Le nouveau The Legend of Zelda n’en est pas vraiment un ! Cette nouvelle version apparue ce mois de septembre sur Switch est un remake du Link’s Awakening de 1993 (sur Gameboy). Avec une direction artistique complètement réinventée, ce Zelda est une claque ! Encore plus si l’on a connu l’oeuvre d’origine ! Explications…
Un épisode qui suscite le débat
S’il est un point que la série The Legend of Zelda partage avec Final Fantasy, c’est bien le débat qu’elle suscite autour du « meilleur épisode de la série » ! Car la réponse est tout sauf objective. Il appartient à chacun de trancher, en fonction de son vécu, de son expérience, de ses affinités avec la licence. De ce fait, il peut donc, en quelque sorte, y avoir débat : quel épisode est le meilleur ? Ocarina of Time ? A Link to the Past ? Ou Link’s Awakening, comme le pense une part non-négligeable de joueurs, et fans de la licence. Libre à chacun de répondre…
Quoi qu’il en soit, c’est cette troisième partie de la communauté que Nintendo a entendue aujourd’hui ! Des fans aux anges après avoir découvert, lors d’un Direct en février dernier, l’annonce du remake de The Legend of Zelda : Link’s Awakening. Car ici, il s’agit bien d’un remake. Pas un portage du jeu GameBoy, mais une totale refonte, qui revisite le jeu d’aventure avec des graphismes actuels. Et Nintendo étant ce qu’elle est, la firme en a profité pour repenser la direction artistique de son titre, afin de mieux nous surprendre.
Pour réaliser cet opus, c’est le studio Grezzo (Luigi’s Mansion, sur 3DS) qui s’y est collé. 26 ans après sa première apparition en monochrome, Link’s Awakening est de retour, plus beau que jamais. Et au prix auquel se vendent les vieilles cartouches rétro, on ne va pas bouder notre plaisir !
Bienvenue sur Cocolint
Quand le jeu d’origine vous accueillait avec des artworks fixes plutôt jolis à voir, cette nouvelle version s’ouvre sur une cinématique d’une grande classe. The Legend of Zelda : Link’s Awakening vous accueille avec un mini-anime qui nous montre Link en pleine tempête, sur un bateau… Quelques secondes avant que la foudre ne déchire son embarcation. Plus tard, une jeune fille marche sur une plage exotique. Elle s’arrête, puis se précipite sur un inconnu vêtu de vert, inconscient sur le sable. C’est parti, le jeu commence…
Sans grande surprise, vous allez donc incarner Link, notre héros coiffé de son célèbre bonnet vert. Mais, comme vous l’aurez compris, notre elfe muet est bien loin d’Hyrule. L’histoire se déroule sur une mystérieuse île tropicale, appelée Cocolint, surplombée d’un gigantesque œuf. Et le seul moyen d’en repartir sera de réunir des instruments de musique, afin de réveiller le Poisson-Rêve, une divinité locale.
Le plaisir des sens !
C’est vraiment l’aspect qui a suscité la hype autour du jeu ! Son aspect visuel, sa direction artistique, qui nous a tous tapé dans l’œil, oubliant même ô combien la jouabilité et le contenu ont aussi leur importance ! Et sur ce point, ce Link’s Awakening honore le contrat ! La DA est tout simplement magnifique, avec ses personnages en mode « chibi » ! Mimi tout plein ! Même Yoshi a du soucis à se faire sur le plan du choupinou !
Je suis bien conscient que le chara-design n’a pas fait l’unanimité, et a pu choquer certains joueurs. Justement pour ce rendu qui vous donne l’impression de jouer une figurine Amiibo. Mais dois-je rappeler ici les nombreuses réactions négatives qui ont suivi la découverte du cartoonesque The Wind Waker, jeu aujourd’hui considéré comme un chef d’œuvre ? Il en est de même avec The Legend of Zelda : Link’s Awakening. Les personnages font partie d’un ensemble cohérent, et quoi que l’on pense de la direction artistique, elle reste droite dans ses bottes, du début à la fin… Tout en étant fidèle à l’esprit family-friendly cher à Nintendo. Ça peut parfois choquer lorsque c’est mal fait. Ici, on ne peut qu’applaudir le résultat.
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Et que dire des environnements, eux aussi très réussis et savoureux avec leur relief qui nous ferait presque regretter que la Switch n’ait pas un écran en 3D, comme la 3DS ? Bien que la console de Nintendo soit en deça des performances d’une PS4 ou d’une Xbox One, on sait que Nintendo aime jouer avec les matières. Et leur donner un rendu à la fois réaliste et très coloré. Et ici, les textures sont impeccables, on pourrait presque les toucher, sentir le bois, ressentir la froideur de la pierre, ou le vent qui agite les feuilles des arbres. Sans doute parce que la DA nous offre un rendu plastique qui nous donne cette impression d’avoir un diorama devant les yeux. On veut toucher !!
