou encore votre réputation à augmenter grâce à vos actes, encore une fois pour gagner en puissance. Bref, plusieurs tableaux dans lesquels vous devrez répartir vos points d’expérience, quitte à vous y perdre parfois. Encore une fois, cette progression est très générique, mais elle constitue une excellente carotte qui va vous pousser à explorer le jeu de fond en comble.
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Qui dit « beaucoup de techniques » dit aussi « beaucoup de touches à utiliser » et, croyez moi, aucun bouton de la manette ne va rester inutilisé. Une fois suffisamment avancé dans le jeu, vous aurez appris tellement de techniques différentes que, pour être honnête, vous ne les retiendrez pas toutes. Ou alors vous avez une mémoire d’éléphant, et vous n’aurez d’autre choix que de toutes les apprendre par cœur.
Enfin, même s’il n’est qu’accessoire, je me dois d’évoquer le mode photos, qui est parmi les meilleurs que nous ayons pu voir dans les jeux qui proposent cette option. Du moins, il est le plus complet, avec une tonne d’aspects à paramétrer, de l’expression du sujet, jusqu’au moindre détail en arrière plan. Et avec des panoramas aussi superbes, nul doute que vous allez réaliser de magnifiques fonds d’écran.
Assassin’s Creed : l’inévitable comparatif
Vous ne pourrez pas passer à coté de la comparaison, tant Ghost of Tsushima présente des similitudes avec la série Assassin’s Creed, et beaucoup le qualifieront de « Assassin’s Creed Like » ! D’ailleurs, je vous avoue que, durant mes heures de jeu, je me suis souvent moi-même fait la réflexion. Votre héros qui peut escalader, qui s’infiltre, voire qui doit choisir son cheval parmi trois en début de partie, comme dans Assassin’s Creed Odyssey…
On pourrait aussi parler des fameuses quêtes annexes, qui m’ont rappelé quelque chose. Outre la quête principale, vous serez (très) souvent invités à sortir de la route pour aller aider des villageois menacés par les Mongols (parfois simplement des embuscades en pleine campagne, mais aussi des villages attaqués, reconnaissables aux nuages de fumée noire qui se voient de très loin). Et que dire du craft, ou des arbres de compétences eux aussi similaires à la licence d’Ubisoft ? Ou du fait que Jin doive recruter des survivants pour se constituer une armée, au fil du jeu ?
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C’est d’ailleurs une remarque que vous retrouverez souvent, et qui est résumé par le titre de ce test. Ghost of Tsushima est un très beau jeu, mais qui ne va pas vous surprendre. Son gameplay ne prend pas vraiment de risques, et repose sur des mécaniques que vous avez déjà vues des dizaines de fois dans d’autres jeux vidéo en openworld. D’ailleurs, je cite ici Assassin’s Creed, mais j’aurais aussi pu trouver des comparaisons avec The Legend of Zelda : Breath of the Wild, ou encore The Witcher III pour ne citer qu’eux.
Cependant, que les choses soient claires. Si l’inspiration semble évidente, elle n’est pas à mettre au crédit des points négatifs du jeu, bien au contraire. Car d’une part, le jeu de Sucker Punch bénéficie indéniablement d’une âme que vous ne retrouverez nulle part ailleurs, et si vous aimez le Japon féodal, l’immersion dans son univers très marqué mérite à elle seule que vous vous y intéressiez. De plus, si les mécaniques sont déjà vues, elles assurent à Ghost of Tsushima une très bonne durée de vie, et vous en aurez pour votre argent. Une longévité qui va varier selon l’intérêt que vous porterez à tous ces « à côté » évoqués au fil de ce test ! Ghost of Tsushima ne repompe pas les mécaniques d’AC, mais se les approprie pour nous raconter son histoire, à sa manière.
Ambiance : une vraie personnalité
Si le jeu fonctionne aussi bien, en termes d’immersion, c’est sans aucun doute parce qu’il dispose d’une véritable personnalité, d’une vraie identité. Vous l’aurez compris, je me devais ici de vous parler d’un aspect particulièrement réussi de Ghost of Tsushima : son ambiance générale, empreinte d’une poésie typiquement japonaise au milieu de gerbes de sang… Si vous aimez le Japon médiéval, vous allez être servis !
Visuellement, nous avons ici un véritable jeu « carte postale » qui vous plonge dans un Japon tout ce qu’il y a de plus poétique. Le moindre détail, particulièrement soigné, ajoute à la dimension épique de l’aventure, et le lore du jeu se nourrit copieusement de la mythologie japonaise. Lors d’un combat qui pourrait être le plus banal du monde, la chute de feuilles tout autour de vous donne à la scène une classe absolue. Au point que l’on se perd souvent à quitter Jin des yeux, juste pour savourer les panoramas. Avec cette envie de se poser, et oublier l’action en cours.
