TEST. – Après plusieurs épisodes sur PS3, la série « Atelier » (Gust) arrive enfin sur PlayStation 4. On y découvre cette fois-ci une nouvelle alchimiste, en l’occurrence Sophie. Faites chauffer votre chaudron, potassez vos recettes, c’est parti pour un nouveau test, à mi-chemin entre le RPG et l’émission Top-Chef.

La PS4 a désormais son « Atelier »

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Pour Koei-Tecmo, c’est désormais devenu une tradition : l’éditeur marque l’arrivée ou le début de l’été par la sortie d’un « Atelier ». L’an dernier, en mars (oui OK, c’était le printemps), nous avions par exemple testé Atelier Shallie, après avoir précédemment adoré Atelier Escha & Logy, ou Atelier Rorona Plus (les liens correspondent à nos tests).

On ne présente donc plus cette série, qui date de 1997 et très appréciée par les fans de J-RPG, dernièrement très présente sur PS3, mais qui n’avait pas encore goutté à la « petite soeur », quitte à frustrer les possesseurs de PS4. Cet impair est désormais réparé, puisque la série fait son arrivée sur la quatrième génération de PlayStation, avec Atelier Sophie : Alchemist of the Mysterious Book.

Comme dans chaque épisode, nous allons incarner une alchimiste. L’héroïne de ce nouvel épisode s’appelle Sophie, et nous allons suivre ses malheurs (oui, je sais, elle était facile). Sophie est, comme pour chaque épisode, une débutante en alchimie, et elle va devoir se faire une renommée. Elle vient d’hériter de la boutique de sa regrettée grand-mère. Elle hérite également d’un mystérieux grimoire de recettes…

Un grimoire qui comporte des pages vierges, que la jeune femme va devoir remplir. Elle ne se sentira pas seule très longtemps, puisqu’elle va vite s’apercevoir que son livre magique parle, est doué de conscience, et qu’il porte même un nom : Plachta.

Nous vous invitons d’ailleurs à découvrir nos premières impressions sur notre chaîne YouTube, avec cette vidéo :

Un livre qui parle… c’est normal !

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Non, il n’y a pas que chez Disney que l’on trouve des objets qui parlent. Dans Atelier Sophie aussi, un livre est capable de tenir une conversation, de vous lancer des vannes… Enfin, pas n’importe quel livre non plus. On parle ici de Plachta, le moulin à paroles qui va vous accompagner.

Toutes ses pages sont vierges, et pour cause : en plus d’être bavard(e), Plachta est amnésique, et vous allez devoir l’aider à retrouver la mémoire en inscrivant sur ses pages toutes les recettes que vous allez trouver. Autrement dit, quand vous inscrivez des recettes ou que vous terminez des missions, vous remplissez une jauge de mémoire. Et quand les différentes étapes sont atteintes, Plachta se souvient d’un élément de son passé, ce qui débloque de nouveaux éléments scénaristiques.

Ne vous y trompez pas : si ce chapitre vous semble anecdotique, c’est pourtant ce qui va constituer le scénario principal du jeu. Vous tenez ici l’histoire de ce nouvel Atelier : Sophie veut, d’une part devenir une alchimiste digne de ce nom, mais également aider son ami en papier.

Présenté comme cela, j’imagine que vous vous dites que nous ne tenons pas ici le scénario le plus élaboré de la série. C’est en partie vrai, mais ne tournez pas si vite les talons. Si ce synopsis semble assez candide de prime abord, vous pourrez compter toutefois sur quelques rebondissements, quelques surprises qui permettent d’éviter de tomber dans la monotonie (dont une grosse liée à Plachta et au gameplay, mais on ne vous en dit pas plus, on vous laisse découvrir ^^)

Certes, l’histoire principale ne vous proposera pas une intrigue complexe, mais elle s’inscrit dans la dominante du jeu : elle apporte de la fraîcheur, et assure un voyage tout mignon. Et si l’on voit venir certaines ficelles, pour une raison qui n’appartient qu’à chacun on s’accroche avec l’envie de connaître la fin de l’histoire. On aime aussi le fait que les persos secondaires soient plus travaillés, davantage mis en avant.

En revanche, avec du recul, vous constaterez que ce nouvel épisode tranche totalement avec la trilogie « Dusk », en revoyant ses enjeux à la baisse. Il ne sera pas question ici de sauver le monde d’un quelconque ennemi shooté aux pouvoirs et à l’ambition démesurée ! Comme l’ambiance qui s’en dégage, Atelier Sophie est plus naïf, plus innocent. Un défaut ? Pas vraiment ! Une grosse bouffée d’oxygène ? Certainement !

L’alchimie opère avec le joueur ?

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L’alchimie est le coeur même du jeu. Elle vous permet de créer de nombreux objets ou ingrédients en mixant différents items dans un grand chaudron. Que vous pourrez d’ailleurs changer au fil de l’aventure, certains modèles vous permettant de réaliser des objets de meilleure qualité.

