TEST. – Après de longs mois d’attente, le nouvel opus de la mythique série Fire Emblem est enfin là ! Le jeu se décline en deux cartouches. Dans un monde où deux peuples, Nohr et Hoshido, se font la guerre, quelle camp allez-vous préférer ? Le choix commence dès votre boutique de jeux vidéo favorite ! 

La politique, c’est à la mode !

Bon sang, mais que se passe t-il ? Où que vous alliez, on vous demande de faire de la politique ! De « choisir » ! Batman ou Superman ? Captain America ou Iron Man ?

A vrai dire, chez Nintendo, cela ne date pas d’hier : Pokemon « bleu » ou « rouge » ? « Saphir Alpha » ou « Rubis Omega » ? Inazuma Eleven Chrono Stones version « Tonnerre » ou « Brasier » ? Nintendo aime proposer des jeux déclinés en deux versions, chacune proposant du contenu exclusif, et une histoire qui varie légèrement d’une cartouche à l’autre.

Et c’est justement le cas aujourd’hui, avec la nouvelle version du tactical-RPG Fire Emblem Fates, qui débarque sur 3DS avec deux cartouches : « Conquête » et « Heritage« . Autrement dit, dans un monde où deux peuples se font la guerre, vous êtes né dans une famille royale, et avez été élevé par sa rivale. En fonction du choix de la cartouche, vous aiderez l’une ou l’autre !

ATTENTION : Si vous envisagez de faire TOUTE l’aventure, il serait tentant d’acheter les deux cartouches… Grosse erreur ! Chaque jeu vous coûterait 40€ environ, soit 80€… La bonne méthode consiste à acheter un jeu, puis à acheter le second sous forme de DLC via l’eShop, pour seulement 20€ (c’est aussi le prix du troisième, Revelations, dont je parlerai plus bas). A moins que vous ne choisissiez l’édition collector, qui embarque directement les trois versions avec une seule cartouche…

Tu as été adopté, mon fils !

Dans Fire Emblem Fates, la situation est tendue ! Les deux peuples principaux, Hoshido et Nohr, ne se portent pas vraiment dans leurs coeurs respectifs, et sont sur le point d’entrer en guerre.

Vous incarnez un prince. De quelle nation ? C’est justement là que les choses se compliquent : vous êtes né sur les terres d’Hoshido, mais avez été élevé aux cotés des royaux rejetons de Nohr. Et comme vous n’allez pas pouvoir rester ainsi, le cul entre deux chaises, il va falloir aller vers un camp ou l’autre, et ça commence dès le choix de la version du jeu.

Le royaume d’Hoshido était autrefois en paix sous le règne de la bienveillante reine Mikoto, mais à présent, la guerre semble être la seule réponse possible. Si vous achetez la cartouche « Heritage« , vous devrez vous battre pour Hoshido et ses vertes contrées, au fur et à mesure que vous apprendrez à connaître votre famille, si tant est qu’ils apprennent à vous faire confiance et à vous accepter.

Dans « Conquête« , vous resterez aux cotés de cette famille adoptive de Nohr, qui vous a enlevé alors que vous étiez bébé. Nohr, avec ses paysages plus glauques, est gouvernée par le roi Garon, un roi bien badass qui impose une poigne de fer, terrorisant aussi bien sa famille que ses sujets. Il vous incombe de tenter d’éradiquer le mal depuis l’intérieur de votre propre royaume, évitant ainsi la guerre.

Si les dialogues sont relativement bien écrits, le scénario reste gentillet. Ne comptez pas plonger dans la complexité de Game of Thrones : dans Fire Emblem, les méchants ne sont pas vraiment méchants (à part le roi qui est vraiment un sale type), et si vous choisissez Conquête, votre but sera d’étouffer le mal dans l’oeuf, aidé par vos frères et soeurs qui sont de braves gens, au fond…

Fait que je n’ai pu vérifier, pour n’avoir joué qu’à une seule version du jeu : il semblerait que la version « Conquête » soit plus technique, et plus difficile que « Héritage ». C’est bon à savoir !

Visuellement, c’est du Fire Emblem !

Sans grande surprise, c’est du Fire Emblem ! Ce qui signifie que nous allons retrouver ici la patte graphique bien connue des fans. Les cinématiques claquent, et comme d’habitude, la bande originale propose des plages magnifiques. La « Fire Emblem touch », quoi !

Soyons franc : si les cinématiques sont magnifiques, et si certains décors sont fort jolis, le jeu sait hélas aussi nous piquer les yeux avec des images qui nous rappellent que la 3DS a aussi ses limites graphiques. Certaines textures ou certains éléments virent parfois au cubisme, ce qui peut choquer lorsque l’on vient de regarder une sublime séquence cinématique.

Si le jeu est doublé en Anglais, les textes sont intégralement traduits dans la langue de Molière. Un plus indéniable.

Très « tactique » comme tactical !

