Poursuivant sur sa lancée, et après une revisite de fond en comble de Resident Evil 2 l’an passé… Capcom était de retour pendant le confinement avec le remake d’un autre titre majeur de la PS1 : Resident Evil 3 : Nemesis. Il est temps de replonger dans le cauchemar de Raccoon City, et de voir si le Nemesis a gardé de son charisme et de sa prestance.
Pile pour les 20 ans !
Capcom continue sur la lancée de ses remasters de sa série culte Resident Evil, en nous proposant cette année une nouvelle adaptation de son Resident Evil 3.
Resident Evil 3 : Nemesis est sorti sur PS1, en Europe, le 18 février 2000. Cela fait donc très exactement 20 ans ! Après une petite virée aux commandes de Leon Kennedy et Claire Redfield dans RE2, ce troisième opus ramène Jill Valentine (héroïne de RE1) aux affaires. Resident Evil 3 sortira aussi, plus tard, sur PC et Dreamcast, puis sur GameCube en 2003.
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L’histoire se déroule deux mois après les événements du manoir, dans Resident Evil 1. Jill est restée à Raccoon City afin d’enquêter sur un labo secret d’Umbrella. La ville est désormais infestée par le virus-T, et Jill doit survivre dans cette aventure qui se déroule 24 heures avant les événements de Resident Evil 2… Oui, chronologiquement, il faut suivre 🙂
Série B mon amour…
Très clairement, le scénario du jeu tire du coté des films de série B. Une pandémie qui change les habitants d’une ville en zombies, des super-soldats d’élite, des réactions parfois illogiques et des dialogues stéréotypés, de gros flingues et des explosions à tout va… On est ici dans le bon gros scénario d’action, qui vous demande de poser le cerveau à coté de vous (et qui donne de petits frissons de plaisir à Michael Bay). Et comme dans un film de série B « made in USA », les plus vicelards d’entre-vous trouveront ici ou là quelques petites allusions sexuelles à peine dissimulées (ou bien est-ce moi qui ai les idées mal placées) 😉
Pour un joueur ayant pas mal d’expérience en matière de survival-horror, le scénario ne sera pas le point fort du jeu. Avec quelques incohérences incompréhensibles : des scènes à rallonge pour nous montrer la maîtrise graphique, mais qui tuent néanmoins la logique. Jill qui, découvrant les zombies qu’elle connaît déjà depuis RE1, reste une dizaine de minutes à les admirer avant de prendre la fuite… Les « super-soldats d’élite surentraînés » qui attendent en mode « pépouze » dans un wagon pendant que la pauvre Jill arpente les rues et se prend les coups (mais que font les féministes ?)… On s’attend à chaque instant à voir un protagoniste partir seul ramasser du bois dans la forêt, histoire d’entretenir les bons vieux clichés !
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Cependant, le scénario nous offre tout de même de jolies petites surprises. Notamment sous forme de caméos et de clins d’œil. Des références à Resident Evil 2 Remake… Des références à d’autres personnages de la série (principaux ou secondaires)… Des clins d’œil à d’autres jeux de Capcom… Le joueur prendra plaisir à chercher et trouver tous ces petits secrets, tantôt amusants, tantôt qui enrichissent le lore de la série.
Technique : du bon et du moins bon
Du coté de la réalisation, rien à dire sur l’aspect visuel du jeu. Le RE Engine est poussé dans ses retranchements, et le jeu est visuellement très propre, et fluide. Qu’il s’agisse des animations, des expressions faciales, des effets pyrotechniques… C’est vraiment très chouette ! J’aurais presque envie de vous dire que c’est même plus beau que les films d’animation Resident Evil que vous pouvez trouver en DVD ou en bluray.
On pourrait aussi évoquer la bande-son. Les musiques, bien que discrètes, collent parfaitement à l’ambiance… Et le jeu nous offre ici une VF de très bonne facture, qui fait que ce RE3 se savoure comme un film. Et c’est avec ce type d’œuvres que l’on se dit que la frontière entre 7e art et jeu vidéo est de plus en plus mince.
