Elle aura marqué toute une génération de joueurs. Première console de Nintendo à apporter la 3D dans les jeux, la Nintendo 64 fait aujourd’hui l’objet d’un ouvrage paru chez Third Editions. Avec L’Histoire de la Nintendo 64 : La Plus américaine des consoles japonaises, Patrick Hellio revient sur ce monument vidéoludique. On l’a lu, et il fallait qu’on vous en parle.

Arrivée de la 3D : Nintendo met une cartouche !

La collection Rétrogaming de l’éditeur toulousain Third Editions s’enrichit d’un nouvel ouvrage consacré à une console emblématique de Nintendo. Et au sein de cette riche collection, après un livre qui décortiquait la Wii (signé Thomas Pillon), c’est cette fois le journaliste Patrick Hellio qui s’y colle, pour autopsier la Nintendo 64, ou N64 pour les intimes. Sur ce point d’ailleurs, la couverture (standard comme first print) de Pierre Roussel est particulièrement symbolique et pertinente.

Ainsi, si pour les joueurs de ma génération, la NES ou la Super-Nintendo sont des Madeleines de Proust… Pour de plus jeunes gamers, c’est la Nintendo 64 qui a bercé leur enfance. Dans les années 90, tandis qu’arrive la 5e génération et ses consoles 32 bits, le mastodonte Nintendo a encore du mal à se remettre de son bide avec Sony.

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Cette brouille a eu des conséquences sur l’industrie du jeu vidéo : elle fait naître la PlayStation, et conduit Big N à renoncer définitivement (pour cette génération en tout cas) au support CD-ROM. La prochaine console du Japonais, qui est encore codée Project Reality ou Ultra 64, utilisera des cartouches. Et le 23 juin 1996 au Japon (le 1er septembre 1997 en France), c’est sous le nom de Nintendo 64 que sort la nouvelle génération de Nintendo.

Une vraie révolution pour l’époque, donc ! Super Mario 64 fait entrer Mario dans l’ère de la 3D, et avec Ocarina of Time, la console nous offre l’un des meilleur The Legend of Zelda, toutes générations confondues. Si la N64 n’est pas le plus gros succès commercial de Nintendo, elle reste LA console qui aura vu naître tant de licences emblématiques de la marque. Comme par exemple Super Smash Bros. Ou encore Dobutsu no Mori en 2001, qui n’arrivera chez nous que sur GameCube, sous le nom Animal Crossing.

Ce que nous dit l’éditeur

Voici ce que nous dit le quatrième de couverture du livre :

Avec près de 33 millions d’exemplaires écoulés à travers le monde, la Nintendo 64 est souvent pointée comme l’un des échecs de Nintendo côté consoles de jeu.
En collaborant avec les plus grandes sociétés d’image de synthèse d’Hollywood tout en s’arc-boutant dans le même temps sur le maintien du support cartouche au détriment du CD-Rom, les instances dirigeantes de la société ont produit une machine qui semble irrémédiablement bloquée entre deux époques, à l’aune d’un contexte concurrentiel en profonde transformation et d’un secteur même du jeu vidéo évoluant comme jamais auparavant.
Project Reality, Ultra 64 ou Nintendo 64, peu importe son patronyme, la machine aura abrité des jeux parmi les plus mythiques du paysage vidéoludique, comme Super Mario 64 ou The Legend of Zelda: Ocarina of Time, et gagne énormément à être réévaluée plusieurs décennies après sa sortie.
Imparfaite, toujours singulière et à contre-courant, mais aussi foncièrement attachante, la N64 n’a pas fini de fasciner ses joueurs.

Ce qu’on en pense

Le premier constat que l’on fera est que l’ouvrage est dense, très riche en calories. Le menu est très copieux ! Le livre de Patrick Hellio est une sorte de buffet à volonté dans lequel vous allez trouver une quantité gargantuesque d’informations. Et c’est à vous de vous adapter, d’adapter votre rythme de lecture en fonction de votre appétit du moment.

