Le dernier épisode de Fire Emblem était Three Houses, sorti sur Switch en 2019. Depuis, plus rien, jusqu’à l’annonce de ce Fire Emblem Engage. La franchise vieille de 33 ans se rappelle à notre bon souvenir. Et il y a de quoi se demander si la Switch ne vient pas de démarrer l’année 2023 sur les chapeaux de roues, avec sa première grosse exclusivité de l’année. On y a joué, et on vous dit tout.

Papy fait de la résistance

Même si vous n’êtes pas un grand fan de RPG ou de tacticals-RPG (vous y déplacez entre autres vos unités sur une grille qui matérialise le terrain), vous avez forcément entendu parler, à un moment ou à un autre de votre vie de gamer, de Fire Emblem. Avec une vingtaine de jeux au compteur, elle fait figure de monstre sacré pour les amateurs du genre. Et si toutefois vous n’avez jamais pratiqué la licence, vous la connaissez peut-être pour ses personnages emblématiques, qui sont des combattants puissants dans les rosters des jeux Super Smash Bros.

Fire Emblem est apparu en 1990, avec Fire Emblem: Shadow Dragon & the Blade of Light (par Nintendo R&D1 et Intelligent Systems). Ou Faiā Emuburemu: Ankoku Ryū to Hikari no Tsurugi pour les intimes. Un jeu sorti en exclusivité sur Famicom (chez nous, on parle de la NES), au Japon, mais qui connaîtra deux remakes, sur Super-Famicom et sur DS. Un jeu absolument mythique puisque, outre le fait qu’il est l’un des premiers tactical-RPG, il met en scène l’emblématique Marth, que l’on retrouve dans SSB depuis Super Smash Bros Melee sur GameCube.

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La machine étant enclanchée, Fire Emblem va dévoiler son riche univers à travers près d’une vingtaine de titres, sur quasiment toutes les consoles de Nintendo. Elle est très populaire… Du moins au Japon ! Car en Europe, il va falloir attendre l’opus GameBoy Advance en 2003 pour que les joueurs occidentaux s’intéressent à cette franchise. La GameCube aura aussi un excellent Fire Emblem : Path of Radiance en 2005… Mais c’est surtout sur 3DS que la saga va faire un tabac. Notamment en 2012 avec le très accessible Fire Emblem : Awakening.

Après presque quatre ans d’attente depuis le dernier opus en date, Fire Emblem Three Houses (sur Switch en 2019), il est temps de repartir à l’aventure. Signe particulier, et gage de qualité : au développement, on retrouve le très prolifique studio Intelligent Systems. Qui maîtrise son sujet puisque le studio est derrière les différents opus de la série depuis le tout premier. On en salive déjà !

Guerre de dragons et multivers

Comme pour la série Final Fantasy (à quelques exceptions près), les jeux Fire Emblem développent tous une histoire originale, indépendante des autres. Et cette fois, le jeu nous emmène sur le continent d’Elyos. Une terre coupée en cinq parties : quatre royaumes, qui entourent Lythos, le pays des Dragons Divins.

Il y a de cela 1000 ans, le monde a été ravagé par une lutte entre le Dragon Divin, et son alter-ego maléfique, le dragon déchu Sombron. Celui-ci a été emprisonné par Lumera, souveraine de la terre sainte de Lythos. Pour cela, elle a utilisé les Emblèmes, douze anneaux qui octroient de grands pouvoirs à celui qui les réunit. Et qui apparaissent tous les 1000 ans… Tiens donc !

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Le scénario nous amène donc 1000 ans plus tard, dans la peau du Dragon Divin de la prophétie, nommé Alear (à vous de choisir s’il sera un garçon ou une fille). Fils (ou fille) de Lumera, Alear se réveille d’un long sommeil, et doit réunir à son tour les 12 Emblèmes, afin de contrer son nemesis maléfique, Sombron. Car lui aussi est de retour, et projette de s’emparer des Emblèmes afin de dominer le monde.

