Sorti en 2016 sous forme épisodique, dématérialisée, Hitman est de retour depuis fin janvier en version physique. Si vous êtes allergiques à l’attente entre les épisodes, Square-Enix et Io Interactive ont eu la riche idée de réunir sur une seule et même galette l’intégrale de la saison. Voyons ce que l’Agent 47 a dans le ventre !
47 : un numéro pour nom
Est-il encore nécessaire de présenter Hitman, la série d’infiltration publiée la première fois en 2000 ? Si, initialement, elle se cantonnait au PC, elle est très vite arrivée sur consoles. Notamment sur Xbox, PS2 et GameCube.
Hitman est un jeu à la troisième personne dans lequel vous incarnez un tueur à gage. Toujours élégant, mais d’une froideur extrême, il est reconnaissable à son crâne rasé et à son code-barre tatoué sur la nuque. Son nom ? On l’appelle « Agent 47 », et c’est tout ce que vous devez savoir !
Dix sept ans après son premier épisode, Hitman est toujours de la partie. Plus que jamais ! Et lorsque Square-Enix et Io Interactive annonçaient l’arrivée d’un sixième épisode, en 2014, ils créaient la surprise. Pour la première fois, le jeu ne serait pas distribué en intégralité sur un CD, mais sortirait au fil des mois, par épisodes. La saison était lancée en mars 2016 !
Enfin, ça, c’était avant ! Puisque l’éditeur a eu l’excellente idée de compiler tous les épisodes sur une même version physique, disponible depuis fin janvier. Une aubaine pour les joueurs comme moi, qui ne supportent pas les jeux épisodiques dématérialisés, à cause de l’attente entre deux chapitres !
Les voyages forment la jeunesse
Cette saison de Hitman pourrait se résumer à six destinations, auxquelles vous aurez accès une fois que vous aurez fait vos preuves dans un tutoriel pas vraiment passionnant. Mais cependant important si vous voulez cerner toutes les petites subtilités du jeu.
Le jeu se déroule vingt ans en arrière, et c’est un Agent 47 plus jeune que vous allez prendre en main, à son arrivée dans une base secrète en pleine montagne. Vous y rencontrez une femme, agent de l’ICA, qui mise sa réputation sur vos performances. Une femme lambda pour le joueur néophyte. Mais le fan aura évidemment reconnu Diana Burnwood, votre futur agent de liaison au sein de l’ICA.
Ainsi, avant d’être lâché dans la nature, notre cher 47 va devoir faire ses preuves dans un simulateur de « Croisière s’amuse ». Une cible à éliminer, et le joueur réalise vite qu’il existe différents moyens de parvenir à ses fins. Le tuto vous permettra d’ailleurs de vous y essayer, et votre liberté est grande !
Une fois ce mode tutoriel achevé, vous voilà embauché pour réaliser quelques petits meurtres, tout autour du monde. Et si vous aimez collectionner les tampons sur votre passeport, vous allez être servis !
En effet, Hitman va ensuite vous emmener pour des missions à Paris, Bangkok, Marrakech, Sapienza, dans le Colorado ou à Hokkaïdo. Six destinations, mais toute une flopée de missions à chaque fois !
Technique : une claque visuelle !
Avant d’insérer le jeu dans la console, prévoyez du temps, et surtout de la place, car il pèse tout de même 56 GO : les collectionneurs vont devoir virer des jeux de leur disque dur !
Mais une fois l’installation achevée, et une fois le soft lancé, on comprend ! Elle semble loin l’époque des gros pixels qui tachent ! On ne va pas tourner autour du pot : Hitman est parmi les jeux les plus beaux sur consoles actuelles (je le placerais presque au niveau d’un Metal Gear Solid V : the Phantom Pain).
