La dernière fois que nous avions pu jouer à Dissidia Final Fantasy, c’était en 2011 sur PSP, avec le nerveux Duodecim (012). Sept ans plus tard, le jeu de baston « cross-over » de la série Final Fantasy fait donc son grand retour, cette fois en 1080p, sur PS4 ! Aux commandes, Square-Enix a fait appel à Koei-Tecmo (Team Ninja, plus précisément). Autant dire que le soft était très attendu à la rédaction !

De retour, 7 ans après « Duodecim »

S’il est un titre qui m’a particulièrement marqué sur la PlayStation Portable (PSP), c’est bien Dissidia Final Fantasy ! Deux volets que j’avoue avoir particulièrement rincés. Il m’arrive d’ailleurs encore de rallumer la PSP pour me remettre sur le second épisode, Duodecim. Aussi, quelle ne fut pas ma joie d’apprendre, il y a quelques années, qu’un nouveau Dissidia allait sortir sur PlayStation 4 !

Et il aura fallu attendre ! Longtemps ! Car depuis Dissidia Final Fantasy 012 (Duodecim) en 2011, la série aura brillé par son silence, par son absence. Les Japonais auront eu beaucoup plus de chance que nous, puisque le jeu qui nous intéresse aujourd’hui est disponible depuis décembre 2015 sur bornes d’arcade, sur l’archipel nippon.

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En cette fin janvier, Dissidia Final Fantasy NT quitte donc les salles d’Arcade pour débarquer sur PlayStation 4. Il est édité sans surprise par Square-Enix qui, pour cet épisode, a appelé en renfort Team Ninja (la filiale de Koei-Tecmo derrière Nioh, Dynasty Warriors ou Dead or Alive).

Dissidia est un jeu de combat (qui s’inspire aussi des mécaniques A-RPG) qui va mêler tous les héros de la franchise Final Fantasy, ainsi que leurs antagonistes respectifs. Cet épisode PS4 introduit dans la série la notion de combat en 3vs3, dans des arènes ouvertes. Mais ici, contrairement à Dragon Ball FighterZ par exemple, pas de switch entre les combattants : le joueur contrôle un guerrier, les deux autres sont dirigés par l’IA ou par d’autres joueurs.

Mais ça veut dire quoi, NT ?
J’entends déjà les ceusses qui vont me demander ce que signifie « NT » dans le nom du jeu. Ce à quoi je vous répondrai que je n’en sais rien. Car en réalité, plusieurs pistes ont été émises. À commencer par les initiales du chara-designer Tetsuya Nomura, ou de Team Ninja… Mais il y a quelques temps, lors d’un livestream, Square-Enix a aussi fait comprendre que ce « NT » pouvait être interprété comme « New Trial, New Tournament, New Testament, New Team » ou encore « New Tale » … On n’est pas plus avancés, et je laisse à chacun le soin d’interpréter ces initiales comme il l’entend 😉

L’histoire de Dissidia se mérite !

S’il est un point qui n’a pas changé depuis le premier épisode, c’est bien la trame scénaristique de Dissidia ! Ce cross-over nous emmenait, sur PSP, dans un monde dominé par deux dieux : Cosmos pour le bien, et Chaos pour le mal. Et ces deux là s’entre-déchirent depuis des lustres. Pour mener à bien leur divine (et éternelle) guerre, ils vont venir recruter de la « chair à canons » dans les univers de Final Fantasy. C’est la trame qui justifie que les différents héros des jeux FF vont se retrouver aspirés dans une même dimension.

Ce nouvel épisode conserve cette dualité entre divinités, mais Chronos et Chaos ont pris des vacances. Ils sont ici remplacés, pour une nouvelle histoire, par deux divinités assez proches esthétiquement parlant : la déesse de la protection Matéria, et son antagoniste de la destruction, Spiritus. Nouvelle guerre éternelle, nouveaux dieux, mais une intrigue finalement assez proche…

T’as les jetons ?

Chez Matéria, nous allons donc retrouver Cloud, Squall, Tidus, Lightning, Le Chevalier de la Lumière… Mais les antagonistes de nos héros sont aussi du voyage, et vont venir grossir les rangs de Spiritus : Sephiroth, Kefka Palazzo, Ultimecia, Kuja…

Cette histoire vous est racontée via un mode « story » qui… M’a déçu de par sa conception, et son manque de peps ! En effet, les différents épisodes (cinématiques ou combats) sont placés sur un sphérier, dont il va falloir débloquer chaque case à l’aide de points « Memoriaes » ! Ces points se gagnent en remportant des combats.

