TEST. – On a, depuis quelques années, appris à le qualifier d’arlésienne du jeu vidéo. Mais ce temps est révolu. Après une très longue attente, The Last Guardian est enfin là ! Le jeu est-il à la hauteur de cette attente ? C’est ce que nous allons voir ici !
On a failli attendre !
Mais qu’est ce que c’est que cet intertitre, du gars limite blasé, qui râle encore ! Calmez-vous les amis… Cet intertitre est là pour nous rappeler que, The Last Guardian, ce n’est pas un jeu qui a été annoncé l’année dernière. C’est le moins que je puisse dire !
Pour être exact, il partage un point commun avec Final Fantasy XV et Kingdom Hearts 3. Ces trois titres ont été annoncés il y a fort longtemps, maintenant. Et ce sont même les trois jeux qui m’ont fait acheter une PS3, support sur lequel ils avaient initialement été annoncés.
Car souvenez-vous ! La toute première annonce de The Last Guardian remonte à… l’E3 2009 ! A cette époque, on parle alors de « Project Trico ». Nom que l’on peut littéralement traduire par « Ico 3 », puisqu’il est le fruit du travail de la fameuse Team Ico, et du génial Fumito Ueda. Celui à qui l’on doit Ico (PS1) et Shadow of the Colossus (sur PS2 en 2005).
A cette époque, un premier trailer tombe à s’en décrocher la mâchoire. On y découvre déjà la base : un jeune garçon, et une immense créature, dans des temples en ruine. Le ton est donné ! La Team est au meilleur de sa forme, et Project Trico se pose comme le digne successeur de ses deux aînés.
Hélas, le jeu tombera ensuite dans un oubli médiatique qui laissera même penser que le projet est annulé. Il devient alors une « arlésienne » du jeu vidéo. Jusqu’à ce qu’il ne réapparaisse en 2015, annoncé cette fois sur PS4 !
Note : Pourquoi notre test arrive si tard ?
C’est une bonne question ! Tout simplement parce que, d’une part, on a pas mal été occupés en fin d’année… Ensuite, pour The Last Guardian, je tenais absolument à me procurer l’édition collector, devenue difficile à trouver pendant les fêtes. Mais avec les soldes, j’ai eu la chance de trouver cette édition à 79€ au lieu de 130€ (voir aussi notre unboxing sur notre chaîne YouTube).
Le garçon et la bête
Comme la « team Ico » nous y a habitué avec ses précédents titres, The Last Guardian nous entraîne dans un univers très mystérieux. Dont nous ne savons au final pas grand chose ! On peut difficilement situer le récit, historiquement ou géographiquement.
The Last Guardian nous fait faire connaissance avec un jeune garçon, visiblement l’objet d’un sacrifice (tiens donc, ça me rappelle quelque chose). Il se réveille dans une grotte humide. Au beau milieu d’un lieu énigmatique et en apparence désert appelé « le nid », que l’on dit être le repaire de chimères mangeuses d’hommes.
Le nid est une sorte d’îlot, perdu au milieu de nulle part. Il est caractérisé par la présence d’une végétation abondante, et de gigantesques ruines de temples anciens. Il semble aussi peuplé par des forces occultes mystérieuses.
Notre jeune héros se réveille à coté d’un puits. A sa grande surprise, son corps a été couvert de tatouages. Pire encore, une énorme créature gît à coté de lui, enchaînée et sérieusement blessée. L’objectif de notre jeune ami sera donc de s’évader de ce bourbier, en se disant au passage qu’une grosse bébête serait une aide précieuse.
I love Trico !
Trico, c’est le nom de la créature qui va vous accompagner tout au long du jeu. Et Trico, il est trop cool, trop mimi : s’il prend un peu de place, je veux le même à la maison, pour lui faire des papouilles et lui donner des tonneaux à manger ^^
Blagues à part, vous l’aurez compris, cette créature cornue est la sève même de l’aventure. On ne sait pas trop ce qu’il est, à vrai dire. Une chimère, avec des serres d’aigle, des plumes et des ailes, et une grosse tête de chaton, ou de chiot… Bref, chacun y voit ce qu’il veut.
