« OBJECTION » ! Quel joueur DS ne connaît pas cette célèbre interjection du non-moins célèbre graphic-novel de Capcom, Ace Attorney ? À l’heure où les remakes sont au goût du jour, l’éditeur vous propose aujourd’hui de redécouvrir sur 3DS la quatrième aventure de la série, sortie en 2008. Phoenix Wright fait une pause, et passe la main à Apollo Justice…

On prend les mêmes…

Et de deux ! C’est la seconde fois que je termine ce jeu, puisqu’en fan de la série que je suis, j’avoue l’avoir déjà retourné sur DS (il était sorti sur la portable de Nintendo en 2008). Comme tous les autres épisodes d’ailleurs, soit dit en passant !

Ace Attorney (Gyakuten Saiban en VO), donc, est une série de Capcom initiée en 2001 (sur GBA). Elle s’apparente au genre « graphic novel » avec une grosse touche d’enquêtes en point’n click. Le joueur y incarne habituellement Phoenix Wright, jeune avocat célèbre pour son costard bleu et ses cheveux dressés en pics vers l’arrière. Après trois épisodes sur GBA, et six sur DS, le dernier jeu en date de la franchise est Spirit of Justice, sorti sur 3DS l’an dernier.

Mais dans ce Apollo Justice (4e épisode de la série), le héros Phoenix Wright est mis de coté pour placer le tout-jeune Apollo Justice sous les projecteurs. Phoenix a mis sa carrière d’avocat entre parenthèses depuis sept ans, pour devenir joueur de poker professionnel. Ce pour élever sa fille, Trucy (une jeune magicienne).

Mais la première affaire d’Apollo consiste justement à aider Phoenix, accusé du meurtre de son adversaire de jeu. Fort logiquement, Phoenix Wright fait appel à son ami procureur Kristof Gavin pour le défendre. Mais ce dernier préfère confier le dossier à son jeune apprenti, Apollo.

Notre avocat en herbe va donc devoir enquêter pour innocenter cette légende qu’est Phoenix Wright. Et comme dans la série de Capcom, un bon avocat a toujours une assistante, Apollo sera aidé par… Trucy ! (C’est légal, ça ? Bonjour le conflit d’intérêt !)

Histoire en deux temps !

Les différents jeux de la série suivent tous le même schéma : chaque cartouche se compose de quatre histoires. Dans chacune, le héros est sollicité pour défendre une personne généralement accusée (à tort) de meurtre. Dès lors, l’épisode se découpe en deux parties bien distinctes.

Tout d’abord, notre avocat va se rendre sur les lieux du crime pour enquêter. Trouver des preuves pour innocenter son client, ou accuser le vrai coupable… Mais aussi pour recueillir des témoignages de voisins, de proches… Chacun pouvant donc être appelé à la barre par notre héros, par la suite, en qualité de témoin.

Car une fois l’enquête de terrain (et de voisinage) terminée arrive la seconde partie. Elle se déroule cette fois au tribunal. Face au juge (toujours ce vieux barbu débonnaire), Apollo devra encaisser les accusations du procureur. Et grâce aux indices obtenus précédemment, devra démonter une à une toutes les preuves adverses, pour innocenter son client. Voire pour confondre et faire plonger le vrai coupable, si celui-ci est parmi les témoins…

Pour corser ce mécanisme un peu simpliste, Apollo dispose d’une barre de vie. Et le juge vous en retire une portion si vous accusez à tort, ou si vous ne parvenez pas à démonter une accusation adverse après avoir objecté. Heureusement, Trucy est aussi là pour vous donner de précieux conseils. Ici, usez et abusez de la sauvegarde, afin d’éviter de recommencer depuis le dernier check-point en cas d’échec !

Une technique dans la continuité

Graphiquement, le jeu s’inscrit dans la continuité des épisodes précédents. Le joueur va donc retrouver ici des images fixes en guise de décors, dans une ambiance « Japon contemporain » vraiment plaisante et colorée. Avec des interlocuteurs plus barrés les uns que les autres apparaissant au premier plan. Il me semble que le passage sur 3DS nous offre des graphismes plus fins que sur DS. C’est joli !

On aime aussi les animations souvent assez drôles (voire loufoques). Notamment celles des témoins appelés à la barre. Ceux-ci ont très souvent un look complètement improbable, et l’on sent que les chara-designers se sont fait plaisir !

En revanche, je regrette de voir que les sons du jeu n’ont pas été améliorés. Déjà sur DS, mon plus grand regret était que nos héros ne soient pas doués de parole (hormis pour les « Objection » ou « Gotcha ! » ). Les sons qui accompagnent les textes dans les bulles deviennent vite lassants. Pour le reste, le fan retrouvera avec plaisir les thèmes musicaux de la série.

