Est-il encore vraiment nécessaire de présenter la marque Schleich, qui s’est forgé une solide réputation sur le marché des figurines pour enfants depuis les années 50 ? Mais aujourd’hui, et après Horse Club, le fabricant allemand revient dans le monde du jeu vidéo pour nous emmener dans l’un des ses univers les plus plébiscités : celui des dinosaures ! Il est donc temps d’embarquer pour Dinosaurs : Mission Dino Camp, disponible sur quasiment tous les supports.

Welcome to Jurawish Park !

S’adressant aux petites têtes blondes à partir de 7 ans, Dinosaurs : Mission Dino Camp est un jeu vidéo qui s’inspire de la série de figurines pour enfants éponyme, du constructeur allemand SchleichSchleichSchleich. La marque est spécialisée dans ces produits que vous pouvez retrouver chez tous les bons marchands de jouets, et ces figurines se déclinent en plusieurs séries thématiques. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Schleich utilise le jeu vidéo en tant que vitrine pour promouvoir ses produits, puisqu’en mai 2021, nous avions déjà eu Horse Club : Aventures Équestres. Un jeu qui s’inspirait lui aussi d’une série de figurines Schleich, et là aussi, un jeu édité par Wild River Games. Horse Club aura une suite…

Après les jeux qui s’orientent vers les petites filles, on va donc s’intéresser aujourd’hui aux petits garçons, férus de créatures géantes avec des grandes dents que l’on appelle plus communément dinosaures ! Et là encore, il y a de quoi faire puisque Schleich commercialise une série de jouets intitulée Dinosaurs, justement ! Une collection qui mêle des humains, des véhicules, et des « lézards terribles » dans un univers qui ressemble à s’y méprendre au film Jurassic Park. En moins effrayant ! En plus child-friendly, quoi ! Mais avec ses jeeps, ses clôtures électriques, son clone d’Alan Grant, ses raptors et son T-Rex…

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En tant que membre de l’équipe Dino, le joueur embarque dans une aventure au cœur de la jungle amazonienne, pour trouver et sauver les créatures géantes légendaires. D’ailleurs, on nous vend merveilleusement bien le jeu :

« Explore et découvre une vaste jungle amazonienne avec des environnements à couper le souffle et des temples oubliés d’une civilisation ancienne pleine de mystères et de défis. Traverse les pistes dangereuses de la jungle que tu parcoures à pied et engage-toi dans des courses pleines d’adrénaline avec les véhicules de l’équipe Dino (tout-terrain/quad). Abats les dinosaures à l’aide d’un pistolet paralysant et d’un tranquillisant tout en évitant de te faire attaquer pour les transporter vers la base de l’équipe Dino. Soigne et guéris les dinosaures en ramassant des plantes et d’autres ingrédients et utilise des médicaments pour les remettre sur pied. Découvre et interagis avec tes dinosaures préférés comme le Brontosaure, le Vélociraptor, le puissant T-Rex et bien d’autres dinosaures et personnages connus de DINOSAURS schleich ! »

Wild River Games

Dans les faits, c’est un peu plus compliqué, et on va y revenir plus bas. Mais concernant le scénario, il faut vous avouer qu’il nous a semblé assez obscur. Pas très clair, avec des incohérences sans doute dues à une traduction trop approximative. On incarne donc un « paléontologue » (avec des guillemets car certaines de ses répliques nous mettent un gros doute sur l’achèvement de ses études). Il débarque dans une jungle qui abrite une base établie par les scientifiques que vous connaissez déjà si vous êtes familier avec la collection Schleich. Et effectivement, vous devrez les aider à rétablir l’ordre dans un parc où tout semble partir à vau-l’eau.

Seul au monde

Ce test a été réalisé sur une version PlayStation 5. Anecdote véridique : quelques minutes après avoir lancé Dinosaurs, je suis revenu sur la home de la console, afin de vérifier que j’avais bien installé la version PS5, et non la version PS4 ! Et c’est là que l’on va aborder le premier problème du jeu : si les artworks (et les visuels fournis) nous ont vendu du rêve, dans les faits, ce n’est pas le plus beau jeu que l’on ait pu voir tourner sur une PS5 ! C’est un euphémisme ! En témoignent les captures que vous pouvez voir plus bas : il n’y a pas que les dinosaures qui vont vous faire voyager dans le temps !

