Développé par Sting pour Aquaplus, Utawarerumono est un RPG/Tactic à (très) forte connotation « graphic-novel ». Il n’était jusqu’alors disponible qu’au Japon. Mais Deep Silver a décidé d’occidentaliser ses deux volets. Utawarerumono : Mask of Deception ouvre le bal ce mois-ci. En attendant sa suite, Mask of Truth, le 5 septembre.

Il était une fois…

Utawarerumono est un titre parfaitement inconnu en Europe. Pourtant, au Japon, la série date de 2001. Pour sa première version PC, portée en 2006 sur PS2, et sur PSP en 2009. La série sera d’ailleurs adaptée en manga et en anime dans la foulée.

Sa suite, celle qui nous intéresse aujourd’hui, est sortie au Japon en 2015, sur PS3, PS4 et PS-Vita. Pour cette version européenne, seules la PS4 et la PS-Vita auront leur localisation.

Utawarerumono : Mask of Deception (Utawarerumono : Itsuwari no Kamen au Japon) nous raconte l’histoire d’un jeune homme amnésique. D’où vient-il ?  Que fait-il dans ce monde ? Le jeu débute au sommet d’une montagne enneigée. Le protagoniste principal se réveille encerclé par des créatures menaçantes. Alors qu’il ne porte qu’une blouse d’hôpital et qu’il souffre d’une migraine assommante.

Aussi, il est sauvé par une superbe jeune femme nommée Kuon, portant des oreilles d’animal et une queue. Quand elle découvre que le rescapé est complètement amnésique, Kuon décide de s’en occuper. Et elle lui trouve aussi un petit nom : Haku.

Au fil de leur périple, Haku et Kuon feront ainsi la connaissance de nombreux personnages pittoresques (oui, nous parlons bien d’hybrides « homme-animaux »),. Le héros amnésique développera de profonds liens d’amitié, combattra d’impitoyables ennemis. Et se retrouvera pris dans les machinations politiques de la puissante nation de Yamato…

Un gameplay en deux temps

Le gameplay d’Utawarerumono : Mask of Deception se découpe, inégalement, en deux parties bien distinctes. La première, le « mode aventure » est ce que l’on appelle du « visual novel« . Autrement dit, l’enchaînement de différents tableaux fixes, fort jolis, pendant lesquels vos personnages se parlent… Beaucoup !

Et puis, de temps en temps dans cet océan de parlotte, se déclenchent des combats. Après une phase de préparation de votre équipe, le combat s’engage dans un style « tactical RPG« . Déplacez votre personnage, près de vos ennemis ou en retrait, et envoyez vos attaques pour vaincre les adversaires.

Préparation de votre team, expérience gagnée individuellement pendant le combat (quand vous grimpez d’un niveau pendant la bataille, vous regagnez votre vie) mais aussi après pour toute l’équipe ; objectifs à remplir ; combos ; points bonus à répartir ; skills à upgrader ; « action chain » ; possibilité d’esquiver les attaques ennemies… Ce mode T-RPG est vraiment génial ! Dynamique, bien pensé, offrant de multiples possibilités… C’est LA grosse réussite du jeu !

Deux types de jeux en un, donc. Mais attention, ne nous méprenons pas ! Si vous êtes un grand amateur de Tactical-RPG, ayant lorgné sur cette petite perle, que les choses soient claires ! Ne comptez pas vraiment sur une alternance entre les deux genres. Ici, ils ne font pas jeu égal. En effet, avec à peu près 90% de VN et 10% de Tactical (c’est une estimation personnelle), la dimension Visual Novel aurait presque tendance à étouffer le coté T-RPG.

Pour illustrer mon propos, sur ma première quinzaine d’heures de jeu, j’ai dû à peine faire cinq ou six combats, tutoriel compris. C’est vraiment dommage, d’autant que le système est dynamique, plutôt bien fichu. On en redemande, avec le regret de devoir faire défiler 12.000 pages de textes entre deux combats.

Notez toutefois qu’une fois le jeu terminé, vous débloquerez un mode « New Game + », ainsi qu’un mode vous permettant d’enchaîner uniquement les combats.

Kawaïïïï !!!

Comme vous pouvez vous en douter, qui dit « visual novel » dit forcément « quantité industrielle de textes et de dialogues ». Des textes qui, s’ils sont lus en japonais (cool !), ne disposeront que de sous-titres en Anglais. Cela peut être une barrière pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue.

Ceci dit, ne soyons pas non plus trop durs ! Je n’ai pas la prétention d’être un grand expert de la langue de Shakespeare, mais je dois reconnaître que le récit est vraiment très abordable, très accessible ! Pour tout vous dire, j’ai même saisi le sens des nombreuses vannes et gags glissés ici et là dans le jeu.

Fait amusant : la plupart des phrases lues débutent par des soupirs, des exclamations, des interjections… Aussi, si jamais vous avez une fâcheuse tendance à accélérer les fenêtres lors de passages moins intéressants (ne le niez pas, je vous connais), attention !

Les toutes premières secondes de chaque phrase seront quand même lues, même si vous spammez la touche « croix ». Créant une étrange compilation de sons… Pensez à couper le volume, ou à le baisser très fort ! Dans le cas contraire, vous pourriez donner l’impression à vos voisins (ou à vos parents) que vous êtes en train de regarder un hentaï ! « Mmmm… Huh… Haaannn… Hiinnnn… » Non non, ce n’est pas ce que vous croyez !

