À trop vouloir nous en mettre plein la vue, à grands coups de graphismes ultra-réalistes, les jeux AAA finissent par tous se ressembler. Alors, quand on a la chance de dégoter une petite pépite plus originale, avec une direction artistique qui prend une toute autre trajectoire, on ne boude pas notre plaisir. The Cruel King and the Great Hero est de ces jeux. Une annonce, des images, et un véritable coup de cœur, une envie de découverte. Après avoir bien exploré le jeu, il est temps de vous en parler…

Quand le conte est bon

Généralement, si l’on vous dit NIS America, il y a de fortes chances pour que vous pensiez instantanément à du J-RPG avec des jeunes femmes kawaï, des couleurs pastelles, un style graphique très « japanimation » ou des musiques si caractéristiques du jeu de rôle japonais. Avec The Cruel King and the Great Hero, nous sommes bien dans un RPG mais… Oubliez tous les autres aspects.

D’ailleurs, pour l’anecdote, le jeu est développé par Nippon Ichi Software (NIS en abrégé), avec la talenteuse Sayaka Oda aux commandes, et édité par NIS America. En d’autres termes, c’est l’entreprise mère qui est aux manettes, pour une édition par sa filiale NIS America, dont le logo est sans doute plus connu sous nos latitudes. On ne va pas, en effet, lister ici tous les jeux qui émanent de cet éditeur : Ys, Disgaea, Prinny, Trails of the Cold Steel étant les plus connus.

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The Cruel King and the Great Hero, donc, est bien un RPG. Mais un RPG qui tranche avec les habitudes de l’éditeur. Un jeu qui s’inspire des livres de contes , remplis des histoires de princesses et de dragons que vous lisez aux enfants pour les endormir. Et le jeu nous sert une direction artistique en 2D, fortement inspirée par les illustrations crayonnées de ces mêmes livres de contes.

Alors, rien que pour ces aspects, qui sont loin d’être les seuls qui nous auront séduits, le jeu mérite amplement que l’on s’y intéresse. Alors, on tourne la page… Il était une fois…

Une écriture parfaite, une histoire émouvante

Une princesse enlevée, un héros qui quitte son village pour former un groupe de guerriers et combattre un antagoniste qui veut dominer le monde ? Laissez tomber !! Ça, on l’a déjà vu des milliers de fois. Aujourd’hui, chez NIS, on tente une histoire plus simple, mais plus en accord avec le principe du conte évoqué plus haut. Voici ce que l’éditeur nous dit du pitch du jeu :

Il était une fois, un héros courageux affronta et sortit victorieux de son combat avec un terrifiant dragon appelé Cruel King. Cependant, au lieu de lui donner le coup de grâce, il décida de couper l’une de ses cornes, déclarant ainsi : « Il te faudra expier tes péchés ! ». Les jours suivants cet événement, le héros resta au chevet du dragon pendant sa convalescence, et rapidement ils devinrent des amis proches.

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Un jour, bien des années plus tard, le héros succomba à une blessure fatale, laissant pour orpheline son unique fille, Yuu. Sur son lit de mort, il demanda ainsi à son bon ami d’élever sa fille pour qu’elle devienne à son tour une grande héroïne.

Depuis ce jour, Cruel King veille sur Yuu dans ses nombreuses aventures afin qu’elle devienne une grande héroïne. Cependant, ces moments idylliques ne dureront pas éternellement, car la vérité sur le passé de Cruel King refait peu à peu surface, ce qui va emmener notre duo à faire face à de nouvelles épreuves…

Un régal pour les yeux et pour les oreilles

L’écriture est pleine de bonnes intentions, comme nous venons de le voir. Mais cela ne s’arrête pas là. Et le jeu a aussi, parmi ses points forts, sa réalisation. Des graphismes en 2D, avec un style crayonné du plus bel effet. Le style « peint à la main » est, je l’avoue, l’un des aspects qui m’avaient initialement donné envie de tester le jeu. Et je dois admettre que je ne suis pas déçu. À l’heure du photoréalisme quasi-omniprésent, The Cruel King est une grosse bouffée d’oxygène qui fait du bien. On vous a déjà dit que le jeu vidéo était un art ? En voici un bel exemple.

Autre aspect technique réussi : la bande-son ! Je passerai rapidement sur les thèmes de grande qualité, bien que parfois inégaux (les thèmes des combats manquent un peu de variété, quand certains thèmes des environnements nous transportent). On apprécie aussi les dialogues durant les cinématiques, ou la narratrice qui ne cesse de nous rappeler que nous sommes dans un conte.

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The Cruel King and the Great Hero est un RPG très classique, qui reprend tous les poncifs du genre sans le réinventer. De plus, on ne peut pas dire que le titre de NIS va vous opposer une forte résistance. Il est d’une grande simplicité, et un adulte progresse sans vraiment rencontrer d’obstacle. Mais cette simplicité est un choix assumé des développeurs, afin de vous permettre de suivre le fil de l’histoire sans vous prendre la tête. Juste comme ça, pour vous détendre après une dure journée de boulot.

