TEST. – Vu l’ampleur du phénomène, nous n’avons pu passer à coté du test de Pokemon GO, la bizarrerie vidéoludique du moment. Non content de révolutionner la série, c’est l’approche du jeu vidéo dans son ensemble que dépoussière le titre de Niantic et The Pokemon Company. Devenez le meilleur dresseur, et attrapez-les tous… Le postulat de départ est vieux comme le premier jeu Pokemon, mais visiblement indémodable !

Trouvez le bon support

2016 sera décidément l’année de toutes les expérimentations ! Et avant de pouvoir s’essayer à la réalité virtuelle dans le salon, Pokemon GO donne un grand coup de pied dans la fourmillière en lançant un nouveau concept : et si on faisait sortir les joueurs dans la rue ? Et si votre terrain de jeu n’était plus votre salon, mais votre ville ?

En soi, l’expérience est séduisante, et n’aura pas tardé à trouver son public. Si le jeu n’est arrivé qu’il y a quelques jours en France, l’Australie ou les USA chassent du Pokemon depuis début juillet, et la sortie de l’application a connu un succès retentissant : les téléchargements de Pokemon GO se comptent par dizaines de millions, renvoyant Twitter ou Snapchat dans leurs 22 mètres !

Je ne reviendrai pas, dans cet article, sur les dérives ou polémiques autour de Pokemon GO : pour cela, je vous invite à lire notre dossier « Un phénomène vidéoludique out of control ? ».

Le test de Pokemon GO débute mal pour moi ! Si Tifa, qui était au taquet, a pu installer l’application sans problème majeur dès sa mise en ligne officielle (nous avons fait le choix de ne pas bidouiller pour y jouer avant tout le monde ; le jeu devait sortir le 15 juillet en France, mais a été reporté suite aux attentats de Nice), je l’installe ce dimanche 24 juillet, et force est de constater qu’il y a du monde sur les serveurs.

Première expérience infructueuse en tentant d’installer l’application sur mon téléphone Android… ça rame, ça rame encore… Pour me dire que ma version d’Android n’est pas compatible ! Première déception, et je change de support ! Expérimentation numéro 2 avec un iPhone : cette fois ça passe, mais des pages comme celle qui s’affiche lorsque vous montez d’un niveau, ou le Pokedex, font tout simplement planter ou rebooter l’application.

Pour ma part, et pour l’heure, c’est donc la tablette qui se prête le mieux à l’exercice… Après avoir créé mon compte, associé à Google (et oui souvenez-vous : Niantic a été créée par le géant américain, et Pokemon GO s’appuie sur Google Maps), vient la galère de trouver un pseudo : avec autant d’utilisateurs, 99% des premiers pseudos que vous choisirez seront déjà pris… « Un jour je serai le meilleur dresseur… » Le problème, c’est que la chanson ne nous dit pas « quand » !

La première expérience est géniale…

La première expérience est tout simplement à la hauteur des promesses de Niantic Labs : le jeu passionne, fédère, en témoignent les nombreux fans que je vois passer dans ma rue, mobile en main, les yeux rivés sur l’écran, dans l’attente d’une apparition au détour d’une rue…

Force est de reconnaître que l’application honore ses engagements. Elle est sociale ? Si on ne peut hélas pas encore contacter les autres dresseurs, il suffit de voir les joueurs s’éclater dans les rues pour reconnaître que oui, pour la première fois, le jeu vidéo pousse les jeunes gamers à sortir, à retrouver les copains pour s’amuser à l’extérieur… La chambre d’ado et la console ont été désertées.

Elle est pédagogique ? Oui, j’avoue que j’ai aussi pu le constater. Ayant, par exemple, essayé le jeu à Challans (85), j’ai ainsi pu découvrir des lieux que je ne connaissais pas, devenus des « Pokéstops » pour l’occasion. La Maison du Légat (une bâtisse du XVIIe siècle qui passe inaperçue dans le centre)… Certains y redécouvriront le théâtre du Marais, et même Noël, le poulet géant des Foires à L’ancienne y a son heure de gloire.

L’intérêt ludique de Pokemon GO n’est pas vraiment nouveau : il n’est qu’une version 2.0 de ce que nos grands parents appelaient  « jeu de piste » ou « course d’orientation », légèrement modifiés. Mais ces dernières années, le phénomène qui s’en rapproche le plus est le géocaching (chasse au trésor avec un GPS), si ce n’est qu’ici, il n’y a pas de trésors à trouver, mais des créatures à capturer. Niantic rhabille Google Maps aux couleurs de Pokemon, et c’est parti !

Voilà qui fera réfléchir tous ceux qui pensent que Pokemon GO est « débile, inutile » et j’en passe… Son principe est loin d’être nouveau, et ces mêmes détracteurs y ont forcément joué lorsqu’ils étaient plus jeunes, mais sous une autre forme !

