Capcom aime, comme beaucoup d’autres éditeurs, rééditer ses hits dans des compilations ou des portages sur les consoles actuelles. Et aujourd’hui, à l’image de Phoenix Wright, c’est une nouvelle pépite de la Nintendo DS que vous pouvez redécouvrir sur Switch, PlayStation ou XBox : Ghost Trick Détective Fantôme, jeu d’action/aventure/enquête au gameplay singulier. Il fallait qu’on vous en parle !
La mort vous va si bien
Le jeu qui fait l’objet d’un test aujourd’hui n’est pas une nouveauté, puisque Ghost Trick : Détective Fantôme est un portage qui est sorti sur les supports actuels en juin 2023. Un portage d’un jeu encore plus ancien, puisque ce hit de Capcom est sorti initialement sur Nintendo DS, en janvier 2011 sous nos latitudes. Un jeu d’aventure/enquête avec un gameplay qui s’apparente fortement à du point & click. Autrement dit un jeu qui surfait alors sur la vague du succès engendrée par d’autres références du genre, comme le Professeur Layton (Level-5), ou encore Phoenix Wright : Ace Attorney, également de Capcom.
D’ailleurs, cette référence n’est pas si anodine, puisque Ghost Trick a été créé par Shu Takumi, qui est justement le géniteur des Ace Attorney. De ce fait, on comprend mieux les nombreuses similitudes entre les deux licences de Capcom ! De même du côté de la bande-sonore : Masakazu Sugimori (musiques des Ace Attorney ou de Viewtiful Joe) s’associe avec d’anciens membres de la team audio de Capcom que sont Atsushi Mori (Mega Man, Resident Evil, Okami…), Kento Hasegawa (Devil May Cry 3…) et Masato Kouda (Devil May Cry, Monster Hunter…) pour créer une nouvelle société : DesignWave, derrière l’OST de Ghost Trick ! Il n’y a pas de hasard !
► Lire aussi notre test : Jusant : les créateurs de Life is Strange vous emmènent au 7e ciel
Dans le jeu, vous incarnez Sissel, un homme en costume rouge et à la coupe improbable, qui reprend conscience dans une décharge publique à la tombée de la nuit. Pour réaliser qu’il est… Mort !! Il vient d’être assassiné froidement par un homme qui menace désormais la vie d’une jeune femme mystérieuse. Privé de vos facultés physiques (puisque vous êtes désormais un cadavre aussi froid qu’un mois de février), vous allez devoir puiser dans vos nouvelles aptitudes de spectre pour résoudre les nombreuses énigmes qui s’offrent à vous. Et reconstituer le puzzle de votre vie, puisque votre état récent de mort vous prive aussi de vos souvenirs.
Mais dans l’immédiat, le jeu vous plonge dans l’ambiance. La charmante et mystérieuse demoiselle n’a plus que 4 minutes à vivre. Heureusement, vous faites la rencontre d’une lampe de bureau qui parle (si si). Celle-ci semble rodée aux codes du monde des morts, et vous explique tout ce que vous devez savoir. Principalement comment réaliser vos « tours » de fantôme (ou « tricks » dans la langue de Shakespeare). Mais le temps presse, et vous devez sauver une vie…
Poltergame !
Comme écrit plus haut, votre personnage est physiquement mort ! Il ne peut donc plus interagir avec son environnement. Du moins, pas comme un humain ordinaire. Mais avant de partir réellement pour le Royaume des Morts, le lendemain matin (votre temps est compté), il a encore un peu de temps, et le pouvoir de se matérialiser dans notre monde. Pour cela, il suffit à son âme de prendre possession des objets (mais pas des humains) situés à proximité, et plus précisément de leur « noyau » ! Ce qui vous permet de déclencher des actions bien précises, et qui auront des conséquences dans notre univers. Et précises, c’est peu de le dire, tant le jeu demande souvent des actions au millimètre, et avec un timing parfait.
Pour vous matérialiser face à un personnage pour en sauver un autre, vous pouvez posséder les noyaux de plusieurs objets à proximité, en passant dans la dimension spectrale. Une fois que vous avez pris possession de ces items, vous pouvez revenir dans le monde réel pour déclencher des actions : faire rouler un vélo, allumer un mixer… Mais attention, seuls les objets proches peuvent être utilisés. S’ils sont plus loin, il faudra parfois être observateur : déplier un lit peut, par exemple, vous aider à aller plus loin ! Plus vous avancez dans le jeu, et plus votre avatar fantômatique débloque de nouveaux pouvoirs. Et heureusement, en cas d’échec, l’un des pouvoirs de Sissel est de revenir 4 minutes en arrière.
