Like a… Quoi ?

Vous l’avez forcément remarqué si vous êtes un fan de la série Yakuza : elle a changé de nom ! Enfin, pas tout à fait… Enfin, c’est un peu plus complexe ! Bref… Une petite explication s’impose ! Yakuza est le nom de la série en Occident, et ce depuis la sortie du 1er épisode, en 2006 sur PlayStation 2. Mais au Japon, cette saga phare de Sega porte le nom de Ryu ga Gotoku (龍が如く, nom qui est d’ailleurs aussi celui du studio qui développe le jeu). Ce qui signifie littéralement « comme un dragon » ou Like a Dragon pour nos amis anglophones.

Si le jeu baigne dans ce milieu, le nom de Yakuza est sans doute un nom un peu trop violent pour son image. Puisque le terme de « yakuza » fait référence bien évidemment à la mafia japonaise. Alors, s’il faut un nom plus doux, plus politiquement correct, pourquoi ne pas traduire son titre d’origine ? Avec un soucis d’uniformisation à l’international, c’est ainsi que le 7e opus de la saga, sorti en 2020, est devenu Yakuza : Like a Dragon. Amorçant ainsi sa métamorphose. Désormais, les épisodes de Ryu ga Gotoku se nommeront, dans tous les pays du monde, Like a Dragon. C’est le cas de ce Like a Dragon Gaiden, comme ça l’a été il y a quelques mois pour Like a Dragon Ishin… Et comme ça le sera pour tous les futurs jeux…

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D’autant qu’en élargissant son univers étendu, le lore de la série a évolué. Avec le 7e volet qui se déroule de nos jours, on comprend que l’hégémonie des Yakuzas est de l’histoire ancienne. De plus, la série comporte également aujourd’hui deux épisodes d’un spin-off appelé Judgment. Qui nous fait cette fois passer de l’autre coté du miroir, dans la peau d’un détective privé. De ce point de vue, il était temps que ça change ! Que l’Occident comprenne enfin que Yakuza, ce n’est pas un GTA-Like ! C’est plus profond, plus subtile… C’est une philosophie !

Trop longtemps, la série est restée sous-cotée en Europe. Véritable licence phare de Sega au Japon, peut-être même plus populaire que Sonic sur l’Archipel, elle commence enfin à trouver ses lettres de noblesse en Europe. Et désormais, elle se nomme comme au Pays du Soleil Levant : Like a Dragon ! C’est désormais son nom officiel… Il était temps !

Un homme sans nom…

Comme nous l’avons écrit en introduction, Like a Dragon Gaiden : The Man who Erased his Name n’est pas un jeu à part entière. Et vous devez plutôt le considérer comme un jeu de transition, pour vous faire patienter jusqu’à la sortie de Like a Dragon : Infinite Wealth le 26 janvier 2024. Une véritable bombe, qui n’est autre que la suite de Yakuza : Like a Dragon (ou Yakuza 7), dans lequel on retrouvera à la fois Kiryu et Ichiban… Un vrai Yakuza 8, quoi ! Le rêve ! Alors, en attendant, RGG Studio nous a concocté un jeu plus court (5 chapitres au lieu des 13 habituels), dont le rôle n’est autre que de faire le lien entre Yakuza 6 : the Song of Life, et Like a Dragon : Infinite Wealth, justement. Les événements qu’il raconte se déroulent donc pendant Yakuza : Like a Dragon.

Suite aux événements de Yakuza 6, donc, afin de protéger ceux qu’il aime, et en particulier les enfants de l’orphelinat Morning Glory, Kiryu accepte de disparaître, après avoir simulé sa propre mort, d’un commun accord avec la faction Daidoji. Une organisation secrète qui contrôle la politique et l’économie du Pays. Kazuma Kiryu est donc mort ! Désormais reclus dans un temple qui lui sert de couverture, il est devenu Joryu, un agent secret au service des Daidoji. Parfois, ceux-ci interviennent pour lui confier des missions : avec son talent pour le combat et sa connaissance du milieu des Yakuzas, « Joryu » est un allié précieux ! Jusqu’à ce qu’apparaissent des individus qui prétendent connaître sa véritable identité…

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On ne va pas en dire plus sur le scénario qui, comme d’habitude, est ficelé comme un bon polar. On va donc vous laisser le plaisir de la découverte, mais on parlera évidemment de manipulations, de guerre des clans et de yakuzas… Comme d’habitude, il ne s’agit pas que d’un jeu de castagne, et les chapitres s’articulent autour d’une véritable intrigue. À la surprise générale, sachez que vous évoluerez ici sur un petit bout de Yokohama, et principalement dans le quartier de Sotenbori, à Osaka (donc sur le territoire de l’alliance Omi). Et c’est un choc de jouer à un jeu Yakuza sans pouvoir se balader à Kamurocho !