Plus précisément, vous gagnez un jeton à chaque fois que vous grimpez d’un niveau d’expérience « joueur » (votre XP globale, à ne pas confondre avec l’expérience de chaque combattant). Il faudra donc, au bout d’un moment, faire pas mal de combats pour gagner votre sésame. Car sans ces points, il est impossible d’avancer dans le mode Story. Pour découvrir l’histoire du jeu, vous allez donc devoir sortir de ce mode régulièrement, pour aller multiplier les « combats express » (un mode solo qui consiste en des raids aux règles variées) !

Un gameplay compliqué, mais qui mérite votre attention

Autant vous le dire tout de suite : Dissidia Final Fantasy NT n’est pas le jeu de combat le plus accessible ! Et avant de pouvoir espérer remporter la victoire, vous allez devoir assimiler pas mal de commandes qui vont vous sembler compliquées au premier abord. Et ça tombe bien puisque le jeu dispose d’un tutoriel assez conséquent, et très complet. Un passage obligé, à plus forte raison si vous découvrez la licence.

Dissidia risque de rebuter très vite les joueurs qui veulent simplement se détendre sur un jeu. Mais les amateurs de technicité trouveront ici le jeu de combat le plus « stratégique » du moment. Le but sera donc de mettre l’adversaire KO momentanément, ce qui fera perdre un bloc de vie à son équipe. Par défaut, chaque camp dispose de trois blocs, et le premier qui les perd tous perd la partie. Ici, toutes les touches seront utilisées, y compris les touches directionnelles, offrant une multitude de combinaisons…

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Et le travail de matière grise va commencer dès le choix des personnages, puisque ceux-ci se partagent en quatre catégories : combattant (le plus équilibré pour les débutants), assassin, tireur et spécialiste. Et votre choix ne sera pas anodin, puisque ensuite, c’est « shifumi » : le combattant est avantagé face à l’assassin, l’assassin est avantagé face au tireur, et ainsi de suite. Dès lors, votre choix revêt une importance capitale, notamment en multi, puisque vous devrez faire preuve d’une réflexion s’appuyant sur le jeu en équipe, afin d’équilibrer votre team. Vous devrez trouver un équilibre par rapport à vos équipiers, mais aussi pour contrer le choix de l’équipe adverse. On ne devrait théoriquement donc pas voir une équipe de trois Squall ou trois Sephiroth !

Trouvez (ou créez) la faille !

Avant de vous lancer dans la bataille, vous devez comprendre que vos techniques vont se partager en « attaques Bravoure » et « attaques PV » ! Dans un premier temps, vous allez enchaîner les attaques Bravoure pour faire grimper votre jauge éponyme, et faire baisser celle de l’adversaire (pour créer une faille).

Tout en blindant votre défense, car si vous ne parez pas ou n’esquivez pas, votre jauge peut aussi redescendre très vite. Une fois la « faille » créée, vous allez pouvoir placer vos attaques PV ! Elles sont plus longues à déclencher, mais vont véritablement venir bouffer la barre de vie de l’adversaire.

Heureusement, les « dash » et le ciblage de l’ennemi (L2 pour cibler celui qui est à votre gauche et R2 pour celui de droite) sont des mécaniques qui vous seront très utiles. De même, le wall-rush peut vous permettre, dans certaines situation, de vous mettre à l’abri en escaladant un mur, un arbre…

Vous en voulez encore ?

Cela vous semble compliqué ? Ce n’est pas tout ! Vous devrez aussi prendre en compte les nombreux buff et debuff du jeu (effets qui améliorent ou apportent un malus à vos aptitudes), ou le puissant Ex-Skill, attaque à usage unique dont dispose chaque personnage.

Autre fonction qui peut sembler anecdotique, mais qui fera le bonheur des tacticiens : les commandes de canceling (evasion canceling, dash canceling ou rush canceling). Ce mécanisme vous permet tout simplement d’annuler une commande pour minimiser vos dégâts, ou gagner de précieuses secondes sur l’ennemi.

Nous l’avons vu : Dissidia privilégie le jeu intelligent en équipe, et il ne suffit pas de marteler les attaques pour gagner ! Pensez aussi aux sorts de soins, et aux bonus que certains personnages pourront lancer à leurs équipiers. Vous l’avez compris : le gameplay de Dissidia est très complexe et demandera beaucoup d’entraînement et de jugeotte (difficile de tout détailler ici).

Les invocations sont de la partie !

Que serait un Final Fantasy sans ses invocations ? Rassurez-vous, elles répondent à l’appel, apparaissant à l’écran avec des animations très classieuses. Elles sont même précisément sept : Ifrit, Shiva, Bahamut, Ramuh, Alexander, Leviathan et Odin. Chacune dispose de deux « buff » actifs : le premier peut se déclencher avant l’invocation. Le second, après. Leurs effets varient évidemment selon votre choix d’invocation donc, encore une fois, réfléchissez bien et choisissez l’aeon adéquat !