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Pour qu’un jeu soit réussi, il lui faut aussi un personnage fort. Ce que vous ne ressentirez pas au premier abord avec Jin Sakaï qui, dans ses premiers instants, semble être un héros assez stéréotypé, assez lambda dans l’ensemble. Mais l’écriture est telle que, au fil de l’aventure, le voile se lève sur ce personnage beaucoup plus attachant et riche qu’il n’y paraît. Jin devient de plus en plus imposant, au fur et à mesure que vous découvrez ses interactions avec les personnages principaux du jeu, amis comme ennemis.
Et c’est d’ailleurs une autre force de Ghost of Tsushima : ses protagonistes ne sont pas là pour remplir, les scénaristes ont effectué un vrai travail de fond sur l’écriture des personnages. Et Khotun Khan est un vrai méchant… Mais vous devrez avancer dans le jeu, et parfois fouiller un peu pour lever la part de mystères autour de Jin, ce héros qui a tellement à nous raconter. Son histoire n’est pas uniquement une quête de vengeance ou un sens poussé du devoir… Mais ce sera à vous de le découvrir.
L’ambiance ne pourrait pas être aussi réussie sans une OST à la hauteur. Et de ce point de vue, la claque est aussi au rendez-vous. Les airs de flûte, tantôt tout en douceur, tantôt plus nerveux, ajoutent à l’ambiance japonaise générale. La bande-originale est signée Ilan Eshkeri (Kick Ass, 47 Ronin) et Shigeru Umebayashi (Le Secret des Poignards volants, La Cité Interdite, The Grandmaster, Tigre et Dragon 2…) et il faut bien le dire : c’est du très très bon ! Et pour terminer sur la partie sonore, sachez que Jin Sakaï est doublé, en Japonais, par Kazuya Nakai (Zoro dans One Piece en VO), et en Français par Damien Boisseau (Matt Damon, ou Jak dans Jak & Daxter).
Des points qui font tiquer
Vous l’aurez compris, le jeu a de nombreuses qualités. Mais, il ne faut pas nier pour autant ses défauts, qui sont bien présents. Et c’est ce que nous allons voir maintenant. Et si l’on revient un instant sur la technique, sur la réalisation, Ghost of Tsushima fait montre de quelques loupés. Quelques petits bugs de collision notamment. Comme un pied qui disparaît dans une roche, ou Jin qui traverse de la boue sans laisser d’empreinte. Ce n’est pas bien méchant, mais dans un jeu qui soigne autant ses détails, ça peut surprendre.
Les expressions faciales semblent un peu rigides et fades après avoir joué à The Last of Us II. On peut aussi évoquer la caméra qui perd les pédales dès que vous collez un mur d’un peu trop près. Et le problème devient pesant en plein combat, ça peut vite énerver ! Avec parfois des ennemis qui sont hors-champ, mais qui vous frappent. Et comme il est compliqué de recadrer l’action… Les combats deviennent vite fouillis, avec de gros soucis de lisibilité. Faites une roulade et prenez momentanément le large, c’est la meilleure chose à faire !
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L’un des plus gros défauts du jeu, à mon sens, c’est la gestion de son IA. Vous allez passer du temps à vous battre contre des ennemis complètement idiots. L’IA n’est pas à la hauteur, et les missions peuvent vite tourner au carnage : d’un coté, vous avec vos compétences cheatées au bout de quelques heures, et en face des ennemis pas toujours très futés ! Des patrouilleurs qui ne bronchent pas lorsqu’ils passent à coté du cadavre de leurs camarades, ou qui vous perdent de vue si vous vous planquez dans un parterre de fleurs… La première fois, ça peut faire sourire. Et quand se pointe un boss avec un peu plus de répondant, on peut vite être surpris… D’ailleurs, en parlant des ennemis, on pourrait aussi souligner leur manque de variété, avec très vite l’impression qu’il y a eu pas mal de clonage dans l’armée mongole.
On pourra aussi lui reprocher la répétitivité qui s’installe au bout d’un moment. Et je dois avouer que, quête principale ou missions annexes, on se lasse vite de devoir nettoyer des camps mongols en boucle. Heureusement, pour varier les plaisirs, il reste tous les secrets évoqués plus haut à trouver. Eux aussi se ressemblent mais, ils vous offrent l’opportunité de sortir de la route toute tracée. Ces activités annexes offrant des ressources à collecter, elles vous aident à progresser, à débloquer de nouvelles aptitudes très utiles pour la suite…
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Enfin une petite mise au point s’impose : beaucoup de médias spécialisés ont pointé des défauts qui, selon moi, ne sont pas justifiés. L’absence de lock ? Ce n’est pas exact, et un ciblage est bel et bien disponible si vous activez les aides dans les options. Vous ne choisirez pas la cible, mais le jeu lockera l’ennemi le plus proche. La durée de vie d’une quinzaine d’heures ? C’est vrai si vous jouez en facile. En « normal » vous pouvez compter autour de 20-25 heures en ligne droite. Jin, un héros insipide ? Avancez dans le scénario et on en reparle.
