Décidément, cette fin d’année, le studio français Microids est partout ! Et ce ne sont pas les enfants qui vont s’en plaindre, puisque les plus petits sont majoritairement le public ciblé par les nouveaux jeux du catalogue de l’éditeur parisien. Avec Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte, Microids retrouve le Lyonnais OSome Studio au développement, que l’on connaît aussi pour la série des Astérix et Obélix XXL. Mais aujourd’hui, ce sont les petits hommes bleus qui reviennent pour une grande aventure dans la pure tradition des plateformers 3D. Et c’est l’heure de notre verdict.
L’alliance inattendue
Entre Les Schtroumpfs, la célèbre BD inventée par Peyo en 1958, et le jeu vidéo, c’est une longue histoire d’amour. Plus précisément, une relation qui dure depuis 1982, date à laquelle un premier jeu Les Schtroumpfs sort sur Colecovision, suivi du jeu Les Schtroumpfs au Château de Gargamel, la même année sur Colecovision et Atari 2600. Aujourd’hui, on compte environ une quarantaine de jeux inspirés par la BD de Peyo, tous supports confondus. Avec quelques légendes, à l’image du célèbre Les Schtroumpfs sorti en 1994 sur Super-Nintendo, Megadrive, GameBoy et la plupart des plateformes de l’époque… Légendaire pour sa difficulté, et pour son développeur, le redouté français Infogrames.
Désormais, c’est l’éditeur parisien Microids qui détient les droits de la licence. Et qui a confié il y a quelques années le développement d’un jeu au studio OSome, basé à Lyon. C’est ainsi qu’est sorti, en octobre 2021, un plateformer répondant au nom de Les Schtroumpfs : Mission Malfeuille. Et ce mois de novembre 2023, les deux studios reviennent pour un second jeu dédié aux petits hommes (et femmes) bleu(e)s : Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte.
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Le jeu débute alors que le Schtroumpf Bricoleur vient d’inventer un truc incroyable : le SchtroumpfoMix, mélange entre un couteau-suisse et le proton-pack des Ghostbusters ! Cependant, pour que son invention fonctionne au mieux, il lui manque un ingrédient clé : la Pierre Verte ! Mais pas de chance, cette pierre aux grands pouvoirs magiques est actuellement en possession de Gargamel, dans sa demeure. Le Schtroumpf Bricoleur et son équipe (Tempête, le Schtroumpf à Lunettes, et le Schtroumpf Beta) partent alors en mission chez Gargamel pour récupérer cette fameuse pierre, dans son laboratoire.
Mais comme vous pouvez vous en douter, rien ne se passe comme prévu. Une fausse manipulation du Schtroumpf Bricoleur provoque l’explosion de la pierre, dont les fragments s’éparpillent dans le pays. Mais en se brisant, la pierre libère aussi Stolas, un fléau aux immenses pouvoir, d’une puissance que le monde n’a jamais connue. Un ennemi tellement redoutable que Gargamel lui-même accepte, pour éviter le chaos, de s’associer à ses ennemis jurés, les Schtroumpfs. Voilà pour un scénario plutôt prometteur sur le papier…
Dans la pure tradition des plateformers 3D
Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte est donc un jeu de plateformes en 3D, mais qui se joue comme un TPS grâce au Schtroumpfomix : tir à distance, dash et attaque au corps à corps. Et si on devait le comparer à des titres similaires, je pense que l’on pourrait affirmer sans trop se tromper que les développeurs ont dû poncer des heures Ratchet & Clank, tout en faisant des pauses sur Returnal. Et on sent d’ailleurs que Ratchet a dû être une grosse influence tant certaines mécaniques nous font penser au jeu d’Insomniac Games (surtout Rift Apart, d’ailleurs). Mais pas que, et on retrouvera aussi de nombreuses mécaniques venues d’autres hits comme, bien évidemment, les Mario. Au final, on a ici un jeu au gameplay dynamique, et ce n’est pas pour nous déplaire !