Avant chaque partie, vous devez donc choisir une invocation. Pour l’appeler, vous devrez charger  une nouvelle jauge dédiée (en haut à gauche). Pour cela, frappez l’ennemi, ou détruisez le cristal qui apparaît aléatoirement sur la zone de combat (ciblez le avec L2+R2).

Une fois brisé, ce cristal vous permet de lancer l’invocation, après une charge avec le pavé tactile. Elle est plus ou moins longue : environ 8 secondes seul, quasi instantanée si les trois membres de l’équipe appuient simultanément (gare aux ennemis qui peuvent vous frapper pendant cette charge, annulant ainsi votre commande). Votre divinité entre donc sur le ring pour aller faire de gros dégâts chez vos adversaires. Mais attention : le camp adverse bénéficie aussi de cette mécanique puissante !

Un p’tit passage en boutique s’impose

L’un des principaux intérêts de ce Dissidia est sa dimension « fan service » poussée à l’extrême ! Pour tout fan de la licence Final Fantasy, Dissidia constitue le fantasme ultime de pouvoir réunir ses personnages préférés dans un même jeu ! Notez au passage que les voix sont paramétrables en japonais ou en anglais. Notez aussi que vous pourrez également opter pour l’affichage « Arcade » d’origine.

La bande-son elle même n’est qu’une compilation des meilleurs morceaux de la série, en version originale ou réarrangée. Ecouter l’OST de Dissidia Final Fantasy NT revient à écouter un best-of de la franchise. Un plaisir pour les oreilles lorsque l’on connaît le nom des compositeurs de la saga (Nobuo Uematsu, Yoko Shimomura, Junya Nakano…).

Si peu de morceaux sont disponibles en début de partie, vous pourrez vous rendre dans la boutique pour acheter tous les autres, contre les points durement gagnés. C’est aussi dans cette boutique que vous devrez acheter des icônes de personnages, ou des tenues alternatives pour vos héros. Avec toutefois deux gros bémols !

Le premier est que les prix sont tout simplement trop élevés, au regard des points que rapporte un combat. 10.800 Cr pour une tenue, 3.600 Cr pour une musique… Vous allez devoir jouer des heures et des heures pour espérer débloquer la boutique à 100%. Je pense que vous avez fini par le comprendre : Square-Enix a bien l’intention de vous faire poncer le mode online du jeu !

Second reproche pour cette boutique : le manque de variété des tenues proposées pour chaque héros. Si vous pouvez choisir entre cinq items par personnage, l’échoppe ne vous propose en réalité que deux couleurs alternatives pour le costume principal, et une tenue alternative déclinée en trois couleurs différentes.

Mode entraînement, ou pas ?

Je tenais aussi à vous apporter une précision, concernant une critique que j’ai souvent pu entendre : « aberrant de constater que le jeu ne propose pas de mode entraînement ! » C’est vrai mais… Pas tout à fait ! En réalité, vous allez pouvoir vous entraîner, mais il va falloir aller bricoler dans les menus !

Car c’est vrai : dans Dissidia, il n’existe pas de mode clairement identifié comme « Entraînement » dans le sens où on le voit habituellement dans les jeux de baston. Mais… Si vous vous rendez dans le mode versus (contre l’IA), les options sont tellement paramétrables que c’est tout comme !

Vous pouvez par exemple choisir de n’incarner qu’un seul personnage, contre un seul adversaire. Ennemi que vous pouvez régler comme « statique » ! Voilà comment vous entraîner tranquillement. Mais il est vrai que, du coup, cette configuration ne vous permet pas de voir les statistiques de vos combos…

Des absents au casting !

Premier point qui m’a marqué dans ce casting pourtant bien copieux (28 personnages jouables) : l’absence de figures emblématiques de la série, pourtant présents dans Duodecim. Je pense à Tifa Lockheart (Final Fantasy VII) ; Laguna Loire (Final Fantasy VIII) ; Yuna (FFX) ; Gabranth (Final Fantasy XII) ; Prishe ; Gilgamesh… Qui ont tout simplement disparu !

Sans doute un choix de Square-Enix, qui a dû retirer des noms là ou d’autres ont été ajoutés (Noctis, Y’Shtola de FF XIV, Ace de Type-0, Ramza de FF Tactics…). Sans doute aussi une ouverture pour le season-pass qui, on le sait, va venir ajouter six personnages au casting. Bien que l’on ait découvert dernièrement que ces ajouts devraient être constitués de cinq personnages inédits, et une femme de la première moitié de jeux, déjà apparue précédemment (Tifa ? Yuna ?).

