TEST. – Décidément, Ubisoft revient en force cette fin d’année ! Au beau milieu des hits qui vont faire vendre des consoles à Noël, l’antenne de Montréal propose son nouveau petit bijou : Watch Dogs 2. Allez, les hackers, votre jour de gloire est arrivé !
La suite de… Watch_Dogs !
Je me souviens encore du moment où Ubisoft a annoncé qu’il n’y aurait pas d’Assassin’s Creed cette année ! Je ne saurais dire pourquoi, mais mon instinct de gamer (oui oui, comme Spiderman, mais en version « gamer ») m’a dit : « 2016 sera l’année Watch_Dogs 2« .
Et quelques semaines plus tard, alors que l’E3 2016 allait démarrer, en juin dernier… Bing !! Annonce et premier teaser pour Watch_Dogs 2 ! « Alors ? Qui avait raison ? »
Les réactions à cette annonce auront été très diverses. D’un coté, ceux qui ne pouvaient cacher une certaine crainte, suite à l’accueil mitigé du premier opus. Ceux là même qui disaient que le jeu n’avait pas tenu toutes ses promesses. Qu’Aiden Pierce (le héros : note pour les nouveaux) avait le charisme d’un lampadaire.
D’un autre coté, les ceusses comme moi, franchement emballés par les premiers trailers qui envoyaient clairement du bois ! Enthousiaste, et pour cause ! Au risque de vous décevoir, si Watch_Dogs n’est pas mon jeu vidéo préféré, j’avoue y avoir passé de très bons moments. Quelle que soit l’impression qu’il a laissé, je pense sincèrement qu’il ne mérite pas le « bashing » dont il a parfois pu faire l’objet…
Mais peu importe. La Confrérie des Assassins ayant pris une (ou plusieurs) année(s) sabbatique(s), c’est aujourd’hui Watch_Dogs 2 qui nous intéresse. Il est dispo, on l’a sous la main, et je déclare donc officiellement ce test lancé !
Bienvenue dans un monde « 2.0 »
Dans ce nouvel épisode, nous changeons de lieu, et de héros : adieu Chicago, bonjour la Californie ! Vous voici maintenant dans la baie de San Francisco (Maxime Le Forestier adore ce jeu), centre névralgique de la Silicon Valley et des nouvelles technologies. Notre héros est un jeune pirate informatique du nom de Marcus Holloway.
Les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, et Internet en général ont pris le pouvoir. Nul ne s’en rend compte, puisque chacun n’y voit qu’un intérêt bien pratique. Mais vos données personnelles, des renseignements sur vos habitudes de consommation, sur votre santé, sont vendues, échangées sur la toile.
En consultant ces données, une banque peut vous refuser un crédit, une assurance peut refuser de vous couvrir. Pire, un médecin peut estimer que votre état de santé peut justifier qu’il n’est plus nécessaire de vous soigner. Une cruelle réalité qui va jusqu’à conditionner vos comportements.
Et à la tête de ce trafic de données, le ctOS 2.0, développé par Blume. Toute ressemblance avec une société mondialement connue et archi-millionnaire ne serait que le pur fruit du hasard !.
L’union fait la force
Dedsec est un groupe de hackers qui s’oppose à ce système. Il vous révèle que ce système de gestion de données informatiques est entre les mains de criminels. Aussi, notre bande de pirates envisage t-elle le plus gros hack du siècle : faire tomber ctOS 2.0 !
C’est donc la raison pour laquelle Dedsec souhaite recruter le prometteur Marcus Holloway. Pour cela, le club des pirates lui impose un petit bizutage (faisant office de tuto). Rien de bien méchant, il consiste simplement à aller pirater le ctOS de San Francisco.
Et cela tombe bien ! Marcus a justement des comptes à régler avec Blume qui, pour l’évincer, a quelque peu chargé son casier judiciaire, de crimes qu’il n’a pas commis. Une fois votre première mission accomplie, et votre casier redevenu vierge grâce à une petite manip informatique « ni vue ni connue », vous voilà lâché dans les rues de « Frisco » !