Les enfants ne vont pas rechercher un scénario très élaboré dans un jeu vidéo, certes ! Mais là, il y a des limites ! Non content d’être le plus simpliste possible, le script se permet de nous sortir assez régulièrement des incohérences parfois sidérales (et sidérantes) ! Votre avatar supposé être un scientifique (paléontologue) et qui sort parfois des réflexions dignes d’un stagiaire d’observation de classe de 3e, une habitante de l’île (supposée aussi connaître le milieu local) qui vous met en garde parce qu’il y a des « monstres » (des dinosaures, quoi, c’est écrit sur tous les panneaux du parc)… Bref, les scènes de dialogues sont souvent des pépites, mais pas dans le bon sens du terme ! Sans doute à cause d’une traduction réalisée à l’arrache ! Traduction qui vient d’ailleurs vous hanter jusque dans les menus, avec par exemple l’option « continuer » qui devient ici « recommencer » ! Euh… La VF n’était visiblement pas une priorité pour Schleich.

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D’ailleurs, puisque l’on parle des dialogues, sachez que ceux-ci ne sont pas doublés. Du coté des voix, vous aurez le choix entre l’anglais, l’allemand ou le chinois. Pour la VF, vous devrez vous contenter des sous-titres, histoire de bien faire ressortir les fautes et les incohérences évoquées plus haut ! Pour un adulte, ça peut passer ! Mais pour un enfant ? Car on rappelle que le jeu se destine aux plus jeunes, à partir de 7 ans (et sans doute pas au delà de 10 ans). Donc si l’enfant est jeune, et n’est pas au point sur la lecture, cet aspect sera handicapant (papa ou maman devra rester à côté pour traduire).

Enfin, puisque l’on parlait plus haut du film Jurassic Park, vous souvenez-vous de la scène pendant laquelle Ian Malcolm lançait à John Hammond : « Auriez-vous projeté de mettre des dinosaures dans votre parc à dinosaures ? » Elle résume assez bien l’ambiance du jeu. Et de cette jungle dans laquelle on croise parfois, par hasard, un dinosaure puisqu’il est au cœur de la mission en cours. Une jungle qui semble souvent trop vide. Pour des enfants venus voir de grosses bestioles, il faut souvent prendre son mal en patience… Et comme le disait si bien notre intertitre, on se sent souvent seul, dans Dinosaurs : Mission Dino Camp. La sensation la plus oppressante du jeu n’est pas la peur de croiser un dino au détour d’un chemin, mais la solitude !

Saint-FedEx priez pour nous !

Les joueurs à partir de 7 ans vont donc incarner Jack. Un jeune paléontologue qui débarque sur une île peuplée de dinosaures afin d’aider les trois scientifiques locaux : Flynn, Luis et Max (personnages qui existent vraiment dans la gamme de figurines Schleich). Dans les faits, « aider » consiste la plupart du temps à effectuer des quêtes FedEx d’un bout à l’autre de l’île. Partir photographier un dinosaure, aller collecter des plantes sauvages pour concocter un calmant (avec la technologie dont dispose votre équipe, ils en sont encore à fabriquer des médicaments de manière artisanale), injecter le serum dans le cou de la bébête… Résoudre quelques puzzles ultra-faciles (comme reconstituer une échelle)… Pour au final revenir faire son rapport à la base et conclure la journée.

