Après une loooongue période d’early-access, il était grand temps pour Conan Exiles de sortir, sur PC et consoles. Mais le célèbre Cimmérien a t-il gardé sa rage et sa fougue d’antan ? Ou bien s’est-il « pépèrisé » avec le temps ? Et bien, devinez quoi… Il est temps de rendre notre verdict !

Ça a la couleur et le goût d’un Conan, mais…

Avant de commencer ce test, je tiens à mettre tout de suite les choses au clair ! Si vous envisagez d’acheter Conan Exiles dans l’espoir d’incarner le célèbre barbare, passez votre chemin ! Le titre du norvégien Funcom n’est absolument pas un jeu d’aventure vous mettant dans la peau de Conan, et s’inspirant de l’un des films (ou des BD).

Tout d’abord, dans Conan Exiles, vous allez incarner un avatar, créé en début de partie par vos soins. Homme ou femme, ethnie, religion, taillé pour le marathon ou pour les soirées téloche… C’est à vous de voir ! Mais Conan fera ici juste de la figuration, pour vous aider en début d’aventure, puis pour venir lâcher quelques fenêtres de dialogue au fil de l’aventure. À ce niveau, je crois que l’on peut parler de figuration ! Et du coup, j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi la statuette de l’édition collector représente un « héros » qui a finalement autant d’importance dans le jeu qu’un PNJ.

Revenons aussi sur le genre du jeu, qui peut aussi être trompeur ! Ici, point d’aventure scénarisée, encore moins de repompe de l’un des films… On va parler avant tout de monde ouvert, avec des missions, mais surtout énormément de gestion et de crafting. Conan Exiles, c’est avant tout un « survival » , un peu comme si Ark Survival Evolved avait fait des petits avec Minecraft !

Tout le monde veut votre peau

Si vous connaissez l’univers de Robert E.Howard (l’auteur de Conan Le Barbare), alors vous savez déjà que nous ne sommes pas dans Les Sims ! Vous venez de signer pour une aventure qui se déroule dans un monde où règne la loi du plus fort ! Seul peut survivre celui qui a les plus gros muscles, la plus grosse épée… Voire qui a le plus de copains !

Et comme le héros qui donne son nom au jeu, vous incarnez un paria ! Le sandbox débute alors que, comme pour vous permettre de voir le monde d’un peu plus haut, on vous a crucifié ! La vue est belle, mais ça fait mal aux bras ! Et vous ne devrez votre salut qu’au Cimmérien à la sombre chevelure, qui vient vous délivrer. Mais Conan étant Conan, ne comptez pas sur lui pour vous offrir un réchaud, un débardeur et une barre chocolatée.

Vous êtes désormais libre, mais en slip, au beau milieu du désert. Et le truc qui gargouille, c’est votre estomac ! Votre objectif va désormais être de casser quelques pierres et ramasser quelques fibres pour confectionner armes, outils et vêtements. Mais comme dans ce monde sauvage et hostile, tout veut votre peau, l’idéal serait sans doute de vous poser pour bâtir un campement… En évitant, évidemment, les autochtones qui vous referaient volontiers le portrait ! Il est temps de partir construire, près de ressources ou d’un village, mais loin des clans ennemis…

100km à pied, ça use, ça use…

L’une des mécaniques prépondérantes du jeu sera donc le crafting ! Plutôt intéressant, d’autant que les ressources sont nombreuses, et variées. Le bestiaire est incroyable (sans parler des boss démesurés), et il y a un truc à crafter tous les 100m. Vous allez donc vous en donner à coeur-joie pour créer votre maison, votre ville, votre empire… La diversité des matières premières laisse libre-court à votre imagination, ce qui, en soit, est une très bonne chose.

