Pour fêter les 35 ans de Super Mario, Nintendo nous propose une compilation retraçant les premiers pas de Mario dans l’ère de la 3D. Cette nouvelle cartouche Switch nous propose donc, en un seul jeu, Super Mario 64, Super Mario Sunshine, et Super Mario Odyssey. Et voici venu le moment de vous dire ce que nous pensons de cette compil’…

Trois générations réunies

Cette compilation, on l’aura attendue ! Nous savions depuis longtemps que Super Mario fête ses 35 ans cette année. Et les rumeurs d’une cartouche réunissant plusieurs jeux Super Mario, pour fêter cet anniversaire comme il se doit, trainaient depuis des mois. Et pendant ce temps, silence radio de la part de Nintendo !

Jusqu’à ce que, le 3 septembre, Nintendo ne confirme l’arrivée d’une collection de trois jeux sur Switch (Super Mario 64, Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy). Trois jeux réunis en un, prévus pour le 18 septembre, pour une durée limitée (jusqu’en mars 2021, après, il ne sera plus possible de se les procurer, tant en physique qu’en dématérialisé). Trois jeux appartenant à trois générations différentes de consoles (N64, GameCube et Wii)… Et trois occasions de sauver la princesse Peach enlevée par Bowser, dans son château, en vacances ou dans l’espace (fin d’explication pour les scénarii).

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Super Mario 3D All Stars, comme son nom l’indique, va donc nous faire revivre l’arrivée de Mario dans l’ère de la 3D. Ses premiers pas, tout d’abord, avec le révolutionnaire Super Mario 64… Puis, deux autres titres ayant marqué leur génération. Pour les 35 ans de Mario, Super Mario 3D World (Wii-U) sera lui aussi porté sur Switch… Mais sur une autre cartouche, début 2021.

Pour les plus vieux, le nom de cette cartouche est aussi un clin d’œil à Super Mario All Stars, une compilation sortie sur Super Nintendo en 1993. Et qui réunissait, en version nettement améliorée, les quatre opus NES, le 2 étant présent sous ses formes japonaise (Super Mario The Lost Levels) et occidentale Super Mario Bros 2).

Super Mario 64

Et on commence avec LE jeu qui va le plus morfler de l’écart technologique entre sa version d’origine (1997) et ce portage Switch. Car je ne vais pas vous mentir : hormis un léger lissage qui vient affiner les traits, tant pour les persos que pour les décors… Le graphisme est quasiment le même que sur N64. Et ce n’est que mon avis, mais il me semble moins beau que son remake sorti sur DS en 2004 (et qui proposait aussi des bonus absents ici, comme le fait que Luigi, Yoshi et Wario soient jouables).

D’ailleurs, contrairement à SM Sunshine dont je parlerai plus bas, l’image n’a pas été recalibrée pour les TV actuelles : il s’affiche dans ce bon vieux format 4:3. Rien de bien méchant, mais à l’écran, cela se traduit par les fameuses bandes noires de chaque coté, et une image carrée. En docké comme en portable, le jeu s’affiche ainsi en 720p et 30 fps.

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Concrètement, les dessins sur les murs sont plus lisibles, tout comme les contours des éléments de décor… Mais le jeu reste sensiblement le même, toujours aussi coloré, mais aussi très anguleux, avec quelques textures assez moches, et surtout une caméra à la limite du supportable. Ne lui jetez pas la pierre pour autant, nous parlons des débuts de la 3D ! Cependant, vous devez savoir que nous sommes ici beaucoup plus proche de l’émulation, et non d’un vrai remake comme celui de Crash bandicoot N’Sane Trilogy (pour ne citer que lui).

Si la jouabilité a été optimisée pour la Switch, elle s’avère en effet plus agréable et plus contemporaine que le jeu d’origine. Car qu’on se le dise, si Super Mario 64 faisait figure d’exemple en son temps, en termes de gameplay, sa jouabilité nous semble aujourd’hui assez capricieuse. Disons que l’on a été habitués à mieux depuis. De ce fait, la maniabilité est ici légèrement plus agréable que sur N64, bien que certaines commandes demandent parfois une petite piqure de rappel à l’aide de la touche «  » ! Mais on ne sera pas aidé par une caméra à devoir régulièrement remettre en place manuellement.

Super Mario Sunshine

C’est avec Super Mario Sunshine (2002) que l’on va commencer à percevoir des différences graphiques. Avec un premier détail qui saute aux yeux : le jeu s’affiche désormais en plein écran, lorsqu’il tourne en 4:3 sur GameCube. Ici, la version dockée tourne en HD 1080p, quand la version portable est en 720p et 30 fps. Mais attention : les deux bords ont bien été refaits, reprogrammés pour remplir tout le 16:9. Nintendo ne s’est pas contenté simplement d’étirer l’image.

