Il y a quatre ans, les fans de Star Wars découvraient Star Wars Jedi : Fallen Order, par Respawn Entertainment pour Electronic Arts. En 2023, Cal Kestis revient en découdre avec l’Empire dans Star Wars jedi : Survivor. Une suite directe, mais qui n’est disponible QUE sur PC, PS5 et Series X/S. Comment se porte ce bon vieux Cal quatre ans après ? C’est ce que nous allons voir avec notre test, garanti sans spoiler.
De la suite dans les idées
Star Wars Jedi : Fallen Order ! Sorti le 15 novembre 2019, le jeu de Respawn Entertainment a marqué un nouveau tournant dans le partenariat qui unissait alors Electronic Arts et la licence de Lucasfilm, Star Wars. Il faut dire que la franchise trainait une image négative depuis les deux Star Wars : Battlefront, sortis respectivement en 2015 et 2017. Le studio Dice (Battlefield) était alors au développement. Pourquoi une image négative ? À l’époque, les jeux ont été descendus pour leur modèle économique, et notamment un système de lootbox qui pouvait vous coûter très très cher.
Et puis, en 2019, les fans découvrent Star Wars Jedi : Fallen Order. Un jeu d’action/aventure à la 3e personne, en solo, à l’ancienne. Un pari osé à l’époque des gigantesques openworlds multijoueurs. Le développement est confié à Respawn entertainment, studio créé avec les fondateurs d’Infinity Ward (les créateurs de Call of Duty). Et un studio aussi connu pour les jeux Titanfall 1 et 2, ou Apex Legends. Et le jeu est un carton ! Fallen Order est une merveille, qui brille autant pour ses graphismes que pour son scénario. Et autant dire qu’à une époque où Disney saborde la licence sur grand écran, le jeu d’Electronic Arts est accueilli comme un messie.
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On l’avait vu venir à des kilomètres ! Une suite est mise en chantier. Le jeu est annoncé en mai 2022, pour une sortie courant mars 2023. sous le nom Star Wars Jedi : Survivor. Mais en fin d’année, il est finalement repoussé de quelques semaines, pour une sortie définitive le 28 avril 2023. Certains joueurs auront cependant été refroidis par une annonce importante : Star Wars Jedi : Survivor n’est prévu QUE sur la nouvelle génération ! C’est bien mais… Ceux qui n’ont pas encore craqué soit pour la PS5 ou la Series X/S ne pourront pas y jouer. Tout simplement !
Hormis le fait que les joueurs PS4/XOne seront privés de Star Wars Jedi : Survivor, la sortie exclusive sur nouvelle génération est une bonne nouvelle. Cela signifie que les développeurs vont pouvoir se lâcher sur la technique. Ray-tracing, graphismes de folie, jeu optimisé et gestion des retours haptiques sur PS5… On sent déjà que le jeu de Respawn va être une véritable démonstration technique. Et le prix à payer est un gros ménage sur votre disque SSD, puisque le jeu pèse la bagatelle de 150GO (plus de 155 sur PC). Vous voilà prévenus…
Le retour du Jedi
Cela fait désormais 5 ans que se sont déroulés les événements de Fallen Order. Cal Kestis, le padawan ayant échappé à l’ordre 66 (celui qui a déclenché l’extermination des Jedi) est désormais devenu un maître Jedi reconnu. Il est aussi devenu plus badass. Mais par la même occasion, il vit désormais caché, puisque l’Empire le considère comme l’ennemi public N°1. Il continue à naviguer à bord du Mantis avec BD-1, son petit droïde « couteau suisse » et quelques nouveaux amis qui ont rejoint son combat contre les forces impériales. Déterminé à ne rien lâcher, il est bien décidé à mettre ses adversaires à mal, jusqu’à ce que… On n’en dira pas plus !
