Lysfanga : The Time Shift Warrior, c’est un parcours atypique ! Un jeu hack & slash développé par des étudiants français, et qui repose sur un concept vraiment original. Donc un jeu qui, forcément, finit par attirer l’attention. C’est ce qui s’est passé puisque ce titre indé est, à partir du 13 février, distribué par le géant français Quantic Dream via son label Spotlight. Et là, ça commence à faire beaucoup ! Suffisamment d’arguments en tout cas pour nous donner envie de nous pencher sur ce cas !
Au départ, le jeu est un projet étudiant
En tant que joueur passionné, c’est toujours un réel plaisir de découvrir de petits jeux indépendants, qui s’avèrent très vite être des pépites. Des titres sans prétention, mais qui reposent sur une bonne idée, sur un concept original. Et dans ce domaine, l’éditeur français Quantic Dream nous régale ! On le connaît pour ses hits que sont Beyond Two Souls, Detroit Become Human ou encore l’incontournable Heavy Rain (et en attendant son Star Wars Eclipse dont on ne sait encore rien)… Mais saviez vous que Quantic Dream publie aussi des jeux indés ? Cela se passe sous son label Spotlight, que vous connaissez déjà si vous nous lisez régulièrement ! Car, sous ce même label, nous vous présentions l’excellent Under the Waves, en septembre 2023.
Mais revenons à nos moutons ! Et en premier lieu, vous devez savoir que Lysfanga n’est pas un jeu développé par un studio bien rodé, mais par des étudiants de l’Isart (établissement d’enseignement supérieur privé, spécialisé notamment dans le jeu vidéo et l’animation). L’équipe originelle se compose ainsi de Baptiste Marsac et Daphné Pauchet-Deloffre (production) ; Thibaut Dannenmuller, Félix Donadio, Alexia Loup et Jeanne Plounevez (game art) ; Thibault Legouet, Florian Maurel et Arthur Pilewicz (game design) ; Max Droulez et Axel Puzenat (game design et programmation) ; Lucas Forcina et Marin Rivera (game programming) ; et Clément Gaunard (OST et sound-design). Plusieurs d’entre eux créeront ensuite leur propre studio : Sand Door Studio.
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Ce projet étudiant de fin d’année a même été récompensé du Grand Prix du jury 2020 à ISART Digital et du meilleur jeu vidéo étudiant aux Pégases 2021. Déjà à ce niveau, on devine que le jeu a quelques arguments de vente à faire valoir. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Et ces récompenses sont aussi une excellente carte de visite pour nos jeunes développeurs. Dont le jeu va taper dans l’œil du studio Quantic Dream… La suite, vous la connaissez…
Inutile de vous dire qu’entre 2021 et 2024, le jeu a énormément évolué. Et il suffit d’aller jeter un œil du coté des archives de l’Isart pour s’en rendre compte : vous y trouverez les images du projet d’étude. Depuis, les graphismes ont gagné en maturité et en détails. L’intro a gagné des animations et a été complètement refaite… Bref, le projet développé sur Unity par des étudiants a été repris, est devenu un jeu vidéo complet, digne de figurer dans le catalogue d’un éditeur aussi renommé que Quantic Dream.
L’attaque des clones
Après plus de 500 ans de paix, une nouvelle menace plane sur le monde d’Antala. Et son sort dépend de vous ! Le joueur incarne Imë, une Lysfanga (une gardienne) du Nouveau Royaume. Les anciennes cités, autrefois scellées dans le temps, sont à nouveau libres, et un ancien mal s’est échappé, menaçant la paix. La Déesse du Temps en personne vous a octroyé un grand pouvoir : celui de pouvoir remonter le temps de quelques secondes, et de pouvoir être capable de créer des clones d’un passé immédiat, pour combattre avec votre propre armée de rémanences. Imë peut ainsi devenir légion pour anéantir des hordes de démons, appelés Raxes, et sauver Antala.
Lysfanga est un jeu que l’on pourrait facilement ranger dans la catégorie des hack & slash, avec un soupçon de RTS, et beaucoup de réflexion. Oui, je vous l’accorde : déjà à ce stade, le jeu de nos étudiants de l’Isart se démarque de ce qui se fait habituellement dans cette catégorie. Mais comme nous l’écrivions plus haut, le jeu se distingue aussi par son originalité. Autrement dit son gameplay qui repose sur la gestion de clones temporels. Des jeux qui usent de cette mécanique de démultiplication, on en a déjà vu : Split, Blades of Time, Quantum League… Mais aucun de ces exemples n’étaient des hack & slash. Et généralement, dans la plupart des H&S, on fait parler l’épée plus que la matière grise. Dans Lysfanga, vous devrez être observateur, et réfléchir avant d’agir !
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Le jeu va vous emmener à travers trois cités anciennes, que vous pourrez explorer, soit trois chapitres (et un épilogue) composés de nombreuses salles et énigmes. Votre objectif sera alors de nettoyer ces salles de toutes les hordes de Raxes qui pullulent, en multipliant vos clones et en anéantissant l’ennemi avant que votre pouvoir ne disparaisse. Et c’est là qu’entre en jeu la partie stratégique de l’équation. Car votre personnage ne dispose que de quelques dizaines de secondes pour agir, et si vous arrivez au bout du timer, vous mourrez !