En revanche, il a fallu arrondir les angles, si j’ose dire. Autrement dit, lisser les polygones de l’époque, pour rendre les arêtes plus lisses, dans la mesure du possible (on a quand même des polygones bien apparents). On pourra cependant être surpris par l’effet de déformation dû à la chaleur (on est sur une île tropicale), en arrière plan, sans doute pour masquer quelques imperfections… Mais qui déforme la ligne d’horizon de manière étrange et peu esthétique. On pourrait presque croire à un bug graphique.

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Considéré par beaucoup comme le meilleur jeu Mario, Sunshine reste toujours aussi délicieux. Et le rendu de l’eau est toujours aussi chouette, même en 2020 ! Cependant, le jeu hérite lui aussi d’un gros (le plus gros) défaut de la version GameCube : la caméra complètement aux fraises. Le gameplay pâtit de ces angles de vue parfois totalement délirants, où le joueur joue à l’aveugle parce que la caméra fait sortir Mario du cadre.

C’est d’autant plus dommage que la jouabilité est vraiment agréable (même s’il faut prendre le coup pour la visée, pas toujours très ergonomique). Sunshine nous avait séduit par ses mécaniques de « nettoyage de flaques de boue » et le plaisir n’a pas pris une ride. Ni les musiques d’ailleurs, ni les environnements qui vous emmènent en vacances. En revanche, le jeu garde aussi ses pics de difficulté…

Super Mario Galaxy

C’est sans aucun doute le portage le plus réussi de cette trilogie. Et celui qui pourrait presque justifier à lui seul l’achat de cette cartouche. Super Mario Galaxy (2007) est une franche réussite qui affiche de la Full-HD 1080p (en docké) et HD 720p (portable). Mais dans les deux cas, le jeu tourne en 60 fps.

Avec son gameplay basé sur la gravité (vous aurez souvent la tête en bas), le plus gros challenge pour les développeurs aura été d’adapter l’ancien gameplay à la Wii-Mote aux commandes de la Switch. Et vous pourrez donc retrouver ces sensations, et la détection de mouvements, en détachant vos Joycons, qui remplacent alors parfaitement la Wii-Mote. Le curseur central (que vous pouvez réinitialiser avec R) vous permet de choper des cristaux en déplaçant votre joycon dans l’espace. Le mouvement est aussi détecté avec la manette Pro.

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Je suis un peu plus mitigé concernant le jeu sur une Switch-Lite. Il est tout à fait possible de jouer de manière conventionnelle, en appuyant sur les boutons et sans détacher ses joycons (c’était une crainte pour beaucoup)… Mais forcément, le jeu doit s’adapter. Alors, sur une Switch-Lite, pour attraper les cristaux d’étoiles (ou pour les lancer), vous devrez (souvent) utiliser l’écran tactile. Ça fait le job, mais ce n’est pas la commande la plus instinctive qui soit.

Un « All Stars » que de nom ?

Ça ne vous aura pas échappé : cette compilation joue la carte de la nostalgie jusque dans son nom, avec un « All Stars » qui renvoie au Super Mario All Stars de la Super Nintendo. Un jeu qui, déjà à l’époque, proposait une compilation de quatre jeux NES, portés sur consoles 16 bits.

Oui mais… Les deux ne sont pas comparables. En effet, dans Super Mario All Stars (SNES), on ressentait un vrai travail de refonte ! Les graphismes et les musiques étaient upgradés en version 16 bits (visuellement, ça changeait du tout au tout, il y avait un vrai bond en avant)… Et ce généreux titre proposait quatre jeux : Super Mario Bros 1, Super Mario Bros 2, Super Mario Bros 3 et The Lost Levels (le vrai SMB2 au Japon). Une seconde version ajoutera d’ailleurs Super Mario World.

Super Mario 3D All Stars ne se contente que de portages des jeux N64, GameCube et Wii. Avec quelques légères améliorations techniques certes, mais beaucoup moins flagrantes (et ça se ressent surtout dans Super Mario 64). Les graphismes ont été lissés, mais ces trois versions restent des portages des matrices d’origine, les jeux n’ont aucunement été « refaits » ! Ceci dit, la page d’accueil nous avait annoncé la couleur : l’interface est minimaliste au possible. Elle vous propose de scroller entre les trois jaquettes de jeux (et les 3 OST) pour les lancer et… C’est tout !