Les réseaux sociaux existent également dans le jeu. Et l’un de vos objectifs sera de véhiculer le message de Dedsec en rassemblant le plus grand nombre de followers, sur le Twitter local. Plus vous serez suivi, et plus votre combat aura de poids. Voilà l’objet d’une quête parmi tant d’autres dans le jeu.
Les scénaristes ont véritablement soigné leur copie, s’appuyant sur un pitch réaliste (et bourré de références, cachées plus ou moins subtilement), qui fera penser à chacun des joueurs que « la fiction de Watch_Dogs 2 n’est finalement pas si loin de la vérité« . L’histoire est crédible, le joueur se sent concerné et la mayonnaise prend facilement !
L’écriture a gagné en légèreté
Alors que Watch_Dogs (premier du nom) était un poil trop sérieux et froid, ce second épisode joue davantage la carte de la légèreté et du décalage. Un fait qui se ressent également dans la direction artistique du titre. WD2 est plus coloré, plus lumineux. Et chaque tableau résonne comme un hommage à la « street culture », avec ses tags sur les murs, son hip-hop, ses artistes excentriques…
Ainsi, vous retrouverez ici différents profils de personnages. « Plus caricaturaux« , diront certains, « attachants et charismatiques » penseront d’autres. Marcus, jeune génie du hack, est un héros vraiment intéressant, qui gagne en profondeur si on se donne la peine d’aller suffisamment loin dans le jeu. Globalement, on suit avec attention les péripéties de cette bande de punks de Dedsec : Wrench le débrouillard masqué, Sitara et Joshua.
Dans l’ensemble, les dialogues sont à la fois drôles et décalés. Les répliques sont souvent assez fleuries, ce qui contribue à l’aspect décalé et au ton léger que j’évoquais plus haut. Watch_Dogs 2 donne tantôt dans l’humour et le second degré, tantôt dans l’irrévérence. Les scénaristes se prennent au jeu (c’est le cas de le dire), et Dedsec « emmerde le Système », en levant haut des majeurs bien tendus.
Et dans la rue, il est agréable d’observer que, contrairement à beaucoup de jeux du genre, les PNJ vivent leur vie sans se préoccuper de vos actes. Ils tondent leur pelouse, se parlent entre eux, sans forcément vous prêter attention. Bien qu’ils vous interpellent parfois (ou qu’ils réagissent si vous les agressez). On peut véritablement parler ici de monde ouvert « dynamique ».
Autrement dit, dans Watch_Dogs 2, vous n’êtes pas le centre de l’univers. Vous êtes noyé dans la masse, aussi importante que soit votre mission. Et mine de rien, cette approche et ce microcosme contribuent à vous immerger dans un univers très cohérent et très réaliste.
ctOS a du soucis à se faire !
Penchons nous maintenant sur ce qui nous intéresse vraiment, l’ADN du jeu : les aptitudes de hacking de Marcus. C’est ce qui va vous permettre de torpiller le ctOS2.0, alors autant y aller franco ! Car en bon hacker qu’il est, Marcus dispose de toute une palette d’outils, plus intéressants les uns que les autres.
Véritable « couteau suisse » du parfait hacker, le premier accessoire incontournable du jeu est bien évidemment votre smartphone. Les développeurs ont ici recréé un véritable environnement firmware (qui fait penser à la fois à Google et iOs). Et via ce système d’exploitation propre au jeu, Marcus va pouvoir télécharger de nombreuses applications.
Elles vont vous permettre d’enrichir vos capacités au fil de l’aventure. Marcus pourra ainsi localiser ses cibles, obtenir des informations sur les citoyens, créer des champs électriques et déclencher des décharges, contrôler des objets ou véhicules à distance, consulter la carte de la ville, mettre la tête de vos ennemis à prix (ce seront soit les gangs, soit la Police qui s’en occuperont)… Autrement dit, les seules choses que Marcus ne peut pas faire avec son portable sont « changer une roue » et « jouer à Pokémon Go ».