Fire Emblem Fates est ce que l’on appelle un T-RPG, ou Tactical-RPG. Autrement dit, il propose ce gameplay si particulier qui déplaît tant aux puristes du Action-RPG : ici, le joueur progresse au tour par tour, en déplaçant son personnage sur une grille. En fonction des déplacements qui vous sont permis, vous devez vous rapprocher de vos ennemis pour pouvoir les frapper ou leur lancer des sorts.

« Tactical » car toute la subtilité du gameplay s’appuie sur vos aptitudes de stratège. Savoir se mettre en retrait pour régénérer ses troupes est tout aussi important que savoir se coller à l’ennemi pour lui balancer des techniques dévastatrices. Et plus qu’ailleurs, savoir anticiper les actions de son adversaire est capital. Comme le disait le Dr House dans la série éponyme : « toujours avoir un coup d’avance« . Fire Emblem ne fait pas appel à vos aptitudes physiques, il est un jeu cérébral, un jeu d’échecs version RPG.

D’entrée, le jeu vous propose trois niveaux de difficulté. Il vous laisse aussi le choix sur le fait que les unités vaincues puissent revenir plus ou moins rapidement, ou pas du tout. A vous de voir, mais sachez que, si vous choisissez cette option radicale, il pourra vous arriver de perdre définitivement des unités auxquelles vous vous étiez attaché… Dure séparation, ou reboot de la partie, au choix 😉

Vous devrez aussi apprendre à maîtriser l’interaction entre les armes, qui vont vous faire jouer à « shifumi » lors des batailles : les épées défoncent les haches, qui pourrissent les lances, elles-mêmes très efficaces contre les épées… Et ça, c’est pour la courte portée, car il faudra aussi intégrer le même mécanisme pour la longue portée, avec les sorts ou les shurikens… Notez que chaque peuple ayant une influence culturelle (Occident pour Nohr ou Asie pour Hoshido), l’arsenal de chacun reste cohérent avec ces cultures.

Bonne nouvelle : les armes ne se dégradent plus désormais ! Autre bonne nouvelle, le système des « duos » sur le champ de bataille est maintenant plus simple à utiliser, soit en plaçant deux unités cote à cote, soit en les fusionnant.

Si un combattant de sang royal se trouve dans vos troupes, vous pourrez aussi activer la « veine dragunaire« , une magie qui a pour effet de modifier le terrain (fait apparaître une zone de soins, assèche une rivière pour faire traverser vos troupes…).

Plus vous progresserez dans l’aventure, plus votre armée s’étoffera. A vous de trouver les bons arguments pour convaincre les différents guerriers de vous rejoindre (en gros, vous pourrez enrôler ceux qui ont un prénom qui s’affiche). Au total, cela vous fait une soixantaine de persos jouables à utiliser.

Le roi du château…

Intéressons nous maintenant au mode « Mon Château« , que vous auriez tort de prendre à la légère. Dans ce mode, vous construisez votre propre forteresse, avec ses boutiques, et une quarantaine d’autres joyeusetés qui pourraient vous laisser penser que nous avons ici un mini-games « city builder » simplement destiné à vous détendre entre deux batailles…

Mais vous l’avez compris, il n’en est rien, et ce mode s’avère beaucoup plus important qu’il n’y paraît. Il vous permet par exemple d’enrôler de nouvelles troupes, si vous avez implanté une prison. Les prisonniers ennemis, après un séjour « bed & breakfast » à l’ombre, peuvent ainsi vous rejoindre.

Le mode « Mon Château » vous offre également des possibilités online non négligeables : vous pouvez, via streetpass, avoir accès aux châteaux des autres joueurs, et ainsi récupérer des bonus en leur rendant visite. Vous pouvez également combattre leurs armées (toujours pour glâner du bonus)… Pensez donc à protéger votre forteresse comme il se doit, ça peut toujours servir !

Faites la guerre… Et des gosses aussi…

Et si vous constatez au final que vous ne disposez pas de suffisamment de « chair à canon », il vous reste une autre solution : faites des gosses pour les engager dans votre armée… Ce qui nous permet d’aborder plus sérieusement un autre élément clé du jeu : les affinités entre les personnages, qui peuvent déboucher notamment sur des mariages.

Et c’est une particularité qui, pour certains (ou certaines) sera l’un des principaux attraits du jeu : constituer des couples… So romantic ! Au fil de votre avancée dans le jeu, vous vous liez d’amitié avec les personnes qui vous entourent. A vous de trouver les bons leviers pour que l’amitié se renforce, en éveillant une attirance qui se changera en amour… Si tout se passe comme prévu, votre héros peut donc se marier et avoir des enfants… Et même si le jeu a été sujet à censure (lire plus bas), il fait preuve d’ouverture en permettant des romances homosexuelles.

Euh… Attendez un instant… Un truc m’interpelle quand je relis le paragraphe précédent : vous faites des enfants qui filent direct sur le champ de bataille ? Oui, je sais, c’est tordu… Mais c’est comme ça, et les scénaristes vous ont prévu une petite pirouette scénaristique pour l’expliquer… Un peu capilotractée, alors je vous laisse la surprise 😉

La censure de la mort qui tue !

