Depuis des générations, une bonne console Nintendo se doit d’avoir ses canons : un Mario, un Zelda, un Pokémon… Et pourquoi pas un Yoshi qui trouvera toujours un public de fans ! Ce n’est donc qu’une demi-surprise que de voir le petit dinosaure vert débarquer sur Switch. Annoncé lors de l’E3 2017, Yoshi’s Crafted World est enfin là. Voyons maintenant si le jeu est à la hauteur de nos attentes…

Une licence indémodable depuis… 1995

Yoshi est apparu en 1990 dans Super Mario World (Super Mario Bros 4, sur Super Nintendo). Mais il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour que le Yoshisaure s’émancipe. Dès 1995, il prend du galon dans Yoshi’s Island, sur Super-Nintendo. Il est toujours en binôme avec (bébé)Mario (d’ailleurs, le jeu est sous-titré Super Mario World 2) mais, on sent alors qu’il gagne en importance, dans la mythologie Nintendo.

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Au point qu’en 1997, il aura sa propre aventure, cette fois vraiment seul, sans Mario, dans Yoshi’s Story, sur Nintendo 64. Mais si Yoshi fait ensuite de nombreuses apparitions dans d’autres jeux Nintendo (Mario Kart, Mario Tennis, Super Smash Bros, etc), il faudra attendre 2015 pour qu’il soit de retour dans une aventure exclusive : Yoshi’s Woolly World, sur Wii-U.

Quatre ans plus tard, il fait donc son grand retour. Et si Nintendo a, jusqu’à présent, porté nombre de jeux Wii-U sur Switch, c’est bien d’un jeu totalement original dont il est question aujourd’hui. Notre sympathique dino abandonne donc son style graphique tout en laine, pour lui préférer une nouvelle direction artistique (DA), faite de carton et de collages de papier…

Le point noir du jeu : son scénario

Les Yoshis vivaient paisiblement sur leur île, jusqu’à ce que l’infâme sorcier Kamek et Bowser Jr ne viennent foutre le souk ! Le méchant duo est venu cette fois pour dérober les cinq gemmes du Soleil aux Rêves, figure de fierté de l’île des Yoshis. Pour rétablir la paix, nos sympathiques mais paniqués dinos vont devoir partir à l’aventure à travers plusieurs niveaux thématiques, pour retrouver ces bijoux colorés… Voici ainsi résumé le scénario du jeu.

On a beau dire… Mais si la direction artistique change dans chaque épisode, le scénario est, lui, quasiment le même à chaque fois. Une grosse impression de « déjà vu » ! À plus forte raison si vous avez joué au précédent Woolly World. L’Oscar de l’originalité, ce sera pour plus tard !

Et c’est ainsi que l’on évacue ce qui, selon moi, constitue le gros point noir du nouveau bébé de Nintendo. Car à partir de maintenant, autant vous prévenir : les défauts restants sont minimes… Il ne reste quasiment plus que du bon !

Le gros point fort du jeu : sa direction artistique

Pour ce point, les images parlent plus que les mots. Il suffit d’un simple coup d’oeil pour remarquer que le jeu est tout simplement magnifique ! Très coloré, il peut aussi se targuer de proposer des graphismes assez réalistes. Étrangement, Yoshi semble plus vivant que jamais, dans cet univers que l’on pourrait trouver dans une chambre d’enfant. Un décor habité par des figurines et autres châteaux fabriqués avec des boites de carton (oui, avec Nintendo Labo, on peut penser que Nintendo aime ce matériau ^^).

