Le J-RPG le plus kawaï est de retour, pour son nouvel opus annuel. Et cette fois, Atelier nous fait voyager dans le temps, puisqu’il revient aux sources. Lulua assure la relève de Rorona. Et comme «maman», elle va faire l’objet d’un test, pas plus tard que maintenant !

Une quadrilogie : de la suite dans les idées

Deux. C’est le nombre de jeux de la série que vous aurez pu découvrir à deux mois d’intervalle. Puisqu’il y a quelques semaines, nous vous proposions déjà un test du spin-off Nelke and the Legendary Alchemists. Cette fois, nous sommes de retour pour un vrai Atelier, un épisode canonique qui vient compléter la série.

Au risque de vous surprendre, il existe un point commun entre la série Atelier, et Fifa. Oui oui, vous avez bien lu ! Non, le RPG de Gust ne va pas vous proposer de parties de foot endiablées ! Mais comme le jeu de sport d’EA, Atelier revient chaque année pour un nouveau cru ! Ici, pas de numéro dans le nom, mais un prénom d’héroïne : pas de Atelier 20, mais aujourd’hui, nous allons parler d’Atelier Lulua.

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Autre fait surprenant : nous avons généralement l’habitude de parler de trilogies, dans la série. Puisque chaque épisode s’inscrit dans un triptyque qui suit un arc précis. La trilogie des Mysterious, des Dust, etc. Et aujourd’hui, Gust introduit la notion de quadrilogie, puisque ce Lulua s’inscrit comme une suite, un quatrième épisode, de l’arc Arland (Rorona, Totori et Meruru). Un arc sorti il y a dix ans tout juste, et qui a popularisé la saga en Europe et au Japon. Dix ans plus tard, Lulua vient donc raviver la partie Arland…

Digne fille de sa mère ?

Notre nouvelle héroïne se nomme Elmeluria Frixell, mais se fait surnommer Lulua. Bien que débutante en la matière, Lulua connaît bien l’alchimie, et pour cause ! Elle n’est autre que la fille de Rorona, l’une des plus grandes alchimistes connues, qui était l’héroïne de Atelier Rorona : the Alchemists of Arland, il y a 10 ans.

Le pitch du jeu nous explique que : «La jeune héroïne vit dans une petite ville à la frontière de la République d’Arland, et son rêve est de surpasser sa mère, qui est une alchimiste légendaire. Percez les mystères d’un vieux manuscrit, découvrez l’avenir qui attend Lulua et rejoignez ses compagnons pour vivre une aventure qui vous fera voyager à travers Arland».

Globalement, on ne peut pas dire que le scénario casse trois pattes à un canard. Il est sympatoche, et se suit sans aucun problème. Même parfois avec plaisir, si l’on s’accroche et que l’on passe les premières heures : oui, le scénar tarde à décoller. Mais… Aussi intéressant qu’il puisse être, nous n’avons pas ici le scénario qui va vous surprendre, hélas. En même temps, on ne peut pas dire que la narration soit le point fort de la série, qui préfère voir ses priorités ailleurs. Un scénar’ qui fait le boulot, mais sans extra, donc… La durée de vie est toutefois boostée par une quantité industrielle de missions annexes (des quêtes FedEx, des recettes secondaires à débloquer pour le livre de Lulua, missions délivrées à la taverne ou à la mairie de chaque village…).

Pire : le détachement dont le jeu fait parfois preuve envers la trilogie d’origine, Arland, en deviendrait presque frustrante. Les références existent, mais font souvent davantage office de clin d’œil que de véritable clé de voûte de l’histoire. Et quand des personnages de la trilogie originelle font des apparitions, ils se cantonnent à des rôles très secondaires, pour ne pas dire non-jouables. On n’est pas là non plus pour du fan-service, et on va finir par croire que Lulua a aussi le droit à son aventure bien à elle…

Comme une envie de série animée

C’est presque un pléonasme que de dire qu’un jeu Atelier est joli. Et cet épisode ne déroge pas à cette règle. Les tons sont toujours très pastel, le jeu est éclatant de couleurs, les artworks de transition sont toujours aussi jolis… Bref, Comme ses prédécesseurs, Atelier Lulua est un jeu superbe, que l’on aurait envie de qualifier de « so kawaï » et « so girly » mais qui ne peut que forcer le respect des poilus et des tatoués. Il faut être de mauvaise foi pour affirmer que le jeu est laid.

Mieux : ce nouvel épisode est sans doute l’un des plus beaux, pour ne pas dire le plus beau de la série. Sans doute grâce à de nombreux détails qui viennent affiner les environnements que vous traverserez, plus nombreux que jamais… Ou peut-être est-ce le fruit d’un travail des développeurs sur les expressions faciales, qui ont aussi gagné en crédibilité. Toujours est-il que le jeu de Gust est un régal pour les yeux (même sur une Switch en mode nomade), qui ravira les fans d’animes.

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D’ailleurs, puisque l’on parle d’anime… Cette impression de plonger dans un film d’animation japonaise est sans doute aussi liée aux nombreux codes du manga, glissés ici et là… À commencer par une intro de toute beauté, digne d’une ouverture d’épisode. Les musiques, sans être inoubliables, collent à l’ambiance et sont cohérentes avec cet univers. C’est un jeu Koei-Tecmo, donc ne vous attendez pas à trouver ici de la VF. Vous devrez vous contenter de voix japonaises (cool) et de sous-titres anglais (mouais).