Heureusement, au bout de quelques heures de jeu, la situation se débloque un peu. Le joueur acquiert de nouveaux véhicules (jeep, quad…) pour se déplacer plus rapidement. Bien que la jouabilité des engins soit perfectible, on apprécie de ne plus mettre des plombes pour aller d’un point à un autre ! D’autant que les déplacements sont parfois laborieux, et certains sauts notamment, qui demandent beaucoup de précision. Sous peine de voir et revoir l’écran de retour au point de contrôle (reload). Par ailleurs, sans vous spoiler l’histoire, votre carrière d’homme à tout faire de la jungle devient un peu plus captivante avec l’introduction d’une nouvelle intrigue liée à des ruines anciennes. Mais on n’en dira pas plus.

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Le jeu n’est pas très long. Alors, il propose quelques petits défis en plus, histoire de rallonger le plaisir. Comprenez que vous allez devoir trouver des « œufs d’ambre » … Euh, sans doute une autre erreur de traduction, pour désigner en fait des animaux fossilisés dans de l’ambre (comme dans Jurassic Park). 60 œufs de moustiques sont disséminés dans tout le parc ! Cachez votre joie, car quand vous les aurez tous trouvés, vous pourrez aussi vous intéresser aux 30 œufs de fourmis, et aux 10 œufs de scarabées… Chiche, on vise le platine ?

Enfin, je terminerai par ce qui peut être une énigme : le prix du jeu ! Si les versions PlayStation (PS4 et PS5) et XBox (One et Series X/S) sont affichées à un prix très correct de 29,99€, contre un tarif encore plus intéressant de 24,99€ sur PC… On s’étonne de voir une version Switch vendue 10€ plus cher, soit 39,99€. Pour quelle raison ? C’est justement ça le mystère : prix de la cartouche ? Car il est évident que la Switch ne va pas argumenter sur la qualité de ses graphismes, que l’on imagine mal tenir le pavé face aux autres versions. Car au regard du contenu proposé, cette version Nintendo est, à mon sens vendue trop cher. Contrairement aux autres éditions, déjà plus raisonnables.

Au final

Si le public ciblé par le jeu (enfants à partir de 7 ans) peut légitimer la facilité du jeu et la simplicité des épreuves… Il ne justifie aucunement le reste ! Des graphismes qui nous ramènent 15 ans en arrière, la rigidité des personnages, les fautes dans la traduction françaises, un scénario écrit à l’arrache… Si les figurines Schleich sont de grande qualité, ce jeu n’a pas d’autre ambition que d’en être une vitrine. Un catalogue virtuel pour la marque allemande. D’ailleurs, on devine que le budget de développement n’a pas dû excéder celui de l’impression du catalogue papier que vous pouvez trouver dans les magasins de jouets.

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Et c’est vraiment dommage, car à la base, il y a un potentiel énorme ! En misant sur les dinosaures, Wild River fait mouche auprès des petits garçons de la tranche d’âge visée, avides de bébêtes à grandes dents. Hélas, ce n’est qu’une promesse sur le papier, et les dinos se font en réalité bien discrets. Le tableau s’assombrit davantage avec une aventure un peu molle, répétitive et dont les allées et venues peuvent vite lasser. Partant de ce principe, difficile de se démarquer face à une grosse offre de jeux pour les 3-10 ans cette fin d’année, avec des titres qualitatifs. Toutefois, le jeu de Wild River peut encore tenter de séduire avec son prix mini… Mais est-ce suffisant ?


Dinosaurs : Mission Dino Camp

Les points positifs :

  • Retrouver les figurines en jeu vidéo
  • Un look très fidèle à celui des figurines
  • Des véhicules à débloquer
  • Une map de bonne taille
  • La progressivité
  • On peut voir quelques dinos
  • Quelques promesses intéressantes
  • Un prix mini

Les points négatifs :

  • Visuellement, ce n’est pas très beau, c’est dépassé
  • Des animations qui datent aussi
  • L’audio en Anglais
  • Un scénario qui semble ne savoir ni d’où il vient, ni où il va
  • Les (trop) nombreux va-et-vient au sein du parc
  • Les quêtes deviennent vite répétitives
  • Une jouabilité parfois trop rigide
  • Les textes, entre Français approximatif (avec des fautes) et contre-sens
  • Des tentatives ratées pour rallonger la sauce (les œufs d’ambre)