Pour développer Pokemon GO, Niantic s’est appuyé sur une autre de ses créations : Ingress, jeu de réalité alternée sorti en 2014 sur mobiles, et s’appuyant aussi sur la géolocalisation. Dans Pokemon GO, on aime le fait de voir évoluer des créatures imaginaires dans notre réalité. A condition que l’option « réalité augmentée » ne fonctionne, ce qui ne sera pas le cas sur tous les appareils…

… jusqu’à ce qu’elle ne vire au cauchemar !

Hélas, une fois passée la surprise de la découverte, vous allez expérimenter un autre concept : celui du jeu qui vous fait péter un cable !

Pokemon GO aurait pu être une belle aventure, mais comme vous l’aurez compris, l’expérience est gâchée par les (trop) nombreux bugs, lags, plantages, ou saturations des serveurs visiblement inadaptés à une telle déferlante de joueurs.

J’ai finalement trouvé la solution pour jouer tout en limitant les plantages au maximum : il me suffisait tout simplement de désactiver la fonction « réalité augmentée » (celle qui vous permet de combattre dans votre rue, dans votre salon). Candide, je me dis que c’est dommage, que c’est justement là tout l’intérêt du jeu. Alors, je me résigne à ne jouer que dans un décor virtuel, et à me déplacer sur une map qui me rappelle mon bon vieux Tom-Tom, la voix de la dame en moins.

Pour terminer sur les problèmes d’ordre technique, on pourrait aussi parler du fait que l’application pompe vos batteries à vitesse « grand V », et que certains modèles de smartphones risquent de monter en température : je n’ai pas encore entendu parler de cas de surchauffe, mais pour certains, on n’en est pas loin…

Alors oui, sans doute me direz-vous que « ça fonctionne sur certains appareils » ou que « chez moi, ça fonctionne« , bref, qu’il s’agit d’un simple problème de hardware (j’ai tout de même essayé le jeu sur trois supports : tablette Galaxy, mobile Android et iPhone)… et les différentes discussions sur le net me confirment que je suis loin d’être seul dans ce cas).

Ce à quoi j’aurais envie de dire que tout le monde ne possède pas un iPhone 6S ou un Galaxy S7. Et s’il faut changer de matos pour jouer à Pokemon GO, j’avoue que je préfère investir mon argent dans un PlayStation VR plutôt que dans un nouveau portable… 😉

Si ce fait se vérifie, peut-être serait-il bon que l’éditeur communique une liste d’appareils compatibles, ou de ceux qui ne supportent pas l’application.

Comment on joue ?

Le principe du jeu est simple : vous apparaissez dans votre ville, grâce à la géolocalisation de votre mobile, où vous allez pouvoir capturer des Pokemon sauvages, soit 150 créatures pour le moment : on est encore loin des plus de 700 créatures des versions consoles. Sur un plateau qui ressemble à une carte GPS, vous parcourrez les rues que vous fréquentez au quotidien pour y trouver principalement trois éléments.

  • Tout d’abord les Pokemon, qui apparaissent aléatoirement… Cela va des Pokemon communs (Rattata, Nosferapti…) aux créatures beaucoup plus rares, qui déchaînent généralement des ruées de joueurs…
  • Pour trouver des Pokeball, des potions et autres items, vous trouverez sur votre terrain de jeu de nombreux « Pokéstops » (parcs, monuments, commerces, lieux publics divers, etc).
  • Lorsque vous aurez atteint le niveau 5, vous aurez également accès aux arènes, pour un grand jeu de « drapeaux » : défendez les couleurs de votre équipe (Bleue, Rouge ou Jaune) en combattant d’autres dresseurs adverses.

Elément très différent des versions sur cartouches : ici, nul besoin de combattre les Pokemon sauvages, afin de les épuiser pour mieux les capturer ! L’application réduit la capture à son plus simple appareil, comprenez que vous n’aurez qu’à lancer votre Pokeball en croisant les doigts ! Si elle clignote trois fois, le Pokemon est attrapé ! Mais il peut se libérer (vous devrez alors renvoyer une boule magique), voire s’enfuir !

Les seuls combats que vous allez faire seront ceux contre les autres dresseurs, dans les arènes (afin de prendre ces arènes). Ils sont donc peu nombreux… mais peu inventifs ! Nous avons ici quasiment les mêmes combats que dans les versions cartouches, mais en beaucoup moins inspirés…

De nombreuses subtilités vous seront toutefois permises sur la map, comme la possibilité d’installer des leurres ou de brûler des encens, afin d’attirer des Pokemon et les capturer plus facilement. Vous pourrez aussi faire évoluer vos Pokemon grâce aux bonbons collectés lors des captures (nombre requis pour chaque créature), échanger vos monstres en double pour gagner de l’expérience, ou faire éclore des oeufs en marchant beaucoup.

