Il fait partie des simulations incontournables qui reviennent chaque année à la même période, à savoir juste avant les vacances d’été ! Le nouveau MotoGP 23 est sur la ligne de départ, chez l’italien Milestone ! Et cette année, plutôt que de concourir dans la catégorie monstres technologiques PS5 et Series X/S, nous avons préféré nous lancer dans cette nouvelle saison au volant de la Nintendo Switch. Alors, Fabio Quartararo ou Franco Morbidelli vont-ils autant briller en mode nomade ? La réponse avec notre test !

C’est (re)parti mon kiki

Généralement, quand vous êtes un fan de sports mécaniques, d’automobile ou de moto, deux noms font office de références, de gages de qualité. Si le jeu est estampillé Codemasters ou Milestone, généralement, vous pouvez y aller les yeux fermés. Et si le premier vient de nous régaler avec un immense F1 23 (chez EA Sports), le second est attendu au tournant chaque année vers la même période, pour sa série MotoGP.

Basé à Milan en Italie, Milestone jouit d’un background de 20 années d’expertise du jeu vidéo dédié au sport mécanique. Et cela se ressent sur ses licences phares que sont par exemple MXGP (moto cross), Ride (encore de la moto)… Ou quelques sorties de zone de confort, plus fun, comme Gravel ou Hot Wheels Unleashed : deux prises de risques payantes, et deux excellents jeux !

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Mais le titre le plus populaire de Milestone est sans doute MotoGP. Un jeu de niche, diront certains, car il s’adresse avant tout aux fans de motos de vitesse. Et plus particulièrement aux amoureux du très pointu championnat MotoGP. Sans rentrer dans les détails, on pourra résumer en disant que ce championnat est aux deux roues ce que la Formule 1 est à l’automobile. Avec aussi ses sous-catégories que sont le Moto2, Moto3 (équivalents de la F2 ou la F3) et MotoE (électriques), antichambres de la catégorie reine. Et sans surprise avec ce MotoGP 23, Milestone nous propose un jeu officiel du 75e championnat du monde de moto-vitesse. Avec son plateau (écuries et 22 pilotes) officiel, ses 20 tracés du championnat 2023 (et quelques pistes bonus)…

Il est donc temps de se lancer dans cette nouvelle aventure motorisée… Avec une première déception dès la prise en main de la boîte du jeu ! Car celle-ci ne contient en effet pas de cartouche, mais un code de téléchargement ! Alors certes, le jeu fait plus de 12GO, mais… Un joueur qui achète une version en boîte est souvent un collectionneur, qui VEUT garder ses versions physiques pour sa collection, et qui n’a que faire d’un code ! Certains vous parleront même d’aberration, à plus forte raison quand le jeu vous est vendu à plus de 50€… Et pour ma part, on commence donc avec un premier point négatif, avant même d’avoir commencé à jouer !

Un épisode pertinent ?

C’est une question que l’on se pose en effet tous les ans, chaque nouvel épisode consistant principalement en une grosse mise à jour du plateau. Ce MotoGP 23 va donc tenir compte des transferts des pilotes… Ainsi que des changements sur le calendrier du championnat : le GP d’Aragon n’est pas reconduit cette année, celui du Qatar repoussé en fin de saison, comme celui de Catalogne, repoussé en septembre. On a aussi un nouveau circuit avec celui d’Inde, qui apparaît cette saison, et même le Kazakhstan qui, bien qu’annulé IRL, est dans le jeu. Pour ce point, oui, cette mise à jour est pertinente. Notamment pour tous les fans qui souhaitent un jeu fidèle à la saison en cours.

Non, pour tout vous dire, je ne parlais pas de ça ! Car hélas, et sans vouloir tirer sur l’ambulance, on constate malheureusement que la Switch est de plus en plus en difficulté avec des jeux de ce type, qui demandent beaucoup de ressources pour une technique qui roule. Et là est ma plus grosse crainte : j’ai bien peur que la Switch ne soit pas (ou ne soit plus) le support idéal pour un MotoGP. La démarche est certes courageuse de la part de Milestone, de proposer son jeu aux joueurs Switch, mais… La mauvaise surprise peut être à la hauteur de la prise de risques. Mais je peux me tromper…

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Et la réponse est assez mitigée, en fait ! Alors oui, clairement, les limites de la console se font sentir, et pas qu’un peu ! Et vous allez le constater notamment sur les temps de chargement, désespérément longs. Ou sur certaines cinématiques, ou animations (entre autres quand vous prenez la piste depuis votre garage avant chaque course), qui doivent tomberà à un affichage à 20 fps. Si vous avez déjà joué à un MotoGP sur PC, PS4/XOne ou PS5/Series X-S, préparez vous à des picotements au niveau des globes oculaires.

