S’il est un jeu vidéo que tout le monde a connu sur Master-System, c’est bien Alex Kidd in Miracle World. Et pour cause, puisque le jeu était directement embarqué dans la Master System II ! Retour sur ce jeu de plateformes légendaire de Sega, qui a marqué les joueurs, et dont le héros aurait pu devenir la mascotte de la marque !
Il a failli être l’adaptation de Dragon Ball

Alex Kidd in Miracle World, ou Arekkusu Kiddo no Mirakuru Wārudo (アレックスキッドのミラクルワールド) au Japon, est le tout premier épisode de la série. Ce jeu de plateformes sort en novembre 1986 au Japon, sur la console 8 bits Master-System de Sega. La France devra attendre 1987 pour pouvoir y jouer. Pour ma part, c’est dans un supermarché qui mettait une Master-System à disposition, en démo, que j’ai pu découvrir ce jeu… 😀
S’il est déjà très populaire à son lancement, le jeu va considérablement gagner en notoriété trois an plus tard. Car à partir de 1990, il est intégré à la nouvelle version de la console : si vous achetez une Master-System II, le jeu est inclus gratuitement dedans !
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Le développement du jeu est lancé début 1986 sous la direction de Kotaro Hayashida (aussi connu sous le pseudo Ossale Kohta), qui est aussi le créateur de Phantasy Star. À l’instar de Wonder Boy, Alex Kidd in Miracle World est imaginé pour être la réponse de Sega à un certain Super Mario Bros, chez Nintendo.
Initialement, le jeu devait être un mélange de RPG et d’action pour la Sega Mark III (la Master System chez nous), intitulé Miracle Land. Le héros devait se battre avec un bâton. Et attention, tenez-vous bien : Kotaro Hayashida expliquera plus tard que son plan initial était de réaliser une adaptation de Dragon Ball ! Mais faute de pouvoir obtenir les droits de la licence, le projet évolue. Le jeu va devenir un plate-former, dans lequel le joueur contrôle un jeune garçon, maître en arts martiaux (des restes de l’idée initiale) qui se bat avec ses poings.
Et tant que nous sommes dans les anecdotes… Saviez-vous aussi que Alex Kidd in Miracle World a été reconnu par Markus Persson, aka Notch, comme l’une de ses plus grandes sources d’inspiration pour créer Minecraft ?
Comment on joue ?
Alex Kidd est un jeu de plateformes. Autrement dit, le joueur doit traverser un niveau en scrolling horizontal (de gauche à droite), avec parfois des déplacements verticaux (de haut en bas). Qui dit plateformer dit aussi ennemis à éliminer, non pas en sautant sur leur tête, mais en leur donnant des coups de poing. Il peut aussi briser des blocs et des pierres, pour gagner des bonus. Mais attention : certains blocs cachent aussi des malus !
Pour son époque, le jeu est très riche, et propose pas moins de 17 niveaux. Soit autant d’environnements variés : lacs, châteaux, villages, marais, collines… Le joueur va beaucoup voyager ! De plus, contrairement aux jeux de plateformes de l’époque, il ne suffit pas ici de sauter et frapper : Alex Kidd in Miracle World inclut aussi de nombreuses mécaniques empruntées au RPG. Comme la gestion de votre inventaire ou de l’argent, ou les dialogues avec des PNJ.
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Alex peut aussi utiliser des véhicules, comme une moto ou un hélicoptère… L’une des mécaniques qui est devenue, avec le temps, caractéristique de Alex Kidd in Miracle World, c’est son jeu de Janken (pierre-feuille-ciseaux). Elle est utilisée notamment lors de combats contre des boss de mi-niveau. Il ne suffit donc plus de les frapper, mais de choisir la meilleure option pour remporter des duels de hasard et de chance…
Le scénario du jeu n’est pas le plus élaboré, mais il fait le travail… Et fait surtout mieux que la concurrence avec de nombreux rebondissements narratifs, tout au long de l’aventure. Le joueur incarne Alex Kidd, maître en arts martiaux et prince de Radaxian. Lorsqu’il découvre que sa ville natale est gouvernée par le tyran Janken (qui a aussi enlevé son jumeau Egle), il décide de partir délivrer son royaume.
Pourquoi n’est-il pas aussi bon que Super Mario Bros ?

Et bien oui…. N’oublions pas que c’est son objectif, à la base ! Faire mieux que le plombier de Nintendo ! Et sur de nombreux points, la mascotte temporaire de Sega (avant de se faire éjecter par un certain hérisson bleu au début des années 90) y parvient haut la main.
Les graphismes sont plus colorés, le chara-design fun, l’univers attrayant, les musiques collent parfaitement à l’ambiance des niveaux, les bruitages sont aussi réussis que le level-design… Sans oublier ses musiques inoubliables, signées Tokuhiko Uwabo (Phantasy Star, Sonic…). Alex Kidd a tout pour plaire ! Mais il a aussi des défauts qui l’empêchent d’atteindre le niveau de son rival Super Mario Bros.
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Le premier point est sa jouabilité, parfois capricieuse, et qui de ce fait rejoint un autre défaut que nous aborderons plus bas : sa difficulté. Le joueur doit composer en effet avec une hitbox assez étrange, qui fait que l’ennemi passe à travers vos coups si vous en êtes trop près. S’ajoute aussi une latence, un temps entre le moment où vous appuyez sur le bouton, et celui où l’action s’effectue. De même, vous devrez gérer la hauteur de vos sauts, ou la vitesse de déplacement de votre personnage, qui devient problématique lors de phases en véhicules. On rate facilement des plate-formes…
Ensuite, il est impossible de ne pas parler de sa difficulté ! Seulement trois vies au départ, et pas de continue… Autant dire que vous savez dès le début de partie que vous allez en baver, pour rester poli !! D’autant que le moindre contact avec un ennemi, la moindre erreur est punitive. Encore plus pour les raisons expliquées plus haut. Alors, il n’y a pas 36 solutions ! Vous allez devoir apprendre chaque niveau par cœur ! Apprendre où se cache chaque ennemi, chaque obstacle… Et à l’époque, finir le jeu relevait de l’exploit divin ! Le jeu était certes court, mais sa durée de vie colossale puisqu’il fallait vraiment s’accrocher pour parvenir au boss de fin. Je ne l’ai pas précisé, mais à cette époque, vous pouvez aussi vous asseoir sur les sauvegardes si vous n’êtes pas dans un RPG.
Une réussite difficile à reproduire

