Lancé grâce à une campagne Kickstarter, Eiyuden Chronicle : Rising n’est pas qu’un nouveau jeu. Il s’agit en réalité d’une préquelle, d’une entrée en matière vers sa suite Eiyuden Chronicles : Hundred Heroes, attendu en 2023. Et comme le jeu de Rabbit & Bear (pour 505 Games) est bon, il fallait qu’on vous en parle.

Eiyuden Chronicle : Rising, qu’est-ce que c’est

Eiyuden Chronicle : Rising se déroule dans le même monde qu’Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes. Un titre attendu pour 2023 sur la plupart des supports du moment, avec à sa tête un certain Yoshitaka Murayama, l’homme qui est derrière le fabuleux, l’extraordinaire Suikoden sur PS1 (ainsi que Suikoden II). Et accessoirement, un titre qui vous permettra d’incarner 100 personnages jouables, rien que ça !

Mais un jeu dont le développement a été tortueux, et c’est peu de le dire. En version courte, Eiyuden Chronicle : Rising devait sortir chez Konami, avec Yoshitaka Murayama au scénario et à la réalisation, mais son développement a été laissé en plan. Alors, une partie des anciennes équipes créatives de Konami, ainsi que le réalisateur, se sont mobilisés pour poursuivre cet ambitieux projet. Ils ont lancé une campagne Kickstarter.

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Et là, le résultat se passe de commentaires : les développeurs visent 53 808 516 ¥ (environ 370 000€) et récoltent 481 621 841 ¥ (plus de 3,3 millions d’euros), de la part de 46 307 contributeurs. Soit dix fois plus. Et au passage, un record puisque Eiyuden Chronicle devient le troisième jeu vidéo le plus financé par Kickstarter, derrière Shenmue III et Bloodstained: Ritual of the Night. Le titre de Rabbit & Bear Studios mérite donc amplement sa place dans les annales du jeu vidéo !

Pour avoir suivi la série Suikoden jusqu’à Suikoden V, sur PlayStation 2 (c’était en 2006 si ma mémoire est bonne), ce titre fait partie de ceux que je souhaitais découvrir. Et le voyage aura été à la hauteur de l’attente, comme nous allons le voir avec ce test… Qui démarre maintenant !

Vous avez dit « Action RPG » ?

Tout est dit avec cet intertitre : Eiyuden Chronicle : Rising est un Action-RPG, ou A-RPG. Et donc un A-RPG qui va faire office de préquelle de Eiyuden Chronicle: Hundred Heroes. Puisque comme le dit si bien le trailer du jeu, avant que les cent héros ne s’unissent, il y eut l’histoire de trois héros. Autrement dit, ce prologue va se focaliser sur trois des 100 héros du grand projet de Murayama. Mais attention : ne pensez pas pour autant que vous avez ici affaire à une démo, ce n’est pas le cas. Nous parlons bien d’un jeu à part entière. Un spin-off dispo avant le jeu principal, quoi…

L’action du jeu, et ses combats, se déroulent en 2D. Un peu à la manière d’un Odin Sphere : Leifthrasir, qui est le premier titre qui m’est passé par la tête lorsque j’ai vu les premiers screens de Eiyuden Chronicle. Un choix artistique qui donne au titre un petit aspect rétro fort savoureux, et du dynamisme dans les combats. D’ailleurs, puisque l’on parle de la dimension artistique, les arrières plans en 3D sont vraiment très agréables à regarder, et confèrent au jeu un rendu visuel très réaliste, qui tranche avec le chara-design plus vintage (mais tout aussi savoureux).

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Le gameplay pourra vous sembler déroutant au premier abord, car la dimension A-RPG n’est pas la plus évidente au début. Et les premières vidéos du jeu vous ont sans doute davantage donné l’impression de voir un jeu de plateformes. Et c’est justement l’un des aspects intéressants du titre de 505 Games : le gameplay mise sur une certaine diversité, avec des phases de combats dynamiques très éloignés du tour-par-tour, de l’exploration, et aussi une ville que vous devrez reconstruire.

