Un peu plus de quatre mois après nous avoir fait ses adieux dans Yakuza 6 : The Song of Life, Kazuma Kiryu est de retour sur PS4, avec Yakuza Kiwami 2. Autrement dit, comme ce fut le cas avec Kiwami premier du nom, il s’agit ici du remake du second Yakuza (Ryū ga Gotoku en VO), sorti sur PS2 en 2006 au Japon. Voyons tout de suite si le jeu en vaut la chandelle…
Double dragons !
Début avril 2018, Maître Sega mettait un point final à l’histoire de Kazuma Kiryu, le yakuza au grand coeur, avec Yakuza 6 (lire aussi notre test). En parallèle, Sega annonçait Yakuza Kiwami 2, le remake du second opus, initialement sorti sur PS2 en 2006. Faisant suite à Yakuza Kiwami (test ici), ce nouveau remake s’inscrit dans la continuité de la démarche de Sega de ressortir la série sur PS4. Croisons les doigts pour que l’Europe ait le droit aux remasters des épisodes 3 à 5, confirmés au Japon (ici pas de remakes, puisque les jeux étant sortis sur PS3, le peu d’écart technologique entre les deux machines ne justifie pas une refonte totale).
Sans véritable surprise, Yakuza Kiwami 2 démarre là où Yakuza Kiwami nous avait laissés. On retrouve ainsi Kiryu, bien décidé à se ranger et à faire un trait sur son ancienne vie de yakuza. Notre « Dragon de Dojima » a adopté Haruka, la petite fille qui l’accompagnait dans le premier épisode. Raison de plus pour prendre sa retraite ! Et renoncer à son statut de 4e « chairman » du clan Tojo…
Mais tout bascule lorsque le 5e chairman du clan Tojo, Yukio Terada, se fait assassiner sous ses yeux par des hommes de main de l’alliance Omi. Un groupe qui fricote avec la mafia coréenne. Kiryu doit donc reprendre du service afin d’éviter une guerre totale entre les deux camps. Il aura fort à faire, notamment avec l’apparition du charismatique leader du clan Go-Ryu (qui contrôle aussi l’alliance Omi), Ryuji Goda… On le surnomme « Le Dragon de Kansai » ! Et évidemment, il ne peut y avoir deux dragons sur un même territoire ! Qui l’emportera ? Le Dragon de Dojima ? Ou le Dragon de Kansai ?
Love story japonaise ?
Dans cet épisode, on appréciera également de voir se renforcer les liens entre Kiryu et d’autres personnages forts de la série. Notamment du coté du commissariat. D’ailleurs, puisque l’on parle de la Police, le jeu introduit aussi un nouveau personnage : Kaoru Sayama ! Cette jeune inspectrice est chargée de protéger Kiryu et… Mmmm… L’éditeur nous a laissé comprendre qu’il pourrait se passer des choses 😉
Comme je le fais à chaque fois, je ne puis que vous recommander de faire un maximum d’épisodes de Yakuza (En France, nous avons sur PS4 les épisodes 0, Kiwami 1 et 2, et Yakuza 6) ! Car si le scénario de ce second opus est passionnant, bien écrit… L’histoire de Kiryu prend une toute autre dimension dans son intégralité. Les sept volets de Yakuza forment un tout ! Heureusement, si vous découvrez la série, une séquence du premier chapitre vous permettra de suivre un résumé du précédent Yakuza Kiwami. Histoire de ne pas vous sentir largués…
Plus qu’un remake, un tout nouveau jeu
« Remake » est un mot très à la mode sur cette génération de consoles. Et on ne compte plus le nombre de licences rétro qui ont bénéficié de refontes diverses et autres « remastered full HD » ! Au point que certains éditeurs en arrivent parfois à nous faire avaler des couleuvres. Et parfois, on a du mal à comprendre où s’arrête le portage, et où commence le remake.
L’avantage avec la série Yakuza (et ce second Kiwami confirme ce que le premier avait instauré), c’est que la Ryu ga Gotoku Team (le studio de Sega consacré à la saga Yakuza) ne vous prend pas pour des cons ! Lorsque le studio parle de remake, il reprend vraiment le jeu de A à Z. Et propose un produit qui n’a plus rien à voir avec le modèle d’origine… Et c’est justement le gros point fort du soft : il va vous en donner pour votre argent ! Vous avez payé pour voir un Yakuza 2 complètement refait ? Sega vous sert un tout nouveau jeu, digne des triple A actuels, sur un plateau d’argent !
