TEST. – « Nan, mais les grosses prods et les « triple A », y’a que ça de vrai ! Les p’tits indés, ça ne sert à rien, ce n’est pas intéressant..! » Ces derniers temps, ce genre de réflexions tombent totalement à coté de la plaque ! Les titres indépendants de qualité se suivent, s’enchaînent, et nous en avons encore aujourd’hui un bel exemple ! Quitte à vous spoiler la fin de ce test, Inside, par les créateurs de Limbo, est une pépite ! Démonstration ! 

La « patte PlayDead »

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Pour le studio danois PlayDead, le challenge est de taille ! En 2010, il nous livrait son tout premier jeu, Limbo. Marqué par une direction artistique hors normes (on ne voit que la silhouette du héros, sur fond en noir et blanc), par un gameplay mêlant plate-formes et réflexion, et par une histoire qui n’avait rien de singulière, Limbo séduisait tout le monde, et la presse s’enflammait. Dès lors, pour PlayDead, le challenge était de taille : faire encore mieux !

Et c’est donc avec Inside (sur Xbox One et PC, et désormais également sur PS4) que le studio indépendant récidive. Signe distinctif : le jeu épouse à son tour une direction artistique atypique. Nous ne sommes plus désormais dans un monde en ombres chinoises, mais le titre fait peser une curieuse ambiance, avec ses teintes gris-obscures, ses niveaux qui sentent bon l’industrialisation à outrance. Vous aimez les cheminées, les longs corridors froids, les marais poisseux et les architectures improbables ? Vous allez être servis !

Au niveau du gameplay, nous allons aussi retrouver des similitudes entre les deux titres : un jeu en « vue de coté », dans lequel vous déplacez un personnage qui évolue de la gauche à la droite de l’écran, et dont les seules actions vont se résumer à sauter, s’agripper à certains objets ou interagir ponctuellement avec des éléments du décor. Pas de doute, en à peine deux jeux, on peut déjà parler de « patte PlayDead« , ou de « PlayDead’s touch » !

Seul contre…

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Comme dans Limbo, vous allez ici incarner un enfant. Pour d’obscures raisons, ce petit garçon est lâché en pleine nature, dans une forêt inquiétante. On ignore également pourquoi des hommes sont à ses trousses, avec cette volonté de le capturer, mort ou vif ! Hormis les quelques éléments que je viens de vous livrer, on ignore… tout ! Et pour en savoir plus, il vous faudra progresser dans l’aventure, afin de réunir toutes les pièces du puzzle.

Et comme je l’ai indiqué plus haut, le principe du jeu va consister à fuir ces « agresseurs » à travers la forêt, les marais, et très vite dans ce que je qualifierais de « bâtiments industriels ». Je n’en dirai pas plus, afin d’éviter tout spoil, pour ne pas vous gâcher la surprise d’une histoire sombre mais passionnante ! Sachez simplement que, comme dans Limbo, l’histoire ne vous sera pas racontée avec des textes ou des dialogues : ce sont ici les situations de votre héros muet qui font office de narratrices. On se tait et on savoure !

Seul, votre héros va devoir avancer, de gauche à droite vers l’écran, en résolvant les différentes énigmes qui viennent vous ralentir. Il peut sauter, s’agripper à des objets, en déplacer d’autres. Et cela tombe bien puisque c’est ainsi que vous progresserez : de nombreuses phases de réflexion parsèment votre parcours, et il suffit bien souvent de s’agripper à un levier, de déplacer un bloc pour en atteindre un autre… Pour débloquer le chemin, et continuer… vers une nouvelle énigme. Vos meilleures (et seules) amies dans Inside, ce sont vos cellules grises !

Une fois les énigmes de bases assimilées, Inside introduit de nouvelles mécaniques, par rapport à son ainé : on peut désormais nager (sans se noyer), actionner des mécanismes plus complexes, et même contrôler d’autres personnages tiers (je vous laisse une fois encore la surprise). L’éditeur nous ressert des mécanismes qu’il maîtrise désormais, mais se paye le luxe d’en installer de nouveaux, non sans un certain savoir-faire.