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De nombreuses compilations récentes, ou même les consoles Mini, ont instauré des standards que vous ne retrouverez pas ici. Comme les différents filtres graphiques. Ou pire, la sauvegarde automatique. Et oui, malheur à vous si vous avez l’habitude de quitter un jeu sans sauvegarder… Ici, il faut enregistrer votre partie à l’ancienne 😉

Enfin, nombreux sont les joueurs à regretter l’absence de Super Mario Galaxy 2 (Wii). Une suite plus réussie, avec un meilleur level-design (et un Yoshi)… Donc une absence que l’on a du mal à comprendre sur cette compilation anniversaire (peut-être pour le ressortir plus tard en DLC, ou dans une nouvelle version de la compilation, après mars 2021 ?).

Et les bonus dans tout ça ?

Avec la promesse d’une compilation destinée à fêter les 35 ans de Super Mario… Vous vous dites que Nintendo a dû nous réserver de nombreuses surprises, et notamment plein de bonus… Et bien… À vrai dire, on aurait aimé plus !

Car ici, le mot « bonus » se limite aux trois OST des jeux concernés. Pas des OST que vous pourrez télécharger pour les écouter plus tard… Mais les trois disques, présents dans le carrousel de démarrage… Pour écouter l’une des 175 plages disponibles, il suffit de cliquer sur le CD, puis sur le morceau voulu. La plage en lecture remplace alors celle du démarrage. Utile si vous utilisez votre Switch comme lecteur MP3, mais…

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À la limite, on pourra aussi se contenter de la fiche de description de chaque jeu, qui apparaît au moment du choix. Mais ne comptez sur rien de plus : pas d’artworks ou d’anecdotes, pas de musée… Autrement dit, pour ce point, Super Mario 3D All Stars est une compile sympa, mais pas une compile d’anniversaire…

Au final

Il n’y a pas à dire ! Pour fêter les 35 ans de Mario, Nintendo ne pouvait pas nous proposer plus beau cadeau que cette compilation qui réunit les jeux 3D emblématiques de la licence. D’autant que les plus jeunes joueurs n’ont sans doute pas connu Super Mario 64 ou Super Mario Sunshine, et ont sans doute de vagues souvenirs de Galaxy. Et pour les plus anciens, il est agréable de pouvoir rejouer à ces pépites sur une console actuelle, sans ressortir ses vieilles machines.

Pourtant, le soufflé retombe très vite. Hormis quelques lissages graphiques, les jeux sont quasiment restés dans leur jus. De plus, en termes de bonus, on frôle la radinerie (on parle quand même d’un jeu anniversaire). Ces trois émulations en HD offrent le minimum syndical, et c’est bien là le problème. Car quand je parlais plus haut des plus jeunes, beaucoup seront rebutés par un Super Mario 64 trop vieillissant, une jouabilité aujourd’hui devenue très rigide, ou pire, par des soucis de caméra qui n’ont pas été corrigés d’un iota.

Et au final, ce Super Mario 3D All Stars souffle le chaud et le froid. On est d’abord enchantés de retrouver ces trois hits sur Switch… Puis, on ressent l’impression de s’être fait avoir, avec ce titre vendu 60€, et dont on attendait plus, beaucoup plus. Une compilation vraiment sympa, mais qui ne mérite pas le tarif demandé…


Super Mario 3D All Stars

  • Par : Nintendo.
  • Sur : Switch.
  • Genre : Compilation / plate-formes.
  • Classification : PEGI 7.
  • Prix : 59,99€.
Testé sur une version commerciale.
Points positifs :
  • Retrouvez et emportez partout 3 jeux cultes sur votre Switch
  • Galaxy et Sunshine n’ont (quasiment) pas pris une ride
  • Les trois OST à redécouvrir
  • La HD (voire Full-HD) sur Sunshine et Galaxy
  • Super Mario Sunshine qui passe en 16:9
  • Solide durée de vie
  • Super Mario Galaxy aussi jouable sur une Switch-Lite (sans détacher les joy-cons)
  • L’OST de Super Mario Galaxy toujours aussi magnifique
Points négatifs :
  • Plutôt radin en termes de bonus pour un jeu anniversaire
  • Des commandes qui, aujourd’hui, manquent de souplesse
  • Ces pu… de soucis de caméra
  • Interface minimaliste au possible
  • Super Mario 64 a mal vieilli
  • Vendu trop cher pour le contenu qu’il propose
  • La durée limitée (31 mars 2021) pour se procurer le jeu