Et le résultat est là ! Les visages sont d’un réalisme quasi parfait, et parmi les plus détaillés sur PS4 (pour vous donner une petite idée, on est au niveau d’Uncharted 4, pour ne citer que lui) ! Les rues de Kamurocho (quartier fictif, situé à Tokyo, point central des aventures de Kiryu) et de Sotenbori (à Osaka) n’ont jamais semblé aussi vivantes et colorées… Yakuza Kiwami 2 ne reproduit pas le Japon, il vous y emmène !
Le Dragon Engine reprend du service
Le jeu est porté par le moteur maison Dragon Engine, qui nous en avait déjà mis plein les mirettes sur Yakuza 6. Si ce n’est que les développeurs ont appris, depuis, à maîtriser « la bête » et ça se sent tout au long de l’aventure. Autrement dit, Yakuza Kiwami 2, c’est tout ce que l’on a aimé précédemment dans les autres volets de la saga, réuni dans un seul jeu… Mais en mieux !
Techniquement, sachez que le jeu tourne parfaitement sur PS4 classique, mais est aussi optimisé pour la PS4-Pro (720p,1080i et 1080p). Il pèsera un peu plus de 10 go sur votre disque dur.
Enfin, au niveau du doublage, les textes japonais vous permettront de retrouver la voix grave de Kuroda Takaya (dans le rôle de Kiryu). Il est connu pour ses rôles de méchants dans un grand nombre d’animes.
Un grand melting-pot de gameplays
Pour ceux qui découvriraient la série avec ce test… Yakuza est un jeu assez difficile à classer ! On serait tenté de le ranger dans l’étagère « action/aventure » , mais le jeu mêle tant de gameplays différents que ce n’est pas si évident. On retrouve ainsi une partie narrative, une gestion des compétences qui rappelle les RPG… Sans parler des nombreux mini-jeux qui empruntent leurs mécaniques aux jeux de sport, aux jeux de rythme, de gestion, etc. Le plus complet et le plus fun est sans aucun doute cette petite nouveauté qui consiste à gérer un cabaret, et son équipe d’hôtesses bien sexy !
Le joueur incarne donc Kazuma Kiryu, en vue à la troisième personne, dans un monde semi-ouvert (il a des limites ; certaines peuvent s’ouvrir au fil de votre progression). Vous vous déplacez librement dans les rues, avec la possibilité d’entrer dans des commerces, ou de converser avec des PNJ (persos non-jouables). Parfois (souvent), Kiryu tombe sur des bandes de voyous, qui viennent lui chercher des noises…
S’enclenche alors la phase de combat, reprenant le système simplifié instauré par Yakuza 6. Votre personnage enchaîne les patates, avec fun et nervosité. Parfois, lorsque la touche « triangle » apparaît, Kiryu peut envoyer un spécial (ou Heat Action) plutôt stylé, qui varie en fonction de l’objet qu’il tient, du lieu où il se trouve… Voire des alliés à proximité qui peuvent vous prêter main forte. Par exemple, si vous achevez la mission qui consiste à aider un musicien de rue, celui-ci vous prêtera ensuite sa guitare, que vous pourrez éclater sur la tronche d’un adversaire… Des heat-actions vraiment classes et jouissifs, pour ne pas dire parfois totalement hilarants, avec ou sans armes.
Le retour du « Clan Creator » !
Ces combats vous octroient des points de compétences, que vous pourrez affecter pour débloquer de nouveaux spéciaux, ou booster votre défense, votre santé, etc. On vous conseille de débloquer dès que possible (quitte à farmer) un maximum de compétences, certaines étant très utiles. Comme celle qui vous permet de mieux tenir l’alcool (oui, Kiryu peut aussi picoler)… Ou celle qui débloque les « nouveaux riches » , des voyous particulièrement friqués, qui rapportent donc un max !