Ou bien… Un peu quand même ! Puisque Utawarerumono est aussi réputé pour ses situations coquines. Rien de trash, juste des jeunes filles qui apparaissent parfois dénudées, souvent de dos d’ailleurs. En tout cas, rien qui ne laisse voir ouvertement des parties intimes. De même, quelques allusions se glissent dans les dialogues. D’où l’utilité de comprendre le texte.

Après les oreilles… Les yeux !

Nous avons vu le coté « novel« , intéressons-nous maintenant au coté « graphic« . Et sur ce plan, le constat est mi-figue, mi-raisin.

Les différents artworks ou images fixes qui servent de toile de fond aux dialogues sont de toute beauté. Sans être du Michelangelo, ils vous rappelleront délicieusement les animes et shojo que regarde, ou lit, votre petite soeur. C’est mignon tout plein, joliment coloré, et certains artworks me semblent même peints à la main. Du bon boulot !

Je suis cependant un poil plus mitigé concernant les phases de combat. Si, encore une fois, les graphismes sont de bonne facture et colorés… J’ai l’impression de replonger quelques années en arrière. Et l’on sent que le jeu avait aussi été développé pour PS3 à la base.

Le mode « tactic » offre des effets visuels plutôt agréables à regarder. Mais on sera plus réservé sur les différents personnages. Les héros apparaissent à l’écran en pseudo-SD, avec parfois des traits trop anguleux. Du coté des ennemis, on regrettera un manque manifeste de variété, le bestiaire semblant sorti d’une époque où le clonage était très en vogue dans les J-RPG.

Parlons des défauts du jeu

Si vous avez bien suivi, nous avons déjà abordé ce point au fil de ce test. Les principaux défauts étant l’absence de localisation VF. Ou des graphismes qui datent parfois un peu trop (phases de combats).

Autre point abordé, le déséquilibre entre les phases de VN et les phases tactiques nuit aussi à l’expérience dans son ensemble. Certes, c’est un visual-novel, donc on s’attend à une grosse quantité de lecture ! Mais ce genre peut aussi impliquer une certaine lassitude au bout d’un moment. Et dans ce sens, je trouve malin de la part des développeurs d’avoir inséré une dimension T-RPG, les combats ayant le mérite de relancer, quand il le faut, le rythme du jeu.

Mais ici, ces phases sont tellement rares que la lassitude gagne vite du terrain. Le jeu aurait nécessité beaucoup plus de « coups de peps ». Et très vite, on en vient à spammer la touche croix afin de faire défiler le texte plus vite.

Car je ne vais pas vous mentir : le scénario est plutôt intéressant dans sa trame principale. Bien que l’histoire soit assez classique, et reprenne pas mal de clichés du genre, ça fonctionne. Mais le scénario principal est très vite noyé dans un océan de petites anecdotes plus ou moins bien senties.

Parfois, elles apportent une dimension humoristique à l’histoire, ou glissent de petits détails qui vous aideront à mieux comprendre les personnages, ou le contexte. Mais parfois, le jeu offre aussi des fenêtres qui n’apportent rien, ou pas grand chose. Sans doute un humour ou des références que notre culture occidentale ne nous permet pas de comprendre ?

Au final

Je dois bien avouer que l’expérience est assez déstabilisante. Tout simplement parce que, dans un premier temps, le RPG/Tactic n’est pas un genre si développé sous nos latitudes (hormis quelques licences phares). Ensuite, le graphic-novel l’est encore moins. Le mélange des deux, je n’en parle même pas.

Mais ce premier chapitre d’Utawarerumono s’en tire plutôt bien. Assez joli visuellement (même si les phases de battles datent d’une génération de consoles), avec ses musiques qui collent à l’ambiance, ses personnages plutôt sympas… Il constitue un voyage fort agréable.

Mais attention ! Si le jeu vous tente surtout pour son aspect RPG/Tactics, vous risquez d’être déçus. Soyez donc conscients que Utawarerumono : Mask of Deception, c’est environ 90% de visual-novel et 10% de Tactical-RPG ! Un mélange qui pourra impliquer un certain ennui chez certains.

Ce Mask of Deception a pas mal de qualités, mais qui sont hélas rattrapées par des défauts qui risquent de diviser les avis. Le jeu fait son job, mais le public occidental, en pleine découverte du concept, lui demandera de faire ses preuves. Et pour cela, il faudra attendre le 5 septembre pour connaître la fin de l’histoire, dans Utawarerumono : Mask of Truth.


Utawarerumono : Mask of Deception

Par Sting pour Aquaplus. Distribué par Atlus (USA) et Deep Silver (Europe). Sur PS4 et PS-Vita. Pegi : 18.

 

Les + :

  • Les artworks et images fixes jolis à regarder
  • D’agréables thèmes musicaux
  • Le scénario principal
  • L’ambiance « Japon du XIXe »
  • De l’humour
  • Le gameplay Tactics bien pensé
  • Les tableaux variés
  • Les voix japonaises
  • Un « New Game + »

Les – :

  • Sous-titres en Anglais, pas de VF
  • Les phases RPG/Tactics trop anecdotiques
  • Des graphismes (combats) qui datent un peu
  • Attendre le 5 septembre pour connaître la fin de l’histoire
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