Mais ce n’est pas pour autant que le jeu est dénué de défauts. Et au fil de l’aventure, vous remarquerez par exemple que, si la direction artistique surprend pour ce qui est des environnements… Elle semble plus limitée en matière d’animation des personnages, trop rigides notamment dans leurs déplacements. Le bestiaire semble lui aussi manquer de variété… Tout comme la bande-son, qui est très bonne, mais avec finalement trop peu de pistes différentes.

C’est l’histoire de… Trois héros

Et c’est ici que je réalise que nous n’avons pas encore abordé une question essentielle : le scénario du jeu. Le joueur va donc faire la connaissance de CJ, une ado qui a décidé de devenir aventurière. Un rêve qui l’a poussée à quitter son village natal, pour se retrouver à New Nevaeh, une ville considéré comme le paradis des chasseurs de trésors. Hélas, la ville n’est que l’ombre de sa légende, et CJ réalise qu’elle va devoir mouiller le maillot pour aider les habitants à reconstruire leur cité.

Sur sa route, elle va croiser deux autres compagnons, pour former au final un trio qui ne surprendra pas les amateurs d’animes ou de mangas. Nous aurons ainsi CJ l’héroïne optimiste et enjouée, Garoo le kangourou grincheux mais le combattant viril de la bande, et Isha, la mystérieuse qui semble cacher des secrets. C’est classique, pour ne pas dire déjà vu, mais l’histoire est suffisamment bien écrite, les personnages sont assez charismatiques, pour que le joueur accroche. La mayonnaise prend, et on n’a qu’une seule envie : en découvrir davantage.

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Le scénario (je n’en révèlerai pas plus) a ses qualités, mais aussi ce que l’on pourrait entrevoir comme des limites. D’une part dans le jeu lui-même, puisque l’histoire met du temps à s’installer, l’intrigue prend du temps pour se mettre en place. Mais accrochez vous, le jeu en vaut la chandelle. Malgré une écriture efficace, quelques points (que je tairai ici pour ne pas trop vous en dire sur l’intrigue) laissent clairement penser que les scénaristes en gardent sous le pied pour Hundred Heroes. Ça peut frustrer parfois, d’autant qu’il va falloir attendre pour avoir une vision plus générale de l’univers d’Eiyuden Chronicle.

Ce qui nous amène à une autre remarque à propos de l’écriture du jeu. Et qui nous projette cette fois sur l’œuvre dans sa globalité : les personnages. Comme je l’ai indiqué plus haut, nos trois compères sont charismatiques et bien amenés, bien écrits. Mais qu’en sera t-il des autres héros ? Réussir trois protagonistes, ce n’est pas trop compliqué… Mais en réussir 100, écrire 97 autres héros à la hauteur (voire mieux) que ces trois là, sans redite, sans déséquilibre dans le traitement… Voilà un gros challenge pour les scénaristes… Bien que Yoshitaka Murayama n’ait plus grand chose à prouver sur ce plan… Mais c’est un point sur lequel on sera attentifs.

Les signes de la réussite

Eiyuden Chronicle : Rising, c’est cette impression d’être face à un jeu que l’on aurait facilement pu rater, tant il est passé discrètement dans le paysage vidéoludique. Pourtant, il ,est de ces jeux qui sont un véritable cas d’école, une véritable leçon de développement. Quand beaucoup de jeux sortent aujourd’hui alors qu’ils ne sont pas finis (merci les nombreux patchs post-lancement), les développeurs nous livrent ici une copie qui n’a de cesse de nous surprendre. Et dans le bon sens du terme.

