Après les sorties de Street Fighter 6 et Mortal Kombat 1 en 2023, il ne manquait plus que Tekken 8 pour que la « Sainte Trinité de la Baston » ne soit présente sur les consoles de nouvelle génération. Depuis le 26 janvier, le hit de Bandai Namco distribue généreusement les patates et les bourre-pifs, pour notre plus grand plaisir. Et désormais, nous pouvons vous en parler. La série Tekken a t’elle retrouvé sa superbe ? La concurrence doit-elle s’inquiéter ? Il est temps de vous donner notre verdict.
Une saga qui sait se réinventer à chaque fois
En 1994 au Japon, et en 1995 en Europe, la Saturn et la PlayStation venaient révolutionner le jeu vidéo, en démocratisant la 3D (bien que ces deux consoles ne soient pas les pionnières en matière de jeux en 3D. Il faut rendre à César ce qui lui appartient, mais c’est un autre débat). Bref, toujours est-il que, pour résumer, les amateurs de versus-fighting sont passés, à cette époque, de la 2D avec Street Fighter II, Mortal Kombat ou encore King of the Fighters (et toute la floppée de jeux NeoGeo)… À la 3D avec Virtua Fighter, Battle Arena Toshinden, SoulEdge (SoulBlade chez nous), ou encore, bien entendu, Tekken.
Parmi toutes ces franchises 3D autrefois cultissimes, peu ont traversé les générations. Beaucoup ont disparu de la circulation : on rêve toujours d’un nouveau Virtua Fighter (Sega) dont on n’a pas entendu parler depuis 2012, Toshinden a disparu des radars, comme Bloody Roar, Art of Fighting ou encore Tobal (avec un certain Akira Toriyama au chara-design). Et SoulEdge est devenu SoulCalibur (le sixième et dernier épisode en date est sorti en 2018). Même l’onéreux Dead or Alive (pour ses DLC qui coûtent un bras) s’est fait oublier. Paradoxalement, les séries qui dominent aujourd’hui ce marché avec constance sont les anciennes séries 2D. Street Fighter II, Mortal Kombat ou encore KOF, aujourd’hui familières aux trois dimensions.
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Et puis, il y a le cas Tekken ! Une série lancée en 1994 sur Arcade puis PlayStation, et qui ne s’est jamais véritablement retrouvée en situation de danger. Le « Poing d’Acier » traverse les époques, et revient toujours avec la même efficacité, la même précision, et la même aura. Avec aussi une solide communauté, qui s’est bâtie au fil des décennies. Pour véritablement trouver un gros changement dans la gestion marketing de la série, il faudra attendre 2007 et Tekken 6 : si l’on excepte un Tekken Advance exclusif à la GBA en 2001, Tekken sera resté une exclusivité PlayStation jusqu’à son 6e opus, qui débarque alors chez la concurrence, sur XBox 360. Les premiers pas vers l’universalisation d’un titre qui s’ouvrait enfin aux autres supports.
Tekken est aussi une série très appréciée car, en 30 ans, ses développeurs ont eu l’intelligence de tirer le meilleur de ce qui se faisait ailleurs et en interne, pour améliorer la recette. Chaque épisode ajoutant une couche au mille-feuille en matière de gameplay. Tekken 3 instaure ainsi l’esquive grâce à un pas de côté, Tekken 4 apporte les arènes destructibles… Et Tekken 6 amène à lui seul les Bound-Hits, le système de Rage. Ou encore les wall-breaks qui vous projettent dans une nouvelle zone de l’arène. Tekken est une série qui évolue constamment. Alors autant dire que, lorsque ce huitième opus a été annoncé par Bandai-Namco, une certaine impatience s’est faite sentir. Que nous réserve cet opus pensé exclusivement pour la nouvelle génération ? On vous dit tout !
Et hop, un nouveau tournoi !
C’est une tradition depuis toujours, dans Tekken : chez les Mishima, vu que personne ne peut se saquer, on règle ses comptes en organisant un tournoi d’arts martiaux, le Budokai Tenkaichi King of Iron Fist Tournament. Un tournoi qui permet à Jin, Kazuya et Heihashi de solder leurs comptes en se mettant sur la figure… Mais un tournoi qui est aussi ouvert à tous ceux qui, à travers le monde, savent se battre et veulent en découdre. Alors, chacun vient avec son courage et son style de combat… Dans l’espoir d’être celui qui sera le vainqueur.