Les objets que vous allez créer répondent à des commandes : des PNJ vous demandent tel ou tel objet, ou bien vous devrez fabriquer tel item pour progresser. Pas vraiment compliqué car si tout se passe bien, vous aurez déjà débloqué la recette dudit objet dans votre livre. Vous ne pourrez en revanche réaliser que des recettes existantes : une bonne idée pour les épisodes à venir pourrait être de permettre au joueur de créer véritablement ses propres objets 😉

Pour réaliser vos recettes, vous devrez utiliser des ingrédients qui s’obtiennent de trois manières : vous pouvez les ramasser en vous baladant (eau, fruits ou tout objet qui brille sur le sol), vous pourrez les acheter auprès de PNJ, ou bien vous pourrez tout simplement les obtenir à la fin des combats.

De retour à la maison, le jeu vous propose de basculer votre inventaire dans la réserve destinée à l’alchimie. Si vous vous approchez de votre chaudron, les recettes apparaissent et il ne vous reste plus qu’à sélectionner les objets (et les quantités) que l’on vous demande. Un clic sur la fonction « synthesize », et c’est parti !

Les objets ainsi synthétisés peuvent varier au fil de l’aventure : au début, vous n’obtiendrez que des objets de qualité E ou D, d’une part parce que vous débutez, d’autre part parce que les objets initiaux sont eux-même de piètre valeur. Mais vous pourrez ensuite créer des objets jusqu’à la qualité S, liés à des effets secondaires plus ou moins intéressants ; ils seront rachetés plus chers, et vous donneront plus d’XP (je parle ici de votre level d’alchimiste, à dissocier de l’expérience que vous gagnez au combat).

Notez qu’une fois la fusion des objets lancés, le jeu vous propose un « mini-game » de type match 3 vous permettant d’améliorer la qualité de votre création : placez les formes proposées sur une grille, de la manière la plus judicieuse possible pour améliorer les effets de l’objet, en cas de réussite de cet exercice bonus.

De jour comme de nuit

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Lors de vos balades hors de votre maison, vous devrez également prendre en compte le cycle jour-nuit, une nouveauté dans la série (voire la météo dans certains niveaux). Il a un effet tout d’abord sur votre ville Kirchen Bell (divisée en quartiers), puisque vous ne croiserez pas les mêmes persos, et pas au même endroit, selon qu’il fasse nuit ou grand soleil. Les propositions qu’ils vous formulent changent elles aussi selon l’heure.

C’est donc ici que vous allez croiser le casting du jeu, assez copieux, comprenant des personnages principaux liés au scénario, mais aussi d’autres figures qui rejoindront vos rangs le temps d’une ou plusieurs missions (chacun ayant ses propres aptitudes en magie, à l’épée, etc). Les premiers qui vous accompagneront sont Monika et Oskar, vos amis d’enfance. L’un des personnages principaux est Horst, le tavernier qui vous délivre des potins (boostant la mémoire de Plachta) ou des quêtes annexes. Vous croiserez aussi Logy, héros de Atelier Escha & Logy… Le monde est petit, les fans apprécieront.

Mais le cycle jour-nuit aura surtout un effet sur la carte (type « jeu de plateaux »), plus particulièrement dans les niveaux que vous traverserez : les ennemis et les objets collectés ne seront pas les mêmes. Il peut arriver qu’en pleine nuit, vous deviez affronter plus de monstres, avec quelques niveaux d’expérience de plus. Dans ce cas si vous n’êtes pas préparé comme il le faut, le « game-over » n’est pas loin.

Notez cependant que le jeu n’est pas vraiment punitif : dans cette situation, vous recommencerez comme si de rien n’était, avec quelques objets en moins.

Et puisque l’on parle de temporalité, j’ajouterai que le calendrier est toujours de la partie, mais n’est pas aussi restrictif que dans la série des « Dusk » sur PS3, pour ne citer qu’eux (bien que dans Atelier Shallie, le jeu était plus souple sur ce point). Le calendrier, donc, ne fait pas peser une épée de Damoclès sur votre tête comme dans les précédents épisodes : si certains événements ne sont disponibles que lors de jours précis, vous ne pouvez les manquer. Si c’est le cas, ils seront reportés et le jeu vous rappellera de ne pas les louper… Encore un point qui a été simplifié.

Puisque l’on parlait plus haut des combats (que vous pouvez éviter, les ennemis apparaissant dans le niveau), penchons nous maintenant sur le gameplay de ces combats au tour par tour. C’est un grand classique dans ce type de jeux : si vous attaquez, vous avez l’avantage ; à contrario, si c’est l’ennemi qui vous tombe dessus, c’est lui qui commence. Au début de chaque combat, vous choisissez si vous allez mettre vos persos en attaque ou en défense. Un choix qui influera sur la suite…

Sur le coté de l’écran, une jauge vous indique l’ordre dans lequel chacun va attaquer. De manière très classique, vous disposez des fonctions de base « Attaque », « Skills », « Objets », « Fuite »… Avec la possibilité quand cela est possible de déclencher une attaque plus puissante.