Les développeurs confirment ici qu’ils aiment jouer avec les textures. Le précédent opus (Yoshi’s Woolly World sur Wii-U) semblait fait tout en laine. Ici, bienvenue dans un monde fait de carton, de papier, donc. Sans pour autant reprendre le style très cartoon d’un Paper Mario, mais beaucoup plus réaliste avec ses collages, ses pliures, ses objets du quotidien qui semblent comme customisés lors d’un atelier d’arts créatifs. Alors… Oui, les fans de Sony trouveront des rapprochements difficilement contestables avec les DA de Littlebig Planet ou Tearaway… Mais il n’empêche que le rendu sur Switch est magnifique, et que la direction artistique va servir le gameplay…

Les développeurs maîtrisent également le flou de second plan, qui donne encore plus de relief aux différents tableaux traversés. Et au final, le joueur perd l’impression de jouer à un jeu vidéo… Yoshi’s Crafted World donne cette impression permanente de déplacer des figurines en mousse, bien réelles, posées devant nous sur un diorama… Le tout est très fluide et quasi-irréprochable en docké, mais un peu plus à la peine (avec notamment de l’aliasing) en version nomade. On pourra aussi être mitigé sur la musique : bien qu’elle soit dans le ton, avec ses mélodies mignonnes, l’OST se compose d’une vingtaine de plages seulement. Il y aura donc forcément de la redite.

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Mais la véritable originalité (et nouveauté) de cet opus est de pouvoir redécouvrir l’envers de chaque niveau. Une fois terminé à l’endroit, chaque tableau s’explore une seconde fois à l’envers. Mais on ne parle pas ici d’un mode miroir, de le refaire dans l’autre sens ! Le point de vue du joueur change, se déplace pour vous dévoiler cette fois le verso de chaque niveau, l’envers du décor… On a donc à chaque fois l’impression de découvrir un nouveau tableau, et les objets du quotidien (briques de lait, gobelets…) qui composent ces niveaux. Ce choix a aussi pour effet de rallonger une durée de vie déjà conséquente.

Petit bémol cependant sur ce point : lors des premiers trailers de présentation du jeu, nous avions compris qu’il était possible de switcher d’un plan à l’autre à loisir, pendant l’exploration des niveaux. Nintendo a visiblement revu sa copie. Et désormais, il faut terminer un run pour pouvoir revisiter le même niveau à l’envers.

Un gameplay que l’on ne présente plus

On ne change pas une équipe qui gagne, et on ne change pas non plus un gameplay qui a fait ses preuves par le passé. Ainsi, si vous êtes familier de la série Yoshi, vous ne serez pas dépaysés. Yoshi gobe toujours ses ennemis pour pondre des oeufs, qu’il peut ensuite lancer en actionnant un viseur. Il peut sauter, planer un court instant, ou exploser ses adversaires avec sa fameuse attaque rodéo… Mais si 95% des niveaux se jouent avec ce gameplay très accessible, certains boss ou certains niveaux vous demanderont de vous creuser la tête…

Yoshi’s Crafted World est un jeu de plateformes majoritairement à défilement horizontal. Avec toutefois quelques effets de profondeur bienvenus : vous devrez parfois passer en arrière plan, ou au premier plan, pour poursuivre votre exploration. De même, sachez que vous pouvez aussi viser des objets en arrière-plan ou au premier-plan. Le jeu se voit en 2D, mais se pense en 3D. Et comme dans tous les jeux Yoshi, vous devrez collecter, dans chaque niveau, des fleurs souriantes, 20 pièces rouges et 20 étoiles de bonheur. L’absence de timer dans les niveaux classiques met l’accent sur une dimension « exploration » très importante dans le jeu.

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Mais comme nous l’avons vu plus haut, certains mécanismes plus originaux font parfois leur apparition. Sur des portions de niveaux, ou plus rarement avec des niveaux entiers basés sur un gameplay plus original (pouvoir par exemple contrôler un « mecha » yoshi). Parfois, la route est bloquée, et il faut alors observer pour comprendre comment débloquer la voie… En solutionnant des énigmes pas vraiment compliquées.

Une difficulté progressive ?