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La jouabilité est assez classique : parfois de la vue FPS (merci RE7), parfois de la vue TPS… Le jeu est très orienté action, avec de l’exploration et de nombreux combats. On pourra toujours combiner des objets, et les déposer dans les coffres, le stock d’objets transportables étant toujours assez limité. Mais selon le niveau de difficulté choisi, attention à garder un œil sur vos munitions, d’autant que les zombies ont vite fait de vider vos chargeurs. Le gameplay est (fréquemment) entrecoupé de scènes cinématiques : quand on maîtrise autant l’aspect visuel, pourquoi ne pas en faire profiter les joueurs ? D’autant que ces scènes apportent à la narration.
Mais… La réalisation, c’est aussi l’IA. Et c’est entre autres sur ce point que le jeu pêche. Sans surprise, les zombies ont le QI d’un dé à coudre, et il vous suffira bien souvent d’entrer dans un bâtiment pour qu’ils soient bloqués par une barrière invisible (si vous avez des munitions, c’est le moment de faire un carnage). Même constat pour le Nemesis (dont je reparle plus bas), qui vous harcèle toujours autant et sait s’adapter à la situation… Mais il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre que ses réactions sont elles aussi programmées… Et il peut aussi lui arriver de rester bloqué contre un élément du décor.
Un cauchemar nommé… Nemesis
Sur la version PS1, son nom apparaissait dans le titre du jeu, puisque l’on parlait alors de Resident Evil 3 : Nemesis. Mais qu’est-ce donc ? Et bien… Nemesis est une colossale et monstrueuse créature d’Umbrella qui va vous coller aux basques, qui va vous harceler tout au long du jeu ! Tandis que vous pensez souffler un peu après avoir semé des zombies, il débarque pour vous pourrir ! Comme l’ami du petit-déjeuner, il arrive toujours au bon moment, mais sans le pain et les croissants ! (seuls ceux qui regardaient les pubs dans les années 90 auront la référence).
Ce monstrueux colosse n’est pas un zombie comme les autres ! Lui sait ouvrir les portes, et dispose d’une foultitude de possibilités pour vous gâcher la vie ! Et lui sait aussi utiliser des armes, comme des lances roquettes ou un lance-flammes… Mais il n’en a pas forcément besoin puisque, entre ses tentacules et ses différentes transformations… Le cauchemar a de multiples visages, et de multiples façon de vous en faire baver ! Et croyez moi, contrairement à Mister X (de Resident Evil 2), fuir ne sera pas suffisant ! Et vous devrez bien souvent lui tirer dessus, faire exploser des barils ou des générateurs électriques à proximité pour le ralentir…
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Concernant le Nemesis, mon bilan est assez mitigé. D’une part, oui, il est toujours aussi effrayant… Et ses apparitions vont vous mettre en état de stress. Pourtant, ses spawns m’ont semblé plus scriptés que ceux de Mister X : dans RE2 Remake, les apparitions du colosse harceleur me semblaient plus aléatoires que dans ce Resident Evil 3. Et au final, au bout de quelques runs sur le jeu, vous finirez par deviner quand il apparaîtra, et quand il vous lâchera… Momentanément.
Disparitions inquiétantes
Mes différents runs sur Resident Evil 3, sur PS1, sont loin ! Pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier ! Alors, on ne me la fait pas ! Certes, Capcom a ajouté de nouvelles séquences dans son remake, et Carlos (également relooké) bénéficie de davantage de phases de gameplay… Mais Capcom a aussi enlevé des passages du jeu d’origine ! Comme celui du beffroi, ou du parc.
De même, une fois le jeu terminé, et sauf erreur de ma part, le mode mercenaire a lui aussi disparu. Pour rappel, dans le jeu d’origine, ce mode vous permettait d’incarner trois mercenaires (Mikhaïl, Carlos ou Nicolaï), et vous deviez vous échapper d’une zone en un temps donné, pour éviter que n’explose la bombe placée dans votre corps. Dans ce mode davantage axé « tir » tuer des monstres vous faisait gagner du temps… Un mode plus hardcore pour les ceusses en mal de défis…
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Plus surprenant, à plus forte raison lorsque l’on parle d’un Resident Evil… La (quasi)disparition la plus choquante sera celle du… Gore ! Oui, vous avez bien lu : le remake de RE3 est moins sanglant que celui de RE2 ! Oubliez les démembrements de zombies, ou les trop grosses flaques de sang… Ici, Capcom mise sur l’action et le rythme, plus que sur les litres d’hémoglobine. Un choix que l’on respecte… Mais encore une fois, dans un Resident Evil, dont l’ADN est justement l’aspect gore, ça peut surprendre…
Le jeu est court… Et alors ?