D’ailleurs, puisque l’on parle de l’environnement, voici l’occasion de parler de la réalisation du jeu, mi-figue mi-raisin. Si la mise en scène claque toujours autant (on vous a parlé de la cinématique d’intro sur une musique des stars japonaises Yojiro Noda et J.I.D ?) , et si la modélisation des visages est toujours aussi belle… La série commence quand même à sérieusement accuser le poids des années. Avec des animations toujours aussi rigides, les mêmes murs invisibles et certaines mêmes textures qu’il y a dix ans. Et si la saga défonçait dans les années 2010, il va vraiment falloir que RGG change de moteur. Autrement dit, le moteur maison Dragon Engine, qui faisait déjà tourner Yakuza 6 en 2016 (surprenant quand on sait que le récent Like a Dragon Ishin tournait sous Unreal Engine 4).

… Mais un homme qui cogne fort

Du coté du gameplay, le jeu ne change rien dans ses grandes lignes : entre les missions qui feront parler vos poings, vous pouvez vous balader librement en ville. C’est là que vous croiserez les PNJ qui déclenchent les missions annexes, trouverez les lieux des mini-jeux… Et surtout, régulièrement, vous ferez agresser par les petits groupes de voyous que vous devrez corriger une bonne fois pour toutes. Ils débarquent à mains nues, mais aussi armés de battes, tuyaux, couteaux ou flingues, que vous pouvez évidemment retourner contre eux grâce à la précieuse touche triangle… Qui déclenche toujours une animation spectaculaire (mais redondante à la longue).

Pendant les combats, deux styles s’offrent à vous : le « yakuza » qui se base sur la fureur et sur les coups destructeurs… Et le très stylé « agent secret » qui vous permet d’utiliser des gadgets. L’araignée (un filin électrifié qui sert aussi à attraper des objets), le frelon (des drones), la luciole (des cigarettes explosives) et le serpent (des chaussures équipées de mini-réacteurs pour glisser sur le sol). Chacun de ces objets peut être upgradé grâce au nouveau système d’évolution des compétences (on en parle plus bas). Et à chaque palier que vous passez, chaque gadget gagne de nouvelles aptitudes (l’araignée peut choper deux adversaires, aller plus loin, etc).

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Avec cet opus, on oublie les arbres de compétences complexes, pour un système plus simplifié. Ici, vous pourrez développer vos techniques ou vos gadgets en dépensant de l’argent et des points Akame. Ces derniers vous sont attribués lorsque vous accomplissez des jobs pour Akame, une nouvelle protagoniste à la tête d’un réseau à Sotenbori… On n’en dira pas plus, on vous laisse la surprise. Mais toujours est-il que ce développement des compétences est beaucoup plus simple et, vers la moitié du jeu, vous allez commencer à littéralement rouler sur vos adversaires.

Le système de combat est toujours aussi stylé et aussi dynamique. Mais dans l’ensemble, le jeu laisse l’impression d’avoir été énormément simplifié (il suffit de rejouer à Yakuza Kiwami 1 pour s’en rendre compte). Un peu comme si Sega, profitant du gain de popularité de la série, en Europe, depuis quelques épisodes, voulait définitivement raccrocher le wagon de néophytes au train Like a Dragon… Avant la sortie d’Infinite Wealth (dont la démo est d’ailleurs disponible avec ce Like a Dragon Gaiden). Ce qui en soit, est une très bonne chose : Like a Dragon est l’une des meilleures séries actuelles, ce serait bête de passer à côté !

Ça reste un jeu Yakuza… Avec ses tonnes de mini-jeux

S’il est une chose qui ne change pas, dans tous les jeux du studio RGG, et ce depuis le tout premier Yakuza, c’est bien la tonne de mini-jeux à faire dans les rues de Tokyo, Ozaka ou Yokohama, peu importe l’endroit où se déroule le jeu. C’est une vieille tradition dans les jeux d’aventure de Sega, héritée du génialissime Shenmue, sorti initialement en 1999 sur Dreamcast. Dans un jeu Yakuza, vous pouvez entrer dans les supérettes, ou dans les restos (pour récupérer de la vie). Comme dans la vraie vie au Japon, vous entendrez alors les incontournables Irasshaimase (la formule de politesse pour souhaiter la bienvenue aux clients), ou itadakimasu (sans rentrer dans les détails, c’est l’équivalent du « bon appétit » français).