Évidemment, ce nouvel épisode apporte de nouveaux personnages à l’histoire. Des protagonistes, et aussi des antagonistes, dont un ennemi principal qui, à mon sens, est assez réussi. Et puis, on croisera bien sûr quelques têtes connues (à condition d’avoir joué au premier opus). Globalement, le scénario est, selon moi, très réussi. L’écriture est maîtrisée tant pour la trame principale que pour ses personnages, qui bénéficient d’un vrai background si vous prenez le temps de fouiller le jeu pour trouver des secrets cachés. Exception faite de quelques passages qui auraient mérité un peu plus de profondeur, l’histoire de ce Star Wars Jedi : Survivor met à genoux certains films de la licence (oui, je parle aussi de la dernière trilogie).
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Si vous vous posiez la question, le jeu peut être joué sans avoir fait le premier épisode, mais… C’est quand même mieux d’avoir bouclé la première partie. Ne serait-ce que pour avoir toutes les références. Car si un résumé est proposé dans le menu principal, rien ne vaudra jamais l’expérience manette en mains. D’ailleurs, à ce propos, une petite remarque à l’attention des développeurs (oui, on sait qu’ils nous lisent 😉 ) : un résumé, c’est bien ! Mais le délire aurait été encore plus jouissif, pour les fans, si celui-ci avait été amené sous forme de texte déroulant (jaune sur fond noir) au lancement de la partie… Comme celui que l’on peut voir en introduction des films de la saga.
Pour terminer sur la partie scénario, on peut aussi replacer le contexte sur la timeline Star Wars. Le jeu se déroule entre les épisodes III et IV. Le premier épisode débutait à la fin du film La Revanche des Sith (épisode III), avec l’exécution de l’Ordre 66 (l’Empereur demande à ses troupes d’exterminer les Jedi). On y croisait notamment Saw Gerrera (que l’on découvre dans la série animée The Clone Wars, puis qui est incarné dans Rogue One et dans les jeux Star Wars Jedi par l’acteur Forest Whitaker). Star Wars Jedi : Survivor se déroule cinq ans après le premier épisode, à une époque qui correspond à peu près à la série Obi-Wan Kenobi.
Run and Gun Lightsaber
Si vous avez joué au premier opus, vous ne serez pas dépaysés. Star Wars Jedi : Survivor est un jeu d’action/aventure à la troisième personne dans lequel vous allez devoir alterner entre des phases de plateforme/parkour (avec parfois des énigmes pas trop compliquées pour poursuivre votre chemin), et des combats. Avec quand même beaucoup plus de phases de plateforme ! Les missions sont longues, très longues même, et vous devrez compter entre 20h (en ligne droite) et 40 heures (en fouillant partout) pour finir le jeu. Voire 20h de plus si vous jouez en mode difficile. Car outre l’aventure principale, il vous propose aussi de nombreuses quêtes annexes, rumeurs, objets à trouver et autres PNJ à aider…
Pour se défendre, Cal dispose de deux armes redoutables : son sabre laser qui peut adopter différentes postures (sabre simple, double, deux sabres séparés…), et la Force. Deux attributs qui disposent d’une grosse quantité de compétences à débloquer puisque Cal pourra distribuer ses points d’expérience sur pas moins de 9 arbres de compétences. Certains font évoluer vos talents et vous enseignent de nouvelles techniques, d’autres améliorent votre barre de vie, de force… Si vous jouez régulièrement à des RPG, vous connaissez cette mécanique d’évolution du personnage. Régulièrement, Cal trouve des zones de méditation, un peu à la manière des feux de camp de Dark Souls. Ces check-points vous permettent de développer vos arbres de compétences, de vous reposer (attention : recharger votre vie fait respawn les ennemis), de vous entraîner, etc.
