Avec Tokyo Twilight : Ghost Hunters, Nis America s’essaye à un genre populaire au Japon mais encore méconnu en Europe : le « visual-novel ». Autrement dit, un récit narratif avec des écrans fixes, beaucoup de textes et peu de phases de gameplay… Vous connaissez l’émission Ghost Adventures ? Alors, on vous fait la même, mais avec des étudiants dans une école de Tokyo…

La cloche a sonné

Tokyo-Twilight-Ghost-HuntersTout d’abord, je devine déjà les ceusses qui viennent de faire une moue dubitative en lisant le mot « visual-novel » dans mon introduction. Le genre étant encore méconnu chez nous, une explication de texte s’impose.

Le visual-novel est un genre très populaire au Japon, qui s’éloigne du jeu vidéo classique dans le sens où il est, en quelque sorte, un « roman visuel », plus ou moins dénué de phases d’action. Son principe consiste principalement à lire des dialogues, illustrés par des artworks, et cliquer sur une touche pour faire défiler les textes…

Il arrive cependant que des visual-novels empruntent des éléments de gameplay aux jeux d’action ou aux RPG, comme c’est le cas avec Tokyo Twilight : Ghost Hunters.

Dans ce titre, vous incarnez un élève tout juste débarqué à la Kurenai Academy de Shinjuku. Très vite, vous allez faire la connaissance de Masamune Shiga (un élève de votre classe, en fauteuil roulant), Sayuri Mifune, présidente de la classe… Et une mystérieuse fille, vêtue d’une robe légère, mais qui a surtout la particularité de ne plus être de ce monde !

Premier jour de classe, et déjà après les cours, vous vous retrouvez avec cette petite bande à explorer, le soir, des couloirs de l’établissement, fermés aux élèves. Et dans la foulée, voici votre premier combat, contre un fantôme tout de rouge vêtu…

Vous serez sauvé par une femme mystérieuse, Chizuru Fukurai, qui vous révèle qu’elle est la présidente de la société Gate Keepers, dont le but est d’affronter des fantômes diaboliques et de les renvoyer dans l’autre monde. Et ses membres (vos petits camarades), ont tous la faculté de voir les fantômes… Chizuku Fukurai vous propose de rejoindre la Gate Keepers… Et, évidemment, vous acceptez !

Des atouts certains

gfs_337787_2_15Au fur et à mesure que l’on progresse dans l’aventure, force est de constater que le titre n’est pas dénué d’intérêts. A commencer par cette ambiance très « Japon contemporain » qui ravira les fans de mangas. Le jeu étant servi par des artworks de toute beauté, l’éditeur allant jusqu’à animer ses protagonistes lors des phases de dialogues (dans la plupart des visual novels, il faut se contenter de personnages fixes, avec éventuellement quelques clignements d’yeux, mais ici, même les cheveux sont animés).

Cette ambiance colle ici parfaitement à cette histoire moderne de fantômes. Si vous passez la barrière de la langue (le jeu n’est hélas pas traduit en VF), le scénario s’avère vite captivant, et l’on se prend à accrocher, avec cette envie de découvrir le dénouement de l’histoire. Avec plus ou moins de profondeur, le jeu aborde les thèmes de la vie, la mort, et l’entre-deux…

Au fil des dialogues, des alternatives vous seront proposées, et vos choix influeront sur l’histoire, sur la fin de l’aventure. Voilà de quoi allonger une durée de vie qui aurait pu être assez réduite en simple ligne droite. Reste à savoir si vous aurez l’envie de refaire l’aventure une fois que vous en connaîtrez la fin.

Ces choix sont de deux natures : dans le premier cas, un interlocuteur vous pose une question, et vous devez choisir parmi deux ou trois réponses possibles…

Mais la deuxième situation est la plus intéressante et constitue ce que l’on pourrait appeler la « roulette sensorielle ». Autrement dit, pendant un dialogue, il peut arriver qu’une interaction se crée avec un personnage. Deux roulettes se succèdent alors à l’écran. La première vous propose de répondre en fonction d’une émotion (amour, amitié, rage, tristesse ou angoisse), puis la seconde en fonction d’un sens (toucher, vue, ouïe, odorat ou goût).