Pour le reste, le jeu propose aussi de nombreuses scènes contextuelles, propres au mode histoire. Beaucoup de blabla, mais des scènes absolument superbes… Et une mise en scène qui nous laisse surpris que Netflix n’ait pas encore acheté la licence pour en faire une série à succès…
Enfin, il est impossible de ne pas vous parler du mode « clan creator » initié dans Yakuza 6, qui fait ici son grand retour. Ce tower-defense a été simplifié dans Kiwami 2, et vous devrez apprendre à parfaitement gérer vos troupes, afin de défendre les chantiers de construction de Goro Majima. Ce n’est clairement pas le mode le plus intéressant du jeu (et vous pouvez d’ailleurs finir YK2 en passant à coté)… Mais il contribue à sa manière à prolonger l’expérience, et la durée de vie du soft.
Et si on faisait une pause ?
Un jeu Yakuza n’en serait pas un s’il n’était pas possible de faire une pause dans la quête principale, pour se détendre ! Car comme dans les autres épisodes, l’ami Kiryu va pouvoir, à tout moment, mettre l’aventure entre parenthèses pour se lâcher sur des activités très variées. Lorsqu’il ne s’arrête pas au kombini pour faire ses emplettes, ou au restaurant pour recharger son énergie… Kiryu peut aussi jouer au fléchettes ou au billard, s’éclater sur les machines d’arcade de Sega (avec des classiques jouables), ou encore faire du karaoké.
Parfois, notre Yakuza peut aussi se lancer dans des activités plus douteuses. Comme par exemple aller se mater un porno dans une boutique un peu étrange, se prendre une cuite au bar, jouer au « Toylet » (le mélange entre un jeu vidéo et une pause pipi ;-)… Ou jouer les modèles pour un photographe bien barré (quand on se trimbale en slip toute la journée, il y a un truc), dans une quête annexe aussi malaisante qu’hilarante ! C’est aussi pour ça que l’on aime Yakuza ! Après quelques phases de bourre-pifs, le jeu sait nous détendre avec son humour et son ton décalé !
► Lire aussi : Dans Yakuza Kiwami 2, Kiryu est aussi un « lover » !
Je tiens tout de même à vous préciser que toutes ces phases servent toutefois à quelque chose, elles ne sont pas là juste pour faire joli ! Et notamment à récolter des points de compétences, pour booster vos stats et vos techniques. Ainsi, comme expliqué plus haut, aller au restaurant vous permettra de vous remplir l’estomac, au sens propre : une icone représente l’organe digestif de Kiryu, et son niveau de remplissage en fonction de ce que vous avez commandé. Et votre collation vous apporte donc des points à répartir dans votre tableau de compétences, en plus de recharger votre énergie.
Les quêtes annexes quant à elles vont vous permettre de vous mettre des PNJ dans la poche. Et quelque chose me dit qu’ils seront très utiles lorsque viendra l’heure de la baston ! Enfin, n’oubliez pas que des collectibles sont à ramasser ici et là, représentés par des points brillants (plus ou moins bien planqués) dans la rue. Parmi ces objets, des clés de consignes vous permettront de récupérer gratuitement des items d’ordinaire onéreux en boutique.
Au final, si les seize chapitres de l’aventure principale vous promettent une bonne quinzaine d’heures de jeu (ce qui est plutôt correct)… Comptez environ entre 40 et 45 heures si vous souhaitez finir le jeu à 100%. Ce qui pour le coup, devient franchement pas mal !
Et puis… Il y a Goro Majima, aussi…
Au milieu de tous ces superlatifs (mérités), je réalise qu’il est un point dont j’ai oublié de vous parler… Et qui est pourtant une délicieuse cerise bien juteuse, posée au sommet du gâteau ! Votre ultra-charismatique antagoniste, Goro Majima, le Mad Dog de Shimano est jouable !
Et là, chez les fans de la série, je devine une petite larme de joie qui coule sur la joue gauche ! Jouer Goro, ce n’était pas arrivé depuis Yakuza 0 ! Mais l’homme à la veste de croco et au cache-oeil est bien de retour, et c’est vous qui le dirigez ! Avec ses techniques complètement cheatées et délirantes (bien qu’elles manquent de précision), Goro est un kiff absolu !
Mais la frustration ne tarde pas à revenir au grand galop, puisque ce personnage n’est jouable que le temps d’un arc narratif (en plus du Clan Creator qui vous propose de protéger la Majima Construction). Un chapitre qui nous éclaire un peu plus sur le personnage, mais frustre de ne pas en voir plus (Goro mériterait presque un jeu à lui seul) ! Mais l’intention est là, et rien que pour cette parenthèse de pur bonheur vidéoludique… On a envie de dérouler un tapis de pétales de roses à Sega 😉
Un jeu sans défauts ?