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Les combats sont nerveux, le jeu est dynamique. Et plus vous progressez, plus les aptitudes se multiplient dans votre panel d’attaques. Pour vous permettre des combos ravageurs. D’ailleurs, un soin particulier a été apporté aux petits détails lors des combats. Comme des démembrements, ou un sound-design franchement réussi, avec par exemple le son du sabre qui change selon sa couleur. Un nouveau système d’avantages permet aussi d’améliorer passivement vos aptitudes in-game, avec notamment un avantage « gain d’XP » qui vous sera très utile.
Oubliez le monde ouvert de Hogwarts Legacy ! Ici, on évolue dans un monde semi-ouvert, dans des niveaux immenses mais dirigistes. Comprenez par là que vous devrez suivre un certain cheminement, depuis un départ jusqu’à un objectif. Parfois avec plusieurs moyens d’attendre votre cible. Mais avec une route à suivre, pour votre premier run. Cependant, il est toujours possible (et fortement recommandé) de s’écarter de la route pour fouiller, et trouver les nombreux bonus planqués ici ou là. Bien que la plupart soient cosmétiques. Ou pour débloquer des raccourcis qui vous seront très utiles lorsque vous reviendrez sur la zone pour boucler des quêtes secondaires (dans des zones jusqu’alors inaccessibles).
Le jeu parfait ?
Star Wars Jedi : Survivor est une démonstration technique. Les développeurs ont abandonné le moteur maison de Dice, Frostbite, depuis Fallen Order. Ceci pour adopter une solution plus puissante : la star incontestée, l’Unreal Engine 4 d’Epic Games. En jeu, le résultat est superbe. Il bénéficie des effets du moment, ray-tracing en tête, et affiche des détails qui nous offrent un rendu très cinématographique. Le tout est très détaillé, très vivant, à l’exception de certains niveaux souterrains moins aboutis. Très bonne surprise aussi sur l’utilisation de la Dualsense et de ses retours haptiques. Les vibrations sont autant d’indicateurs dont vous devrez tenir compte, au même titre que ce que vous voyez ou entendez…
Star Wars Jedi : Survivor souffre de son statut de jeu dirigiste, avec son cheminement à suivre pour atteindre un objectif, et les incohérences qui vont avec (si la planète Koboh est une zone ouverte, tout le reste est un couloir). Et à une époque où les joueurs sont gavés de mondes ouverts, ça peut frustrer. C’est par exemple le cas avec tous ces murs invisibles qui bordent votre parcours : devant vous, un désert ou une plaine, mais Cal s’arrête net. Le jeu ne veut pas que vous alliez par là. De même, notre héros souffre du même handicap que Kratos dans God of War Ragnarok. En tant que Jedi, il peut atteindre des hauteurs vertigineuses avec un double saut ou en s’appuyant sur les murs, mais… Il reste parfois bloqué par un obstacle de 50 cm de haut qu’il n’arrive pas à franchir. Avec cette réplique qui amuse autant qu’elle frustre : « impossible de passer par là ! Il va falloir trouver un autre chemin ! »
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Si le jeu nous scotche pour sa réalisation globalement magnifique, il ne peut éviter les traditionnels petits bugs d’affichage. Rien qui ne va gâcher l’expérience, mais j’avoue avoir esquissé un sourire à plusieurs reprises durant ma partie. Des pieds qui passent à travers le sol ou à travers un rocher, une caméra qui se positionne mal quand le joueur est près d’un mur… Des bugs épisodiques et anecdotiques, mais qui sont là. Tout comme des raccords un peu étranges lors de transitions entre des phases de gameplay et des cinématiques. Des soucis d’optimisation ont été rapportés sur PC, ainsi que des crashs sur consoles, mais ils ont été corrigés dans un patch début mai (plus d’infos ici). Rien à signaler en ce sens de notre coté…
Star Wars Jedi : Survivor fait partie de ces jeux qui bénéficient d’une VF de très bonne facture. Cal est doublé en français par Adrien Larmande (un garde Toad dans le film Super Mario Bros, Nak-Il dans Star Wars : Tales of the Jedi, ou Wrench dans le jeu Watch_Dogs 2 ) ; Géraldine Asselin (la VF de Halle Berry, Shaak Ti dans la série Clone Wars, Cassie Cage dans Mortal Kombat X et 11…) est Cere Junda) ; Jean-François Aupied (la VF de Steven Seagal, Starrick dans Assassin’s Creed Syndicate…) est Greeze Dritus… Et il m’a semblé reconnaître la voix caverneuse de Frédéric Souterelle (Barrett dans FFVII Remake, Kratos dans les récents God of War, Kenshiro dans les films d’animation Hokuto no Ken…) dans les voix additionnelles. Stephen Barton et Gordy Haab rempilent pour une OST parfaitement adaptée à l’ambiance du jeu, et de la saga.
