Depuis le temps qu’on l’attendait ! Annoncé il y a trois ans, Forza Motorsport, le nouveau jeu de courses de Turn10, dont le nom sonne comme un reboot, est enfin là ! Après avoir enchaîné les trailers aux images époustouflantes, XBox Game Studios nous permet enfin de nous lancer dans les courses endiablées de son dernier bébé. Les moteurs vrombissent, les feux s’éteignent… Et c’est le départ de notre test de Forza Motorsport !
On prend les mêmes et on recommence
Si vous êtes un fan de la marque XBox, vous connaissez sans doute l’une des ses séries phares : Forza. Avec, en alternance, deux identités distinctes : l’original Forza Motorsport pour la simulation sportive sur circuits, et Forza Horizon pour le jeu d’arcade en openworld (à la Need for Speed). Le dernier épisode étant un « Horizon » (Forza Horizon 5 en 2021), il est donc logique de revenir à un Motorsport pour cette nouvelle sortie de la franchise. Il arrive 6 ans après la sortie du 7e Forza Motorsport, c’est dire si l’attente est là.
Le tout premier Forza Motorsport est sorti en 2005, développé par Turn10 Studio. Il est le seul épisode à être sorti sur la toute première XBox. Console sur laquelle la course était jusqu’alors représentée par un Project Gotham Racing (Bizarre Creations) qui s’est écoulé dans le monde à 2,12 millions d’exemplaires (c’est le 9e jeu le plus vendu sur ce support). Le 3e et dernier épisode de PGR sortira en novembre 2003, avant que Microsoft ne se tourne vers un autre studio pour développer SON Gran Turismo.
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Et ce développeur, c’est Turn10 Studios. Une petite équipe d’environ 170 personnes spécialisée dans la franchise Forza Motorsport, puisqu’elle s’est essentiellement chargée des 8 opus (Forza Horizon est signé par Playground Games). Le studio Turn10 fait partie d’une structure plus étendue, qui rassemble 32 développeurs pour le compte de Microsoft : XBox Game Studios. Et cela ne vous surprendra donc pas : c’est Turn10 qui a été annoncé au développement de ce Forza Motorsport 2023 !
À la surprise générale, ce nouvel épisode n’est pas un Forza Motorsport 8 comme le voudrait la logique chronologique, mais un simple Forza Motorsport. Décidément, la mode est au reboot ! Le jeu a été annoncé lors du XBox Showcase de 2020, pour une sortie au printemps 2023 (il sera finalement repoussé à octobre). Il est le premier opus à être exclusif à cette génération de machines : PC et XBox Series X/S (pas de XBox One, donc).
Le jeu de la démesure ?
Forza Motorsport a été annoncé comme le jeu qui remet tout à plat, et tire le meilleur des performances des machines actuelles. Turn10 annonce plus de 500 véhicules au lancement du jeu (dont une centaine de nouveaux) et plus de 800 améliorations pour ces bolides… Mais aussi des sons moteur réalistes, des sensations de conduite affinées, du ray-tracing, des véhicules qui se dégradent, des effets de particules (poussière, eau)… Sur le papier, nous sommes face à une bombe atomique ! Un jeu qui, au regard des premiers visuels dévoilés, pourrait bien ambitionner d’ écraser un certain Gran Turismo 7 sorti en face chez PlayStation !
D’autant que, contrairement aux précédents épisodes de Forza et à la concurrence, ce Forza Motorsport est une exclusivité de la nouvelle génération. Il a été pensé pour les XBox Series X et S, ainsi que pour les PC de dernière génération (si vous avez encore votre XBox One, il est temps de changer de machine). On sent donc que les développeurs ont eu les coudées franches pour se lâcher et nous en mettre plein la vue. Et c’est là la grande force de cet épisode : il nous explose la rétine. Tant pour ses cinématiques à la limite du photoréalisme, que pour ses circuits ultra-détaillés. C’est beau, et en piste, le temps fait son œuvre : le gazon se dégrade en gardant les marques des sorties de piste, les flaques d’eau se forment sur le tarmac, les voitures conservent les traces des chocs… Juste magnifique !