L’action de Tekken 8 se déroule six mois après la défaite d’Heihachi, à la fin de Tekken 7. Après sa victoire contre son père, Kazuya poursuit son objectif de domination mondiale aidé par les forces armées de la G Corporation. Jin doit alors affronter son destin, alors qu’il retrouve Jun, sa mère, disparue depuis Tekken 2, en mettant fin au règne de terreur de son père, Kazuya. Un affrontement entre les deux hommes conduit Kazuya à organiser un nouveau tournoi, avec un enjeu plus relevé que d’habitude : chaque combattant qui sera vaincu sera éradiqué, tout comme le pays qu’il représente. Et si Kazuya termine vainqueur du tournoi, il détruira la Terre…
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Le mode scénario, qui s’intitule Le Réveil des Ténèbres, n’est pas le point fort du jeu. On peut même considérer qu’il est relativement générique, et vous offrira de nombreuses zones de « déjà vu » ! Toutefois, les fans apprécieront, dans la mesure où il apporte une nouvelle pierre à l’édifice, à cette grande saga. Qui, quand on y pense, nous décevrait encore plus si elle mettait un point (ou poing) final à 30 ans de querelles familiales. Le mode Histoire est celui qui va vous occuper pendant quatre à six heures selon votre niveau. Bien que les phases de gameplay soit entrecoupées de nombreuses scènes cinématiques de toute beauté. En parallèle de ce mode scénarisé, on trouvera aussi un mode Épisodes des Personnages. Un pour chaque combattant, avec une série de combats qui s’enchaînent, pour nous amener vers une cinématique de fin. Un peu comme un deuxième mode Arcade, je vous l’accorde !
Parmi les participants, on compte bon nombre d’anciens bien connus des fans, tels que Law, Paul Phoenix, Lars, Hwoarang, Bryan Fury, Jin, Jack, Kazuya, Lili, Panda et Kuma, Yoshimitsu, King, Ling Xiaoyu… On retrouve aussi quelques visages qui avaient disparu depuis quelques épisodes. C’est le cas de Raven, ou de Jun Kazama, que l’on n’avait pas revue depuis Tekken 2 (si l’on ne compte pas les Tag Tournament ou Tekken Revolution, qui sont des spin-off). Enfin, comme dans chaque épisode, de nouvelles têtes s’invitent à la fête. Ici, c’est le cas de l’agent français Victor Chevalier (doublé par Vincent Cassel), Azucena la combattante MMA péruvienne fan de café. Ou encore la mystérieuse Reina, étudiante au style inconnu. Soit un total de 32 combattants au lancement du jeu !
Un épisode qui mise sur un gameplay plus agressif… Mais abordable
Tout a été dit dans la communication de Bandai-Namco, au fil des derniers mois : Tekken 8 mise sur un gameplay plus dynamique ou, pour utiliser les termes exacts, un gameplay plus agressif ! Concrètement, cela se ressent par des animations plus rapides, des impacts plus marqués, et une réelle impression de violence lorsque les coups sont portés. Le jeu est beaucoup plus nerveux, c’est une évidence. Et le joueur pourrait presque avoir l’impression de ressentir les coups : les effets sonores et les vibrations dans la manette n’y sont sans doute pas étrangers. Et déclencher un combo ou envoyer une attaque puissante qui expédie l’adversaire à l’autre bout de l’écran n’en deviennent que plus jouissifs !
Un gameplay plus agressif, ça passe aussi par une toute nouvelle mécanique, ici appelée Heat System. Autrement dit, une seconde jauge qui se charge au fur et à mesure de vos offensives. Une fois pleine, il vous suffit de presser L1 pour enclencher le mode Heat, qui vous met dans un état de transe, qui décuple votre force. Et si vous placez bien votre attaque, enchaîner plusieurs pressions sur L1 envoie un combo qui va furieusement attaquer la barre de santé adverse. Parfait pour retourner la situation. En revanche, vous devez savoir que cette fonction ne peut être activée qu’une seule fois par match. Il faut donc apprendre à l’utiliser à bon escient.
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Puisque l’on parle de renverser le match, Bandai-Namco a aussi eu la bonne idée de reprendre le système de Rage, apparu dans Tekken 6. Pour rappel, ce système s’active lorsque la barre de santé de votre personnage descend sous les 25%. Il est alors entouré d’une aura rouge, et ses coups deviennent plus puissants. Sans oublier le fait que le joueur peut aussi s’appuyer sur le décor pour faire des dégâts (et assurer le spectacle), grâce aux environnements destructibles. Certaines arènes ont des wall-break (traversez le mur pour expédier l’adversaire dans une autre zone), et d’autres un sol qui peut se détruire pour le même effet. Ça commence à faire beaucoup de choses à apprendre, mais souvenez vous de ce que dit la loi dite de Nolan Bushnell (le concepteur de Pong et fondateur d’Atari) : « Best games are easy to learn and difficult to master » (les meilleurs jeux sont faciles à apprendre mais difficiles à maîtriser).