L’attaque des drones !
Une fois que vous maîtriserez cet outil, vous pourrez vous atteler à domestiquer d’autres joujous eux aussi très intéressants. En l’occurrence deux drones : le premier, le Jumper, se déplace au sol. Le second, le quadricoptère joue les filles de l’air. Ils diversifient vos aptitudes et vous octroient un excellent moyen de hacker tout en restant à couvert. A condition, évidemment, de posséder suffisamment de fonds pour vous les offrir.
Enfin, le parfait arsenal du hacker ne serait pas complet sans armes. D’une simple matraque souple rétractable, Marcus pourra ensuite acquérir des armes plus puissantes (pistolet à tranquillisant, armes à feu), imprimées en 3D par Dedsec. Que voulez-vous, on est moderne ou on ne l’est pas !
Ajoutez à cela le fait que, lorsqu’il n’est pas assis derrière un clavier, Marcus est un athlète accompli maîtrisant le parkour. C’est un assez bon bastonneur aussi.
Avec autant de possibilités, vous comprendrez qu’Ubisoft vous laisse ici le choix d’accomplir les missions comme bon vous semble. Vous pouvez opter pour une méthode subtile, basée sur l’infiltration et la discrétion. Vous atteindrez ainsi votre but sans faire de victime. Mais vous pouvez aussi choisir une méthode plus expéditive, et foncer dans le tas, tête baissée.
Un terrain de jeu immense
L’un des aspects les plus plaisants de Watch_Dogs 2 est l’immensité du terrain de jeu qui vous est offert : baie de San Francisco, Oakland, Comté de Marin… Des balades à Alcatraz ou aux pieds du Golden Gate, ou encore au siège de la société Nudle (on t’a reconnu, Google !)… Si ce monde se dévoile au fil de vos péripéties, il regorge de missions secondaires, de points d’intérêt, et autre réjouissances qui font que la campagne solo n’est qu’une petite partie du jeu.
Pour vous y retrouver, il est possible de consulter la carte, à tout moment. Fortement inspirée de Google Maps, elle affiche ainsi ces points d’intérêt sous forme d’icônes, à la manière d’un Assassin’s Creed. Ubisoft réutilise des mécaniques qui fonctionnent plutôt bien. Le système de cartographie est plutôt bien fait, et ce sans être obligé d’escalader des clochers.
Et pour se déplacer d’un point A à un point B, rien de tel que de circuler en voiture ou à moto. La conduite des véhicules est plus que correcte. Avec toutefois une permissivité un peu trop exagérée pour les deux-roues. Mais va t-on vraiment s’en plaindre ?
« Un mode multi intelligent »
On ne peut aussi qu’apprécier la manière dont Ubisoft a implanté le mode multijoueur dans cet environnement. Les missions online s’intègrent avec discrétion et intelligence dans la campagne solo. Les autres joueurs apparaissent sur la map, comme dans un MMO. Les missions multi apparaissent marquées en violet. Et vous pourrez accomplir ces missions en solo, mais à deux c’est encore mieux !
La co-op c’est bien, mais on appréciera aussi de trouver des missions JcJ plutôt intéressantes, comme « Invasion par Piratage » ou « Chasseur de Primes ». Des missions qui seront aussi jouables en co-op avec un ami, mais aussi avec d’autres joueurs à vos trousses, épaulés par la Police locale…
Force est de constater qu’Ubisoft, en plus de nous offrir un terrain de jeu immense, a pris soin de ne laisser aucun vide. Chaque endroit, chaque coin de rue est prétexte à nous offrir des quêtes annexes et autres missions. Il y a toujours à faire dans WD2 !
Quelques lacunes ?
Jusqu’ici, Watch Dogs 2 semble avoir tout ce qu’il faut pour constituer LE hit parfait. Jusqu’ici seulement, car en cherchant bien, on lui trouve vite quelques petits défauts.