Avec toutefois quelques petites inégalités. Si la scène d’ouverture donne la mesure, le joueur retombe vite lorsqu’il aborde le niveau tutoriel. Il est vivant, fourmille de petits détails, mais ne casse pas non plus des briques. Il est même assez moyen. Mais le plus beau reste à venir.
Car une fois que vous pourrez partir en mission, chacune des six destinations proposées est un festival du décrochage de mâchoire ! Les niveaux sont superbes, très détaillés, plein de vie (un paradoxe dans un jeu où l’on incarne un tueur)… Mention spéciale pour les éclairages, particulièrement réussis.
Au niveau du gameplay, si l’apprentissage est nécessaire pour cerner toutes les subtilités de l’agent 47, il est agréable et assez simple à prendre en main. On reprochera juste à notre assassin d’être parfois un peu lent dans ses déplacements, et un peu trop rigide.
Je fais ce que je veux (avec mes cheveux)
En tant qu’assassin, l’agent 47 va donc enchaîner joyeusement les petits meurtres. Et c’est bien là l’un des points noirs du jeu : le scénario se limite à cette seule phrase. Une frustration tant on aurait aimé en découvrir plus sur le background de ce mystérieux personnage.
Toujours est-il que nous avons une mission, et une cible ! Et entre les deux ? C’est justement là que les choses deviennent intéressantes ! Votre employeur vous demande d’éliminer Jean-Jacques, mais sans plus de précisions. Libre à vous d’agir… Comme bon vous semble !
La liberté d’action semble totale, et le joueur se prend rapidement au jeu : observer le cadre, les personnes, surveiller les gardes, déjouer les alarmes ou systèmes de surveillance, trouver des moyens d’éliminer votre victime…
Par exemple, dans le tutoriel, une fois votre cible repérée, vous pouvez vous approcher discrètement par derrière pour l’étrangler. Mais vous pouvez aussi bourrer dans le tas et vous faire votre objectif au pistolet (attention à la horde de gardes qui vont vous tomber dessus). Ou si vous êtes un fan de Games of Throne, vous pouvez aussi empoisonner sa boisson favorite. Ce sont trois des nombreuses possibilités !
Vous vous doutez que si vous approchez trop près de votre victime avec votre beau costard noir, vous allez être grillé en moins de dix secondes. Aussi, 47 dispose d’une mécanique absolument géniale : la possibilité de se déguiser (il trouve des tenues, ou les pique à des PNJ). Mécano, serveur, policier ou danseuse du Bolchoï (ah non, celle là n’y est pas), l’Agent ne manque pas d’imagination pour parvenir à ses fins !
Méthode contre action
Hitman est un jeu technique ! Et c’est surtout ce point qui risque de diviser la communauté de joueurs. Car vous pourriez (à tort) passer votre chemin si votre kiff est de tirer à vue sur tout ce qui bouge. Si vous aimez l’action, les fusillades frénétiques, Hitman n’est pas forcément pour vous.
Car ce jeu est de ceux qui vous demandent de vous préparer soigneusement avant de passer à l’action. De prendre votre temps pour comprendre le niveau dans lequel vous évoluez. De cerner chaque détail, pour anticiper les réactions de la sécurité, et avoir un plan B en réserve.
Les nombreuses missions vous obligent d’ailleurs à adopter une méthodologie intelligente. Par exemple, des indications vous signaleront que tel objet est prohibé dans le niveau. Ou que les gardes vont vous repérer plus vite si vous utilisez tel déguisement ou telle arme. Et c’est bien là l’un des aspects géniaux de Hitman. Une méthode qui a fonctionné dans le niveau précédent ne marchera pas ici !
Une expérience sympa à tenter : après quelques heures de jeu, revenez vers les premières missions. Vous serez devenu plus méthodique, et ne plierez pas l’objectif de la même manière. Ce qui souligne le fait que Hitman, en plus d’une solide durée de vie, propose une bonne rejouabilité. Une mission déjà terminée sera totalement différente à votre second passage. Le niveau n’aura pas changé, mais vous, si !
