Si vous êtes habitué à visiter ce site, alors vous connaissez peut-être mon grand amour pour la série Yakuza (Like a Dragon en anglais, ou Ryu ga Gotoku dans la langue de Miyamoto). Après avoir totalement retourné le quartier de Kamurocho à travers les épisodes précédents, Sega et le studio RGG nous emmènent cette fois voyager dans le temps. Avec Like a Dragon : Ishin !, bienvenue à Kyoto, dans les années 1860…

Le remake d’un jeu… Inédit en France

Like a Dragon : Ishin ! n’est pas un nouveau jeu ! Plus exactement, c’est sous le nom Ryu ga Gotoku Ishin ! (Yakuza Ishin) que le jeu est sorti une première fois, sur PS3 et PS4, en 2014. Mais jusqu’à présent, cette version n’était pas sortie du Japon (hormis si vous connaissez un bon site d’import). C’est donc presque dix ans plus tard que Sega a décidé de sortir un remake du jeu, intitulé Ryū ga Gotoku Ishin! Kiwami (ou Like a Dragon : Ishin ! chez nous), simultanément sur PlayStation 4 et 5, XBox One et Series X/S et PC. Et surtout, cette fois, une sortie à l’international.

L’excellentissime série Yakuza a connu quelques spin-off. Comme par exemple les récents Judgment et Lost Judgment qui en reprennent l’univers… Et son emblématique quartier de Kamurocho. Like a Dragon Ishin est un spin-off justement. Et pour la première fois dans la série, vous quittez l’époque contemporaine pour voyager dans le temps, dans le Japon féodal. Non, Kiryu n’a pas remonté le temps. Il n’est pas non plus dans un rêve… Mais nous allons y revenir plus bas.

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Yakuza : Like a Dragon, un passage de flambeau réussi et décoiffant

La série inventée par Toshihiro Nagoshi est développée par RGG Studio (Ryu ga Gotoku Studio), émanation de Sega dédiée exclusivement à cette franchise Ryu ga Gotoku (ou Yakuza en Europe). Une licence qui compte parmi les plus populaires du catalogue de Sega, passant même devant Sonic au Japon. Pourtant, assez étrangement, l’engouement des Occidentaux pour Yakuza est assez récent. Cet excellent titre est longtemps resté un jeu de niche sous nos latitudes, certains épisodes ne sortant même pas de l’archipel. Jusqu’à ce que sa popularité ne décolle véritablement avec la salve de titres sortis sur PS4 (dont des remakes des premiers rebaptisés Yakuza Kiwami).

Petit à petit, Sega nous emmène vers un full-set VF de la série. Puisque, si l’on compte les épisodes canons et les spin-off, il ne reste désormais plus qu’une poignée de titres à n’être jamais sorti du Japon. Ryū ga Gotoku Kenzan ! un premier jeu historique qui se déroule en 1600, sorti en 2008 sur PS3, Yakuza : Dead Souls, un survival-horror avec des zombies en 2011 sur PS3… Et deux épisodes Kurohyō : Ryū ga Gotoku, sur PSP en 2010 et 2012.

Un scénario vraiment inspiré par l’Histoire

Like a Dragon : Ishin ! se déroule durant l’époque Bakumatsu. Pour les férus d’Histoire, sachez simplement que celle-ci s’étend sur une (très) courte période allant de 1853 à 1868. Elle est marquée par la fin du Sakoku (la période isolationniste du Japon féodal) et la modernisation du shogunat, qui va emmener le Japon vers l’ère Meiji et lui faisant quitter l’époque Edo.

Deux idéologies s’opposent durant cette période : les forces shogunales d’un coté, et les Ishin Shishi (littéralement, les « hommes de grand dessein » fidèles à l’empereur et partisans de l’évolution vers l’ère Meiji) de l’autre. Vous l’aurez compris : le contexte du jeu va donc opposer deux idéologie. Une conservatrice qui ne veut pas aller de l’avant, et les Ishin pro-impérialistes qui veulent tourner une page, et l’avènement de l’ère Meiji.

► LIRE AUSSI SUR LE MEME THEME : Dans la peau du personnage de… Kazuma Kiryu (Yakuza)

Le jeu va donc nous faire incarner l’un de ces Ishin. Plus précisément Ryoma Sakamoto, qui revêt ici les traits de notre bon vieux Kazuma Kiryu. D’ailleurs, tous les personnages importants du jeu auront les traits de protagonistes ou antagonistes de la série Yakuza. Et puisque nous avons abordé le contexte historique plus haut, sachez que Ryoma Sakamoto est un personnage ayant vraiment existé. Né en 1836 et mort le 10 décembre 1867, samouraï et politicien, il a été l’un des dirigeants de cette révolution, affilié au domaine de Tosa, et médiateur de l’alliance Satchō… Et bien, sachez que ce Like a Dragon Ishin !, derrière ses airs de divertissement, s’inspire plus que vous ne le pensez de l’histoire réelle de Ryoma Sakamoto (à quelques écarts près).