Après avoir choisi un mode de difficulté, le joueur débute l’aventure dans la maison de Gargamel, qui fait office de hub central. C’est ici que vous trouverez les warp-zones qui vous emmèneront (rapidement, merci le SSD) vers les différents mondes. Là, vous devrez combattre des ennemis, collecter des cristaux, retrouver des tirs alternatifs pour votre Schtroumpfomix qui propose quatre types de munitions (hélas, on ne peut pas switcher librement entre-elles)… Avec bien entendu de nombreux puzzles et défis à relever, des compétences à upgrader grâce à votre XP. Tout ceci à travers trois mondes (la Forêt Schtroumpf, les Monts enneigés et les Terres de feu) plus un quatrième à débloquer, qui se divisent eux-mêmes en plusieurs parties. Sur ce point, on est dans un jeu très scolaire. Un peu trop même, et bien qu’il soit vraiment sympathique à jouer, les boucles de gameplay deviennent très vite répétitives.
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Mais ce n’est pas le pire défaut du jeu, et il y en a deux en particulier sur lesquels nous devions revenir. Le premier, c’est sa difficulté. Si dans l’ensemble, il reste assez accessible, il sait parfois nous mettre face à des pics qui font que, même dans le mode de difficulté le moins élevé (Histoire, juste pour profiter du scénario), vous allez devoir vous y reprendre à plusieurs fois pour passer. Des épisodes souvent liés à des phases de plateforme, ou à des mécanismes à activer pour franchir des obstacles répondant à des conditions particulières, mais qui demandent du doigté. Et si un adulte y verra un challenge intéressant, un jeune enfant va se décourager beaucoup plus rapidement, ou ranger le jeu dans un placard. Même en mode facile, la difficulté semble inadaptée aux plus jeunes.
Enfin, second point noir à mon sens : les niveaux sont beaucoup trop longs. Une manière de dire qu’ils sont interminables, on n’en voit jamais la fin. Avec toujours les mêmes combats en boucle, vous enlevant tout espoir de voir le bout du tableau. Et quand vous pensez enfin conclure le stage, un nouveau combat, des glissades, un nouvel objectif… Le niveau des glaces par exemple m’a semblé durer plus d’une heure et demi… Maintenant, on vous laisse imaginer la chose du point de vue d’un enfant… Si un level se termine en moins de 3 minutes dans un jeu Super Mario, ce n’est pas un hasard ! La durée de vie d’un niveau doit être bien dosée pour une bonne raison : capter et surtout garder l’attention de l’enfant, qui a une « date limite de consommation » !
Le chaos est partout ! Même entre nos mains !
Du coté de la réalisation, c’est bon, très bon même ! Alors oui, on est quand même loin d’un Ratchet ou d’un Mario, des jeux qui bénéficient de budgets de développement incomparables avec les moyens plus restreints d’OSome. Il n’empêche que les Lyonnais nous proposent un jeu coloré, avec son univers et sa personnalité. Et surtout qui s’inscrit bien dans l’univers et la philosophie de la série TV Les Schtroumpfs. Visuellement, l’ensemble est assez joli, avec quelques fulgurances, comme le niveau du lac enchanté, juste magnifique, pour ne pas dire féerique.
On pourra cependant regretter un bestiaire très limité, avec peu d’ennemis différents qui reviennent en boucle au fil des niveaux. D’ailleurs, qu’il s’agisse des ennemis ou des armes du Schtroumpfomix, il me semble que le jeu abat ses cartes trop vite. En dévoilant quasiment tout son contenu dès le premier niveau : dommage, car on aurait vraiment aimé découvrir des surprises jusqu’à la fin. Constat qui vaut aussi pour les musiques, très sympas et dans le ton au début, mais qui finissent par être répétitives elles aussi (car finalement, peu de variété)… En revanche, bon point pour la VF qui est de très bonne facture. Un enfant fan de la série se sentira à la maison !