En soi, le soft de Niantic repose sur un concept plutôt sympa : vous faire vivre vos rêves de gosse en vous immergeant dans le monde de Pokemon, ou plutôt en sortant les Pokemon de leurs cartouches pour les amener dans VOTRE monde !

Si ce n’est que, pour un joueur, une fois passée la surprise de la découverte, le jeu devient vite redondant, voir lassant. Vous pensiez que le soft allait vous scotcher à l’écran pendant des journées entières ? A titre personnel, je décroche facilement au bout d’une heure, lassé de répéter des gestes en boucle : capture, capture, choper des items dans un Pokestop, capture, capture, faire évoluer un Pokemon, capture, etc. Si le terrain de jeu évolue en fonction de l’endroit où vous vous trouvez, le principe du jeu, lui, se résume en quelques mots et ne varie pas vraiment.

Bien sûr, si vous voulez gagner du temps, vous pourrez toujours passer à la caisse pour échanger des euros contre de la monnaie virtuelle, avec une fourchette allant de 99 centimes (les 100 poképièces) à 99,99€ (les 14.500 poképièces). Et bientôt sera commercialisé le « Pokemon GO plus« , un boitier monté sur bracelet, vous avertissant (grâce au bluetooth de votre mobile) des mouvements dans les parages. Il sera vendu 39,99€.

Au final

Pouvoir s’essayer à une toute nouvelle expérience vidéoludique est toujours une grande excitation lorsque l’on teste des jeux vidéo. Et il faut reconnaître que l’aventure Pokemon GO aurait pu être une belle fête… si elle n’avait pas été gâchée !

Non pas, comme vous le diraient de nombreux détracteurs, par l’attitude des joueurs : une bonne fois pour toute, il est vrai que certains font n’importe quoi, les yeux rivés sur leur mobile… Mais il en va de la responsabilité de chacun ! A chacun de faire gaffe, et n’en déplaise à ces mêmes détracteurs, ils oublient sans doute de pointer les ceusses qui grillent des stops, brûlent des feux, traversent sans regarder… Et ce même sans jouer à Pokemon GO ! L’incivilité était là bien avant la sortie du jeu !

Pour résumer, Pokemon GO est une application de géocaching, mais en mieux, qui fait sortir les Pokemon de leur cartouche pour les installer dans votre vraie vie, dans votre ville. L’idée est géniale ! Hélas, l’ensemble est gâché par une technique à la ramasse, des serveurs complètement aux fraises qui, au mieux, feront pester les plus malchanceux. Dans le pire des cas, ils risquent tout simplement de tourner les talons ! Le succès d’un jeu vidéo tient à peu de choses, son échec également

Je reste donc très mitigé pour l’heure : j’aime le principe de « chasse dans la ville », mais la redondance du soft, et surtout ses nombreux bugs, font que je n’arrive pas à y jouer sans me lasser au bout d’une heure… Mais laissons lui sa chance, et si les prochaines mises à jour le rendent plus stable, sans doute Pokemon GO fera t-il l’objet d’un second test dans notre rubrique « 2e avis ».


Verdict

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Le principe du jeu est tout simplement génial, mais le soft souffre de trop de problèmes de fiabilité !

10/20

Les + :

  • Les Pokemon joliment modélisés
  • Le jeu vous fait sortir et vous balader : votre ville devient votre terrain de jeu
  • Un soft immersif
  • L’ambiance est dans la rue !
  • Du pain-béni pour ceux qui sont atteints de collectionnite
  • La réalité augmentée, mais seulement quand elle fonctionne
  • Vous découvrez des lieux que vous ne connaissiez sans doute pas dans votre ville
  • L’appli de base est gratuite
  • Vous allez rencontrer des gens : l’expérience sociale est réussie

Les – :

  • Les plantages (très) récurents, des bugs plus que vous ne pouvez en rêver
  • Les serveurs trop souvent à la ramasse
  • L’expérience « réalité augmentée » pas du tout fiable
  • Une vraie pompe à batteries, et le téléphone qui chauffe
  • L’intérêt se limite à collectionner des Pokemon et combattre les autres dresseurs, le jeu devient vite très répétitif
  • Au départ, pas assez d’indications
  • Il ne faut pas habiter au fin-fond de la cambrousse
  • Quelques fonctionnalités supplémentaires auraient été les bienvenues

Pokemon GO, par Niantic Labs, The Pokemon Company et Game Freak, sur mobiles.

Testé sur une version téléchargée sur tablette mobile et smartphones.

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