S’il est un triple A qui était très attendu pour cette rentrée, c’est bien ce Marvel’s Avengers, par les réalisateurs de Tomb Raider (Crystal Dynamics et Eidos Montréal), sous la tutelle de Square-Enix. La surprise sera t-elle à la hauteur de nos espérances ?

La formule Triple A + fan-service

Lorsque, tout début 2017, Square-Enix et Marvel avaient annoncé, de concert, un certain The Avengers Project… Nous avions pu constater deux types de réactions. Tout d’abord, les ceusses qui n’étaient pas vraiment convaincus, sans doute lassés de se coltiner 25 films Marvel par an, au cinéma. « Vous n’en pouvez plus ? On va vous gaver jusqu’à l’indigestion ! »

Et puis, il y avait aussi ceux qui étaient relativement curieux. Soit parce qu’ils sont fans de l’univers Marvel… Soit parce que la collaboration de Square-Enix sonnait davantage comme un gage de qualité. La suite de l’histoire a donné raison à ces derniers, avec l’annonce du développeur de ce qui allait devenir Marvel’s Avengers : le studio Crystal Dynamics. Un tout petit studio californien ayant bossé sur des licences totalement inconnues… Comme Pandemonium, Legacy of Kain : Soul Reaver, ou la récente trilogie des Tomb Raider.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Fall Guys: Ultimate Knockout : le concept est fun, l’optimisation un peu moins

En revanche, je peux comprendre que les premiers trailers du jeu aient pu inquiéter. Faute de droits, les personnages du jeu ne sont pas ceux que vous connaissez dans les films (pas de Robert Downey Jr, Chris Ewans ou Chris Hemsworth), et ça peut déstabiliser les fans hardcore du MCU. Par ailleurs, si le nom Square-Enix avait pu laisser espérer un bon gros RPG… Ce Marvel’s Avengers n’est rien d’autre qu’un beat’m up 3D, avec du loot et de longues cinématiques.

Pour faire plus court, Marvel’s Avengers est ce que l’on appelle un « jeu service » ! Comprenez par là que… Vous prenez une licence qui cartonne, vous l’adaptez en jeu vidéo en vous foulant plus ou moins, et vous regardez les fans vider les rayons par palettes entières ! Si ce n’est un petit détail qui a son importance. Il est très facile de faire un jeu service qui va décevoir, pour ne pas dire totalement foireux ! Mais parfois, le boulot est bien fait, et le joueur en aura pour son argent. Et ici, il faut le reconnaître, Crystal Dynamics se situe dans cette dernière catégorie : nous avons un bon jeu service ! Un titre d’Action/Aventure, mais qui va aussi beaucoup emprunter au RPG et aux Beat’em All.

L’excellente surprise : le scénario

L’histoire de Kamala m’a semblé plus intéressante que nombre de films Marvel (mais c’est juste mon avis).

C’est sans doute LE point qui m’a le plus séduit dans ce Marvel’s Avengers : son mode Histoire et le scénario qui va avec. Car si Square-Enix nous a assez vite rassurés en promettant que cette histoire serait originale (et ne reprendrait pas celle des films), l’écriture de l’arc narratif est efficace, et vraiment plaisante à suivre. Avec un choix scénaristique qui nous prend à contre-pied pour notre plus grand plaisir, et à notre grande surprise : celui de nous raconter l’histoire non pas du point de vue des super-héros, mais d’une adolescente.

Si vous avez suivi les dernières previews de Square-Enix, vous n’êtes pas sans savoir que l’histoire repose sur la division des Avengers. Suite à une catastrophe qui a détruit une grande partie de San Francisco, les super-héros sont considérés comme des dangers publics. Cette catastrophe est restée dans les mémoires sous le nom de A-Day, qui a aussi vu la séparation des Avengers.