Plus sérieusement, la construction du livre de Patrick Hellio est un vrai travail journalistique. Pas étonnant lorsque l’on sait que notre homme est journaliste spécialisé dans le jeu vidéo depuis les années 90, me direz-vous. Oui, certes, mais je veux écrire ici que l’auteur se paie le luxe de nous proposer une introduction sur plus de 25 pages. Quand beaucoup se seraient contenté d’entrer dans le vif du sujet tout de suite après le sommaire. Ici, Patrick Hellio prend le temps de décrire le contexte des années 90, de l’industrie du jeu vidéo de cette époque, des technologies… Pour contextualiser. Un choix très important, puisqu’au fil des pages, cette intro nous permettra ainsi de mieux comprendre les convictions des uns, les décisions des autres, ou encore les conséquences derrière les choix de Nintendo.

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Une fois le contexte posé, le livre se découpe en cinq parties. Le premier nous décrit la genèse du Project Reality, jusqu’à sa sortie sous le nom de N64… La seconde explique le titre du livre, « la plus américaine des consoles japonaises » en revenant sur le partenariat historique entre Nintendo et la plus grosse société d’effets spéciaux de l’époque, Silicon Graphics… Suivent ensuite La Mise sur Orbite qui nous explique le lancement de la N64, Le Grand Jeu, et enfin N64 Forever… Un découpage pertinent qui suit une logique qui n’est autre que le cycle de vie de la console. Tellement logique que, malgré la masse d’infos recueillies par le journaliste, le lecteur n’est jamais vraiment largué dans sa lecture.

Enfin, j’aimerais revenir sur la couverture, un aspect du livre dont nous ne parlons que trop rarement, je l’avoue. Celle-ci est signée Pierre Roussel qui, comme à son habitude, nous présente une console explosée, où les scènes de jeux vidéo prennent forme au milieu des composants. Enfin, plus exactement la console pour la version standard du livre, et son emblématique manette « trident » pour la first print. Le dessin est chouette, happe le regard et, comme je l’écrivais plus haut, nous tease subtilement le contenu du livre. Bien joué !

Au final

Third Editions est un éditeur dont nous vous parlons souvent. Et pour cause, puisque sa bibliothèque est une véritable mine pour les amoureux de jeux vidéo, d’hier ou d’aujourd’hui. Avec ce nouvel ouvrage l’éditeur, sous la plume de Patrick Hellio, met en lumière une console emblématique. Celle qui a apporté la 3D dans les jeux Nintendo, tout en tournant le dos au support très en vogue de l’époque, le CD. C’est l’histoire d’un échec commercial, qui est en réalité un vrai succès dans la pop-culture…

Si la lecture de ce nouveau livre demande une certaine concentration, bien qu’il ne soit pas nécessaire d’être un spécialiste pour comprendre… Il se savoure d’une traite ou en piochant des chapitres au fil de l’eau, c’est à vous de voir. Si c’est la marque de fabrique de Third Editions, l’absence d’illustrations est ici un peu frustrante. Mais l’ouvrage, bien écrit et très généreux en informations, nous laisse comme une envie d’en découvrir de nouveaux. À quand un livre similaire dédié à la Super-Nintendo, la Megadrive, la XBox, la Wii-U ou la Dreamcast ? Mais avec des couvertures signées Pierre Roussel, évidemment…


L’Histoire de la Nintendo 64 : La Plus américaine des consoles japonaises

Les points positifs :
  • Énormément d’informations
  • L’auteur n’hésite pas à contextualiser
  • Mine de rien, on y trouve de l’action, des embrouilles politiques…
  • Bien écrit, un livre très abordable
  • Une console emblématique enfin expliquée
  • L’illustration de couverture bien sentie
Les points négatifs :
  • Si on a l’habitude chez Third Editions, pour le coup, ça manque d’illustrations