Le scénario est plutôt sympa à suivre, avec des personnages tantôt intéressants, tantôt cultissimes si vous êtes un fidèle de la saga. Le scénario est relativement bien écrit, à un détail près, qui me chagrine un peu : le manque de nuances entre les camps du bien et du mal. Trop manichéen à mon goût avec des héros qui transpirent le bien, et le mal vraiment très méchant ! On se croirait presque dans un Disney sur ce point !

Autant conseillé aux fans qu’aux débutants

Fire Emblem Engage est très clairement un jeu qui a été pensé pour être accessible à tous, des experts aux débutants. Les spécialistes pourront s’éclater avec les mécaniques habituelles et la nouvelle sur laquelle je reviens plus bas, pour jouer à un nouveau jeu Fire Emblem… Pendant ce temps, le néophyte pourra configurer son jeu pour dérouler l’histoire à sa convenance, avec plus ou moins de difficulté. Tout d’abord en choisissant un mode de difficulté entre Normal, Difficile et Expert. Il est ensuite possible d’activer une option « combats auto » si vous voulez juste suivre l’histoire, sans vous prendre la tête avec les combats.

D’ailleurs, puisque je parlais des connaisseurs, voire des experts du T-RPG, sachez qu’une autre option peut vous permettre, à l’inverse, de corser les choses. En effet, pour les combats, vous pourrez choisir entre un mode « Débutant » qui voit les unités vaincues être indisponibles jusqu’à la fin de l’affrontement, mais revenir ensuite en pleine forme… Dans le mode « Classique » en revanche, les unités tombées au combat sont considérées comme mortes… Elles ne reviendront plus !

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Dans tous les cas, et même si vous n’avez pas trouvé la bonne difficulté, le jeu reste permissif. Par exemple, si vous vous trompez de stratégie, avec une issue désastreuse pour vos troupes, il existe un bon moyen de jouer les « Marty McFly » ! Une mécanique qui se nomme « Cristal temporel draconique » ! Autrement dit, un artefact qui vous permet de remonter le temps et de réviser votre stratégie, de rectifier ce qui a cloché. Mais méfiez vous quand même, car ce cristal ne s’utilise pas à tout bout de champs (ce serait trop facile) : son usage est limité.

J’évoquais plus haut une nouvelle mécanique de gameplay propre à cet épisode… Et c’est tout simplement le système des Emblèmes évoquées dans la partie scénario. Il s’agit d’anneaux qui, une fois glissés au doigt d’un personnage, lui permettent de combattre aux cotés d’un héros culte de la série, comme Marth, Lucina, Corrin, Sugurd, Byleth… Et je dois vous avouer que c’était, sur le papier, le point qui m’inquiétait le plus, tant il sent le fan-service à plein nez. Mais à vrai dire, cette mécanique est amenée de manière à la fois intelligente et cohérente. Elle se justifie pleinement dans l’histoire.

Plus de 30 combattants à recruter

J’avais envie de glisser deux ou trois mots sur la direction artistique du jeu, qui à mon sens est vraiment très agréable. Tout en cel shading et très coloré, Fire Emblem Engage est lumineux, agréable à regarder, et offre à la Switch un jeu bien réalisé, qui n’a pas à rougir face aux machines concurrentes, sans vraiment de défauts techniques… Si ce n’est peut-être quelques décors qui font un peu vides, qui manquent de détails. Fait amusant, j’ai cru déceler quelques influences graphiques (ou peut-être des clins d’œil, allez savoir). Et là, je pense au personnage de Panette qui me fait clairement penser à du Disgaea, ou Framme et Clanne qui semblent sortis de la série Atelier de Gust.

Au total, vous pourrez recruter 30 personnages (Alear compris) en suivant la quête principale (ils vous rejoignent automatiquement). Auxquels s’ajoutent six supplémentaires en finissant des quêtes annexes et en remplissant des conditions précises. Notez que vous allez pouvoir rallonger considérablement la durée de vie du jeu si vous ajoutez le pass d’extension. Contre 29,99€, il vous propose quatre salves de contenu (les deux premières sont déjà dispo) qui vont s’étaler jusqu’à fin 2023. Ce pass ajoute de nouvelles Emblèmes, des personnages et des quêtes annexes, ainsi qu’un arc narratif inédit. Et je peux vous dire que ce contenu, si on le regarde dans sa globalité, mérite les 30 € demandés.

