J’ai longtemps cru que le héros de la série Yakuza (Ryu ga Gotoku dans la langue de Toriyama) s’appelait Kazuma Kiryu. C’était une erreur, semble t-il. Car notre cher Kiryu peut sembler secondaire, si l’on se met à réaliser que, finalement, depuis sept épisodes de Yakuza (sans compter les spin-offs), et avec bientôt un certain Judgment… Le vrai personnage principal des jeux de la Ryu ga Gotoku team n’est autre que… Le quartier de Kamurocho !!

La sortie de Judgment est donc l’occasion de vous reparler d’une série de jeux vidéo qui n’est pas la plus connue du grand public… Mais qui, à mon sens, figure parmi les meilleures du Game ! C’est parti pour une plongée dans l’univers de Yakuza (Sega), dans le quartier de Kamurocho !

De la réalité à la fiction

Le quartier bien réel de Kabukicho (©Wikipédia)

Contrairement au héros de Yakuza, Kazuma Kiryu, le cadre de l’aventure est bien réel, lui ! Fictif dans sa nomination, puisque Kamurocho est bel et bien présenté par Sega comme un quartier fictif de Tokyo. Inventé pour être l’unité de lieu de cette série ! Du moins, sur le papier… Car oui, le nom a bien été inventé, mais…

… Mais il s’inspire très fortement d’un quartier de Tokyo qui existe bien, lui ! Dans le monde réel, on le nomme Kabukicho. Situé dans l’arrondissement de Shinjuku, à l’ouest de Tokyo, Kabukicho est en quelque sorte le quartier chaud de la capitale. Et s’il est fréquentable (et fréquenté) en journée par le grand public, il change de visage à la nuit tombée.

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Il y règne alors une atmosphère moins « safe » ! Sous les centaines d’enseignes illuminées, on y trouve des bars populaires et des snacks, qui côtoient des établissements plus privés comme les fameux love hotels et les soap lands, où l’on trouve parfois des prostituées. Un cadre qui se prête donc parfaitement aux dessous de table, à la corruption, à la gestion d’activités plus ou moins illicites… Bref, aux activités des Yakuzas…

Un « personnage » qui a su évoluer

Si l’on poursuit la personnification de notre quartier préféré, on en vient très vite à remarquer un élément qui contribue à le rendre bien vivant : Kamurocho évolue, se transforme au fil des épisodes de la franchise.

En effet, la série Yakuza se compose au total de sept épisodes, numérotés de 0 à 6. Je ne compte pas le médiéval Yakuza Kenzan! ni le suivival Yakuza Dead Souls, ni Yakuza Ishin!. Sept volets canoniques dans lesquels on peut voir évoluer Kazuma Kiryu. Dans le premier épisode, notre « Dragon de Dojima » est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. L’histoire débute en 1995, et après dix ans de prison, Kiryu retrouve Kamurocho en 2005. Le second volet se déroule un an plus tard, en 2006… Chaque épisode se déroule à une date correspondant à son année de sortie, jusqu’à un Yakuza 6 se déroulant en 2016. Préquelle de la série, Yakuza 0 se déroule quant à lui sept ans avant les événements de Yakuza 1, soit en 1988…

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Soucis du réalisme oblige, le quartier évolue avec son temps, avec son époque. Et le joueur ne pourra que constater une évolution entre le Kamurocho de la fin des années 80, et celui du milieu des années 2010. Les téléphones mobiles ont fait disparaître les cabines téléphoniques, les modèles de voitures évoluent, les enseignes elles-mêmes changent. Le vidéo-club du coin délaisse, avec le temps, ses vieilles VHS pour préférer les DVD, le quartier se modernise. Et même si notre Kiryu semblera parfois largué par cette évolution si rapide, il devra s’adapter aux normes contemporaines…

Le bonheur est dans la rue

Si, dans Yakuza, on aime son héros ultra-charismatique, Kazuma Kiryu, la série n’aurait sans doute jamais connu le même succès si ses créateurs ne nous avaient pas offert cette incroyable sensation de liberté. Kamurocho n’est pas qu’un cadre. C’est aussi un environnement interactif solidement conçu pour être le plus réaliste possible.

Et quoi de plus réaliste que de pouvoir entrer dans les magasins ? De se faire un resto local ou de se baffrer au fast-food ? Pour acquérir les différents objets du jeu (armes, boosts de stats, régénération…), pas de coffres planqués ici ou là, mais des kombinis (des supérettes 24h/24  japonaises) où vous devrez faire vos courses. Avec Kamurocho, la Ryu ga Gotoku team est parvenue à inventer un quartier vivant, fictif mais pourtant réel. On se plaît à regarder les PNJ vivre leur vie, à entrer dans les bars, visiter des bureaux, ou entrer dans les clubs pour consommer avec ou sans modération, ou pourquoi pas à filer au vidéo-club du quartier pour se mater une petite vidéo.

