Un nouveau RPG sur 3DS mérite toujours que l’on s’y attarde. Et c’est le cas aujourd’hui, avec le très coloré Ever Oasis, la dernière oeuvre du studio Grezzo et du créateur de la série Mana.

De Mana à Ever Oasis

On ne peut pas dire que Ever Oasis est un jeu pour lequel Nintendo a mis le paquet, en termes de communication ! On est en effet très loin de la puissance de feu d’un Pokémon, ou d’un Yo-Kai Watch !

Pourtant, aussi discret qu’il soit, Ever Oasis est un jeu que j’attendais avec impatience. Pour la simple raison qu’il est signé par un certain Koichi Ishii. Ce nom ne vous dit rien ? Et si je vous dit « série Mana », ça vous parle plus ? Voilà ! Le monsieur, après des épisodes de Mana qui n’ont pas connu le succès escompté, est parti de chez Square-Enix, pour créer son propre studio : Grezzo !

Et c’est donc ce studio Grezzo qui est aux commandes de Ever Oasis. Et connaissant le bonhomme, on peut s’attendre à un jeu à la fois mignon et coloré, avec de jolies musiques. Quelques minutes sur le jeu suffiront à confirmer !

Un RPG ? Pas vraiment

Si vous connaissez la série Mana, vous vous attendez aussi à jouer ici à un action-RPG ! Et bien… Non, pas vraiment !

Car si Ever Oasis garde une dimension « jeu de rôle », c’est un tout autre (et inattendu) univers qui s’y mêle ici. Celui de la gestion ! RPG et gestion dans la même cartouche, c’est une bonne idée, mais l’exercice peut aussi être casse-gueule, alors… On croise les doigts !

Et les développeurs parviennent à nous surprendre ! Entre phases de combat, exploration et création de votre village, les genres s’imbriquent parfaitement l’un dans l’autre, sans se vampiriser. Les joueurs rôdés au RPG lui trouveront sans doute une certaine routine, et préféreront des micro-parties. Mais une grande majorité se laisseront emmener par ce concept très intéressant. Encore un bon point !

Quand t’es dans le désert…

Le scénario de Ever Oasis nous apprend qu’il y a fort longtemps, le monde était submergé par le Chaos. Une force obscure qui menaçait toutes les civilisations.

Afin de protéger la population du danger, une oasis prospère a été bâtie. Mais un puissant monstre descendu des cieux est venu semer la destruction. Ne laissant derrière lui que des ruines.

En tant que Granéen (garçon ou fille, à vous de choisir) descendant de ce malheureux peuple, vous êtes pressenti pour devenir le chef de votre propre oasis, un jour. Mais lorsque l’obscurité est de retour, et détruit votre village, les choses se précipitent.

Vous avez été choisi pour vous lancer dans la construction d’une nouvelle oasis afin d’offrir aux habitants une existence paisible et de bannir définitivement ce Chaos maléfique. On repart de zéro !

Plutôt enfantin, le scénario du jeu est très agréable à découvrir. Bien qu’il suive une destinée tragique, votre personnage apporte un grand vent de fraîcheur dans une histoire dépaysante. Un comble lorsque l’on parle de désert à perte de vue !

Parlons un peu du gameplay

Le gameplay d’Ever Oasis, ou plutôt LES gameplay, s’avèrent assez faciles à prendre en main. Si un petit apprentissage sera nécessaire, le jeu devient très vite accessible, et adapté à tous les profils de joueurs.

Je parlais plus haut au pluriel, car on distinguera deux types de gameplay bien précis, en fonction des deux grands axes du jeu.

Ainsi, vous retrouverez tout d’abord la partie gestion et construction. Ici, rien de bien compliqué, si ce n’est que les objectifs se multiplient. Le principal étant de faire en sorte que des marchands s’installent chez vous, pour faire grandir votre oasis. Vous pourrez placer les commerces, les approvisionner, cultiver, faire des foires, etc. Mais ce petit monde tranquille ne va pas le rester, car le Chaos tente de s’en emparer. Il va donc falloir aller au combat !