Globalement, de ce Tekken 8, on apprécie un gameplay qui, comme dans les précédents épisodes, se veut universel. Comprenez qu’avec ses commandes qui reposent sur les quatre boutons de droite (un par poing et un par pied) plus les touches L et R… Il faudra à peu près deux minutes à un débutant pour saisir les bases du jeu, et à peine plus pour commencer à enchaîner les combos. D’autant qu’il propose de nombreux modes pour s’entraîner et progresser (Entraînement, mais aussi un mode Ghost, qui vous permet de vous entraîner contre une IA qui apprend les techniques que vous voulez lui enseigner) !
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L’expert, lui, va retrouver toute la technicité qui fait de Tekken une série appréciée des eSportifs. Un spécialiste qui maîtrise les juggle, stun, recovery, guard break, wall break, reverse… Va s’éclater comme au premier jour ! Tekken, c’est aussi ce génial jeu de combat où, si deux ténors de même niveau se font face, un combat peut s’éterniser jusqu’à ce que l’un des deux fasse un faux pas. Mais c’est aussi le jeu où un débutant au style imprévisible peut avoir sa chance face à un adversaire plus rôdé.
Un mode dédié à la communauté de fans
Et le contenu, on en parle ? On a déjà parlé des modes scénarisés mais, Tekken 8 est bien plus riche…Si le jeu reprend des modes assez classiques, tels que les combats en solo contre l’IA ou contre un ami, les modes Arcade, Entraînement, Online, Personnalisation (pour acheter des fringues et débloquer des tenues alternatives), etc… Il apporte aussi du nouveau contenu qui risque de vous occuper pendant un long moment. C’est le cas par exemple du mode Tekken Ball, que l’on avait découvert dans Tekken 3, qui fait ici son grand retour… Inspiré par le beach-volley, ce mode consiste à donner des coups de poings ou de pieds pour renvoyer un ballon dans la zone de l’adversaire, sans que celui-ci ne puisse le rattraper. Objectif : comme dans les modes combat, vider la santé adverse. Pour cela, deux possibilités : soit cogner votre concurrent… Soit renvoyer la balle à l’aide de coups spéciaux, pour faire des dégâts.
La grosse nouveauté de ce Tekken 8 est le mode Arcade Quest. Un mode qui, comme chez un concurrent sorti l’an passé, consiste en un hub dans lequel vous allez promener votre avatar. Si ce n’est qu’ici, les rencontres ne se soldent pas par un affrontement direct, mais par une proposition de match sur une borne d’arcade Tekken 8. Le tout nouveau jeu en vogue que tout le monde s’arrache dans ce monde alternatif en mode chibi (une identité visuelle qui peut surprendre). Avec là encore une scénarisation, et un système de ranking, ce mode Arcade Quest est plutôt réussi. Un véritable jeu dans le jeu, qui vous fait oublier les déboires de la famille Mishima, pour se recentrer sur la vraie force vitale de Tekken : sa communauté, solide et fidèle, qui s’est construite depuis le premier opus dans les salles d’arcade !
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On passera rapidement sur les modes en ligne, qui restent assez classiques, avec tout le matchmaking, les classements et les types d’affrontements que vous pouvez en attendre. Ici, tout a été pensé pour, d’une part, vous permettre de vous éclater contre de parfaits inconnus… D’autre part pour vous préparer aux futures saisons de Tekken 8 sur la scène eSport. Avec toutefois un point important sous l’onglet online, qu’il est bon de soulever : le jeu est cross-plateform ! Autrement dit, si vous jouez sur PS5, vous pouvez aussi jouer contre les copains sur XBox Series, et inversement !
Enfin, un Tekken se doit d’avoir une partie Museum, ce qu’on retrouvera ici. Avec la possibilité d’écouter des musiques, de revoir les cinématiques… Et pour les nouveaux venus, c’est ici que Bandai-Namco propose un récapitulatif des événements survenus entre Tekken 1 et Tekken 7. Histoire de ne pas se sentir trop largué par le scénario. Sachez également que Tekken 8 propose quelques options d’accessibilité, comme un mode qui joue sur la colorimétrie, pour les personnes souffrant de daltonisme. Pour les autres options inclusives, il faudrait tester le jeu avec la manette adaptative XBox ou la Access de la PS5, mais ce n’est pas le propos ici.