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Lorsque j’ai débuté ce test, et malgré la mise à jour de lancement fortement recommandée, il m’aura fallu composer avec de gros bugs. Survenus notamment pendant le 1er niveau. Un énorme bug par exemple qui plante le jeu à la sortie de la grange (ceux qui l’ont fait comprendront), avec un incompréhensible retour au début du jeu après avoir traversé le décor (photo ci-dessus), et des soucis de son confirmant que le jeu était corrompu. Malgré une désinstallation, la solution aura finalement été de détruire la sauvegarde vérolée, pour tout reprendre à zéro. Avec toutefois un gros doute : le jeu ayant été installé la première fois pendant la tempête, avec des coupures de courant… Repartir de 0% aura donc permis d’aller plus loin, avec cependant encore un freeze dans le monde enneigé…
Si le jeu est, en grande partie, assez propre, il n’évite cependant pas quelques bugs incontournables. Le plus probant étant les soucis de caméra, qui vous font parfois perdre les pédales lorsque l’action exige la plus grande précision. J’ai parlé un peu plus haut du son qui semble se couper, problème survenu à nouveau après la réinstallation du jeu. Qui souffre par ailleurs de quelques chutes de framerate, notamment lorsque les éléments se multiplient à l’écran (le niveau des neiges, encore lui). Enfin, on s’étonnera aussi de voir certaines transitions (cut-scenes) un peu abruptes, avec des coupes qui semblent avoir été faites à la machette…
Au final
Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte est un bon jeu, qui mêle avec astuce les mécaniques de plateforme et de TPS. L’aventure est longue, le jeu est plutôt joli, et nous transporte dans un univers qui sera familier à la fois aux enfants, et à leurs parents qui ont grandi avec Récré A2 ou le Club Dorothée. Le scénario est plutôt bien ficelé (d’ailleurs, fait amusant : Gargamel fait aussi copain-copain avec les Schtroumpfs dans le dernier album en date, Gargamel l’Ami des Schtroumpfs, publié chez Le Lombard le 13 octobre dernier), et le fait de devoir purger les niveaux de leurs cristaux suffit à nous rendre addict au nettoyage façon « petits hommes bleus » ! Bref, tous les ingrédients semblent réunis pour nous offrir un grand jeu, digne de l’œuvre de Peyo. En apparence, du moins !
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Car ce Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte souffre d’un gros défaut : ses niveaux très (trop) longs et des pics de difficulté ! Pour un gamer, ou pour un adulte rodé aux die-and-retry, le titre de Microids offre un challenge intéressant. Mais il ne faut pas oublier que, sur la jaquette figure un PEGI 7 ! Et là, ça se corse ! Car si les enfants sont aujourd’hui familiers avec les consoles et l’univers du jeu vidéo, la difficulté de ce Schtroumpfs 2 pourra en rebuter. Encore davantage si un adulte ou un grand-frère (grande sœur) n’est pas présent(e) pour débloquer le passage incriminé. Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte est donc un jeu plutôt sympa, mais qui manque sa cible en visant un poil trop haut.
Les Schtroumpfs 2 : Le Prisonnier de la Pierre Verte
- Par : développé par OSome Studio, édité par Microids.
- Sur : PlayStation, XBox, PC et Switch.
- Genre : aventure
- Classification : PEGI 7
- Prix : 39,99€
- Conditions de test : Testé sur PS5, sur une version fournie par l’éditeur.
Les points positifs
- Visuellement, c’est parfois daté mais plutôt joli dans l’ensemble
- Une bonne VF
- Bonne prise en main
- Les mécaniques TPS qui dynamisent le gameplay
- La coop locale
- Le coté satisfaisant de « nettoyer » les niveaux de leurs cristaux
- L’upgrade de votre Schtroumpfomix
- Une bonne jouabilité dans 90% des situations
Les points négatifs
- Des bugs
- Des niveaux beaucooooooup trop longs, et pas de check-points !
- Des soucis de caméra
- Des pics de difficulté
- Trop de combats
- On ne peut pas switcher librement entre les différents types de munitions
- Les musiques répétitives
- Des cuts un peu rudes
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