Mais la mort elle-même est un élément capital. Puisque c’est par la mort que vous pouvez vous démultiplier, si le compteur arrive à zéro, ou si vous êtes vaincu par les hordes de monstres. Seul contre tous, c’est impossible ! Mais à une armée de rémanences contre tous, le délire n’est plus le même. D’autant que, plus le joueur avance et plus le jeu se complexifie, avec certaines énigmes qui vous demandent ce qui est matériellement impossible : être partout à la fois. Ça tombe bien, c’est votre « petit » talent caché ! Le principe est génial, mais il fallait y penser !
Une réalisation maîtrisée
En dehors des combats, Lysfanga propose des mécaniques beaucoup plus classiques. Comme de l’exploration dans chacune des cités anciennes, afin de compléter un codex. Le joueur devra aussi trouver de nombreux collectibles, comme des éclats de rémanence qui, une fois que vous en avez le nombre requis, vous offrent des vies supplémentaires. Par ailleurs, vous devrez aussi trouver des coffres, qui contiennent notamment des skins pour votre héroïne… Bref, largement de quoi vous occuper un moment : une dizaine d’heures pour finir le jeu en ligne droite… Mais beaucoup plus si vous comptez explorer toutes les zones !
Pour mener à bien les combats, vous disposez de trois types d’armes, que vous pourrez alterner à votre convenance : un trident, le duo épée/bouclier et des chakrams (des sortes d’anneaux avec une lame). Mais attention, car le gameplay sera différent à chaque fois : le trident est plus lourd, les chakrams sont parfaits pour attaquer à distance, mais moins puissants, l’épée/bouclier offre un compromis équilibré… Encore une fois, il faudra bien souvent réfléchir à la meilleure option selon la situation. Enfin, votre héroïne dispose aussi d’une douzaine de pouvoirs. On pose ça là, ça peut servir !
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Les visuels qui illustrent ce test parlent d’eux même : le jeu est agréable à regarder, avec une vue en 3D isométrique qui n’a rien à envier aux autres productions du genre. Même si on constate parfois une certaine répétition dans les éléments du décor, et même si on aurait aimé plus de diversité dans le bestiaire… On aime se balader dans ce monde d’Antala, qui a une personnalité, une âme. Le jeu est plutôt coloré, avec de chouettes effets de lumière.
Même constat du côté du son, avec l’OST de Clément Gaunard qui colle parfaitement à l’ambiance du jeu, et nous donne envie de plonger dans cet univers singulier. Ajoutons que le jeu bénéficie aussi de doublages en Anglais. Enfin, et cela n’a plus rien à voir avec le volet technique, mais sachez que Lysfanga propose une ristourne de 20% la semaine de sa sortie… Raison de plus, si l’aventure vous tente !
Au final
On récapitule : nous parlons ici d’un premier jeu développé par des étudiants, qui ont pris quelques années de plus pour peaufiner leur projet, jusqu’à sa sortie ce 13 février 2024. De ce point de vue, vous conviendrez qu’on est loin d’un triple A, développé avec un budget à plusieurs zéros. Et pourtant, Lysfanga: The Time Shift Warrior n’a pas à rougir… Et Sand Door pourrait même se permettre de donner des cours du soir à certains studios connus tant leur premier jeu est maîtrisé du début à la fin. Sur la forme, Lysfanga ressemble à beaucoup de titres similaires, sur le fond le hack & slash hexagonal brille par son gameplay original.
Lysfanga: The Time Shift Warrior, c’est un contrat gagnant-gagnant-gagnant ! Sand Door est gagnant car le jeu va constituer, pour le studio tricolore, une superbe carte de visite, une démonstration qui va sans doute lui ouvrir pas mal de portes ; Quantic Dream est gagnant car l’éditeur ajoute une nouvelle corde à son arc, un nouveau studio talentueux à son carnet d’adresses, et possède désormais un « Hadès » dans son catalogue ; Et enfin, le joueur est gagnant car, ce mardi 13 février, il a une bonne occasion de découvrir une pépite indé ! Si vous aimez le genre, foncez, Lysfanga est une valeur sûre.
Lysfanga: The Time Shift Warrior
- Par : Sand Door Studio, distribué par Spotlight by Quantic Dream
- Sur : PC (Steam et Epic Games)
- Genre : hack & slash/stratégie
- Classification : PEGI 7
- Prix : 24,99€ (avec une réduction de 20% la première semaine, soit 19,99€).
- Conditions de test : testé grâce à une clé Steam fournie par l’éditeur
- À savoir : une démo est disponible
Les points positifs
- Un concept original et intelligent
- La courbe de progression
- Une direction artistique réussie
- Une progression bien équilibrée
- Des collectibles qui poussent aussi à l’exploration
- Une durée de vie honnête
- Une très bonne bande-son
- C’est moins cher qu’un Diablo IV, mais pas forcément plus mauvais
Les points négatifs
- L’IA reste perfectible
- Certains décors un peu redondants
- Le bestiaire manque de variété