Au final
Il y a quatre ans, nous nous demandions si Fallen Order n’était pas simplement le meilleur jeu Star Wars de tous les temps. La question était alors légitime. Mais elle n’a plus lieu d’être, puisque la suite de ce hit vient de le détrôner. La nouvelle référence dans l’univers étendu Star Wars se nomme Star Wars Jedi : Survivor. Il n’est rien d’autre que LE jeu qui rachète une image à une licence qui s’était essoufflée avec les épisodes VII, VIII et IX au cinéma. Une franchise qui avait perdu de sa saveur depuis qu’elle était tombée entre les mains de Disney. Et ceci malgré de bonnes surprises comme les séries The Mandalorian ou Obi-Wan Kenobi.
Le jeu vidéo Survivor redonne de la profondeur à Star Wars. Sans doute parce qu’il cultive l’art du moment épique, comme avaient pu le faire auparavant L’Empire Contre-Attaque ou Le Retour du Jedi. Mais sans doute aussi parce que son scénario a des choses à nous dire. Sans s’imposer le poids du family-friendly imposé par la souris américaine. Bien entendu, de petites maladresses subsistent encore. Comme un déséquilibre entre les phases nombreuses de parkour, et des combats beaucoup plus rares. Ou comme un scénario qui embarque Cal à la poursuite d’une chimère qui tue la logique et l’esprit de la série : il semble loin le combat contre l’Inquisition.
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Il n’empêche que l’on passe un très bon moment : c’est très agréable à regarder, le jeu est très généreux, les personnages bénéficient d’une vraie écriture tout en profondeur… Et malgré ses faiblesses, le scénario reste meilleur que les derniers films. Comme son héros, cette désormais série gagne en consistance et en maturité. Et si Respawn tire les bons enseignements de ses erreurs, à condition que le jeu ait une suite évidemment, la saga Star Wars Jedi pourrait tout simplement devenir un poids lourd dans le monde du jeu vidéo. Le meilleur jeu de l’année ? Ça va être difficile avec d’autres sérieux concurrents en face ! En revanche, le meilleur jeu Star Wars, ce n’est pas impossible !
Star Wars Jedi : Survivor
- Par : Respawn Entertainment, pour Electronic Arts
- Sur : PlayStation 5, XBox Series X/S, et PC (Steam, Epic, EA).
- Genre : action/aventure
- Classification : PEGI 12
- Prix : 79,99€ pour la version standard
- Conditions de test : testé sur une version dématérialisée PS5, fournie par l’éditeur.
Points positifs
- Visuellement, c’est très beau
- Les animations faciales
- La mise en scène
- La musique
- Un contenu très généreux, bonne durée de vie
- Bonne utilisation de la Dualsense
- La customisation du sabre, les tenues…
- Les arbres de compétences très complets
- Le respect de l’univers Star Wars, les références
- Une aventure rythmée
- Une VF de bonne facture
- Présence d’un New Game +
Points négatifs :
- 150 GO minimum
- Quelques légers bugs
- Les murs invisibles et obstacles incohérents
- Certains passages de l’histoire manquent un peu de profondeur
- le déséquilibre entre parkour et combats
- PS4 et XBox One : pas de bras, pas de chocolat !
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