Comme Sophie a beaucoup d’amis, vous entrerez sur le champ de bataille avec deux ou trois camarades de jeu. En bas à gauche, une jauge liée à vos alliés indique un pourcentage : à 100% l’un de vos amis déclenche une attaque de soutien ; à 200%, c’est une distribution de coups avec des effets pyrotechniques assez sympas.

Attention : plus vous allez récolter d’objets, plus vous allez gagner en « expérience de récolte ». Les objets collectés seront donc de meilleure classe ! Plutôt cool ! Mais plus vous aurez d’expérience, et plus les monstres seront forts eux aussi… C’est tout de suite moins sympa !

Douche écossaise

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Le principal reproche que l’on pourra faire à ce nouvel épisode d’Atelier est de nous soumettre à une véritable douche écossaise.

Prenons l’exemple du gameplay : il est très ergonomique, le jeu est agréable à prendre en main… Mais dans sa volonté de vouloir simplifier sa licence, le développeur nous propose ici un titre qui frustrera sûrement les fans de longue date, qui trouveront sans aucun doute ce nouvel épisode trop facile.

Second exemple avec les graphismes : le chara-design est mignon et attachant, et les décors semblent, de prime abord, de toute beauté. Mais une fois passée la découverte, on reconsidère son jugement.

La ville centrale est au final assez vide et sommaire (certains niveaux encore plus), elle manque clairement de vie. Aussi jolis que puissent être les environnements, et c’est un avis purement personnel, je n’ai pas ressenti un grand écart entre PS3 et PS4. Oui c’est vrai : c’est beau !! Mais Atelier Sophie me semble graphiquement très (trop ?) proche de Atelier Shallie.

Même remarque pour le design des monstres : avec le cycle jour/nuit, de nouvelles perspectives s’offraient aux développeurs. Pourtant, au bout d’un certain nombre d’heures, on réalise qu’il n’y a pas vraiment une si grande variété que cela chez les monstres. Pire encore : si certains vont vous donner du fil à retordre, je n’ai pas souvenir d’un boss particulièrement charismatique ou mémorable.

Au final

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Je ne vais pas vous le cacher : j’adore la série « Atelier », parfaite pour se détendre et se « rafraîchir » entre deux gros RPG bien « dark ». Pourtant, je dois avouer que cet épisode m’a un peu déçu (mais très légèrement).

Non pas qu’il soit mauvais, je dirais même qu’il est plutôt bon ! Mais ce titre me donne l’impression qu’en démarrant sa série sur PlayStation 4, Gust remet les compteurs à zéro et redémarre sur une page blanche, et propose ici un titre à destination des joueurs qui ne connaissent pas encore les « Atelier ». C’est magnifique, féerique et on est dans l’ambiance… Mais le jeu vous prend un peu trop à mon goût par la main, et est clairement beaucoup plus simple que ses aînés.

Le gameplay a été encore amélioré, et n’importe quel joueur peut en profiter en prenant un réel plaisir soit à combattre, soit à préparer ses recettes. Et si Atelier Sophie apporte quelques nouveautés à la série, elles ne sont hélas pas assez nombreuses pour faire de cet opus mon préféré (je reste sans hésiter sur Atelier Shallie).

Une petite merveille pour un néophyte, mais sans doute quelques airs de « déjà vu » pour un fan de la série. Mais si l’on fait abstraction de cet aspect (et aussi des textes toujours pas localisés en français), Atelier Sophie : Alchemist of the Mysterious Book est un titre vraiment sympa à jouer, en attendant les grosses pointures à venir. C’est beau, plein de fraîcheur et très agréable… Nous ne pouvons que vous le conseiller : ne vous attendez pas à recevoir la claque du siècle, mais vous passerez cependant un très bon moment.


Verdict

PACKSHOT

Si les puristes de la série reprocheront ici au jeu d’être trop « simplifié », cet épisode dépoussière la saga… Le conseil de classe rend son verdict : passage sur PS4 réussi, mais devra faire ses preuves l’année prochaine 😉

15/20

Les + :

  • Graphismes colorés et très mignons
  • Pour la première fois sur PS4
  • Les voix japonaises
  • Un jeu très accessible, facile à prendre en main
  • Les mini-games « match 3 » à la fin des recettes
  • Le gameplay très accessible
  • Très bonne durée de vie
  • Les musiques
  • Pouvoir personnaliser Plachta
  • Le système de combats
  • L’influence du temps et des différents moments de la journée
  • De l’humour
  • Le chara-design

Les – :

  • Toujours pas de sous-titres en Français
  • Jeu un peu trop dirigiste
  • On ne peut pas inventer de recettes
  • Le jeu devient répétitif au bout de quelques heures
  • Un peu décevant graphiquement
  • Sophie manque un peu de charisme en comparaison avec les précédents héros

Atelier Sophie : the Alchemist of the Mysterious Book, par Gust pour Koei-Tecmo, sur PS4, PS-Vita. Pegi : 12.

Test réalisé sur une version fournie par l’éditeur.

Site officiel