Le jeu nous emmène donc dans les années 1860 à Kyoto, où l’inégalité règne en maître. Dans la peau de Ryoma Sakamoto, le joueur va devoir à la fois trouver le meurtrier de son père, et se faire innocenter de ce meurtre qu’il n’a pas commis. Et comme nous l’avons dit plus haut, cette intrigue va vous conduire à mettre un terme à l’ère des samouraïs, et changer à jamais la face du Japon… Waow ! Vous l’avez compris : si la série brille généralement par ses scénarios, celui ci va nous emmener loin, très loin ! Si vous aimez l’Histoire, alors vous pouvez déjà considérer que le scénario de ce Ishin est parmi les meilleurs du RGG Studio ! Premier bon point !

Ça bastonne… Comme un dragon ! Et comme un jeu Yakuza !

Si vous avez déjà joué à l’un des épisodes de la saga Yakuza, vous connaissez déjà les mécaniques du jeu (à l’exception de Yakuza 7 : Like a Dragon, qui se joue comme un RPG au tour par tour). Ici, on se balade, on explore, et on se fait souvent agresser par la racaille locale… Quand il faut en découdre, le jeu bascule dans un système typé beat’em all, où le joueur balance ses combos à tout va. On déclenche aussi fréquemment des techniques plus spectaculaires dans leur mise en scène, en exécutant des QTE. Un système qui a fait ses preuves depuis longtemps, mais qui commence hélas à dater. Certains combats sont parfois trop brouillons, et perdent en lisibilité lorsque trop d’ennemis vous entourent.

Comme dans Yakuza, Ryoma dispose de plusieurs styles de combat. Plus exactement quatre : Bagarreur, Tireur, Bretteur, ou Danseur endiablé. Autrement dit, des styles qui vous feront privilégier les poings, le katana, le pistolet, ou enfin la combinaison de ces deux derniers. Autant dire que vous aurez de quoi vous amuser. Car vous pouvez switcher de l’un à l’autre, et chacun dispose d’un arbre de compétences qu’il va falloir développer. Avec évidemment de plus en plus de coups et possibilités, au fur et à mesure que vous gagnez en expérience dans le domaine que vous allez privilégier. Un peu limité au début, mais franchement jouissif en ayant suffisamment avancé dans le jeu !

► SUR LE MEME THEME : Avec Third Editions, la saga Yakuza a enfin sa « bible »

D’autant qu’un jeu Yakuza n’est pas qu’un jeu d’action. Il emprunte aussi beaucoup au genre RPG, et ce sera encore le cas ici. J’ai évoqué les compétences (actives et passives) que vous devrez upgrader… Mais il en est de même pour les armes ou l’équipement que vous utilisez. Et que vous allez pouvoir améliorer au fil de l’aventure, en craftant. Autrement dit, le jeu reprend avec simplicité les mécaniques du RPG, en allant à l’essentiel, et sans s’encombrer des aspects laborieux du genre. Sans aucun rapport, je réalise que j’ai oublié de vous dire que le jeu est jouable en Japonais sous titré en Français : les puristes apprécieront.

Enfin, je terminerai cette partie consacrée au gameplay en vous parlant d’une dernière mécanique dans le jeu : les combattants que vous allez recruter, appelés Escouades. Il ne sont pas, à proprement parler, des combattants qui se matérialiseront dans le jeu, mais ils constituent votre armée (Ryoma est un chef, n’oubliez pas). Sous forme de cartes, vous allez pouvoir les recruter, et développer leurs stats. Pendant les combats, ils viendront en renfort sous forme de bonus que vous pourrez déclencher (si vous avez développé la compétence de votre recrue). Comme un boost d’attaque, un bouclier, etc. Dont vous pourrez bénéficier à votre avantage, une fois ce bonus chargé.

Un contenu gargantuesque

C’est un jeu Yakuza. Donc, attendez-vous à une solide durée de vie. Concrètement, c’est justement la raison qui explique la parution tardive de notre test : une quête principale qui se plie en une vingtaine d’heure… Mais un contenu annexe qui pousse la longévité du jeu entre 60 et 80 heures selon votre niveau (voire une centaine si vous jouez occasionnellement). Comme les autres titres du RGG Studio, ce Like a Dragon : Ishin ! ne vous vole pas ! Il est même plutôt généreux en matière de contenu. Et ça, c’est encore un bon point que l’on peut mettre à son crédit !

D’ailleurs, c’est assez drôle de constater que les nombreuses quêtes annexes (près de 80 de mémoire) et mini-jeux nous replongent dans cette ambiance Yakuza que l’on avait perdue avec le scénario du jeu. Car il est inutile de vous faire un dessin : l’histoire principale est plus sombre, plus pesante, plus sérieuse aussi qu’à l’accoutumée ! Un aspect qui aurait pu être disruptif au sein de la communauté de fans. Mais les missions annexes viennent remettre un peu d’ordre (ou de désordre) dans tout ça, avec des saynètes plus légères, plus drôles même parfois. Avec cette approche tellement Yakuza qui peut partir à n’importe quel moment dans le WTF le plus total, lorsqu’il s’agit de rendre des petits services aux farfelus du coin !