► Lire aussi notre test : Street Fighter 6 réécrit-il les règles du jeu (de baston) ?
Tout droit venu d’une autre époque, et pensé pour un autre support qu’est la DS, le jeu répond à d’autres standards : un rythme plus lent, un gameplay qui peine à se renouveler vers la fin… Aussi, on pourra regretter son côté très (trop) scripté. Bien qu’il soit souvent assez permissif, en vous permettant par exemple d’explorer des zones avant qu’elles ne deviennent obligatoires, scénario oblige. Au chapitre des défauts en revanche, on peste en réalisant qu’il est impossible d’enregistrer en milieu de chapitre (il faut le terminer pour sauver sa partie).
Ce Ghost Trick : Detective Fantôme est bien plus qu’un simple portage. Il nous gratifie de nouveaux graphismes en HD (1080p/60fps) avec des animations retravaillées, et se montre plutôt généreux lorsqu’il s’agit de déballer quelques bonus. Une galerie d’artworks et de concept-arts, des pistes musicales (37), et aussi les fameux Ghost Puzzles (hélas dispo seulement quand vous avez fini le jeu) que vous n’avez connu que si vous avez joué à la version AppStore de 2015. Ces derniers consistent en des énigmes que vous devez résoudre, avec un gameplay qui reprend le principe du taquin. En matière de contenu, cette nouvelle version est donc un véritable cadeau pour les fans, et une occasion incontournable pour les autres.
Au final
On peut s’interroger sur la pertinence de ressortir, sous les standards actuels, un jeu qui date de presque 14 ans (il est sorti en 2010, voire 2011 chez nous). D’autant que, malgré un lifting soigné, le titre de Capcom accuse quand même un petit coup de vieux ! Et puis, on parle tout de même d’un jeu mobile (sorti sur DS), et non d’une version de salon, à la base. Version dont Capcom a longtemps considéré les ventes comme décevantes. L’interrogation est donc légitime… Mais force est de reconnaître que ce remaster l’est tout autant : oui, il a sa place, et sera une bonne occasion de découvrir une pépite du passé ! Qui n’a pas pris tant de rides que ça, en fait !
► Lire aussi notre test : Phoenix Wright – Ace Attorney Trilogy à la barre : relaxe ou peine maximale ?
S’il a beaucoup moins marqué les mémoires qu’un Phoenix Wright ou un Professeur Layton car plus discret, Ghost Trick : Détective Fantôme reste néanmoins un jeu que vous devez découvrir. Pour l’époque, son gameplay était novateur, et d’une certaine manière, il l’est toujours. Si ce n’est que la jouabilité sera différente : jouer sur PS ou sur Switch, ce n’est pas la même chose que jouer sur le double écran tactile de la DS ! Et de ce fait, si vous avez ici l’occasion de découvrir un excellent jeu, ce sera dans des conditions différentes.
Mais son concept était bon, preuve en est, il l’est toujours aujourd’hui. Pour son histoire passionnante, pour son humour, pour sa jouabilité originale ou encore pour sa bande-son de très bonne facture… Ghost Trick : Détective Fantôme est un jeu à essayer, voire à posséder pour les plus collectionneurs d’entre vous. Bien qu’il ne soit pas le plus abouti visuellement parlant, il vous réserve de belles surprises. Les plus anciens gardent un souvenir ému de ce jeu, les plus jeunes pourraient aussi l’apprécier sur consoles actuelles… Une fois qu’on y goûte, on y reste !
Ghost Trick : Détective Fantôme
- Par : Capcom
- Sur : Switch, PlayStation, XBox et PC.
- Genre : action/aventure/enquête/point & click
- Classification : PEGI 12
- Prix : 29,99€
- Conditions de test : Testé sur PS5 sur une version fournie par l’éditeur. Jeu terminé (et terminé sur DS)
- À savoir aussi : une démo gratuite est disponible : votre progression est sauvegardée dans le jeu définitif.
Les points positifs
- Un chouette remaster HD, visuellement éclatant et coloré
- Le gameplay très intuitif
- Le concept même du jeu
- Un casting aussi fantasque que dans un Phoenix Wright
- Durée de vie correcte (entre 8 et 10 heures)
- Une histoire prenante
- En VF
- Progressivité bien calibrée
- Les musiques superbement remixées
- Le ton décalé, l’humour
- Un petit prix
Les points négatifs
- Pas possible de sauvegarder au milieu d’un chapitre
- On ne retrouvera pas les sensations au double écran et au stylet de la DS
- Présentation un peu austère
- Le jeu devient redondant sur la fin