Comme toujours, nous allons trouver ici une écriture impeccable, soignée. Les enquêtes sont bien ficelées. Bien qu’elles n’aient, en apparence, aucun lien entre elles, le jeu vous promet quelques rebondissements, quelques « volte-faces » plutôt bien senties (les fans comprendront cette allusion ^^). Avec cependant le regret de ne voir aucun ajout pour cette version 3DS, ni nouvelle enquête, ni contenu bonus. Ce remake est une copie-conforme de l’original.

Une nouvelle mécanique

Jusqu’à présent, Apollo Justice ressemble beaucoup aux premiers opus. Mais fort heureusement, il ajoute aussi une nouvelle mécanique dans l’équation. Il peut désormais utiliser un bracelet (et sa vue perçante), qui lui permet de se focaliser sur les tics des témoins. Il peut ainsi déceler le mensonge, rien qu’en observant un tapotement de doigts, une veine sur le front, un regard fuyant… Un vrai mentaliste !

Lorsqu’Apollo utilise son bracelet, l’écran zoome sur la partie à observer. Mais attention, car ces tics n’apparaissent qu’un bref moment pendant la déposition du témoin (lorsqu’il ment). Vous devrez donc être attentif, et pointer la partie du corps qui vous semble suspecte grâce à l’écran tactile.

Ce qui m’amène à vous parler de l’écran tactile, justement. Il sera beaucoup plus utilisé que d’habitude. Les phases d’enquête vous demandant souvent de retourner les objets dans tous les sens, afin de dénicher de petits indices parfois bien planqués. De même, vous devrez parfois souffler dans le micro, pour soulever la poussière et faire apparaître des empreintes. Comme pour la DS, le jeu tire pleinement parti des capacités de la console. Les commandes sont simples, mais précises !

Au chapitre des regrets, je constate que le jeu conserve cependant un autre défaut de la version DS : on cherche parfois longtemps certains indices. Et sans eux, impossible de continuer l’histoire. Alors, on clique un peu partout, au petit bonheur la chance, en espérant tomber sur le tout petit détail que l’on a loupé… Sans plus d’indications.

Où est passée la VF ?

Et voici le moment d’aborder le point le plus frustrant de ce portage 3DS. Il est entièrement en Anglais. Alors, certes, on saluera l’effort de Capcom qui nous propose ici de pouvoir jouer à la version originale, en choisissant la langue japonaise. Mais…

Si le jeu est un copié-collé de la version DS, pourquoi ne pas avoir conservé les textes français de la version de base ? Les textes existent, le jeu a déjà été traduit, alors pourquoi ?

D’autant que les traducteurs de l’époque avaient fait l’effort de nous écrire des jeux de mots bien moisis (mais drôles) dont nous ne pourrons pas profiter ici. Notamment pour les noms. L’inspecteur Dick Tektiv qui devient Dick Gumshoe… Votre assistante Trucy s’appelait Vérité Wright en VF (un prénom lourd de sens même si la traduction reste compréhensible). Tout comme le nom bien senti de ce looser de procureur Boulay, qui devient ici Winston Payne.

Au final

Si Ace Attorney est une série vraiment géniale, d’une qualité indéniable, cet opus souffre de deux points noirs, qui risquent de réduire son public. Tout d’abord, la version française de la DS est passée à la trappe, limitant le jeu aux joueurs anglophones. Ensuite, le soft est strictement le même qu’en 2008, sans nouveauté, sans chapitre supplémentaire. Ce qui ferme aussi la porte à tous ceux qui connaissent déjà les intrigues.

Et c’est bien dommage car, comme je l’ai écrit plus haut, Ace Attorney est pour moi l’une des meilleures séries de la Nintendo DS. Faut-il pour autant craquer et investir 24,99€ dans cet opus ? La réponse est « oui » si vous ne connaissez pas cet épisode, et si les textes dans la langue de Shakespeare ne vous dérangent pas : il reste une valeur sûre ! Mais les anglophobes se tourneront plutôt vers une version d’occasion du jeu DS, en VF et rétrocompatible, bien qu’il soit devenu rare (donc cher, dans certaines enseignes).


Apollo Justice : Ace Attorney

 

Non coupable ! :

  • Comme toujours, une écriture impeccable pour les enquêtes
  • Le système de détection des tics nerveux
  • Plein de twists, tout le temps
  • Des animations funs
  • Ses personnages attachants
  • Des situations loufoques
  • La musique
  • La satisfaction du joueur lorsqu’il dénoue l’affaire
  • L’ambiance très japonaise
  • Un dernier chapitre génial !
  • Durée de vie : entre 25 et 30 heures

Objection !! :

  • Un épisode peut-être trop facile
  • Strictement le même jeu qu’en 2008
  • On cherche parfois longtemps certains indices
  • Pas de rejouabilité
  • Pourquoi ce jeu est-il en Anglais ? Où est passée la version VF ?
  • L’humour si présent, ici entravé par cette version anglaise
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