Toujours est-il que tout va reposer sur les liens que votre personnage va tisser avec Trico. Méfiant au départ, il donne petit à petit sa confiance au garçonnet. De l’autre coté de l’écran, le joueur assiste à une magnifique amitié naissante entre la bête et le garçon. On s’émeut au moindre petit couinement de Trico, mais on ne supporte pas lorsqu’il est blessé…
Et ce lien très fort est superbement mis en scène par le studio, qui est allé jusqu’à consulter des comportementalistes animaliers pour insuffler à Trico des réactions, des mimiques très réalistes. Le joueur incarne le garçon, et ne peut donc que subir cet affect qui vous happe dès les premiers instants. Et qui provoquera certainement quelques coulées de larmes sur votre petite joue de gamer émotif.
Vous l’aurez compris, sans Trico, le jeu ne serait pas ce qu’il est. La créature est attachante, vraiment ! Et l’amitié entre les deux héros est, à mon avis, la plus grosse réussite du jeu. Qui ne manque cependant pas de bonnes surprises.
Un gameplay à domestiquer
Comme Trico, le gameplay du jeu demande à être apprivoisé. Bien qu’il ne soit pas non plus inabordable, il demande tout de même une certaine prise en main.
Les commandes, assez basiques, se limitent à se déplacer, courir, saisir des objets, les lancer ou les pousser. Une touche vous permet également d’appeler Trico lorsque vous avez besoin qu’il intervienne.
Les interactions avec la créature sont d’ailleurs assez complètes. Vous pouvez aussi lui donner à manger en lui lançant des tonneaux. Enfin, notre héros trouve très vite un bouclier-miroir qui pointe un rayon de lumière où vous le souhaitez. Trico réagit à ce rayon en envoyant des éclairs destructeurs. Pratique pour ouvrir des passages !
The Last Guardian est avant tout un jeu d’énigmes et d’exploration. Votre aventure pourrait se résumer à traverser des salles, débloquer des portes en trouvant comment actionner des mécanismes… Vous devrez aussi pousser des caisses, péter les symboles qui paralysent Trico de peur, ou vous servir de votre bouclier pour ouvrir la voie.
Votre héros n’est pas un guerrier, juste un enfant. Aussi, lorsqu’il est assailli par de mystérieuses armures, préférez la fuite ! Evitez-les, et si Trico est dans les parages, appelez-le ! Il prendra un malin plaisir à les désosser ! Un mécanisme qui renforce encore le lien avec Trico.
Notez que les développeurs ont considérablement facilité un gameplay qu’ils estimaient trop punitif. Ainsi, par exemple, le garçon s’accroche automatiquement à Trico, sans que vous ne soyez obligés de maintenir une quelconque touche.
Aussi, lorsque vous faites une chute d’un peu trop haut, votre personnage en sera handicapé momentanément, boitant et se tenant les cotes. L’objectif du jeu n’est pas de mourir, mais de résoudre des énigmes !
Du sable dans les rouages
Si l’on a envie d’enchaîner les superlatifs à la simple évocation du jeu, il faut raison garder ! Comme la plupart des titres, il n’est pas dénué de défauts, et ce que nous allons voir maintenant !
A commencer par le plus agaçant d’entre eux : la caméra a souvent tendance à faire ce qu’elle veut. Il est fréquent qu’elle se place un peu n’importe comment. Ce qui, vous vous en doutez, vient nuire à la lisibilité de l’action en cours. En balade, ce n’est pas trop gênant, mais pendant des combats, ça énerve !
Globalement, si la direction artistique et l’architecture des environnements est superbe de gigantisme et de détails, le jeu accuse le poids des années. On sent qu’il a initialement été développé pour la PS3, et sur une PS4 classique, vous allez avoir le droit à de l’aliasing et à quelques chutes de framerate. Certains bugs graphiques viennent compléter le tableau.