Si dans Limbo, votre progression passait bien souvent par l’échec, Inside m’a semblé être beaucoup moins punitif que son aîné. Bien que vous devrez très certainement sacrifier quelques vies sur certains pièges pour comprendre comment les dénouer…

On pourrait presque reprocher à Inside sa durée de vie qui peut sembler limitée : comptez au maximum six heures pour voir la surprenante séquence de fin ! Cela semble court, tant le jeu nous aura passionné, mais cette expérience se suffit à elle-même, et avec le recul, je reconnais que nous avons ici la durée de vie est parfaite : tout est dit, et quelques heures de plus auraient été superflues, n’auraient sans doute été que du remplissage inutile.

Une oeuvre d’art ?

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Je ne sais pas vraiment ce qui est le plus marquant dans Inside ! Est-ce son scénario à la fois mystérieux et accrocheur ? Son gameplay épuré mais pourtant d’une efficacité diabolique ? Son ambiance pesante mais attachante ? A moins que ce ne soit sa direction artistique, tout simplement à tomber ?

Lorsque certains crieraient au scandale devant tant de simplicité, force est de constater que cette direction artistique est tout simplement scotchante ! Certes, les environnements sont minimalistes, le jeu s’affiche en 2D, mais les différents écrans sont si réussis, fourmillent de tant de petits détails en arrière plan, que chaque arrivée dans un nouveau tableau nous semble être une redécouverte du jeu. Cerise sur le gâteau : plus on avance dans le jeu, et plus cet intérêt se fait ressentir.

Au niveau du son, là encore, les équipes de PlayDead se contentent du strict minimum : quelques sons d’ambiance et des musiques très discrètes, mais réussies dans l’ensemble. Quand de nombreux titres nous auraient assommés avec des symphonies tournant en boucle, les compositeurs se contentent ici de colorer les niveaux avec des partitions qui collent parfaitement à l’ensemble du titre.

Au final

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On avait adoré Limbo, Inside est encore un cran au dessus ! Ambiance mystérieuse et sombre à souhait (qui vous met même parfois un poil mal à l’aise), gameplay maîtrisé, graphismes épurés mais superbes… Avec ce deuxième jeu vidéo, les danois de PlayDead confirment et poursuivent leur ascension dans le petit monde fermé des développeurs de talent !

Bien sûr, je suis bien conscient que tout le monde n’adhérera pas à cet univers si particulier, que d’autres seront frustrés par l’aspect « die & retry » qui s’invitera un peu trop à leur goût, ou seront déçus par une durée de vie qui se limite à cinq ou six heures grand max pour boucler le titre (mais qui sont pourtant largement suffisantes pour nous conter cette étrange histoire).

Quoi qu’il en soit, Inside est vraiment un excellent jeu, une expérience qui ne laissera personne indifférent. Ceux qui tenteront l’aventure s’embarqueront pour un captivant voyage, que l’on citera sans doute encore dans dix ans.


Verdict

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Un chef d’oeuvre, tout simplement !

18/20

Les + :

  • Des énigmes vraiment bien pensées
  • Des mécaniques réussies
  • Une aventure rythmée
  • La direction artistique, la mise en scène… Que du bon !
  • Oh mon dieu, ce final !!
  • L’ambiance est fantastique, l’atmosphère sombre et mystérieuse…
  • Un jeu qui fait bosser vos méninges

Les – :

  • Une fois l’aventure terminée, on aurait aimé plus de rejouabilité…
  • Si tu n’utilises pas ta cervelle, tu meurs… souvent !

Inside, par PlayDead, sur PS4, Xbox One et PC.

Jeu testé sur une version fournie par l’éditeur.

Site officiel