Hélas, les amateurs du genre ne le savent que trop bien : ce mécanisme peut très vite vous enfermer dans une certaine redondance. Et je ne vais pas vous mentir : ce sera aussi le cas ici ! Si vous occultez les différentes missions proposées, vous risquez vite de vous enfermer dans un schéma consistant à crafter, crafter, et crafter encore !

Heureusement, sur une map de 53 km2, vous allez pouvoir varier les plaisirs en organisant une petite rando pour aller collecter des ressources plus rares, plus loin ! Si ce n’est que les développeurs n’ont pas prévu de déplacement rapide. Je peux donc vous dire qu’une fois passée la surprise de la découverte de la carte, vous allez trouver le temps long ! Très long ! (Et je ne parle même pas de la possibilité de se perdre, ou de tomber sur une embuscade). Mais rassurez-vous : le problème se posera aussi pour les missions qui vous sont proposées… Et qui vous envoient souvent à l’autre bout de la map !

Un jeu développé à la barbare ?

Pour le moment, Conan Exiles aurait tout pour plaire, à plus forte raison si vous aviez surkiffé Ark Survival Evolved ! Mais il est malheureusement temps d’aborder le défaut principal du jeu. Et croyez moi, les développeurs nous ont concocté du lourd ! Parlons un peu de sa réalisation !

Car je ne vais pas vous mentir, Conan Exiles est sans doute le jeu le plus bugué que j’ai pu voir ces derniers mois ! Il parvient même à dépasser, sur ce terrain, un Assassin’s Creed Origins (à sa sortie) qui s’est bien rattrapé depuis. Mince, j’avais cru comprendre que le jeu avait passé pas mal de temps en early-access, avec moult corrections. Je n’ose imaginer ce que cela donnait il y a six mois !

Et cela commence dès le début du jeu ! Le texte introductif est au féminin si vous avez créé un homme, et inversement. Mais ce n’est qu’un tout petit détail, au regard des nombreux bugs que vous allez croiser au fil de l’aventure ! Et il y aurait beaucoup de choses à dire sur les collisions. Des ennemis qui se coincent dans les décors, voire qui deviennent (de ce fait) invincibles, ça fait sourire au début… Pour vite donner envie de fracasser la table basse lorsque c’est un boss qui bugue après de longues minutes de combat acharné. Et je ne parle pas des phases d’escalade, qui peuvent vous coûter la vie.

Un online aux fraises

Je passerai rapidement sur les soucis habituels sur une PS4 classique : chutes de framerate, aliasing, voire plantage de la console… Si ces défauts n’avaient pas été là, vu ce que j’ai décrit juste avant, j’avoue que je n’aurais pas compris. En revanche, je suis beaucoup plus gêné par les soucis liés au menu utilisateur, qui sauvegarde vos changements seulement lorsque cela lui chante !

Enfin, pour un jeu qui se joue aussi en online, il se pose un nouveau problème : les serveurs, complètement à la ramasse. Étant limités à 40 joueurs, cela ne simplifie pas les choses, ne serait-ce que pour trouver une partie de libre. Il faut donc parfois relancer, voire réimporter un personnage… Très (trop) fastidieux ! Sur la map, vous allez donc vous retrouver avec une population aussi dense qu’au milieu du Sahara. Dommage pour un jeu qui se voulait aussi communautaire ! Il vous reste cependant la possibilité de louer un serveur, pour 0,80€ par slot ^^

Quand même pas mal de choses à sauver…

Conan Exiles a de nombreux défauts ! Mais doit-on pour autant condamner le jeu ? À mon sens, ce serait injuste, car vous l’aurez peut-être lu entre mes lignes : il y a tout de même de bonnes choses dans ce titre. Et loin de moi l’idée de remettre en cause la bonne volonté des développeurs !

On pourrait par exemple évoquer la mythologie de Conan le Barbare, qui est plutôt bien respectée. On sent que les développeurs connaissent cet environnement, et ne se sont pas contentés de regarder les deux films avec Swchwarzy pour construire leur jeu. Il en résulte un univers prenant, fidèle à l’esprit de l’oeuvre originale, avec tout ce qu’elle a de plus sauvage. Avec des thèmes musicaux qui collent bien à l’ambiance !