Après une intro qui nous plante le décor… L’histoire du jeu se déroule cinq ans après ces tragiques événements. Le joueur prend alors le contrôle de Kamala Khan (aka Ms Marvel), une adolescente « fan-girl » des Avengers (et en particulier de Captain Marvel). Suite à la catastrophe, comme de nombreux humains, elle a développé des super-pouvoirs qui la rendent élastique (bon… En fait, techniquement, elle est polymorphe). Ils font de Kamala une cible pour l’AIM, qui contrôle le monde suite au A-Day, et qui cherche à éradiquer les porteurs de pouvoirs, aussi connus sous le nom d’Inhumains.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Fairy Tail : un « Atelier-like » avec ses qualités et défauts

Traquée, la jeune fille n’aura plus qu’un seul but : retrouver et réunir les Avengers, afin d’éliminer l’AIM et son leader Modok, et restaurer la paix sur le monde… Ce n’est pas vraiment un scénario qui va vous transcender, mais il fait le job, et nous accroche tout au long de l’aventure. D’ailleurs, puisque l’on parle de fin, sachez qu’il vous faudra entre 8 et 10h pour finir le jeu en normal (environ 6h en mode facile).

À sa sortie, le jeu a pu être taillé justement pour son scénario : jeu service = scénario nul ! Un raccourci un peu trop paresseux, qui me semble injustifié ici. Certes, le fil conducteur est hyper-générique (on sauve le monde d’un méchant)… Mais les personnages, beaucoup plus humains que dans beaucoup de films du MCU, gagnent en profondeur, ne peuvent que gagner l’empathie des joueurs. Et notre avatar, Kamala, qui cache ses turpitudes d’adolescente derrière son humour, s’avère au fil de l’aventure être un personnage très attachant, avec un background très intéressant… En tout cas, le scénario du jeu est beaucoup plus riche que celui de beaucoup de films Marvel (mais c’est juste mon avis)…

Distribution de sandwichs aux phalanges

Oh, un combat ! Quelle surprise !

Il est maintenant temps d’aborder la question du gameplay. Comme je l’ai écrit plus haut, la jouabilité de Marvel’s Avengers pourrait se résumer à « j’avance dans un niveau, et je tape les vagues d’ennemis qui me tombent dessus pour finir ma mission » ! Oui, j’avoue, c’est un peu primaire, et ça peut vite devenir répétitif. C’est d’ailleurs le cas au bout de quelques heures de jeu. Alors on farme…

Les beignes se distribuent avec les touches de base de la manette. Chaque personnage bénéficie de ses propres attaques, de ses propres aptitudes (ça vous permettra notamment d’équilibrer vos équipes plus tard, entre les spécialistes du corps-à-corps et ceux des longues portées, par exemple)… Et chacun dispose également de plusieurs techniques spéciales. Une fois leur jauge dédiée suffisamment chargée, ces techniques se déclenchent avec les touches R1, L1, ou la combinaison R1+L1.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Catherine Full Body : quand la Switch fait sa coquine

En revanche, le jeu devient plus intéressant dès lors que vous touchez aux options de personnalisation. Square-Enix n’a pas pu s’en empêcher : le jeu emprunte aussi beaucoup au RPG en ce qui concerne la gestion de vos compétences, ou de votre équipement à renforcer. Là encore, c’est assez classique : l’XP gagnée vous octroie des points de compétences à répartir sur un arbre divisé en plusieurs branches (attaques de bases, aériennes, etc). Le principe n’est pas révolutionnaire (et ceux qui ont joué aux derniers Assassin’s Creed voient de quoi je parle), mais vous permet de façonner votre avatar à l’envie (ajoutez des skins et le tour est joué)… Square-Enix promet qu’ainsi, votre partie sera différente de celle de votre meilleur pote.

Aussi plaisant qu’il soit, ce gameplay dévoile vite ses limites. D’une part parce qu’il devient rapidement redondant (je castagne, j’avance dans un couloir, je castagne, j’avance…)… D’autre part car, comme beaucoup de joueurs, vous ne retiendrez pas toutes les commandes… Et finirez par spammer les attaques de bases (le combo « carré, carré, carré, carré, triangle« …) ou les attaques aériennes, voire un spécial qui nettoie tout autour de lui… En revanche, s’il est un point sur lequel le jeu est particulièrement généreux, c’est bien le loot ! Les coffres sont nombreux dans les niveaux. Et les combats ne vous poseront pas trop de difficultés si vous n’oubliez pas de ramasser régulièrement les loots de soin lâchés par les ennemis.