Et c’est d’autant plus dommage que l’on sent un réel effort au niveau de la technique une fois en jeu. Sans être au niveau des autres versions, les abords de la piste sont plus détaillés, on sent moins d’aliasing, les motos restent assez fluides et le framerate est correct in game ! Sans parler de l’IA au top avec des adversaires qui attaquent, ou qui se plantent… On sent que les développeurs ont tout donné pour améliorer le rendu du jeu qui, effectivement, est actuellement le plus beau jeu de motos sur Switch. C’est toujours ça de pris, et c’est un gros point positif pour cet opus : si vous voulez un MotoGP exclusivement pour votre Switch, c’est celui-ci, le meilleur épisode !

Des nouveautés notables !

Les pilotes et circuits officiels de la saison 2023, c’est la face visible de l’iceberg ! Mais il y a aussi une face cachée, des nouveautés bien présentes, mais qui ne sautent pas aux yeux au premier abord. Et là, on va donc parler du travail des développeurs, notamment en matière de gameplay. Et le premier constat manette en main, c’est que la jouabilité est bonne ! La prise en main est rapide, et le jeu est très accessible. Même plus que les autres épisodes de la série. Un néophyte pourra donc s’amuser, tandis qu’un puriste pourra jongler avec les options de difficulté pour se concocter un challenge à sa mesure.

La raison tient en un terme : l’aide neuronale. Il s’agit d’une assistance IA avancée, qui se base sur la technologie des réseaux neuronaux. Activée, elle va venir vous aider sur les freinages, la maniabilité, l’accélération, et même les virages. Cette assistance est particulièrement fluide et réactive. Et le résultat est là : un débutant peut aujourd’hui finir une course dans les points ! Lorsque dans les versions antérieures, le moindre écart vous envoyait râcler le gravier avec vos dents, et donc perdre de précieuses places. Le pilote négocie ses virages automatiquement, la conduite en devient agréable, instinctive, jouissive. L’aide neuronale est sans doute une révolution aussi marquante que ANNA, le système d’IA adverse créée par Milestone.

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Autre nouveauté notable, et celle ci était très demandée par les joueurs… On a désormais une météo dynamique !! Vous ne rêvez pas ! La pluie s’invite sur le tarmac, avec un rendu qui, contre toute attente, est plutôt réussi sur Switch (même s’il y a beaucoup moins d’éclaboussures que sur PS5/Series) ! Tant visuellement que mécaniquement, d’ailleurs, puisque vous sentirez alors davantage votre moto partir en vrille à chaque coup de guidon. En revanche, l’aide neuronale et la météo pluvieuse ne sont pas forcément compatibles. En effet, l’aide activée sous les gouttes n’aura pas suffit à éviter le carnage. Et je ne peux que constater un ratio de chutes beaucoup plus élevé dans ces conditions, sur Switch ! (pour les autres consoles, je ne sais pas).

Cette météo changeante qui peut modifier l’issue de la course, et bouleverse les stratégies, apporte une nouvelle règle dans MotoGP 23 : le flag to flag. Pour vous faire la version courte, quand la pluie se met à tomber, en F1, vous passez au stand pour changer rapidement les pneus. En MotoGP, ce n’est pas possible ! On passe au stand pour changer la moto, et en prendre une avec des pneus adaptés. C’est le flag to flag… Et c’est hélas une règle qu’on n’a pas pu tester, puisqu’elle n’est pas disponible sur Switch ! On a le flag to flag sur tous les autres supports, mais pas chez Nintendo. Dommage !

Un contenu qui peut décevoir

Au chapitre du contenu du jeu, on est sur du basique, à l’image du menu qui joue la carte de la sobriété. L’Accueil vous permet de lancer rapidement une course, un championnat ou une carrière (ou de poursuivre celle commencée. Le Mode Solo s’articule autour des mêmes options : carrière, championnat, course rapide, mais aussi entraînement (et son académie) et contre la montre. Le Multijoueur est uniquement local, mais je vais y revenir. Enfin, les options de Personnalisation terminent cette page d’accueil.

Le multijoueur sur Switch, parlons en ! Car il constitue à lui seul une nouvelle déception du jeu, notamment pour ceux qui comptaient jouer avec leurs amis. En effet, le multijoueur se limite à un mode local. Comprenez par là que vous pouvez créer (ou rejoindre) un salon, et inviter des amis à vous rejoindre. Mais à condition qu’ils soient à portée de votre console, avec leur propre Switch. Car dans MotoGP 23, vous ne trouverez pas de multijoueur en écran splitté. Et pire encore, tenez vous bien : le jeu ne comporte aucun mode online ! Ici, pas de collaboration, ni de compétition en ligne, ou de classements… Sans doute un choix dû aux limites de la console, mais… En 2023, on imagine difficilement un jeu de sport privé de online. D’autant qu’il est disponible chez les voisins… On passera rapidement sur les courses et championnats rapides (normalement, vous connaissez), pour s’attarder sur le gros morceau du jeu : un mode Carrière revu et amélioré.