C’est l’un des points sur lesquels le jeu a été critiqué : sa faible durée de vie. Et en effet, il faut reconnaître que, si vous comptez plier une seule fois l’aventure pour passer ensuite à autre chose… Vous en verrez la séquence de fin en 3 ou 4 heures en easy, et autour de 7 heures en normal ! Peut-être même moins si vous tentez de speed-runner le jeu.
Mais… Il faut cependant apporter un très gros bémol sur ce point ! Et il est, je pense, nécessaire de rappeler que le jeu a été pensé pour être court ! Il est conçu pour être rushé, c’est comme cela ! En témoigne le chrono qui vous accompagne tout au long du jeu… Et le système de notification de fin de chapitre : plus vous irez vite, plus la note sera bonne !
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Oui, Resident Evil 3 se plie à grande vitesse. Mais s’il est un plaisir du jeu d’origine qui est toujours présent ici, c’est bien celui de le recommencer avec un personnage totalement cheaté ! Redémarrer l’aventure avec une Jill équipée de munitions infinies… D’un lance-roquettes inépuisable qui va vous faire passer du rôle de la victime (ou de la proie), à celui du prédateur qui chasse le Nemesis… L’intérêt du jeu est au delà du générique de fin, et vous prendrez autant de plaisir lors de votre première partie que lors d’un « new game + » ! Donc, pour vraiment en profiter, il faut aimer refaire le jeu encore et encore…
Resistance : un mode anecdotique ?
Offert en bonus avec ce Resident Evil 3, le mode Resistance est un jeu multijoueur asymétrique online, en quatre contre un. Vous pourrez y incarner soit le maître du jeu, qui place ses pièges… Soit l’un des quatre « chassés » qui devront survivre et s’échapper en déjouant les fameux pièges.
Une initiative sympa de la part de Capcom, mais hélas je vous l’avoue, un mode de jeu qui m’a amusé une heure, pas plus ! Car si jouer le Mastermind est fun et réveillera votre coté le plus sadique, jouer la proie est une tout autre histoire. Un level-design qui frustre par son architecture alambiquée, des règles qui varient selon que vous jouez en solo ou en multi… Jouer dans le camp des « chassés » est plus stressant qu’autre chose !
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Mais le plus rageant dans ce mode est sans doute son matchmaking totalement aux fraises. Et je ne vous souhaite pas de tomber dans une équipe de faible niveau, face à un mastermind beaucoup plus élevé. Dans ce cas, vous savez avant même de commencer la partie que vous ne pourrez pas gagner ! Mais cette remarque est aussi valable dans l’autre sens. Et je ne vous ai même pas parlé des temps d’attente, pour trouver une partie, qui sont parfois… Très longs !
Au final
Je ne vais pas vous mentir : sur l’échelle des remakes de Capcom, ce Resident Evil 3 (qui est pourtant mon préféré sur PS1) est moins bon que ne l’est le remake du second opus ! En revanche, ne paniquez pas : cela reste tout de même bien meilleur que la série cinématographique avec Milla Jovovich.
L’aventure est vraiment plaisante à jouer, mais en déconcertera certains par sa faible durée de vie, si vous ne jouez qu’un seul run. Mais attention, car paradoxalement, c’est une fois terminé que le jeu devient vraiment intéressant, avec les parties qui suivront.
Faut-il craquer pour ce nouveau remake, moins gore mais plus hollywoodien ? Si vous êtes fan de la série, ou si vous n’avez jamais joué à ce 3e opus, la question ne se pose pas : oui, évidemment. Toutefois, au regard du contenu proposé, on vous conseille d’attendre un peu : le jeu en vaut la peine, mais son prix de 60€ donne à réfléchir…
Resident Evil 3
- Par : Capcom.
- Sur : PS4, Xbox One et PC.
- Genre : Survival Horror
- Classification : PEGI 18
- Prix : 59,99€.
Points positifs :
- De l’action quasi non stop
- C’est vraiment joli à voir
- Un rythme soutenu
- Le Nemesis
- Bonne fluidité
- Refaire le jeu avec des bonus
- Beaucoup de références aux autres jeux Capcom
- Une VF de bonne qualité
Points négatifs :
- Moins de gore
- Des passages ont été amputés
- Durée de vie assez courte
- Le mode Resistance et son matchmaking loupé
- L’IA pas toujours à la hauteur
- Un peu cher
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