Le plus intéressant selon moi est le système de combat, en apparence simple à prendre en main, mais plus élaboré qu’il n’y paraît. Ainsi, au début, CJ dispose des commandes pour attaquer, sauter ou dasher. Lorsque vous débloquez Garoo, le dash est remplacé par le blocage (Isha a une téléportation à la place), et ses touches de commande ne sont pas les mêmes. Et au final, vos trois protagonistes se partagent les boutons de la manette, il suffit d’appuyer sur l’une des touches de commande attribuées à l’un d’eux pour switcher. Lors des combats, vous pouvez donc attaquer avec vos deux ou trois équipiers (selon votre avancée), mais aussi réaliser des combos. Tout est une question de timing (et de mémoire des touches).

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Bien sûr, le jeu a ses limites, techniques notamment. Testé sur Switch, j’avoue avoir eu parfois quelques soucis de lisibilité en mode nomade (vive le plein écran). Et l’effet de flou cité plus haut pour vanter le rendu visuel du jeu peut aussi être critiqué : trop de flou tue parfois le flou… Mais c’est juste un détail. Car à coté de tous ces aspects mitigés, le jeu est techniquement propre, et surtout généreux. Il vous en donne pour le peu d’argent que vous avez versé (Eiyuden Chronicle : Rising est vendu 15€ seulement).

Tout au long de votre progression, le jeu vous réserve de belles surprises, son gameplay évolue, tout comme son histoire. Les quêtes annexes s’enchaînent, permettant de développer votre ville, et donc de vous donner accès à de nouveaux quartiers, de nouveaux magasins. Et il n’y a rien de tel pour vous rendre addict à un jeu vidéo. D’autres missions vous permettent de toucher à l’artisanat et à l’amélioration, via un système assez simple à prendre en main. Mais pour cela, il faudra aussi aller chercher du loot, notamment sur les ennemis (avec parfois du farm qui amène une certaine redondance dans le gameplay, j’avoue), dans les coffres, ou grâce aux récoltes (encore une mécanique qui vient s’ajouter aux autres, sans pour autant complexifier le jeu).

Au final

Vous l’aurez compris : malgré quelques petits écarts de temps en temps, Eiyuden Chronicle : Rising est un jeu qui tient toutes ses promesses, et suit très fidèlement le cahier des charges qui avait été proposé. Pour le joueur, c’est à la fois une chouette et solide expérience, doublé d’une aventure que l’on prend plaisir à suivre. Au point que le titre de Rabbit & Bear parvient à susciter l’envie, l’impatience de découvrir son grand projet, la véritable aventure… Celle qui ne se jouera plus à trois, mais à 100 ! Mais il va falloir attendre 2023 pour cela…

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Enfin, ce jeu de très bonne facture a encore un solide argument à mettre dans la balance : son prix ! Quand certains se gavent en vous vendant leurs créations à plus de 80€, 505 Games nous propose ici ce Eiyuden Chronicle : Rising pour moins de 15€. Soit, pour beaucoup d’éditeurs, le prix d’un DLC, voire d’un skin… Toutes les étoiles sont donc alignées pour que Eiyuden Chronicle : Rising devienne un incontournable pour tous les amateurs de A-RPG. Et surtout un indispensable si vous êtes un fan de la série Suikoden : dans Eiyuden Chronicle, il y aura pas mal de choses qui vous rappelleront un truc 😉


Eiyuden Chronicle : Rising

Testé sur Switch, sur une version fournie par l’éditeur
Points positifs
  • De chouettes graphismes en 2,5D
  • Un jeu très accessible
  • Ça tient la route autant en docké qu’en mobile
  • Le switch de personnages
  • Durée de vie correcte
  • Les musiques sont agréables
  • Une chouette intro… La suite, vite !
  • Prix mini
Points négatifs
  • Une bande-son trop répétitive, il manque des pistes
  • Un bestiaire pas assez varié
  • Parfois répétitif
  • Animation trop rigide
  • On sent que les développeurs ont voulu en garder pour la suite