La trilogie des premiers Phoenix Wright : Ace Attorney, on connaissait déjà (elle est dispo sur 3DS depuis cinq ans)… Mais aujourd’hui, le célèbre avocat au costard bleu est de retour sur PS4, Xbox One, Switch et PC… Et en HD, s’il vous plaît ! Et rien que pour ça, on a envie de se lever, tendre l’index, et crier au test sans « Objection ! »
Doit-on encore présenter Phoenix Wright ?
C’est une excellente question. Car si vous pratiquez le jeu vidéo depuis quelques années, et si vous avez eu l’occasion de tenir une Nintendo DS entre les mains… Alors vous connaissez forcément Phoenix Wright : Ace Attorney, qui est sans doute le meilleur visual novel (ou roman graphique) d’enquête.
Intitulé Gyakuten Saiban au Japon, Phoenix Wright est apparu sur Gameboy Advance en 2001. Suivi un an plus tard d’une suite, et d’un troisième volet en 2004. Ces trois épisodes ont aussi fait l’objet de remakes, sur DS, entre 2006 et 2007. Console qui a eu son épisode exclusif, le quatrième, avec Apollo Justice en 2007, mais dont il ne sera pas question ici. Car cette nouvelle compilation de Capcom ne s’intéresse qu’aux trois premiers volets de la série.
Si cette compilation est déjà sortie en 2014 sur 3DS, elle arrive pour la première fois sur consoles de salon et PC. Elle réunit donc :
- Phoenix Wright : Ace Attorney
- Phoenix Wright : Ace Attorney – Justice for All
- et Phoenix Wright : Ace Attorney – Trials and Tribulations.
Ace Attorney, comme son nom l’indique, nous plonge dans le monde de la justice. Le joueur va y incarner Phoenix Wright, un jeune avocat de 24 ans nouvellement en poste au tribunal. Le tout dans un contexte très cartoonesque : ici, on n’est pas dans Avocat Simulator, mais dans un univers qui emprunte beaucoup aux mangas ou aux comics… Avec son lot de personnages aussi délirants que caricaturaux.
Un gameplay en deux temps
Le gameplay de la série Phoenix Wright se divise en deux boucles bien distinctes. Elles vont se mettre en place après une introduction identique pour chaque épisode. On y découvre un individu, suspect N°1, qui deviendra votre client, mouillé dans une affaire de meurtre. Et bien évidemment, il est innocent, malgré les éléments qui l’accablent. Mais ça, ça va être à vous de le démontrer.
Arrive donc la première phase de gameplay, qui va consister à explorer les lieux du crime, et à enquêter. Votre but ne sera évidemment pas de résoudre l’enquête de Police… Mais de trouver des éléments qui vont constituer des preuves pouvant innocenter votre client, en observant des objets en 3D, ou en interrogeant des passants. Ou mieux, des éléments qui vont démonter les accusations du procureur. Notez que les épisodes 2 et 3 reprennent les psyche-lock, qui vous permettent de cuisiner un témoin qui veut vous cacher des choses.
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Une fois ces preuves recueillies, arrive la seconde phase, la plus intéressante. Cette fois, vous êtes face au juge, au tribunal. Le procureur tente de charger votre client, en faisant défiler ses témoins. Et en bon avocat que vous êtes, votre rôle sera donc de débusquer des failles dans les témoignages, de présenter les éléments contradictoires pour déstabiliser l’accusateur… Et de démasquer le vrai coupable, à grands coups «d’Objection»(s) ! Pour cela, il suffit d’intervenir pendant le dialogue, et présenter au juge l’élément qui, selon vous, vient contredire le témoignage.
Mais attention : car si vous voyez juste, le témoin s’emmêle les pinceaux jusqu’à laisser éclater sa culpabilité. Mais si vous vous trompez, le juge vous pénalise en retirant un tronçon à votre jauge de crédibilité. Et une fois cette barre vidée entièrement, c’est le game-over, votre client est jugé coupable (pensez à sauvegarder avant les passages délicats).
De bonnes raisons d’aimer la série
Phoenix Wright : Ace Attorney est une saga qui a très vite acquis l’adhésion de fans, mais qui a aussi pu perdre des joueurs en route. Notamment ceux qui sont allergiques à son genre : le graphic-novel. Car on ne va pas vous mentir : vous allez en bouffer, des lignes de textes ! Par centaines, voire par milliers de lignes !
Mais si vous aimez le genre, Phoenix Wright est une série absolument géniale. Dans un contexte pesant (des homicides, on a beau dire, mais on a vu plus gai), la série de Capcom parvient à apporter de la légèreté. Une bonne dose d’humour, qui débute avec les noms des personnages (en Anglais ou en Français, on a quelques jeux de mots bien sentis, comme l’inspecteur Dick Gumshoe, ou Dick Tektiv en VF), pour se poursuivre dans les dialogues délirants ou les situations ubuesques.
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Les personnages eux-même, aussi délirants qu’ils soient, sont attachants, avec leur «gueule de l’emploi» et leurs mimiques. Dans un cadre très coloré, le jeu plante un décor très décalé, délirant comme seuls certains mangas savent nous le proposer. Sérieux, une gamine qui devient assistante d’un avocat sur une scène de crime, ça ne choque personne ? Enfin, on pourrait s’attarder sur les musiques de Masakazu Sugimori et Naoto Tanaka. Bien qu’elles soient assez génériques, elles contribuent à l’ambiance. Exemple avec la mélodie qui se déclenche lorsque vous piégez le témoin : vous êtes sur la bonne voie, et elle vous donne envie de conclure l’affaire avec maestria !