Le système de gestion est plutôt bien conçu, et vous allez vraiment devoir penser à tout pour éviter à votre personnage de passer de vie à trépas. À commencer par la gestion de votre faim, jauge sur laquelle vous devrez garder constamment un oeil attentif. Vous devrez aussi gérer ce qui se rapporte à la religion de votre personnage… Et je ne reviendrai pas sur le crafting, tout simplement énorme, qui va vous faire redécouvrir le syndrome « Playmobil » (on construit pendant des heures pour jouer cinq minutes).

Joli à regarder

Le système de combats est convainquant, et vraiment bien pensé. On défouraille pas mal, mais certains ennemis peuvent aussi s’avérer punitifs. Préparez-vous bien avant d’aller au combat ! Dommage que nombre d’entre eux soient gâchés par des freezes ou par des ennemis qui se coincent dans les rochers ! De manière générale, vous aurez compris que le jeu va vous offrir une solide durée de vie !

Enfin, malgré ses nombreux bugs, le jeu reste agréable à regarder, avec un chouette rendu de la végétation ou des jeux de lumière. Et cela n’en devient que plus frustrant ! Mais pourquoi tout gâcher avec de tels soucis techniques ?

Au final

Sur le papier, Conan Exiles avait tout pour plaire, à plus forte raison si vous êtes amateur du genre « survie/RPG/action » ! Hélas, la première impression que va vous laisser le jeu est qu’il est toujours en phase de beta. Le principe est bon, le système de ressources et de crafting bien pensé… Mais le tout est gâché par une véritable foire aux bugs qui frôle l’indécence.

Alors certes, à 50€ on est encore loin des triple A qui se vendent 70€ en moyenne. Mais on n’en est pas si loin non plus, et à ce prix, le joueur est en droit d’attendre un jeu fini. On n’est pas dupes : Conan Exiles va sans doute, au cours de sa vie, connaître quelques mises à jour pour se mettre petit à petit à niveau. Mais c’est seulement à ce moment que son prix sera justifié. Son prix est, à mon sens, encore trop élevé pour un jeu toujours en early-access (il ne l’est plus, mais en donne l’impression).

Faut-il craquer pour ce Conan Exiles ? Encore une fois, si vous aimez le genre, ce jeu est un titre à essayer : il vous réserve pas mal de bonnes surprises, et a un bon potentiel pour devenir une référence du survival. Mais il est encore trop tôt, et il doit se corriger sur de trop nombreux points. Alors… Faire le jeu, oui… Mais peut-être faut-il attendre encore un peu… Sauf si vous êtes fan, évidemment !


Conan Exiles

  • Par Funcom, distribué par Deep Silver, sur PC, PS4 et Xbox One.
  • Classification : PEGI 18.
  • Prix : 49,99€.

 

Conan le Barbare :

  • Toute l’ambiance et le lore de Conan the Barbarian
  • L’aspect gestion vraiment bien foutu : faim, religion, ressources… Plein d’aspects à gérer
  • Des ressources à tire-larigot
  • Du bon gros pétage de gencives à la Conan
  • Une map assez vaste
  • Un bestiaire plutôt bien pensé
  • Du crafting à gogo
  • Le système de combats
  • Les périples
  • La bande-son

Cona… le Barbant :

  • Les serveurs à la ramasse
  • Conan fait quelques caméos, mais…
  • Pas mal de bugs (aliasing, chutes de framerate, voire plantages)
  • Les temps de chargement
  • Pas de déplacement rapide
  • Les sauvegardes qui déconnent parfois
  • Les collisions délirantes, des animations WTF
  • Les allers et retours, et la grosse répétitivité du titre
  • Il manque un vrai bon gros scénario
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