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En revanche, s’il est un point sur lequel le jeu ne fait pas dans la démesure, c’est bien pour son contenu. Un mode histoire, des courses rapides, des événements périodiques, du online, des voitures à acheter, collectionner et améliorer… On ne va pas se mentir : vous allez très vite faire le tour du jeu. À plus forte raison si vous êtes un fidèle de la série. C’est vraiment la déception de ce Forza : son contenu s’avère au final assez maigrichon, d’autant que le jeu n’a même pas la délicatesse de nous proposer un mode multijoueur en local (écran splitté). Ce qui, pour un jeu de ce niveau (et qu’on a envie de partager avec les potes), est surprenant. Et que dire des (seulement) 22 tracés proposés ?
Je ne me prononcerai pas sur le mode online. On nous a promis un mode très riche, avec énormément de contenu et des mises à jour régulières… Bref, un mode qui fait le job à lui seul, et assure une longévité sans faille au jeu de Turn10. Hélas, je n’ai pas pu m’essayer à ce mode, car mon test a été réalisé en partie avant la sortie du jeu. Donc avant que le online ne soit disponible. De plus, étant abonnée au GamePass Console (celui à 10,99€), qui ne permet pas de jouer en ligne. Contrairement au GamePass Core (6,99€) ou au GamePass Ultimate (14,99€).
Manette en main, ça donne quoi ?
On est sur un Motorsport, donc sur une jouabilité davantage orientée Simulation que dans un Forza Horizon. Plus exactement, les développeurs recherchent un équilibre entre la conduite réaliste, digne des courses automobiles, et le plaisir de conduire, pour ne pas non plus fermer la porte à celles et ceux qui veulent juste passer un bon moment. On parlera donc de Simcade pour qualifier Forza Motorsport (contraction de simulation+arcade). Donc un titre qui va combler à la fois le joueur dont c’est le tout premier jeu de courses… Comme celui qui ne joue qu’en manuel, sans assistance et après avoir passé deux heures dans les réglages.
En jeu, ça se concrétise par une conduite à la fois instinctive (on comprend comment ça fonctionne dès les premiers tours de roues) et exigeante. La faute à un système de pénalités qui peut vous sanctionner si vous sortez trop souvent de la piste ou si votre conduite est jugée antisportive. De plus, les développeurs ont amélioré l’IA, qui est ici aux petits oignons. Pas forcément très futée si vous jouez en facile, mais clairement diabolique en difficile. Signe particulier de cette IA : on a l’impression de conduire face à de vrais pilotes. Certains ayant un sens inné pour partir à la faute sous la pression, d’autres à vous tamponner contre les rambardes de sécurité. Ça peut choquer si vous êtes habitués aux adversaires qui se suivent sagement à la queue leu-leu.
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Les sensations sont excellentes. Et on ressent, même à la manette, les différences entre les plus petits gabarits, et les voitures de course plus puissantes. Les premières semblent se traîner sur la piste, mais offrent un bon compromis pour les débutants tant elles collent à la route. Les GT ou les monoplaces sont moins abordables car plus difficiles à contrôler. Elles vont plus vite, certes, mais la moindre erreur vous envoie hors piste, ou en tête à queue. La vitesse est grisante, et encore plus si vous jouez sous la pluie, puisque le jeu propose aussi un cycle jour/nuit et une météo dynamique : sensations fortes garanties.
En jeu, j’avoue avoir souffert assez souvent de la proximité des deux touches R sur la manette XBox. L’une sert à accélérer, l’autre à changer de vue, avec les réglages par défaut. Autant de dire que je me suis laissée déconcentrer un bon nombre de fois par un changement de vue, alors que je cherchais juste à déplacer mon doigt sur l’accélérateur. En revanche, très gros point fort avec la question de l’accessibilité : Forza Motorsport est sans doute le jeu vidéo qui pense le plus aux personnes handicapées. Sourds et malentendants, mal-voyants ou aveugles, handicaps moteurs plus ou moins lourds, daltonisme… Le menu dédié aux réglages inclusifs est très complet et permet de « fabriquer » une jouabilité à la carte, en fonction du handicap (le jeu est aussi compatible avec la manette inclusive XBox).
Ces petits trucs nous ont fait tiquer
Si le jeu a de nombreux atouts à mettre en avant, il a aussi des défauts. Des petits trucs qui ne vont pas, et peuvent même agacer. Et le premier d’entre eux est évidemment ce procédé, dans le mode Carrière, qui consiste à nous demander de faire des tours d’entraînement avant la course en elle même. Autrement dit, pour chaque chapitre, avant de démarrer la course, vous devez vous coltiner trois tours de chauffe pour vous faire la main. En course automobile, ça peut s’apparenter à des qualifications… Mais pourquoi nous l’imposer ainsi, sans avoir la possibilité d’aller à l’essentiel si on le souhaite ? Ce qui a pour effet de rallonger artificiellement le jeu là où on n’en a pas forcément envie. On n’aime pas forcément !