Pour Sega, Alex Kidd in Miracle World est une franche réussite (près de 5 millions de copies vendues) ! Et de ce succès vont naître des suites. Mais…
La première arrive en 1988 au Japon, avec Alex Kidd : The Lost Stars. Il sera suivi en 1989 par Alex Kidd in High-Tech World. Puis, Alex Kidd arrive sur 16 bits en 1990, sur Megadrive, dans Alex Kidd in the Enchanted Castle, suite directe de Alex Kidd in Miracle World. Mais le jeu est loin d’être aussi bon que son modèle.
Car la qualité n’est pas au rendez-vous, et avec ces suites, Sega ne parvient pas à faire mieux que Miracle World. Alex Kidd est en difficulté : d’un coté, Super Mario s’envole chez Nintendo, et chez Sega, un certain Sonic the Hedgehog gagne en popularité, et va petit à petit effacer le héros aux grandes oreilles décollées. Pour la série, le chant du cygne arrive en 1991, avec un excellent Alex Kidd in Shinobi World, qui sera l’un des derniers jeux de la Master System… Et le dernier Alex Kidd.
Peut-on y jouer aujourd’hui ?

Si vous n’étiez pas né à la fin des années 80, ou si vous n’êtes pas rétro-gamer, pas de panique ! Aujourd’hui, il reste possible de (re)découvrir cet univers. Et de plusieurs manières !
Tout d’abord, sachez que Sega l’a réédité en 2019 dans sa collection Sega Ages, sur la Switch. Cette version dématérialisée vous coûtera très exactement 6,99€ sur l’eShop de Nintendo. Avec toutefois les nouveautés de rigueur : musiques remixées, filtres graphiques, sauvegardes, continues ou fonction « rewind » ! (voir la vidéo en début d’article).
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En mars prochain devrait également sortir Alex Kidd in Miracle World DX. Annoncé l’an dernier sur PC, Xbox One, PS4 et Switch, ce remake avec des graphismes rehaussés (voir la photo ci-dessus) vous permettra de redécouvrir Alex Kidd, mais avec un aspect visuel d’aujourd’hui.
Des versions « fan-made » ont aussi vu le jour. Parmi les plus connues, on citera celle de Darmon Xavier (en 2007) sur PC… Ou encore une version HD sortie en 2012, qui reprend le jeu au pixel près…
Au final

Pour tout fan de Sega qui se respecte, Alex Kidd in Miracle World est un jeu à faire absolument, voire une « Madeleine de Proust » vous diront certains. Un hit qui, en son temps, est parvenu à faire trembler un certain Super Mario sur de nombreux points (mais qui ne parvient hélas pas à l’égaler sur celui de la jouabilité).
Aujourd’hui, le jeu peut être assez compliqué à trouver en version physique, puisqu’il était stocké directement dans la Master-System… Mais il reste trouvable, à un prix qui avoisine tout de même les 50€, et plusieurs alternatives existent.
Véritable monument de Sega, Alex Kidd in Miracle World est un indémodable que vous devez intégrer à votre collection. Soit directement via la console, soit en trouvant sa version boite. Ce qui va vous demander un peu de recherche sur le net, afin d’éviter de claquer vos économies…Personnage emblématique, mais aujourd’hui parfois oublié, de Sega… Alex est de ces héros que l’on aimerait revoir un jour, autrement que dans un cross-over ou un remake…
Alex Kidd in Miracle World
- Par : Sega
- Sur : Master-System/Master-System II
- Date de sortie : novembre 1986 au Japon, 1987 en Europe.
- Genre : Plateformes
- Nombre de joueurs : 1.
- Estimation : Attention, le site argusjeux.fr souligne une cote en hausse, et estime aujourd’hui le jeu, dans sa version boite, autour de 50€.

Points positifs :
- Très joli pour l’époque, et très coloré
- Un personnage attachant
- Des niveaux variés
- Durée de vie correcte (le jeu est court, mais difficile)
- Une bande-son et des bruitages réussis, bien « punchy »
- Il y a un scénario avec des rebondissements, rare à l’époque
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Points négatifs :
- Un jeu assez difficile, qui vous demandera de connaître les niveaux par cœur
- Une animation parfois un peu rigide
- La jouabilité moins fluide que dans un Super Mario Bros (collisions, latence…)
- Un prix en hausse