Et puisque je parle de « ceux qui font un peu trop ce qu’ils veulent« , Trico n’est pas mal non plus dans son genre. C’est un animal, et je déteste lorsque son coté « chat » prend le dessus. Vous avez trouvé la solution à l’énigme qui se dresse devant vous, Trico doit faire telle action pour cela… Sauf que la bestiole n’en a rien à faire, et préfère piquer un roupillon. Ou est obsédée par un tonneau (sa nourriture) juste à coté … Allez faire un petit tour, revenez, et si Trico est bien luné, il vous aidera…
Nous avons vu que la relation fusionnelle entre les deux protagonistes fait toute la saveur du jeu. Mais parfois, certaines actions, répétées trop souvent, viennent à mon sens gâcher cette belle relation. Par exemple, Trico qui rattrape le garçon in-extrémis, c’est beau la première fois. Mais au bout de six ou sept fois, ça ne surprend plus le joueur !
l’IA induit en erreur
Enfin, je terminerai sur les énigmes. Si en apparence, le jeu laisse penser que votre liberté est grande, il n’en est rien. Très vite, vous comprendrez que, pour avancer, il n’y a qu’une seule possibilité, une seule solution. On peut fermer les yeux et ne pas prêter attention à ce manque de permissivité. Mais si on le remarque, le titre de Fumito Ueda n’en devient qu’un poil trop scripté.
Je reviens ici sur le comportement de Trico. Lorsque j’évoquais plus haut le fait que Trico ne vous obéissait pas toujours, ce comportement peut s’apparenter à sa nature sauvage. Mais parfois, cette latence est due à des bugs. Et cela va vous induire en erreur.
Autrement dit, vous avez trouvé la solution, mais la réaction (ou la non-réaction) de Trico va vous faire penser qu’il faut chercher ailleurs. Alors, vous tournez en rond, pour rien, pendant longtemps, avant que l’animal ne réagisse enfin, pour vous faire revenir à votre solution de départ. Donc, frustration !
Au final
Un grand merci à Sony, pour nous avoir sorti un jeu qui fait un énorme doigt d’honneur à ceux qui disent que le jeu vidéo est moche, rend stupide ou fait l’apologie de la violence. Quelques minutes sur The Last Guardian suffiront désormais à clouer définitivement le bec à tous ces idiots de détracteurs !
Je ne vais pas faire durer l’attente plus longtemps (je préfère retourner jouer), The Last Guardian est tout simplement l’un des meilleurs jeux que nous ayons pu voir ces dix dernières années. Tout y est : graphismes sublimes, musique à tomber, poésie, affect… On a tout !
Bien évidemment, on a aussi les problèmes récurrents (soucis de caméra, jouabilité parfois hasardeuse), mais le récit, l’ambiance et la direction artistique du jeu nous font oublier tout le reste, et hissent le soft au rang des titres cultes du jeu vidéo.
Verdict
Malgré quelques soucis d’ordre technique, The Last Guardian est une fantastique aventure, chargée d’émerveillement et d’émotions. Un must-have de la PS4 !
16/20
Les + :
- Trico ♥♥♥
- La relation entre l’enfant et la bête, tout simplement magnifique
- Une bande-originale fabuleuse, signée Takeshi Furukawa
- Le level-design : c’est beau, vertigineux, gigantesque
- Le dépaysement total
- Des scènes épiques
- Un scénario passionnant, émouvant
- De la réflexion et de l’exploration à gogo
- Vous allez passer par pas mal d’émotions
Les – :
- La jouabilité demande un certain apprentissage
- Des soucis de caméra handicapants
- Le comportement de Trico peut parfois vous induire en erreur et vous faire chercher dans la mauvaise direction
- De l’aliasing et des chutes de framerate
- Certaines actions « émotionnelles » qui se répètent un peu trop
- On sent que la PS4 classique crache ses entrailles
The Last Guardian, par Japan Studio, en exclusivité sur PS4.
Test réalisé sur une version commerciale, sur une PS4 classique.
Site officiel