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Judgment : la couleur d’un Yakuza, le goût d’un polar réussi

En revanche, on sera plus mitigés sur le rendu visuel du jeu. Il n’y a pas à dire, c’est très beau, mais perfectible ! Et RGG fait partie de ces studios qui maîtrisent la modélisation des personnages, avec un rendu visuel des visages parmi les plus époustouflants. En jeu, ça reste très beau, qu’il s’agisse des décors ou du rendu visuel des personnages. Et l’on sent que le studio est passé au Unreal Engine 4, tournant le dos à son Dragon Engine vieillissant. Pourtant, certaines animations restent rigides, et certains décors sont trop figés pour un jeu de 2023. Pour rester sur l’aspect visuel des décors, on pourrait aussi reprocher des petites lacunes héritées du jeu original. Comme une ville de Kyo (la Kyoto du XIXe siècle) ou de Tosa moins sexy que Kamurocho ou Sotenbori, les quartiers fictifs des jeux Yakuza inspirés de Kabukicho à Tokyo ou Dotenbori à Osaka. Ou comme ces groupes de PNJ qui apparaissent ou disparaissent par moment, trahissant un discret temps de chargement entre deux zones. Encore une fois, pas terrible en 2023.

Enfin, si on a vu plus haut que le jeu est plutôt généreux en matière de contenu, et bien que ses missions soient variées… On ne peut s’empêcher, à la longue, de ressentir une certaine lassitude. Certaines missions finissent inévitablement par devenir redondantes. On les termine parce qu’on aime le jeu… Mais parfois avec une impression de « déjà fait » qui donne envie d’en finir au plus vite avec cette quête. Encore plus lorsqu’il faut retraverser la ville pour la énième fois, en se retapant une salve de combats aléatoires…

Au final

Bon alors, ça ne va pas être compliqué ! Ce Yakuza est comme tous les autres ! Autrement dit, si vous n’aimez pas la série, vous ne l’aimerez pas plus avec cet épisode ! En revanche, si vous êtes un fan inconditionnel (de la licence ou des jeux du genre), il est impossible que vous soyez déçu ! Et même si la saga sort ici de sa zone de confort pour un contexte complètement inédit sous nos latitudes (dans la série Yakuza, je veux dire). Depuis le temps que je vous répète que Yakuza (ou Ryu ga Gotoku) est l’une des meilleures séries de ces 15 dernières années… Ce Like a Dragon : Ishin ! n’en illustre que davantage mon propos !

► LIRE AUSSI NOTRE TEST : Yakuza Kiwami 2 : l’énorme patate « dans ta face » de Sega !

Au final, le constat est assez partagé. Oui, le jeu est magnifique, oui, son système de combat ou son contenu sont des arguments imparables. Donc oui, c’est un très bon jeu. Mais son principal défaut réside dans le fait que, s’il constitue un remake très réussi d’un jeu qui était une pépite en son temps… Il accuse malgré tout le poids des années, notamment sur son volet technique. De plus, nous sommes en 2023 et, pour le jeu de Sega, l’une des difficultés sera aussi de se faire une place au milieu d’autres jeux très qualitatifs du moment… Et qui constituent des alternatives non négligeables pour les joueurs dont les finances ne sont pas illimitées. Toujours est-il que ce Like a Dragon : Ishin ! va vous faire passer un très bon moment. Il est tellement généreux que vous ne regretterez à aucun moment votre investissement. Si vous aimez la série, foncez. Si vous ne la connaissez pas encore, voilà sans doute une bonne occasion de sauter le pas… Faut pas rater ça, comme dirait le gars de la pub Carglass 😉


Like a Dragon : Ishin !

  • Par : Ryu ga Gotoku Studio, pour Sega
  • Sur : PS4/PS5, XBox, PC.
  • Genre : Action/Aventure
  • Classification : PEGI 18.
  • Prix : 59,99€.
  • Conditions de test : testé sur une version physique PS4 (installée sur PS5), fournie par l’éditeur.
  • Site officiel
Points positifs :
  • Pouvoir enfin jouer à cet épisode seulement sorti au Japon
  • Inspiré par des faits réels
  • Des cinématiques visuellement spectaculaires
  • Globalement, c’est un remake réussi
  • On retrouve tous les ingrédients à succès de Yakuza
  • Une solide durée de vie
  • Généreux sur son contenu
  • Jouable en VOSTFR
  • Un doublage au top
  • Du caméo en veux-tu en voilà, un casting de luxe
  • Disponible simultanément sur PlayStation, XBox et PC
Points négatifs :
  • Des combats qui perdent en lisibilité
  • Répétitif à la longue, notamment avec tous les combats aléatoires
  • Les trop nombreux allers et retours
  • Certains aspects techniques bloqués en 2014 (notamment les nombreux chargements de changement de zone)
  • L’Unreal 4, c’est mieux, mais il y a encore du boulot