Non, Yoshi’s Crafted World n’est pas un jeu difficile ! On peut même dire que le jeu se veut très accessible, dès le plus jeune âge (il est classifié PEGI 3). En début de partie, vous pourrez choisir entre le mode normal (pas vraiment difficile), ou un mode relax assisté à l’extrême, qui va vous donner des ailes pour survoler plus facilement les obstacles. Mais attention : entre finir le jeu, et le finir à 100%, il y a un fossé…

Traverser les tableaux n’est pas vraiment compliqué. En revanche, la durée de vie du titre est gonflée par l’exploration qui fait petit à petit son apparition, au fil des premiers niveaux. Des objets à trouver pour la famille Brikolo afin de gagner plus de fleurs souriantes (cinq fleurs en plus par recto de chaque tableau), des Tipoochys à retrouver, des costumes à débloquer… Vous allez devoir fouiller, et fouiller encore les niveaux, tant ce Yoshi va vous donner d’objectifs à remplir ! Et tous ne sautent pas aux yeux, il faudra parfois se creuser la tête !

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Et si toutefois le jeu peut sembler trop difficile à un enfant très jeune, sachez qu’il pourra demander l’assistance d’un adulte (ou d’un grand frère ou d’une grande soeur)… Puisque le jeu est aussi jouable en duo. Chaque joueur contrôlant alors un Yoshi avec chaque joycon.

Ressortez vos Amiibo

Comme la plupart des jeux Nintendo, Yoshi’s Crafted World est aussi une bonne occasion de dépoussiérer vos Amiibo. Leur utilité n’est pas la plus révolutionnaire qui soit… Mais le jeu a le mérite de vous rappeler que vous n’avez pas investi dans une collection pour rien… Et que vos figurines peuvent encore servir dans les titres les plus récents.

Vos figurines vont ainsi vous permettre de débloquer des tenues spéciales Amiibo… Voire de porter une tenue « boite Amiibo » !

Des tenues qui complètent celles déjà présente dans le jeu, que vous pourrez acquérir contre les pièces gagnées in-game. S’inspirant des objets de carton que vous allez croiser, elles vous permettent notamment de réduire les dommages si vous encaissez des coups. La collectionnite a aussi son utilité dans Crafted World

Au final

Yoshi’s Crafted World est un excellent jeu ! Et si ‘on pourra critiquer son scénario trop simple et trop naïf, qui n’était clairement pas la priorité de Nintendo, on finit très vite par s’en moquer, tant le vrai plaisir est ailleurs. En effet, Yoshi plaira surtout pour ses graphismes très beaux et tout mignons… Mais aussi pour ses mécaniques parfaitement huilées, son gameplay très accessible. Un gameplay qui, bien que reprenant des canons qui durent depuis 1995, parvient à se réinventer avec quelques bonnes idées…

Yoshi’s Crafted World est de ces jeux qui mettent tout le monde d’accord, à propos de la qualité des jeux estampillés Nintendo. Le géant japonais connaît ses licences, connaît sa console par coeur… Et parvient à nous offrir ici un jeu qui n’est pas le plus original, mais est d’entrée un incontournable de la Switch.

Paradoxalement, si Nintendo s’emploie à mettre en avant l’ouverture de sa Switch aux éditeurs tiers, force est de reconnaître que les « jeux maison » nous font prendre un pied sans pareil !


Yoshi’s Crafted World

  • Par Nintendo.
  • Sur Switch.
  • Genre : plateforme/Exploration.
  • Classification : PEGI 3.
  • Poids de la version démat’ : 5692,72 MB.
  • Prix : 59,99€.

 

Points positifs :

  • Une direction artistique aussi mignonne que superbe !
  • Les musiques
  • C’est hyper coloré
  • Niveaux à visiter deux fois : à l’endroit et à l’envers
  • La jouabilité
  • Un jeu facile, qui se joue « à la cool »
  • Jouable à deux en co-op
  • Bonne durée de vie

Points négatifs :

  • Le scénario pas très inspiré
  • Finalement peu de musiques
  • Moins joli en mode nomade
  • Certains secrets planqués de manière un peu tordue
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