Un jeu « oui mais… »

Voilà un intertitre qui résume à lui seul l’impression générale qui se dégage de Dissidia Final Fantasy NT ! « Oui mais… » ! Le jeu a de nombreuses qualités, mais aussi ses petits défauts qui viennent compliquer votre choix en magasin. Je ne reviendrai pas, ici, sur les soucis déjà évoqués plus haut (jouabilité, casting…). Mais il en reste sous la pédale !

À commencer par l’affichage in-game ! Le soft va vous piquer les yeux pendant vos parties. En effet, il se passe tant de choses à l’écran, vous allez voir tant de formes et de chiffres s’afficher (parfois avec plein de couleurs différentes), que vous allez finalement avoir l’impression de jouer sous LSD. L’action devient vite confuse, et il n’en faut pas plus pour se perdre. Imaginez un combattant qui lance une attaque spéciale, avec une invocation par dessus… Et le joueur ne comprend plus ce qui se passe sous ses yeux. Comprendre les écrans de jeu de Dissidia est une question d’habitude, et va demander pas mal de pratique, encore une fois !

Parfois, la caméra se perd

La lisibilité de l’action est aussi gâchée par une caméra qui fait souvent ce qu’elle veut. Et dès que vous êtes près d’un mur, cela devient l’anarchie. Imaginez maintenant le cumul de ce soucis avec celui exposé plus haut ! Conscients du problème, les développeurs ont bien prévu une touche pour rétablir l’angle de vue, mais…

Le plus marquant, dès la page d’accueil, est le déséquilibre entre le jeu solo et le jeu online ! Autant les développeurs ont soigné le multi-en ligne, vous promettant de nombreuses batailles sur la toile… Autant le solo semble négligé. Le Story-mode qui vous oblige à partir à la quête des jetons… On pourrait aussi pointer l’absence pur et simple d’un mode multijoueur local : certes, on imagine le bordel sur un écran splitté ! Mais un jeu de baston sans affrontements en local, il y a comme un truc qui manque ! Dissidia Final Fantasy NT est donc un jeu avant tout destiné au jeu online, mais dont le solo risque de désintéresser les joueurs rapidement. Si ce n’est qu’il est aussi la carotte qui vous fera grinder.

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Enfin, le dernier handicap du jeu n’est pas lié à son fonctionnement, mais à son marketing (pour de bonnes raisons qui nous échappent sans doute). Et plus particulièrement au choix de Square-Enix d’avoir maintenu sa sortie à cette date. Car Dissidia FFNT passe derrière des Street Fighter V : Arcade Edition, Dragon Ball FighterZ, ou même Monster Hunter : World qui ont sévèrement dévasté vos portes-feuilles ce mois de janvier ! C’est culotté, mais aussi casse-gueule !

Au final

Dissidia Final Fantasy NT est clairement un jeu de niche ! S’il a tous les arguments pour séduire les fans de la série Final Fantasy, il aura plus de mal à convaincre les autres joueurs. D’autant que, inconvénient du calendrier, il est aussi le « malchanceux » qui passe derrière Street Fighter V : Arcade Edition et Dragon Ball FighterZ… Deux jeux ayant déjà aspiré l’argent des fans de baston ce mois de janvier.

De plus, par son orientation « online » très marquée, et par des choix incompréhensibles (absence de multi-local, mode « story » à jetons, absence d’entraînement…), il ferme aussi la porte aux joueurs plus occasionnels, ou non initiés à la série Final Fantasy. La « partie entre potes » sauve toujours les meubles, mais fait cruellement défaut ici !

Ce qui ne signifie nullement que Dissidia Final Fantasy NT est un mauvais jeu ! Bien au contraire! C’est même un titre qui devient excellent dès lors que vous en maîtrisez toutes les subtilités (donc après pas mal d’heures de jeu). Si vous aimez la baston « intelligente » , ce Dissidia offre une technicité irréprochable et jouissive après pas mal d’heures de pratique. Certes avec ses défauts… Mais aussi avec des grosses qualités qu’il va être cependant difficile à vendre.


Dissidia Final Fantasy NT

 

Coté « Matéria » :

  • Un fan-service incroyable !
  • Visuellement superbe
  • Le jeu tourne sans tache en 60fps
  • L’animation des invocations
  • Un casting de rêve
  • La bande-son !
  • Une fois que l’on maîtrise la jouabilité, un délice de technique

Coté « Spiritus » :

  • L’absence d’un versus en local
  • Pas de mode entraînement « officiel »
  • Le grinding à outrance
  • Le jeu solo globalement très en retrait
  • Le mode story bridé par les jetons à débloquer
  • Souvent fouillis à l’écran
  • Des combats de boss assez hard
  • La caméra parfois à la peine
  • Le coté très technique pourra rebuter certains joueurs
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