Enfin, que dire des musiques du jeu, ici réorchestrées de manière magistrale ? Si les thèmes collent parfaitement à l’ambiance générale du jeu, et des biomes que vous allez traverser… J’ai comme une envie de souligner la qualité de la digit de la Ballade du Poisson-Rêve ! Un thème à la base magnifique dans l’univers musical de Zelda. Mais lorsque Marine l’interprétait autrefois, sur GameBoy, avec des sons midi d’une autre époque… Je peux vous assurer que l’entendre la chanter, véritablement, fait son petit effet. Et c’est bien là l’une des forces de ce Zelda : durant la première heure de jeu, on s’émerveille de tout, le temps de s’habituer !
Jouabilité : c’est un Zelda !!
S’il est un épisode que la série The Legend of Zelda ne peut pas renier, c’est bien celui-ci. Conçu pour être le pendant de la version NES du premier opus, sur Gameboy (ce qui explique sa durée de vie plus réduite et sa difficulté atténuée)… Link’s Awakening reprend (et réunit) tous les ingrédients qui font la recette à succès de cette licence action/aventure.
Différents mondes thématiques comme la forêt, le désert, les marais… Des donjons qui ne se terminent que si vous obtenez une boussole, un objet phare et la clé du boss… Des quarts de cœur à débusquer… Des mini-games… Des rubis planqués dans les fourrés… Des PNJ qui vous solliciteront pour des missions annexes… De la collectionnite prononcée, ici pour des coquillages… Ou encore les fameuses poules de la série… L’esprit, l’identité, l’ADN de The Legend of Zelda transpire à chaque écran !
Il en est de même pour la jouabilité, à la fois simple et efficace ! La Switch permet une meilleure répartition des fonctions de base, grâce à son plus grand nombre de touches. Elle reprend le système de raccourcis (pour les objets) sur les touches Y et X. Avec quelques passages obligés dans le menu pour changer vos items, notamment. Une jouabilité « à l’ancienne » qui ne choquera pas forcément les habitués, mais risque de rebuter les plus jeunes… Ceci dit, la modernité est tout de même de la partie, notamment dans les déplacements : lorsqu’autrefois, vous ne pouviez vous mouvoir que dans quatre directions (sur les axes vertical et horizontal), vous bénéficiez aujourd’hui d’une mobilité plus libre, à 360 degrés.
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Comme dans tout Zelda, la progression de l’aventure est parfaitement dosée. Si une petite zone est seulement accessible au départ, la carte va se dévoiler au fur et à mesure que vous trouverez les objets vous permettant de soulever des roches, de traverser des précipices… Contrairement à Breath of The Wild, il est impossible d’aller rusher le boss final dès le départ. Pour le rencontrer, il va falloir suivre toutes les étapes de votre progression.
En revanche, s’il est un aspect qui tranche avec l’esprit de la série, c’est, comme sur GameBoy, le ton décalé que prend le jeu, du début à la fin. Cela se ressent notamment par les nombreux clins d’œil qui vous sautent à la figure, en permanence. Préparez-vous à rencontrer le jumeau d’un fameux plombier, une célèbre boule rose gloutonne, un boss d’un épisode de Mario… Et même un individu qui vous a accompagné dans vos premiers pas de maire… Mais je n’en dirai pas plus, je vous laisse la surprise 😉
Tout n’est pas tout rose non plus
Je l’avoue, j’ai rêvé d’un jeu parfait ! Peut-être même de celui qui pourrait devenir mon jeu de l’année. Hélas, ce Link’s Awakening se loupe sur certains aspects. La perfection n’existe pas, comme on dit !
Le plus gênant est d’ordre technique ! En l’occurrence de sales chutes de framerate, hélas un peu trop fréquentes à mon goût, assez pour parfois venir vous stopper net en pleine action. Si cela ne s’était produit que deux ou trois fois… Hélas, ce n’est pas le cas, et le problème devient récurrent dès lors que l’écran doit afficher trop de personnages, ou d’éléments du décor (certains sont animés). Certes, la Switch n’est pas une bête de compétition ! Mais mince ! Nous parlons tout de même de la bécane qui a fait tourner (à son lancement, qui plus est) The Legend of Zelda : Breath of The Wild ! J’ose encore espérer qu’un prochain patch corrigera ce défaut !