Un véritable hommage à Akira Kurosawa
L’un des points à m’avoir énormément séduit sur ce Ghost of Tsushima est la façon dont transpire la passion pour le cinéma d’Akira Kurosawa (l’un de mes réalisateurs japonais préférés). Et mes premiers runs sur le jeu m’ont donné une furieuse envie de revoir les chef-d’œuvres tels que Shichinin no Samurai (Les Sept Samouraïs, qui a inspiré le western Les 7 Mercenaires), le magnifique Ran, Tora no o wo fumu otokotachi (Les Hommes qui marchèrent sur la queue du Tigre), Kakushi toride no san-akunin (La Forteresse cachée)… Et j’en passe ! Bref, si vous aimez les films de Samouraïs, Kurosawa est un réalisateur et scénariste à découvrir de toute urgence !
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Comme beaucoup de films de Kurosawa, Ghost of Tsushima s’inspire du Japon féodal, de ses histoires de Samouraïs, de vengeance et d’honneur… Et puise allègrement, sans aucun doute, ses influences dans les films du maître ! Aussi, il n’est pas étonnant que le jeu rende un vibrant hommage au réalisateur décédé en 1998, véritable monument de la culture japonaise. Et je ne parle pas uniquement de l’ADN des films qui transpire dans chaque plan ! Ou du fait que, visuellement, le jeu semble reprendre plus de codes au cinéma qu’au jeu vidéo !
Dans le menu d’options, vous pourrez choisir un filtre visuel intitulé « cinéma de Kurosawa » ! Ce filtre donne à l’image une teinte noir et blanc, avec un effet de pellicule usée. Le jeu basculera alors en version Japonaise sous-titrée en Français. Et pour les raisons expliquées plus haut, le résultat est vraiment génial (vous pourrez même utiliser ce filtre pour vos captures d’écran, pour un rendu épique). À deux décennies près, on pourrait presque croire que le réalisateur a aussi supervisé le développement du jeu !
Au final
Dernier gros Triple A de la console avant de passer à la génération précédente, il s’en tire haut la main, même en passant derrière un rouleau compresseur comme The Last of Us II. Comme l’indique le titre de ce test, Ghost of Tsushima est indéniablement une véritable claque visuelle, et vous allez en prendre plein la rétine. Cependant, Sucker Punch nous propose ici un jeu efficace, mais qui ne va pas vraiment prendre de gros risques en termes de gameplay. Certains lui reprocheront même de n’être qu’un énième openworld comme on a pu en voir des dizaines ces dernières années.
Ce qui ne signifie nullement que le jeu est mauvais. Un développeur peut proposer un jeu générique totalement loupé, bancale et inintéressant. Mais ce n’est pas le cas ici. Derrière son air de déjà vu, Ghost of Tsushima offre une réalisation solide, une belle écriture, et un gameplay maîtrisé. Au risque de répéter ce que je disais déjà pour The Last of Us part II, il nous démontre hélas que la PS4 va tirer sa révérence sans avoir pu nous dévoiler tout son potentiel. Ces deux jeux sont la preuve que la console en a encore sous le pied !
À la question « faut-il acheter Ghost of Tsushima ? » je ne peux que vous le déconseiller si vous êtes allergique aux ambiances de films de samouraïs. Mais dans tous les autres cas, ce titre est tout simplement un must-have. Car malgré ses défauts, on l’aime énormément pour le voyage dépaysant qu’il nous offre, pour son scénario passionnant, pour ses personnages… Et surtout pour son identité forte, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs. Ghost of Tsushima n’est pas le jeu de l’année… Mais il a ce truc qui fait que l’on s’y attache et qu’une fois dedans, on a du mal à décrocher…
Ghost of Tsushima
- Par : Sucker Punch, pour Sony Interactive Entertainment
- Sur : PlayStation 4.
- Genre : Action/aventure.
- Classification : PEGI 18.
- Prix : 69,99€ pour la version standard.
- Date de sortie : le 17 juillet.
Points positifs :
- L’ambiance générale
- À la fois un bel hommage à la culture japonaise, et au cinéma de Kurosawa
- Une ode à la nature
- Des moments « zen » qui s’opposent à la violence de la guerre
- Des décors très détaillés, des panoramas superbes
- Une tonne de choses à faire
- Solide durée de vie
- L’écriture générale
- Le mode photo
- La bande-son
- Au choix, du full VF ou du Japonais sous-titré
- Le filtre « cinéma »
Points négatifs :
- Le clonage des ennemis
- Quelques légers bugs de collision
- Il faut avoir la mémoire des touches
- Quelques environnements plus ternes
- Les attaques de camps se répètent un peu trop
- La caméra pas toujours au top
- L’IA pas futée
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