Une technique en demi-teinte

Les décors sont parfois un peu ternes.

C’est donc maintenant que nous allons chercher quelques points noirs du coté de la technique ! Car si les scènes cinématiques sont très chouettes (mazette ! Ce prologue qui pète de partout !)… Le jeu va vite montrer ses limites dès lors que vous prendrez le contrôle de vos (super)avatars.

À commencer par quelques séquences durant lesquelles j’aurai eu à subir des ralentissements plus ou moins relous ! Un peu trop d’ennemis à l’écran et… La jouabilité devient alors assez fastidieuse, le frame-rate chute. Et il n’est pas rare de se louper à cause d’une latence mal placée (note : depuis quelques jours, ce problème me semble atténué… Une mise à jour sans doute). D’ailleurs, le jeu me semble assez mal optimisé. Ma vieille PS4 souffle comme un buffle, et j’avoue avoir piqué quelques roupillons pendant les écrans de chargement, en attendant que les niveaux se chargent. Incompréhensible en 2020 ! Vivement les SSD !

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : F1 2020 : nouveau sacre de champion pour Codemasters ?

Autre problème dans le jeu, avec une physique des personnages qui a parfois des sautes d’humeur. Et ici, je ne parle pas uniquement de sauts qui deviennent vite lourdingues lors de phases de plate-formes, parce que votre avatar a la mauvaise idée de se décaler en plein jump… Il loupe donc sa plate-forme, game-over, on recommence ! Sans doute à cause d’un rendu des masses totalement random. Certains héros sont lourds (pour Hulk, c’est normal, ça lui donne un max de crédibilité)… Mais d’autres semblent peser 25 grammes, manette en main. On constatera aussi quelques chutes de frame-rate, ou des bugs, parfois étranges (des persos qui deviennent muets pendant les dialogues, par exemple).

De même, Tony Stark peut parfois avoir des soucis avec sa visée automatique (L2), ciblant le mur pendant que l’ennemi, juste en dessous, vous canarde. Le vol aux commandes d’Iron-Man (et les phases qui vous demandent de la rapidité) ne sont d’ailleurs pas les plus folles ressenties en jeu, à mon grand dam.

Enfin, je terminerai sur le level-design (je ne parle pas du fait que l’on joue souvent dans des couloirs), qui peut nous offrir de superbes paysages, et des cadres plus ternes, plus moches. Le désert rocheux, ça marchait dans Tomb Raider, mais ça mérite une mise à jour en 2020. Cependant, vous remarquerez que la plupart des défauts cités ici se corrigent très bien à l’aide de patchs correctifs, donc… Croisons les doigts.

Tu veux encore du contenu ?

Une fois l’aventure principale terminée, il vous restera encore les Initiatives Avengers à boucler.

C’est ici que je réalise que je vous ai uniquement parlé du mode solo du jeu. En même temps, c’est celui sur lequel vous allez passer le plus de temps. Mode solo qui, soit dit en passant, est divisé en deux parties. D’une part l’aventure principale, que vous ne pourrez que suivre en jouant les personnages imposés par le scénario…

Et puis le mode Initiatives Avengers, qui complète la campagne avec des missions commanditées par le SHIELD. Soit des missions déjà bouclées dans le mode Histoire (Missions de Héros), soit des missions exclusives sur des maps gigantesques (War-Zones). Mais dans tous les cas, vous pourrez cette fois choisir votre héros, mais la difficulté sera plus élevée. En revanche, c’est ici que vous gagnerez le meilleur loot. Ces missions sont disponibles via une war-table, dans les avant-postes, à bord des Quinjets, ou à bord du Chimère, votre héliporteur qui vous sert de base.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Ghost of Tsushima : superbe sur la forme, classique sur le fond

Les missions ne sont jouables qu’en équipe (contrairement à la campagne principale, qui se joue en solo). Soit en jouant en solo avec des coéquipiers IA, soit en jouant en multijoueur dans des teams allant jusqu’à quatre joueurs (online). Un détail qui a son importance, puisque c’est par rapport à la configuration de votre équipe que va se calibrer la difficulté des missions. Ce système vous invitant à privilégier la coopération.