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Parler de Kamurocho sans aborder ses activités annexes serait donc réducteur. Et il serait très difficile de toutes les lister, tant ce quartier se complexifie avec les épisodes. Karaoke, billard, Mah-jong, jeux de carte, plongée, base-ball, restaurant, bar (et picole), jeu de fléchettes, achats divers, UFO-catchers (machines à pinces), ateliers photos… Entre deux missions, Kiryu aura toujours moyen de passer le temps autrement.

Une population vivante, pour plus de réalisme

Aussi réussi visuellement qu’il soit, le quartier de Kamurocho ne serait pas crédible sans ses habitants. Et voici donc le dernier ingrédient qui contribue à nous immerger pleinement dans cet univers : sa population !

D’entrée, on constate deux types d’habitants. Ceux avec lesquels vous pourrez interagir, et les autres. Pour ces derniers, il est question plus précisément de tous ces Tokyotes qui vaquent à leurs occupations, qui passent dans le décor sans se préoccuper du joueur. Cadres en costumes qui sortent des bureaux, clients des restaurants, promeneuses qui font du shopping ou groupes posés en pleine conversation… Le jeu restitue fidèlement l’impression de masse, de population abondante. Et la reconstitution du quartier n’en est que plus réaliste : ça ne marcherait pas avec seulement 3 personnages ! Avec des centaines, on y croit beaucoup plus !

Et puis, il y a aussi tous ces PNJ avec lesquels vous allez interagir. Les gangs qui vont venir vous chercher des crosses dès qu’ils vous aperçoivent, les commerçants qui vous lâchent les traditionnels «irasshaimase» («merci d’être venu»), les habitants qui vous demanderont des services (missions annexes) et ceux qui vous rendront la pareille (en vous aidant pendant les combats)… Et on ne parle pas des personnages liés au scénario… Kamurocho est vivant ! Et vous comprenez pourquoi on vous explique depuis le début que ce quartier est un personnage à part entière…

Un jeu Sega !

Yakuza est donc une série Sega. Et ça se sent. Car on ne peut parler des activités de Kamurocho sans évoquer ses fameux Club Sega. Des établissements qui existent dans la vraie vie, et qui vous permettent de jouer aux jeux vidéo dans le jeu vidéo ! Emmener Kiryu au Club Sega, c’est en quelque sorte assouvir ses fantasmes de rétro-gamer ! Car ici, vous pouvez prendre le contrôle (seul ou à deux joueurs) de certains hits de la marque ! Comme le permettait aussi Shenmue, d’ailleurs !

Pour cela, il suffit d’installer Kiryu devant une borne, et c’est parti pour l’émulation ! Hang-On, Space Harrier, Puyo-Puyo, OutRun, Virtua Fighter 2 ou Virtua Fighter 5 pour ne citer qu’eux (en version arcade)… Encore une fois, Kamurocho gagne en crédibilité en nous permettant d’interagir avec ces hits d’un autre temps… Mais qui sont raccords avec l’époque à laquelle évolue notre héros.

On y retourne avec Judgment, en mode « Phoenix Wright« 

Évidemment, si l’on vous parle du quartier de Kamurocho, c’est tout simplement parce qu’on y retourne. Et pas plus tard que le 25 juin, avec la sortie de Judgment (Judge Eyes en vo). C’est la Ryu ga Gotoku Team qui est toujours aux commandes, dans ce qui semble être un spin-off de Yakuza. On ne sait pas encore si l’on en retrouvera les personnages (mais il semblerait que non)… Mais une chose est sûre : le jeu se déroule dans le même cadre, dans ce même quartier, dont vous connaissez désormais la topographie par cœur.

Pour la première fois, le héros ne sera plus Kiryu, mais un autre personnage. Takayuki Yagami est un ancien avocat de la défense, devenu détective privé. Dans ce nouveau jeu, le héros se retrouve lancé à la poursuite d’un serial-killer, qui sévit notamment dans le milieu de la pègre. Au programme donc, des enquêtes, de l’exploration, des interactions… Et du bottage de fesses comme on l’aime !

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Le jeu sera t-il à la hauteur de ses prédécesseurs ? On attend franchement la réponse au plus vite, avec une impatience non dissimulée 😉 Verdict dès le 25 juin, donc !

En conclusion

Kiryu est un héros emblématique, c’est certain ! Mais la série Yakuza ne serait sans doute pas ce qu’elle est si les développeurs avaient eu l’idée de déplacer le héros, à chaque épisode. Et quand le fait de replacer l’intrigue dans un lieu unique pour chaque volet (même si l’on voyage ponctuellement dans certains épisodes) aurait pu être perçu comme un manque d’inspiration… Il apparaît ici comme une manière de personnifier Kamurocho… D’en faire un héros du jeu à part entière.

Car quand on y réfléchit, Kamurocho est notre point de repère dans la série. Et cela se ressentira sans doute avec Judgment ! Nouveau héros, donc nouveaux repères pour le joueur… Si ce n’est qu’en évoluant à Kamurocho, la découverte ne sera que partielle. Pour ce qui est du lieu, nous aurons cette impression de découvrir, mais en terrain connu. L’impression de retrouver un vieil ami, malgré l’absence de Kiryu. Et en écrivant ces lignes, il nous vient comme une envie d’y replonger… Et vous ?