Le second point, je l’ai évoqué plus haut : c’est le manque de contenu du jeu. C’est bien, mais on a déjà vu mieux, y compris dans les précédents jeux Forza. Des modes plus funs, des championnats en nombre, et surtout un mode multijoueur en local… Voilà ce que nous aurions aimé trouver en plus dans le jeu. Ce Forza Motorsport nous donne l’impression de se contenter de répondre à un cahier des charges, en nous offrant la base, mais sans oser la petite touche de folie.
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Ce qui nous amène à un point qui en découle : le soft manque parfois de personnalité. De cette petite touche qui en ferait un jeu unique, se démarquant des autres épisodes de la série. Et au final, malgré le fait que le jeu soit beau visuellement, il manque de caractère et reste un titre standard. Un jeu qui aura sans doute sa communauté de fans, mais que beaucoup risquent d’oublier dès que sortira un nouvel opus. Ou dès que sortira un concurrent comme un Assetto Corsa ou autre. Forza Motorsport a un potentiel énorme, mais ne l’exploite pas comme on pourrait l’espérer.
Malgré tout, difficile de lui en vouloir. Le jeu est très attachant, il est le premier à être exclusif à la nouvelle génération, et est vraiment très plaisant manette en main. Bref, il a ses défauts, mais reste un bon jeu sur la XBox Series X ou S.Et puis, je ne l’ai pas encore dit, mais il est inclus dans le GamePass. Autrement dit, si vous êtes abonné, vous pouvez le télécharger gratuitement dès maintenant ! Alors, ce serait bête de s’en priver !
Au final
Forza Motorsport est un jeu magnifique, avec des voitures superbement modélisées et des tracés très détaillés (à l’exception de quelques pistes plus ternes). De plus, il vous offre des sensations de conduite absolument géniales. Pourtant, il peut surprendre par son contenu un peu chiche, et par des ambitions qu’il peine à concrétiser. Il lui manque ce petit truc, cette personnalité, ce charisme, qui lui permettrait d’écraser la concurrence, mais aussi les précédents volets. Pour un jeu dont le nom sonne comme un reboot, c’est en tout cas ce à quoi on s’attendait.
Mais pour une claque magistrale, il faudra sans doute attendre le prochain épisode. Celui-ci est très bon, mais souffre de trop de lacunes pour devenir incontournable. On a aimé ? Oui, très clairement, et ça fait très clairement du bien de voir une telle pépite sur XBox. Mais on en attendait davantage. Ce qui ne signifie pas que le jeu soit à jeter, bien au contraire : Turn10 réalise un vrai tour de force, prouvant que le studio maîtrise les capacités hors normes de la Series X/S. Alors en toute franchise, on va continuer à jouer, et suivre l’évolution du jeu. En espérant que, comme le bon vin, il se bonifie avec le temps… Mais qu’on se rassure : s’il ne s’agit pas du meilleur jeu de simulation de courses, il se situe néanmoins parmi les tops…
Forza Motorsport
- Par : Turn10 Studios, pour XBox Game Studios
- Sur : XBox Series X/S et PC
- Genre : course automobile
- Classification : PEGI 3
- Prix : 79,99€ pour l’édition standard.
- Conditions de test : testé sur Series S, joué à la manette, sur une version Deluxe fournie par l’éditeur.
Les points positifs :
- Visuellement, des cinématiques magnifiques et très détaillées, le jeu est beau
- Les voitures et la piste qui se dégradent
- La météo, l’un des points forts de FM (cycle jour/nuit, météo dynamique…)
- Plus de 500 caisses de folie, et 800 améliorations
- Les sensations de conduite
- L’expérience à acquérir pour chaque circuit
- Inclus d’entrée dans le GamePass
- Une IA à la pointe
- Un jeu très accessible
- Les réglages inclusifs
- Avec autant de réglages, tout le monde y trouve son bonheur
Les points négatifs :
- Peu de contenu
- Pas de multijoueur en local
- Les 3 tours d’entraînement à chaque fois en Carrière
- Seulement 22 circuits
- Le mode carrière vite répétitif
- In-game, c’est parfois moins joli que dans les cinématiques
- La connexion obligatoire pour jouer
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