Au cas où vous opteriez pour jouer avec des humains, vous pouvez soit inviter des amis, soit des inconnus issus du matchmaking… Qui soit dit en passant n’est pas un modèle de clarté ! Mais hélas, le online ne m’a pas passionné plus que cela (désolé Square-Enix, je sais que vous avez fait de gros efforts pour mettre ce mode en avant).

Un bonus é-toilé sur PS4

Spider-Man devrait arriver début 2021 (image : Marvel’s Spider-Man, de Insomniac Games).

Globalement, le casting rencontré dans Marvel’s Avengers est celui que vous connaissez très bien si vous êtes fan du MCU. Bien que les modèles physiques ne soient pas ceux des acteurs des films… Vous pourrez rencontrer, outre Ms Marvel (Kamala Khan), Captain America (Steve Rogers), Hulk (Bruce Banner), Thor, Iron Man (Tony Stark), Black Widow (Natasha Romanova).

Mais si vous jouez sur PS4, une surprise vous attend ! Sony Pictures jouissant des droits sur la licence Spider-Man… Ce bon vieux Peter Parker se joindra à la fête, pour venir tisser sur votre PlayStation 4. Pas de date précise pour le moment, on sait juste que ce sera durant le premier trimestre 2021.

D’autres héros ont aussi été annoncés, pour venir grossir les rangs de vos Avengers, dans un futur plus ou moins proche. On sait déjà que Hawkeye (Clint Barton) et Kate Bishop (une version alternative de Hawkeye) arriveront prochainement. Un bon signe, qui atteste que les développeurs vont encore proposer du contenu après la sortie du jeu.

Au final

N’étant pas un grand fan de l’univers Marvel, j’attendais ce jeu sans trop l’attendre. Avec curiosité, mais sans espérer le méga-hit qui deviendrait mon jeu de l’année. Et en effet, il ne sera pas mon GOTY 2020… Cependant, je dois vous avouer que la surprise est globalement bonne, au dessus de mes attentes. Le jeu a pu parfois être critiqué… Mais mon impression finale est que je suis franchement rentré dedans, avec cette envie d’aller au bout du jeu, avec beaucoup de plaisir. Et comme je l’ai dit, je ne suis pourtant pas fan de héros en collants.

Au final, Marvel’s Avengers me laisse sur une impression mitigée, avec un arrière-goût d’inachevé. Car si j’ai bien accroché et apprécié la campagne solo, je reste beaucoup plus partagé sur tout le reste. Quand le mode histoire me laissait un sentiment de répétitivité dans le gameplay, à la longue… Vous comprendrez que je n’ai pas adhéré plus que cela aux missions annexes, qui confirment cette impression.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Final Fantasy VII Remake : une relecture déjà culte

Je suis aussi très mitigé sur la technique du jeu. Globalement, ça passe, mais entre les bugs et les soucis d’optimisation… Je tiens quand même à rappeler que, d’une part nous parlons d’un jeu Triple A… D’autre part d’un titre qui a été reporté, s’est donné plusieurs mois pour s’améliorer (certes avec une crise mondiale du Covid-19 au milieu de tout ça, mais…). En conclusion, Marvel’s Avengers n’est pas un mauvais jeu, loin de là… Mais il nous laisse penser que les développeurs n’ont pas eu le temps de nous offrir le titre qu’ils avaient imaginé… Mais heureusement, il peut encore évoluer, vers un mieux…


Marvel’s Avengers

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • C’est très joli à regarder
  • Le scénario sympa
  • Le sound-design
  • Six héros de base assez bien équilibrés
  • L’arbre de compétences très complet pour chaque héros
  • L’IA de vos alliés
  • Du loot à gogo
  • L’ambiance « Marvelesque »
  • Globalement, un gros contenu
  • Une tonne de choses à faire, et autant de trucs à débloquer gratuitement
Points négatifs :
  • Un mode Histoire trop court (10h grand max)
  • La physique de certains personnages
  • Les écrans de chargement trop longs
  • Le matchmaking un peu bordélique
  • Le manque de variété dans le bestiaire
  • Le gameplay répétitif
  • L’optimisation
  • Quelques bugs, des chutes de frame-rate