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La quête des personnages n’est pas la seule qui va vous occuper dans le jeu. Et c’est maintenant que je vais vous parler de Somniel. Autrement dit une ville faisant office de hub central du jeu. C’est là que vous irez vous reposer ou faire des emplettes entre deux batailles. C’est aussi là que vous pourrez interagir avec les autres personnages, ou vous lancer dans des quêtes optionnelles, ou des activités pas toujours originales (des parties de pêche par exemple).

Somniel va aussi vous proposer deux lieux incontournables. Le premier est la Salle des Emblèmes. C’est ici que vous allez pouvoir échanger avec les emblèmes que vous avez recruté, afin que ces personnages vous apprennent des compétences qui leur sont propres. Le second, la Tour des Épreuves est le menu pensé pour les amoureux de parties en ligne. Puisque cette tour va vous proposer de nombreux défis sous forme de batailles asynchrones en ligne. Ici, plusieurs options sont disponibles, comme le relais dans lequel, comme son nom l’indique, plusieurs joueurs se passent le témoin dans un mode coop. Le jeu permet aussi la création de vos propres cartes, de les partager ou d’essayer celles des autres… Mais j’avoue ne pas m’être attardé sur ce point.

Au final

Dans quelques jours, le 3 mars, cela fera très exactement six ans que la Nintendo Switch est sortie. Et 6 ans plus tard, la console continue à nous faire rêver avec ses sorties. Elle complète petit à petit un gigantesque catalogue qui est bien parti pour constituer une sorte de Nintendo All-Stars Games, savant mélange de jeux inédits, et de portages Wii, Wii-U ou GameCube. Et pour la seconde fois, c’est le cultissime Fire Emblem qui intègre ce catalogue. 2023 va encore être une riche année pour les possesseurs d’une Switch, et Fire Emblem Engage le confirme en ouvrant le bal !

Car c’est bien lui qui nous amène aujourd’hui. Fire Emblem Engage est un pur produit Nintendo : pensé pour tous, pour combler à la fois les fans de la série et les débutants. Ceux-ci trouveront d’ailleurs ici le meilleur opus pour s’initier à cette série culte du T-RPG ou RPG tactique. Un jeu qui est donc très accessible, mais qui laissera tout de même de l’espace pour les habitués du genre, avec des réglages qui promettent un gameplay « à la carte » !

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Ce début d’année 2023, Fire Emblem Engage s’impose donc comme un titre à posséder sur la Switch si vous aimez les J-RPG, les jeux tactiques, ou les histoires qui vous plongent dans un univers Heroic Fantasy. Sans oublier les fans de la série, qui retrouveront ici les personnages emblématiques des épisodes précédents, à travers les Emblèmes, nouvelle mécanique du jeu. Si le scénario est moins complexe que Fire Emblem Three Houses, le jeu mérite, pour toutes les raisons listées plus haut, de rejoindre votre collection. Sans être un jeu qui marquera l’histoire du jeu vidéo, il laisse une franche impression d’avoir passé un très bon moment en sa compagnie.


Fire Emblem Engage

  • Par : Intelligent Systems, pour Nintendo
  • Sur : Switch (lien eShop)
  • Genre : tactical RPG
  • Classification : PEGI 12
  • Prix : 59,99€.
  • Conditions de test : testé sur une version digitale fournie par l’éditeur.
Les points positifs :
  • Visuellement, c’est plutôt joli
  • Une nouvelle mécanique plutôt cool
  • Un jeu grand public, avec une difficulté qui s’adapte à tous
  • Du gros fan-service
  • La bande-son
  • L’écriture : scénario, personnages, c’est du tout bon à un détail près
  • Durée de vie
  • Jouabilité : fluide, facile à prendre en main…
  • Un pass d’extension qui vaut vraiment le coup
Les points négatifs :
  • Quelques environnements un peu vides
  • Naviguer dans les menus
  • Il manque quand même des nuances entre le bien et le mal
  • Quelques activités dispensables