Eprouvante épouvante

Intervals 2 - Character InteractionEt voici le moment d’aborder un point qui dessert hélas un titre qui tenait toutes ses promesses jusqu’à présent : la jouabilité.

Si elle est impeccable pendant les phases de dialogues (en même temps, cela revient à faire défiler le texte et faire parfois des choix), les choses se corsent dès lors que vous vous lancez dans un « combat » contre un fantôme.

Car ce mode « combat » propose alors un gameplay qui s’apparente aux tactical-RPG. Comprenez par là que vous allez devoir vous déplacer sur une grille, à l’intérieur d’une pièce, dans une cage d’escalier, un couloir, etc. Avec la possibilité, si vous en avez les moyens, de placer des pièges pour vous aider.

Mais ce déplacement par cases s’avère finalement fastidieux, avec un nombre de déplacements limité pour chaque tour, et des obstacles qui vous entravent. Trop mal pensé pour être intuitif.

Comme si cela ne suffisait pas, pour une raison inexpliquée, chaque combat se limite à 15 tours. Si vous n’avez pas achevé le fantôme à la fin du décompte, c’est le game over !

Peut-être ai-je loupé une fenêtre de conversation, mais à titre personnel, je n’ai pas trouvé de tutoriel pour apprendre les subtilités de ce mode assez technique. Fort heureusement, le premier combat se révèle assez simple, et malgré quelques ratés dans mes choix de déplacements, il m’aura permis de comprendre ce gameplay dans ses grandes lignes.

S’il m’arrive rarement de me plonger dans la notice d’un jeu vidéo, j’avoue qu’ici, le livret présent dans la boite m’aura été d’un grand secours.

Au final

Battle 1 - ForecastSi le mot « ghost » dans le titre vous a laissé penser que ce jeu va vous faire frémir, détrompez-vous : ici, l’ambiance s’apparente davantage à un Phoenix Wright, plus qu’à The Grudge ou The Ring.

Nis America nous fait découvrir le visual novel, ce genre que les Japonais adorent mais qui est encore peu connu dans notre « bonne vieille Europe ».

Et il faut dire que l’essai est plutôt réussi : l’ambiance japonaise est bien là, les persos sont attachants, et les artworks de toute beauté ! Sur ces points, Nis America transforme l’essai de bien belle manière.

Hélas, le jeu souffre de deux aspects négatifs : comme à son habitude, l’éditeur nous propose ici un jeu en Anglais. Pas un obstacle pour certains, mais un aspect qui pourra toutefois rebuter nombre de joueurs, mal à l’aise avec la langue de Shakespeare.

Et puis… Si les fantômes ne vous feront pas vraiment peur, vous allez avoir des sueurs froide face à une jouabilité mal pensée pour les phases d’action. Manque de tuto et gameplay contraignant, c’est aussi sur cet aspect que certains gamers décrocheront.

Vraiment dommage tant le jeu est prometteur. Malgré tout, si vous aimez les histoires de fantomes ou l’ambiance lycéenne tokyote, ce titre est toutefois à tester, il ne vous laissera pas indifférent…


Verdict

 

TTGH

Les fans de mangas et d’histoires de fantômes vont adorer ; ceux qui détestent les longs dialogues dans les jeux vidéo passeront leur chemin…

Les + :

  • De jolis tableaux et artworks, l’ambiance « lycée japonais » est bien là
  • L’animation des personnages
  • Le scénario est assez prenant
  • Durée de vie correcte
  • Des musiques plutôt sympas qui collent à l’ambiance
  • Le système de « roulette sensorielle »
  • Le jeu est fluide, sans ralentissements ou temps de chargements

Les – :

  • Le jeu est en Anglais
  • Des fantômes parfois « caricaturaux » qui semblent tout droit sortis de la série Ace Attorney
  • La jouabilité lors des combats est très contraignante et manque d’intuitivité

Tokyo Twilight : Ghost Hunters, par Arc System Works et Nis America, sur PS3 et PS-Vita depuis le 13 mars. Genre : Visual-novel. Pegi : 12.