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Là encore, ce mode est assez classique dans sa construction : vous créez votre avatar en début de partie, choisissez votre écurie et… C’est parti pour une fin de championnat Moto3, avant d’enquiller sur une vraie nouvelle saison ! Comme dans F1 23 (mais en beaucoup moins abouti), ce mode est scénarisé, avec quelques événements, Tournants Décisifs qui influent sur la suite de votre carrière, etc. Vous avancez jusqu’à la fin de la saison, où vous serez libre de choisir entre rester dans votre catégorie, ou bien monter en Moto2, ou en MotoGP. On aime aussi le fait que vos rapports avec les autres pilotes évoluent en fonction de votre pilotage, au fil de la saison, grace aux Réseaux Sociaux. Ceux-ci n’hésitant pas à vous demander d’être un peu plus fair-play si vous êtes trop agressif (et gare aux rivalités naissantes). De même, n’hésitez pas à chercher une promotion si vous êtes pilote N°2 de l’écurie, car seul le pilote N°1 décide des orientations de la R&D.

Et… Nous avons fait le tour du jeu ! Pas grand chose à dire de plus, si ce n’est que le contenu paraît vraiment chiche lorsque l’on a joué au précédent MotoGP 22. Qui nous avait particulièrement scotché avec son excellent mode NINE. Un véritable documentaire interactif qui vous permettait de revivre l’incroyable saison 2009 ! Ici, pas de rétro, pas de motos classiques, pas de pilote légendaire caché, pas d’histoire de la discipline… Mais ne jetons pas la pierre à MotoGP 23 ! Si vous avez choisi la Switch pour pouvoir jouer en nomade, sur de courtes sessions, ce titre semble approprié et son contenu correct.

Au final

« Ne rêvez plus d’être le nouveau champion, devenez-le avec MotoGP 23, l’opus le plus abouti de l’histoire de la série ! » C’est littéralement une phrase extraite de la présentation du jeu, que vous trouverez sur vos stores respectifs. Et une présentation qui correspond peut-être au jeu sur PlayStation ou XBox, mais certainement pas sur Switch… Du moins, c’est une présentation qui fait sourire quand on a connu le monumental MotoGP 22, titre d’une grande générosité en matière de contenu (notamment avec son mode NINE). En termes de contenu, ce MotoGP 23 version Switch nous paraît en effet très limité, pour ne pas dire radin. Mais je ne chercherai pas la petite bête aux développeurs : plus que pour des raisons économiques, je pense que l’explication est à chercher du coté des limites techniques de la Switch, qui se font hélas de plus en plus sentir…

Et c’est dommage, car le jeu est bourré de bonnes intentions. Les sensations sont excellentes lorsque vous sentez votre moto vous échapper de l’arrière dans les virages. Ou lorsque vous devez réapprendre vos réflexes de pilotage parce qu’un deux-roues ne se pilote pas comme une voiture (vous allez notamment le sentir sur les points de freinage)… Et on sent aussi l’effort apporté sur l’aspect visuel, en deçà des versions PS-Box, mais qui n’a vraiment pas à rougir…

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Au final, ce MotoGP 23 sur Switch nous laisse l’amère impression de n’être qu’une sous-version (ou une démo améliorée) d’un jeu définitif que vous trouverez sur les autres machines. D’ailleurs, la communication, de son côté, nous a montré beaucoup d’images des versions PS5/Series X/S… Mais avec cette impression de balayer la version Switch sous le tapis. Le jeu se bat avec une console qui n’a plus les capacités techniques de suivre la cadence…

Cette version Switch reste néanmoins un compromis honnête si vous ne possédez que cette console et que vous êtes fan de MotoGP. Mais dans le cas contraire, si vous possédez un autre support, on vous conseille de privilégier une version PC/PlayStation/XBox, pour une approche plus fidèle à l’esprit du jeu. Voire de patienter jusqu’en août pour l’alléchant Ride 5, prochain jeu de Milestone que l’on attend énormément…


MotoGP 23

  • Par : Milestone
  • Sur : PlayStation, XBox, Switch, PC.
  • Genre : Courses (de motos)
  • Classification : PEGI 3
  • Prix : 49,99€ sur Switch, 69,99€ sur PS et Series X/S
  • Conditions de test : testé sur une version « physique » envoyée par l’éditeur

Les points positifs :

  • Participez aux saisons de Moto2, Moto3 et MotoGP
  • Le plateau et le calendrier officiels de la saison
  • Techniquement, les développeurs tirent le meilleur d’une console qui n’arrive plus à suivre
  • Les sensations de pilotage
  • Visuellement, le jeu se défend plutôt pas mal
  • La météo dynamique
  • Jouabilité : un jeu très accessible, notamment grâce à l’aide neuronale
  • Les sons moteurs
  • Un mode Carrière plus développé

Les points négatifs :

  • Une boîte avec un code dedans, vous êtes sérieux ?
  • Les temps de chargement
  • Pas de jeu online
  • Pas de multijoueur en écran splitté
  • En matière de contenu, on a vu mieux
  • Clipping assez prononcé en arrière plan
  • Flag to flag absent sur Switch