Le second défaut est, selon moi, cette nouveauté que Nintendo nous a plutôt bien vendue : les Donjons -Mozaïque d’Igor. Autrement dit, durant le jeu, vous allez récupérer des éléments qui, une fois que vous aurez trouvé la crypte d’Igor, vous permettront de créer vos propres donjons. L’idée est excellente, d’autant que le jeu vous indique en temps réel la viabilité de vos créations (on sent que Mario Maker est passé par là) ! Si ce n’est qu’ici, elle devient vite répétitive. Car s’il est plaisant de pouvoir créer ses donjons, la mise n’est pas suffisamment intéressée, les enjeux de ce mode pas assez motivants sur le long terme… Et l’on finit par zapper très vite cette option, pour retourner à l’aventure, pleine de magie…
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Enfin, de manière générale, on constate que ce remake n’apporte pas grand chose de nouveau, si ce n’est (mais c’est énorme) de nouveaux graphismes, les fonctions Amiibo et le créateur de donjons. Pour le reste, la map reste la même que celle du jeu GameBoy, au buisson près. Pas de fioritures, pas d’ajouts ou de petites fantaisies en plus, ni de nouvelles cinématiques… Outre ses graphismes considérablement améliorés, le jeu reste le même. Un peu trop fidèle à l’original, d’ailleurs, puisque certaines transitions d’écrans vont venir parfois vous gêner dans les donjons… Comme à la grande époque ! Le jeu a même perdu au passage, puisque le portage sur Gameboy Color rajoutait des donjons qui ont disparu ici (ou alors, je ne les ai pas trouvés).
Il conserve aussi, hélas, sa faible durée de vie. Car jeu GameBoy (donc nomade) oblige, Legend of Zelda : Link’s Awakening ne pouvait se permettre en son temps d’être trop excessif dans sa difficulté, ou sa durée de vie. Et de ce fait, il se pliait en une grosse poignée d’heures. Il en est de même pour cette version Switch, aussi fidèle sur ce point à son modèle. En ligne droite, l’aventure principale se plie entre 8 et 10 heures. Mais une fois le jeu terminé, il vous restera cependant quelques coquillages à collecter… Ou les Donjons d’Igor…
Au final
Ce Zelda est l’ennemi du journaliste, dans le sens où il annihile toute objectivité, dès lors que l’on a connu l’oeuvre d’origine, sortie sur GameBoy il y a 26 ans ! Très clairement, nous aurons ici deux types de joueurs. Tout d’abord, ceux qui n’ont pas connu la version GB, et qui verront en ce Link’s Awakening un très bon (et beau) jeu… Et puis, les joueurs de la première heure, pour qui cette refonte risque de faire couler une petite larme de joie, emplie de nostalgie et de satisfaction.
Et c’est bien là le problème : le public sera divisé. Les plus anciens, nostalgiques de la grande époque du noir et blanc dans la poche, vont tomber instantanément sous le charme de ce remake qui fait honneur à l’un des meilleurs épisodes de la saga… Pendant que les plus jeunes risquent de tiquer sur un gameplay qui pourra leur sembler un brin archaïque.
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Le jeu a ses défauts, notamment d’ordre technique comme on en voit rarement chez Nintendo. Ce qui ne signifie pas pour autant que le jeu soit mauvais. Car malgré tout, il reste l’une des meilleures sorties de la Switch cette année. Fidèle à un titre qui est entré dans la légende, ce Legend of Zelda : Link’s Awakening est le même, mais sans son coté pixel-art, et avec une réalisation magnifique. Dès lors, il est difficile de ne pas vous le recommander : si vous l’avez connu, vous allez rechuter… Si ce n’est pas le cas, c’est le moment de vous plonger dans une aventure qui marque, qui laisse des traces dans le parcours d’un gamer…
The Legend of Zelda : Link’s Awakening
- Par Grezzo, pour Nintendo.
- Sur Switch.
- Genre : action/aventure.
- Classification : PEGI 7.
- Prix : 59,99€.
Points positifs :
- C’est mignon tout plein
- Les remix des musiques
- La direction artistique, juste fabuleuse
- Les voix en plus
- C’est un vrai Zelda, fidèle à l’esprit de la série
- Gameplay impeccable
- Le ton plus décalé sur Cocolint
Points négatifs :
- Moins de 10 heures pour en faire le tour
- Comme sur GB en son temps, pas un challenge très relevé
- Des chutes de framerate
- Finalement pas tant d’ajouts que ça
- On zappe vite les Donjons d’Igor