Quitte à vous gâcher le plaisir, aussi bon qu’il soit, le jeu ne vous offrira hélas pas toute la richesse et tout le contenu de la version originale japonaise ! La censure est passée par là lorsqu’il a posé le pied (ça a des pieds une cartouche 3DS ?) aux Etats Unis. Scènes coupées, dialogues raccourcis pour d’obscures raisons, et doublage à l’arrache (sans la supervision de Nintendo Japan)… Comme vous vous en doutez, sous-titres en français en plus, nous avons hérité de cette version américaine 🙁

La censure a, en effet, frappé une scène en particulier, jugée polémique :

SPOILER
On a pu voir que le joueur peut développer des affinités entre les personnages, allant parfois jusqu’au mariage. Mais lorsque Soleil (une fille) est amoureuse d’une autre femme, sa grande timidité l’empêche d’aller lui parler. Le héros l’aide en lui remettant une potion permettant de transformer les hommes en femmes et inversement. La jeune fille tombe amoureuse du héros, devenu femme sous l’effet de la potion, mais lorsqu’il retrouve son apparence, Soleil reste amoureuse de lui et le demande en mariage… Homosexualité, potion assimilée à de la drogue, reconversion d’une ex-homosexuelle ? Toujours est-il que la scène a été coupée pour éviter toute polémique …

Elle touche également une fonction du jeu, qui vous permettait notamment de caresser un personnage à l’aide du stylet, un peu à la manière d’un Nintendogs. Sauf qu’ici, nous parlons de « chatouiller » d’autres personnages… C’est sûr qu’aller tripoter une jeune femme en pleine nuit dans sa chambre d’hôtel, ça peut faire désordre ! Les scènes de ce mini-game ont été conservées, mais pas les manips au stylet ^^

Un… Deux… Trois jeux au total !

Jusqu’à présent, nous ne vous avons parlé que de deux versions de Fire Emblem Fates, à savoir les deux versions sur cartouches. Mais il faut savoir que, pour connaître tous les tenants et aboutissants de l’aventure, il vous faudra également acquérir via ne Nintendo eShop, un troisième jeu, intitulé « Fire Emblem Fates : Revelations« .

Cet épisode exclusivement dématérialisé est toutefois à faire uniquement si vous avez terminé l’un ou l’autre des jeux retail. Riche en révélations, il contient comme vous vous en doutez de nombreux spoilers. Dans cette version, votre héros refuse simplement de choisir un camp 😉

Il lance également le débat sur les jeux découpés, comme c’est le cas aujourd’hui. Car si un « Pokemon » reste jouable avec l’une ou l’autre des versions, Fire Emblem Fates crée une certaine frustration de ne pas connaître « l’autre version », et pourra pousser le fan à investir.

La note s’allonge si vous souhaitez profiter des DLC, ou de la fonction Amiibo qui, comme vous vous en doutez, nécessite de posséder les précieuses figurines Fire Emblem (de la série Super Smash Bros : Marth, Ike, Lucina et Daraen.

Au final

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Avec ses 26 ans d’âge, Fire Emblem est l’une des rares licences dont la simple évocation du nom suffit à vous mettre en confiance. En 2013, Awakening était déjà très bon… Aujourd’hui, Fates va encore plus loin : vous pensiez que la 3DS avait tout donné ? Visiblement, elle en a encore sous le pied !

Fire Emblem Fates ne fait pas exception à la règle, et c’est avec un plaisir à peine dissimulable que l’on s’essaie ici à un titre qui compense une difficulté sans doute élevée pour certains, par des mécaniques bien rodées. Un titre « cérébral » à plus d’un titre, qui va vous obliger à réfléchir, à calculer chacun de vos choix, et à anticiper leurs conséquences.

Série emblématique de la marque Nintendo, Fire Emblem nous offre ici le jeu qui appelle tous les superlatifs. Sans doute le meilleur épisode de la saga, et assurément l’un des meilleurs titres de la 3DS !


Verdict

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Tout simplement le meilleur T-RPG ! Et sans doute le meilleur épisode de la série !

18/20

Les + :

  • Un jeu qui vous fait vraiment cogiter !
  • Le chara-design
  • La bande-son
  • Le gameplay est top, complexe mais bien pensé !
  • Grosse durée de vie
  • Les cinématiques et certains paysages
  • Le système de soutien
  • Le mode online « Mon Chateau »
  • 27 chapitres par cartouche, soit à peu près autant d’heures de jeu en ligne droite par cartouche

Les – :

  • Des missions qui tombent parfois dans la routine
  • Quelques écrans piquent un peu les yeux
  • Vers le online, les temps de chargements sont très (trop) longs
  • Le jeu fractionné en trois
  • Le doublage et la censure « made in USA » !
  • Cartouches, DLC, Amiibo… prévoyez un bon budget

Fire Emblem Fates, par Intelligent System pour Nintendo. Sur consoles de la famille 3DS (2DS, 3DS et New 3DS). Pegi 12.

Jeu testé sur une version commerciale fournie par l’éditeur.

Page officielle