Techniquement, vous l’avez bien compris, Yakuza Kiwami 2 est très beau, et on s’extasie toujours autant devant la qualité graphique du titre ! Et cet opus témoigne que trois épisodes PS4 sont déjà passés par là, et que la team Ryu ga Gotoku commence à sérieusement maîtriser son affaire. Le Dragon Engine supporte à merveille les rues bondées, et les PNJ qui vaquent à leurs occupations, comme dans la vraie vie…
Pourtant, on ne peut s’empêcher de relever quelques petites pétouilles, quelques bugs. Comme des bâtiments pris d’une soudaine crise d’aliasing (c’est très rare, mais ça peut parfois arriver). Les bugs n’épargnent pas non plus l’IA et les PNJ. Il m’est par exemple souvent arrivé de voir des personnages se bloquer bêtement dans la rue contre un panneau ou un vélo, placé sur leur trajectoire. L’IA est parfaitement autonome, mais se loupe parfois sur des actions de base.
► Lire aussi : Yakuza 6: The Song of Life : Kazuma Kiryu tire sa révérence avec un chef-d’oeuvre !
Puisque l’on parle d’IA, on pourrait aussi relever les ennemis qui courent parfois en faisant du sur-place, ceux qui retombent au sol complètement désarticulés… Ou encore ceux qui volent à 15 mètres après une patate un peu trop puissante. Ça fait bizarre à l’écran… Encore que cette animation parfois délirante ajoute au coté complètement barré du titre.
Enfin, et c’est un défaut récurrent dans la série, les fenêtres de dialogues ne sont qu’en Anglais. Toujours pas de VF ! Le doublage vocal en japonais est toujours aussi classieux ! Même si avoir joué à Yakuza 6 juste avant nous donne ici l’impression de « régresser » : dans le sixième opus, tout était doublé, mais ici, seules les scènes principales ont le droit à ce traitement.
Au final
On ne va pas tourner autour du pot : Yakuza Kiwami 2 est sans aucun doute le meilleur remake que nous ait proposé la PS4 jusqu’à présent. À partir d’un jeu PS2 excellent à la base, la team Ryu ga Gotoku est parvenue à effacer ses défauts pour ne garder que le meilleur de la série. Et si j’osais, j’irais même jusqu’à écrire qu’il se classe parmi les meilleurs jeux d’action/aventure de cette génération de consoles !
Si vous connaissez la série Yakuza, cet opus vous fera comprendre pourquoi le second épisode est le préféré de beaucoup de fans. Et si vous ne connaissez pas encore, on ne peut que vous conseiller de terminer au plus vite la lecture de ce test, pour filer dans la boutique la plus proche.
On pensait que cette rentrée 2018 allait se jouer entre une aventurière anglaise et un homme-araignée… Et bien, figurez-vous qu’il faut aussi compter sur un ex-yakuza. Il a des choses à dire, et ses arguments sont pour le moins percutants ! Sega, c’est plus fort que toi !
Yakuza Kiwami 2
- Par Ryu ga Gotoku Studio, pour Sega.
- Sur PlayStation 4.
- Genre : Action/aventure… Avec plein d’autres trucs !
- Classification : PEGI 18.
- Prix : 49,99€.
On aime :
- Graphiquement, toujours aussi beau
- C’est même encore mieux maîtrisé que Yakuza 6
- Le scénario, encore et toujours !
- Bonne durée de vie
- L’ambiance générale au top
- Kiryu est toujours un personnage génial à jouer
- Des combats nerveux, les heat-actions parfois même hilarants
- Pouvoir jouer Goro Majima ♥♥
- Toutes les activités annexes
- Un résumé du premier opus pour ceux qui ne connaissent pas
- Les jeux d’arcade Sega jouables à deux via un menu
On aime un peu moins :
- Toujours pas de VF
- Quelques petits bugs d’affichage
- Au bout de quelques heures, le jeu devient répétitif
- Le Clan Creator dispensable
- On aurait voulu incarner Goro plus longtemps
- Les joueurs PC, Xbox One et Switch privés de cette merveille, les joueurs PS4 vont passer quelques nuits blanches.