Comme dans les autres jeux de la série, vous pourrez aussi aller claquer quelques pièces de monnaie dans le Club Sega, salle d’arcade qui vous permet de jouer (réellement) à des jeux rétro de Sega, ou de récupérer des items aux UFO-Catchers (les machines à pinces). En revanche, dans la rue, on constate que les développeurs ont rogné sur les distributeurs de boissons, qui ne sont là que pour décorer. Autrefois, ils servaient à acheter des bouteilles. Notez aussi qu’une console Master-System, quelque part dans le jeu, vous permet de jouer aux jeux Master-System que vous aurez collectés, de Alex Kidd in Miracle World à Fantasy Zone, en passant par d’autres classiques.

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En sus de tout ceci, vous retrouverez quelques uns des mini-jeux classiques de la série : le golf, les fléchettes, le mahjong, le Black Jack… On a connu des jeux Yakuzas plus riches en mini-games, mais encore une fois, on est sur une version light ici ! D’autant que le jeu a encore quelques belles surprises à vous réserver. Du karaoké, des jeux d’affinités avec des hôtesses (ultra-réalistes car cette fois filmées et non en CGI, ça fait bizarre)… On découvre aussi un talent inné de Kiryu pour les courses de mini-bolides, activité qui peut vous occuper un bon moment si vous accrochez au délire.

Enfin, la dernière « grosse » activité du jeu, si on peut la ranger dans cette catégorie, ce sont les combats d’arène sur le Château, un énorme bateau transformé en paradis des activités illégales. Reconnaissable à ses néons qui feraient pâlir d’envie Las Vegas. Le mode Histoire va d’ailleurs vous y conduire à plusieurs reprises… Mais c’est surtout là que vous allez pouvoir vous lancer dans une quête de « celui qui a les plus gros bras » en combattant de nombreux adversaires. En solo, ou en équipe, en recrutant des gros cogneurs parmi des PNJ croisés ici et là. Certains sont totalement inconnus… D’autres plus connus vont mettre les fans de la série en extase. Objectif : devenir le numéro 1, tout simplement.

Au final

Si ce Yakuza, pardon, ce Like a Dragon n’en est pas vraiment un, il parvient quand même à être bon ! Car oui, le jeu est plus court, avec une map plus réduite, seulement deux styles de combat (mais deux styles maîtrisés)… Mais encore une fois, dites vous que ce jeu n’est en réalité qu’une transition. Avec pour objectif de faire le lien entre Yakuza 6 et le futur Like a Dragon : Infinite Wealth (qui sort le 26 janvier). Et bordel, qu’est-ce qu’il le fait bien ! L’histoire est captivante, nous démontre à chaque instant pourquoi on aime autant Kiryu… Et un fan de la saga sera fréquemment amusé par les multiples clins d’œil du jeu.

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Pour Sega, le revers de la médaille est que ce jeu risque de planter de nombreuses doléances des joueurs pour Infinite Wealth. On veut un nouveau moteur pour en prendre plein la vue… On aimerait aussi que Kiryu conserve ses gadgets (l’araignée, le serpent et les frelons…), comme on aimerait aussi revoir Akame, et pourquoi pas croiser Takayuki Yagami (de Judgment). Bref… Ce Like a Dragon Gaiden, qui est censé nous préparer à son successeur, le fait tellement bien que, pour janvier, on attend maintenant LE jeu parfait, qui n’a pas le droit de nous décevoir ! Quoi qu’il en soit, si vous êtes fan de la saga, impossible de passer à côté de cet épisode ! Foncez !


Like a Dragon Gaiden : The Man who Erased his Name

  • Par : RGG Studio, pour Sega
  • Sur : PlayStation, XBox, et PC.
  • Genre : action
  • Classification : PEGI 18
  • Prix : 49,99€
  • Conditions de test : testé sur une version PS5 fournie par l’éditeur. Jeu terminé.
  • Le scénario
  • Kiryu toujours aussi charismatique
  • L’ambiance
  • La jouabilité parfaite
  • Des combats dynamiques
  • Une gestion des compétences simplifiée
  • La bande-son
  • Les mini-jeux
  • Les combats au Château
  • Les gadgets qui donnent encore plus d’intérêt aux combats
  • Les nombreux clins d’œil à l’univers RGG
  • Bonne durée de vie
  • Ce finish incroyable qui met les fans sur le cul
  • Son prix
  • Le moteur graphique vieillissant
  • Durée de vie plus courte (seulement 5 chapitres)
  • Map plus réduite : Kamurocho nous manque
  • Beaucoup d’allers et venues