A commencer par des bugs graphiques, inhérents à ce type de jeux. De l’aliasing, un peu de clipping… On ne peut décidément pas s’en passer. Selon un ami qui joue au jeu sur une PS4-Pro, ces problèmes techniques semblent disparaître sur sa console. Hélas, c’est sur une PlayStation 4 vieille de deux ans que j’effectue ce test !
Le jeu peut aussi parfois donner l’impression d’avoir été programmé pour séduire un public plus « casual », tant il vous facilite la vie sur certains aspects. Ainsi, lors de la plupart des missions, l’IA se révèle un peu idiote, pour ne pas dire parfois franchement stupide. Des vigiles en mode « je te regarde faire pendant que tu castagnes mon collègue » à ceux qui tombent naïvement dans les pièges grossiers que vous leur tendez… L’IA n’est pas « 2.0 », elle !
De même, lors des phases de corps à corps, et quel que soit le nombre d’adversaires, Marcus aura nettement l’avantage dans 90% des situations. Le bougre paraît chétif, mais il cogne fort ! Je veux bien admettre que faire du parkour requiert une condition physique sans faille. Mais on se demande parfois si Blume n’a pas recruté ses agents de sécurité en prenant au pif des gens dans la rue !
Enfin, s’il fallait chipoter, je reviendrais sur le mode solo, vraiment très chouette et addictif, mais dont la mise en scène peut parfois manquer de folie.
Au final
J’attendais beaucoup de ce Watch Dogs 2 ! Et globalement, le dernier né d’Ubisoft m’offre plus que ce que j’en attendais. L’éditeur a pris en compte les remarques des mécontents du premier Watch_Dogs, pour pousser la jauge encore plus loin. Le jeu vous en donner pour votre argent ! Aussi, on sent une réelle intention, d’Ubisoft Montréal, de bien faire, de rendre une copie nickel !
Une fois dans la partie, le jeu nous offre du contenu plus que de raison. Au point qu’il faudra un peu de temps pour s’acclimater à ce riche univers, en saisir toutes les subtilités, et en profiter sans s’éparpiller. Si le ton est plus léger que dans Watch_Dogs, le contenu est beaucoup plus solide. Personnages, scénario et gameplay ont ainsi gagné en profondeur !
Seule ombre au tableau : la technique montre parfois ses limites et ne peut dissimuler des problèmes de collision ou d’aliasing.. Sur PS4 « classique » en tout cas… Mais avec son scénario passionnant, ses personnages haut-en-couleur, ses maps gigantesques, son multi inséré intelligemment, sa tonne de choses à faire… Watch Dogs 2 s’impose comme un must-have, et trouve sa place au beau milieu des méga-hits de cette fin d’année.
Verdict
Avec Watch_Dogs 2, Ubisoft Montréal fait figure de bon élève de la classe, celui qui rend une copie presque parfaite au prof’… Watch Dogs 2 est un jeu fun, passionnant, très complet… Incontournable !
18/20
Les + :
- La liberté d’action
- Les personnages
- La jouabilité, agréable à prendre en main
- Un openworld vivant et cohérent
- Un hommage à la street-culture
- Une infinité de choses à faire
- Un jeu plus coloré, plus fun et plus lumineux que WD1
- Les nouvelles possibilités de hacking (drones notamment)
- Le multijoueur intelligemment intégré
- La mise en scène
- La bande-son éclectique
- Le ton plus léger, l’écriture plus décalée que dans le premier opus
Les – :
- Quelques bugs, du clipping et de l’aliasing
- Certaines pirouettes scénaristiques sont prévisibles
- Au corps à corps ou à moto, Marcus est parfois un peu trop pété
- L’IA pas très fut-fut’
Watch_Dogs 2, par Ubisoft Montréal, sur PC, PS4 et Xbox One. Pegi : 18.
Jeu testé sur une version fournie par l’éditeur.