Au final
Pour son grand retour, 9 ans après Tekken 7 (sorti en mars 2015), Tekken frappe fort avec un huitième épisode qui conforte ce qui était déjà solide auparavant, tout en apportant son lot de nouveautés. Le jeu propose encore plus de modes, la jouabilité nous semble encore plus complète, mais aussi plus accessible qu’auparavant… Il ne manquait plus que lui pour boucler le « triangle d’or des jeux de baston » et, en toute franchise, on n’a pas été déçus du voyage ! Tekken 8 frappe (très) fort là où ça fait du bien, et risque fort de faire partie de ces jeux qu’on n’est pas prêts d’effacer du disque dur de notre machine préférée !
Avec ses 32 personnages jouables (pour l’instant), le roster est parfaitement équilibré, et a été pensé pour combler tous les types de joueurs. Avec toutefois quelques absences qui laissent deviner quelques retours surprises avec les futurs season-pass : Lei Wulong, Marduk, Nina Williams, Eddy Gordo… On en rêve déjà, même si ces contenus qui s’ajouteront au fil des ans (jusqu’à un éventuel Tekken 9 sur la prochaine génération de machines) risque fort d’alourdir la facture. On s’y prépare aussi !
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Et puis, il est un point que nous n’avons pas abordé dans ce test tant il saute aux yeux, mais… Tekken 8 est une leçon technique, un jeu vraiment magnifique ! Qu’il s’agisse de la mise en scène cinématographique de son mode Histoire, ou des effets visuels ingame, avec des tenues et des combattants qui se salissent en temps réel, le jeu est brillant et maîtrisé ! On déplore juste quelques bugs d’affichage dans certaines arènes (notamment celle d’Azucena, au Pérou, avec un bord de mur en particulier)… Pour le reste, on aime le soucis du détail qui va jusqu’à faire ressortir le grain de peau des personnages. Quand Capcom mise par exemple sur un rendu très comics, Bandai Namco joue la carte du réalisme ! Et au final, les deux se valent, voire se complètent…
Vous l’aurez compris : avec tant de qualités et si peu de défauts, Tekken 8 est un jeu à posséder absolument, que vous soyez un fan de versus-fighting, ou bien que vous aimiez jouer à la console avec vos potes à la maison ! En la matière, le jeu de Bandai Namco est l’un des meilleurs compagnons qui soient en ce moment ! Et si la concurrence est rude avec notamment deux autres poids lourds sortis en 2023… On peut dire sans trop se tromper que Tekken 8 est l’un des meilleurs jeux de combat toutes générations confondues ! C’est un Tekken, donc une valeur sûre ! Pour ne pas dire un indispensable !
Tekken 8
- Par : Bandai Namco
- Sur : PS5, XBox Series X/S, PC
- Genre : combat (versus fighting)
- Classification : Pegi 16
- Prix : 79,99€ pour la version standard, 109,99€ pour la Deluxe, et 119,99€ pour l’Ultimate Edition.
- À savoir : une démo gratuite est disponible.
- Conditions de test : Testé sur une version PS5 fournie par l’éditeur. Modes principaux terminés
Les points positifs
- Le roster varié et plutôt bien équilibré, avec ses 32 combattants
- Techniquement, c’est une vraie leçon
- Le nouveau mode Arcade Quest
- Le retour du Tekken Ball
- Une prise en main exemplaire, et de nombreux modes pour se perfectionner
- Des graphismes à tomber
- Pas mal d’unlockables (tenues)
- Un mode online solide
- Des options d’accessibilité
- Le jeu est cross-plateform
- La bande-son dans le ton
- On accroche autant en solo qu’avec ses amis
- Le mode scénario pour sa mise en scène très visuelle
Les points négatifs
- Finalement, pas tant d’arènes que ça
- Le scénario est fidèle à l’esprit de la série, mais sans réelle grosse surprise
- Préparez vous à ressortir la carte bleue pour les futurs DLC (qui restent facultatifs)
- Quelques légers bugs dans quelques arènes
- Les modes Arcade et Épisodes de personnages qui font doublon
- Le design « Disney » des personnages du mode Quête Arcade qui peut surprendre
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