Concrètement, il ne sera pas question ici de sauver le monde ! Le joueur ne fait que suivre Yuu dans ses péripéties, accompagnée dans ses missions par divers compagnons. Il n’en faudra pas moins pour survivre aux environnements périlleux ! Enfin, le jeu n’oublie pas l’aspect collectionnite, avec le plein d’objets à trouver, collecter, sa galerie de personnages à compléter…

… Avec cependant des défauts

Oui, aussi bon qu’il soit, le jeu a aussi des défauts ! Et le premier, vous vous en doutez, c’est sa durée de vie. Car bien qu’elle soit correcte pour un RPG, on reste loin des canons du genre. Un défaut sur lequel nous serions passés si le jeu ne souffrait pas de surcroit d’une rejouabilité très limitée. Une fois le titre terminé, pas sûr que vous trouviez la motivation pour un second run, une fois l’histoire connue.

Du jeu se dégage une certaine impression de lourdeur. Entre autres à cause d’un rythme cassé par les nombreux temps de chargement, ou des combats parfois trop fréquents. Le système au tour par tour qui ne propose que cinq types d’actions (attaquer, se protéger, objets, compétences, fuir) donne l’impression de nous renvoyer quelques années en arrière… Et la simplicité des combats évoquée plus haut laisse une impression de redondance au bout de quelques heures de jeu.

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D’ailleurs, le système de progression pourra aussi décevoir les puristes. Monter de niveau ne va répartir les points d’XP qu’entre trois caractéristiques : la force, la défense, et la vitesse. De même, chaque personnage ne dispose que de quatre slots d’équipement. La personnalisation et la progression en deviennent donc très limitées. The Cruel King and the Great Hero, c’est un RPG simplifié jusque dans ses mécaniques.

Enfin, le jeu peut aussi poser des soucis de compréhension aux personnes qui maîtrisent peu (ou pas du tout) l’Anglais, puisqu’il n’est disponible que dans la langue de Shakespeare. C’est un peu la marque de fabrique de NIS America. Et bien que la langue soit facilement compréhensible, ne pose pas de problème majeur… Il faut aussi penser aux plus jeunes ou à ceux qui ne parlent pas l’Anglais. Étrange quand de nombreux titres proposent de la VF de qualité.

Un conseil : optez pour la Storybook Edition

Si vous achetez le jeu en version dématérialisée (ou la version standard), il ne vous coûtera QUE 29,99€. Un prix d’ami au regard de ce qu’il a à vous offrir. Alors, quitte à investir dans ce titre, je ne peux que vous conseiller d’investir dans la Storybook Edition. Autrement dit, une édition collector pour 60 balles : un prix qui défie toute concurrence.

Cette édition collector embarque :

  • Le jeuThe Cruel King and the Great Hero (c’est un minimum)
  • L’artbook « Adventures of the Great Hero » relié avec une couverture rigide
  • La bande-son numérique « Scores of Bravery »
  • La peluche « Great Hero » de 15 cm
  • Une boîte collector

La boite collector, en carton, reste cependant fragile. Et on regrettera que l’OST soit un code de téléchargement, et non un CD. Mais pour la qualité de cette OST, et pour l’artbook, le pack vaut largement ses 59,99€.

Au final

The Cruel King and the Great Hero, c’est à la fois le jeu que l’on n’attendait pas… Et le jeu que l’on n’attendait plus ! Que l’on n’attendait pas parce que, je vais être franc, ce titre est un coup de cœur que je n’ai pas vu venir ! Que l’on n’attendait plus car je pensais sincèrement que la PS4 ne nous proposerait plus de jeux aussi originaux, et qu’une quantité folle d’éditeurs allaient s’engouffrer dans la brèche « RPG openworld » après le succès de certains gros titres récents. Mais que nenni, Nippon Ichi Software ose le RPG à l’ancienne, avec une DA elle aussi très originale.

De ce fait, il est inutile de faire plus long, de tirer à la ligne pour ce test. Tout ce que vous devez retenir, c’est que malgré ses petits défauts, The Cruel King and the Great Hero est un jeu à posséder absolument. Pour sa singularité, pour ses qualités indéniables en matière d’écriture ou de DA… Mais aussi pour le fait que les développeurs ne se prennent pas la tête en visant le GOTY, mais se contentent de nous offrir généreusement et humblement un jeu qui ne vous laissera pas indifférent… La démarche est bourrée de bonnes intentions, alors rien que pour cela, on ne peut que valider !


The Cruel King and the Great Hero

Testé sur PS4, sur une version fournie par l’éditeur.
Points positifs :
  • Une belle histoire sous forme de conte
  • La bande-son, et la narratrice
  • Les personnages attachants
  • La direction artistique, un jeu avec une âme, une identité
  • La simplicité assumée
  • Petit prix
Points négatifs :
  • La durée de vie
  • C’est en Anglais
  • Rythme trop lent, et trop de combats
  • mécaniques trop simplifiées