Et puis, comme dans tout bon RPG qui se respecte, il y aura donc l’exploration et les combats, en groupes de trois. Si ceux-ci ne représentent pas une difficulté titanesque, ils vous demanderont une certaine préparation, pour votre héros. Car si ses compagnons ont tous une arme de prédilection (doubles lames pour les Lycos, lances pour les Ouads, etc), en bon Granéen que vous êtes, vous pouvez manipuler plusieurs types d’armes courtes.

Point plutôt intéressant : ces lames infligent plus ou moins de dégâts aux ennemis, selon qu’ils y soient sensibles ou non. De plus, les armes vous seront également très utiles pour débloquer des mécanismes, et ainsi progresser. Dans les donjons, on aime aussi les énigmes : bien qu’elles ne soient pas très compliquées à résoudre, elles rappellent avec tendresse un certain… Zelda.

Un jeu sans défaut ?

Alors, Ever Oasis serait-il le jeu parfait ?  Il ne faut pas non plus exagérer, et en grattant un peu la dorure du jeu, on lui trouve toutefois quelques petits défauts.

A commencer par des soucis de caméra qui s’affole parfois, pour venir se placer là où ça va bien vous gêner dans la lecture de l’action. Pas si fréquent, mais un défaut qui existe, et qui a le don d’énerver. Et puisque je parle ici de la technique, je ne comprends pas comment un jeu qui n’abuse pas des effets et graphismes spectaculaires peut engendrer de telles chutes de framerate.

Certes, le jeu se veut simple d’utilisation ! Mais de là à zapper la possibilité de gérer la composition de l’équipe… Un oubli, ou une possibilité passée à la trappe, lorsque l’on parle d’une fonction pourtant fondamentale pour ce type de jeux…

Le monde d’Ever Oasis est dépaysant, mais finalement pas si grand que cela. Je dirais même que la notion de dépaysement fausse votre perception du « grand ». Au bout du compte, on réalise vite que les maps se traversent vite…

Autre défaut que nous ne pourrons pas ignorer : la foultitude de missions qui n’apportent pas grand chose à l’aventure… Je parle évidemment de ces fameuses missions FedEx que les joueurs de Final Fantasy XV connaissent bien (comme quoi, même dans un triple A…) ! Elles consistent à vous envoyer à l’autre bout de la carte pour chercher une baguette pas trop cuite, ou à aller livrer une canette de soda à un PNJ qui vit comme un ermite entre deux palmiers… Ouais bon, OK, je caricature ! Ici, ces fameuses missions ont pour but de trouver le moyen de retenir des voyageurs dans votre petit paradis… Mais c’est un peu la même chose.

Au final

On ne va pas tourner pendant des heures autour du pot : je m’attendais à passer un bon moment sur Ever Oasis. Mais pas à trouver ici l’un des RPG les plus intéressants du moment, sur 3DS ! Si je m’attendais à retrouver ici l’ADN de Secret of Mana, c’est à ma grande surprise celui d’Animal Crossing ou Fantasy Life qui s’invite à la fête.

Malgré quelques petites imperfections et un manque manifeste de finition, Ever Oasis est dans l’ensemble une réussite. Les joueurs aguerris au(x) genre(s) lui reprocheront une répétitivité qui s’installe et incite aux parties rapides, mais il est parfait pour les débutants ou les joueurs plus occasionnels. Ceux qui, comme moi, on rêvé avec Secret of Mana, se laisseront transporter sans résistance.

Pour son cadre enchanteur, pour son univers attachant et pour son mélange des genres réussi, le « bébé » de Koichi Ishii est une valeur sûre qui vous promet de belles heures sans prise de tête… Et un beau voyage, sans prendre l’avion.


Ever Oasis

Par Grezzo, pour Nintendo, sur consoles de la famille 3DS. Pegi : 7.

 

Les + :

  • Réalisation toute mignonne et très colorée
  • Un bon équilibre RPG/Gestion
  • Un ton plein de légèreté
  • La bande-son excellente
  • Un gameplay basique, mais maîtrisé
  • De nombreux pouvoirs et skills
  • Les donjons intéressants
  • Textes en VF
  • Le système de combats bien pensé

Les – :

  • Quelques quêtes qui ne servent pas à grand chose
  • Un monde pas si grand
  • La caméra fait parfois des siennes
  • Quelques chutes de framerate
 .