Quelques petits points noirs
Jusqu’à présent, le jeu enchaîne les superlatifs ! Et les bons points, par la même occasion. Pourtant, si on lui porte un regard objectif, de petits défauts ne tardent pas à montrer le bout du nez.
J’ai déjà évoqué le premier d’entre eux. A savoir le scénario quasi-inexistant. Et c’est bien dommage ! Le jeu est une telle claque visuelle que l’on attend l’histoire qui va avec. Le fan veut en savoir plus sur l’histoire de l’agent 47, sur son passé. Ici, le titre d’Io Interactive n’est qu’un enchaînement de missions. Certes intéressantes, mais qui manquent d’une bonne trame scénaristique.
Second aspect controversé : l’IA qui est parfois un peu trop à la ramasse. Il peut vous arriver de vous louper dans votre approche, sans pour autant que les gardes ne détectent la menace que vous représentez. Ce n’est pas toujours le cas, je vous rassure. Mais la bêtise de certains gardes va vous offrir des ouvertures supplémentaires, lorsque le jeu est déjà généreux en termes de variété de méthodes d’assassinat 😉 Notez cependant qu’un nouveau mode de difficulté a été ajouté, rendant l’IA beaucoup plus maline et punitive.
Graphiquement, si le jeu est magnifique, il ne nous épargne pas quelques bugs et ralentissements. Rien de bien méchant en soi,. Mais suffisamment pour nous faire sentir un peu plus le fossé qui sépare désormais la PS4 classique de la PS4-Pro.
Au final
Bien que je ne sois pas un grand connaisseur de l’Agent 47 et de son univers, c’est avec un plaisir à peine dissimulable que je me suis plongé dans ce nouvel épisode. Si sa quasi-absence de scénario est un défaut pour le fan, elle est un atout pour le néophyte, qui ne se sentira jamais largué. 47 est un tueur à gage : en sachant cela, on peut aborder Hitman sans avoir fait les volets précédents !
Et le résultat est là : le jeu est magnifique, avec une direction artistique léchée, un héros charismatique, une bande-son réussie… Et surtout une liberté d’action qui semble infinie tant elle offre de possibilités.
Si j’étais réticent au fait de m’essayer à un Hitman morcelé, avec plusieurs mois d’attente entre chaque épisode, cette version physique intégrale est un régal ! Elle lève enfin ce qui aura pu être une barrière pour certains.
Au final, Io Interactive fait figure de bon élève de la classe : il rend une copie propre, avec une présentation soignée. Sa rédac’ est bien rédigée, son argumentaire complet, et seules quelques petites fautes l’empêchent de décrocher la note suprême. Je m’attendais à du bon boulot, mais pas à ce point là !
Verdict
Tous les épisodes de la série épisodique Hitman réunis en un seul jeu. Qui plus est un jeu scotchant par sa réalisation aux petits oignons… Dans le nom, il y a « hit », c’est un signe !
18/20
Les + :
- A ce niveau, on ne parle pas de « direction artistique » mais d’orfèvrerie
- La mécanique des déguisements
- Une cible, mais 36 façons de l’éliminer
- Des niveaux gigantesques
- Très bonne rejouabilité
- Pas mal de contenu à la base, mais du contenu additionnel en plus !
- La mise en scène et quelques vannes glissées ici et là
- Accessible aux débutants, assez technique pour les pros… un jeu bien équilibré
- Vous allez voir du pays !
Les – :
- Des pu… de temps de chargement
- Quelques petits bugs
- Pas véritablement de scénario
- Une technicité qui peut rebuter les hystériques de la gachette
- Un poids lourd sur votre disque dur (comptez environ 56GO)
Hitman, par Io Interactive et Square-Enix, sur PC, PS4 et Xbox One. Pegi : 18.
Jeu testé sur une version PS4 (classique), fournie par l’éditeur.
Site officiel