Enfin, notez que le passage en HD est vraiment très agréable ! Adieu, gros pixels qui tachent, et bonjour graphismes tout lisses, du plus bel effet sur grand écran ! La jouabilité elle-même est agréable dans l’ensemble (hormis pour les déplacements, j’en parle ensuite). Et ceci même si le jeu à la manette n’égalera jamais le plaisir de jouer au stylet sur l’écran tactile de la DS, qui était juste parfait pour un soft de ce type !
… Mais aussi des raisons de tiquer !
Ces trois épisodes ont de grandes qualités… Et le tableau serait parfait si certains points noirs ne venaient pas se rappeler à notre bon souvenir… Et je ne parle pas ici de la localisation (j’en parle plus bas) !
Si le jeu bénéficie d’un lissage HD qui fait plaisir à voir, l’ergonomie du soft, elle, ne bénéficie hélas pas du même traitement. Et là, je me dois de parler des déplacements, lors des phases d’enquête : s’ils semblaient autrefois poussifs sur DS, ils sont devenus lourds, en 2019…
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Une telle compilation aurait pu se destiner aux fans de la première heure. Elle aurait même pu les combler en leur offrant un minimum de fan-service. Mais ici, que dalle, nada ! Pas de galerie, pas de museum, pas de fiche… Rien que les jeux, point-barre ! On ne s’attendait évidemment pas à une encyclopédie de Phoenix Wright, mais… On n’aurait pas craché sur un minimum de bonus !
Sans vouloir relancer le débat autour du démat’ et du physique… Le jeu n’est ici disponible qu’en téléchargement. C’est une bonne chose, car il contribue à protéger la planète et on ne retrouvera pas son blister dans l’océan… Mais les collectionneurs, les vrais, pesteront de ne pouvoir ranger le CD dans leur ludothèque… On vous l’a déjà dit : il sera quasi-impossible de faire du rétro-gaming sur PS4, d’ici quelques années 😉
VF : il va falloir attendre encore un peu
Pour l’heure, le jeu est seulement proposé avec des sous-titres en Anglais. Mais Capcom assure que des sous-titres en Français arriveront sous forme d’une mise à jour gratuite. Cependant, il faudra attendre le mois d’août pour en profiter.
Bien que le jeu soit compréhensible en Anglais (à condition de maîtriser un minimum la langue), on a du mal à comprendre pourquoi cette traduction arrive aussi tard. Le jeu original était d’entrée disponible en Français… Et nous parlons tout de même ici d’un écart de quatre mois entre la sortie de la compile et de ses dialogues traduits… Soit le temps d’avoir terminé le jeu en long, en large et en travers.
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Et se pose donc la question de la rejouabilité du titre. Car une fois terminé, aurez-vous envie de le refaire, même avec des dialogues dans la langue de Molière ? On ne pariera pas là dessus. Car d’expérience, je puis vous assurer qu’une fois le jeu terminé (ça va quand même vous prendre entre 15 et 20h par jeu), le joueur ne ressent pas obligatoirement l’envie de le refaire. C’est un point faible de Ace Attorney : une fois les intrigues connues, une fois que l’effet de surprise n’est plus là, l’expérience perd en intérêt. Et je sais de quoi je parle !
Au final
Si l’on ne peut que sauter de joie, à la découverte de cette nouvelle compilation proposée par Capcom, le bilan final reste malgré tout mitigé. Non pas que les jeux soient mauvais, loin de là… Mais il faut bien l’avouer, avec du recul, cette compilation fait tout de même un peu chiche. Et le fan de la série (que je suis notamment) ne peut que déplorer l’absence des excellents Apollo Justice (le 4e), Dual Destinies (le 5e volet), voire le cross-over Professeur Layton vs Phoenix Wright.
L’intention de nous faire (re)découvrir cette géniale série est louable. Mais à ses qualités, on ne peut s’empêcher d’opposer toutes ces petites choses qui énervent. Comme par exemple le fait de devoir attendre août pour bénéficier de sous-titres localisés, qui étaient disponibles au lancement des jeux dans leur version d’origine. Ou le fait qu’en termes de bonus, on a déjà vu mieux.
Néanmoins, pour sa solide durée de vie, ses enquêtes farfelues mais passionnantes, ou pour ses graphismes dopés à la HD… Cette version demeure intéressante si vous découvrez la série (à condition de maîtriser l’Anglais, évidemment), ou si vous êtes fétichiste des avocats en costume bleu. Pour les fans, c’est un peu plus délicat, car le vrai passionné possède encore ses versions originales : certes plus pixélisées, mais au contenu quasi identique.
Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy
- par Capcom.
- Sur : PS4, Xbox One, Switch et PC.
- Genre : Enquête/Visual Novel.
- Classification : PEGI 12.
- Prix : 29,99€.
Points positifs :
- Trois épisodes d’une série excellente en un seul jeu
- Le lissage HD du plus bel effet sur grand écran
- L’humour
- Les énigmes
- Les personnages tous plus farfelus les uns que les autres
- 14 enquêtes passionnantes, rien que ça
- Le principe du jeu
- 10 slots de sauvegarde
- Bonne durée de vie
Points négatifs :
- Il faut attendre des mois pour la VF
- Avec les épisodes suivants, la compile aurait été encore meilleure
- Pas vraiment de contenu bonus
- Pas de version physique
- Les bruitages « machine à écrire »
- Les déplacements
- Faible rejouabilité