L’alchimie est toujours de la partie

C’est la grande force de la série, et c’est en même temps la mécanique qui lui donne son nom : l’alchimie. Et force est de reconnaître qu’encore une fois, elle tient bien son rôle au cœur du jeu. Encore une fois, elle constitue l’aspect le plus intéressant du soft, tant sa complexité relative reste attrayante. Quitte parfois à rusher les missions, juste pour récupérer du loot et filer jouer les « Top Chef » devant son chaudron.

Pour les ceusses qui découvriraient la série, l’alchimie n’est autre qu’un système qui va vous permettre de crafter des items, à partir des objets récupérés lors de vos missions. Ou ramassés dans le village (eau, plantes, caisses à briser et qui cachent du loot)… Lulua étant une alchimiste, elle va donc utiliser son chaudron pour mettre en pratique toutes les recettes savamment étudiées auparavant. Et notre héroïne (comme les autres, dans chaque épisode) étant une débutante, elle va commencer avec des créations médiocres, pour s’améliorer au fil de l’aventure.

Avec cet épisode, l’approche de l’alchimie change. C’en est fini du damier de la précédente trilogie. Désormais, la qualité des objets dépend de leur affinité avec les quatre éléments que sont la foudre, le feu, l’eau et la terre. Et un item boosté au feu, par exemple, deviendra plus résistant si vous l’utilisez pour créer une armure ou un bouclier par la suite. Les fans de la série seront ravis de voir revenir les catalyseurs, qui interviennent en fin de processus et vont notamment vous permettre de palier le manque d’un élément important dans votre recette.

Jusqu’à présent, cela fait beaucoup de «déjà vu», mais rassurez-vous : le jeu apporte cependant quelques nouveautés. Comme le fait de pouvoir changer la nature d’un matériau. Mais gare à vos PP qui, selon les recettes que vous expérimentez, peuvent parfois fondre comme neige au soleil.

Globalement… Le changement c’est pas encore maintenant

Pour le reste, le jeu est très proche des opus précédents. Les combats, par exemple, ne vont pas vraiment dépayser ceux qui ont joué à Atelier Lydie & Suelle (le dernier en date, il y a un an, testé ici). On est toujours sur du tour par tour, avec deux lignes (avant et arrière), avec des techniques qui envoient parfois du lourd, en échange de quelques MP. On notera cependant un personnage qui, à lui seul, apporte de l’originalité dans les combats. Un prestidigitateur intégrera votre team, et utilisera non pas des MP, mais des cartes, en piochant dans un deck… Une mécanique originale, qui personnellement m’a rappelé mes longues parties sur Baten Kaitos.

Mais comme chaque épisode doit néanmoins apporter de nouvelles mécaniques, on parlera ici des «Interrupts». Une nouvelle mécanique qui permet à votre alchimiste de « gruger » son tour en utilisant par exemple un objet que vous aurez affecté au préalable… Et qu’il utilisera donc avant que sa time-bar l’autorise à jouer. En réalité, ce nouveau mécanisme est très utile, notamment contre les ennemis plus retors… Car il permet entre autres de soigner vos alliés avant de manger une attaque dévastatrice. Le maître-mot de l’interrupt : anticipation !

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Des preuves d’originalité, on en a donc, on ne va pas le nier. Mais elles sont hélas éclipsées par le reste, qui ressemble à s’y méprendre aux opus précédents. Nous le répétons depuis quelques épisodes : il est primordial que la série se renouvelle, si elle ne veut pas voir ses fans se lasser, à la longue. Et c’est encore vrai cette fois-ci…

Au final

Globalement, ce Atelier Lulua : the Scion of Arland est un bon jeu, mais un Atelier qui manque d’originalité. Depuis quelques épisodes, on reproche aux développeurs de ne pas sortir de leur zone de confort, de ne pas prendre véritablement de risques. Et hélas, cet épisode n’est pas encore celui qui apportera le renouveau espéré depuis quelques années maintenant.

Mais pour être objectif, peut-on reprocher à ce Atelier Lulua de recycler une formule qui marche ? À plus forte raison lorsque l’alchimie et le système de combats, deux axes pleins de profondeur, techniques mais accessibles, sont autant maîtrisés ? Cet épisode n’est pas dénué d’originalités, mais elles sont si ponctuelles qu’elles finissent par se noyer dans la masse, que gère désormais parfaitement Gust.

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On note aussi l’effort apporté au chara et au level-design, qui fait de cet épisodes l’un des plus beaux de la série. Avec en prime le plaisir de pouvoir trimbaler son atelier partout, sur Nintendo Switch. Un titre qui n’est donc pas le méga-hit de l’année, mais que tout fan de la série se doit d’essayer…


Atelier Lulua : The Scion of Arland

 

Points positifs :

  • Visuellement magnifique
  • L’alchimie maîtrisée, et toujours au cœur du jeu
  • Une foultitude de missions annexes
  • Bande-son qui colle à l’ambiance
  • Des combats agréables
  • Difficulté correcte

Points négatifs :

  • Un scénario qui manque de corps et tarde à décoller
  • Lulua parle trop pour ne rien dire
  • Toujours pas de trad’ française
  • La trilogie « Arland » (dont le jeu est une suite) trop en retrait
  • Des personnages qui manquent de consistance
  • Le renouveau espéré depuis quelques opus n’est pas encore là
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