Une pépite sur GameCube

C’est donc en 2002 que les joueurs sur GameCube découvrent un nouvel épisode de la série Starfox (autrefois appelée Starwing, on vous explique pourquoi ici). Soit cinq ans après Lylat Wars sur N64. Pour vous replacer dans la chronologie, le GameCube est sorti au Japon le 14 septembre 2001, et en Europe le 3 mai 2002. Starfox Adventures (les Japonais prononcent Sutā Fokkusu Adobenchā) sort en septembre au Japon, et en novembre en Europe. Donc quelques mois à peine après la sortie de la console. Le jeu est développé par le studio Rareware (ou Rare LTD., ou encore Rare), et s’éloigne du jeu de tir habituel pour une approche inédite : l’action/aventure. Des informations qui ont leur importance, et nous allons y revenir plus bas.

Notamment loué pour ses graphismes, le jeu a recueilli de très bons avis à sa sortie (avec par exemple un bon 82 sur Metacritic), le plaçant parmi les hits de la console. Pour l’anecdote, sachez aussi qu’en son temps, il a décroché le record du jeu ayant vendu le plus d’unités le plus rapidement sur Gamecube. Avec un total de 1,82 millions d’unités écoulées dans le monde selon VGChartz. Il est donc temps de revenir sur une licence qui manque (le dernier opus étant Starfox Zero, sur Wii-U en 2016). Et de vous parler de l’un des incontournables du Cube de Nintendo… Un jeu qui reste encore aujourd’hui une pépite : Starfox Adventures.

Baroud d’honneur pour un studio mythique

C’est l’une des spécificités qui font de Starfox Adventures un jeu aujourd’hui si prisé : il a été développé par le britannique Rare. Un studio à qui l’on doit beaucoup de hits sur consoles Nintendo. À l’image de Slalom, RC Pro-AM ou la série des Battletoads sur NES, Killer Instinct ou les Donkey Kong Country sur Super-Nintendo… Ou encore Killer Instinct Gold, Goldeneye 007, Banjo-Kazooie, Donkey Kong 64, Perfect Dark ou Banjo Tooie sur Nintendo 64. Pour ne citer que les plus mythiques.

Oui mais voilà : début 2002, le studio ne peut plus cacher ses difficultés financières. Et après plusieurs mois de réflexion, en septembre 2002, Nintendo accepte de revendre ses parts (soit 49% du capital de Rare) à Microsoft. Le tout contre un énorme chèque de 377 millions de dollars. C’en est donc terminé des exclusivités pour Nintendo, Rare rejoint désormais l’écosystème XBox (Grabbed by the Ghoulies, Viva Piñata).

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Ce rachat aura pour conséquence de voir plusieurs projets GameCube tout simplement annulés : Perfect Dark ZeroDonkey Kong RacingKameoBanjo-Threeie… Étant terminé et prêt à être lancé en septembre 2002, Starfox Adventures va échapper à l’hécatombe, et sortira quand même sur GameCube. Mais il sera le tout dernier jeu Rare développé pour une console Nintendo. En réalité, Rare va continuer à développer des jeux sur Gameboy Advance, mais ceux-ci seront édités par THQ.

C’est même pas un vrai jeu Starfox, à la base…

Oui, vous avez bien lu ! À l’Origine, le jeu de Rare se nomme Dinosaur Planet, annoncé en 1999, et est prévu pour la N64. Comme son nom l’indique, son action se déroule sur une planète peuplée de dinosaures. On peut y incarner au choix deux personnages. Sabre, un renard armé d’une épée, et Krystal, une renarde bleue utilisant des pouvoirs psychiques. Ils doivent résoudre des énigmes, percer les mystères de cette planète… Afin d’enrayer une invasion extra-terrestre. Ils sont aidés notamment par deux dinosaures : la princesse Kyte (une jeune ptérodactyle) et le prince Tricky (un jeune tricératops).

Mais alors que le projet est bien avancé (très bien avancé, même), Shigeru Miyamoto lui-même suggère à l’équipe de changer le jeu. Son argument ? Donner plus de visibilité à Dinosaur Planet en remplaçant quelques personnages, et en utilisant la licence Starfox. Au grand dam de l’équipe de développement, qui doit détricoter le jeu, pour y insérer et transformer les nombreux éléments permettant d’y intégrer l’univers de Starfox. En même temps, bénéficier du poids de Nintendo pour propulser un tel projet, ça ne se refuse pas !

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Sabre est donc remplacé par un autre renard, Fox McLoud, et la planète devient Sauria, appartenant au système Lylat. On garde les personnages principaux (même si Kyte disparaît), comme le Général Scales (l’antagoniste). Et on rajoute quelques éléments scénaristiques provenant du lore de Starfox… On garde les énigmes, les décors et PNJ de Dinosaur Planet… Et on obtient un nouveau jeu qui, les reports aidant, est désormais prévu sur Dolphin, console qui deviendra GameCube.

Le jeu suit donc Fox McCloud, héros de la série, qui est envoyé sur la planète Sauria pour enquêter sur des perturbations qui menacent l’univers. Il doit également secourir une mystérieuse renarde nommée Krystal, prisonnière dans un cristal magique. Arrivé sur place, Fox rencontre les habitants de la planète, principalement des dinosaures. Il reçoit aussi un bâton magique qui devient son arme principale. L’antagoniste du jeu est le General Scales, un tyran qui menace la paix de Sauria. Cependant, dans un twist final, on découvre qu’il n’est qu’un instrument, et que l’on connaît plutôt bien le vrai manipulateur…

Gameplay : là aussi il y a du changement

Depuis son apparition sur Super-Famicom/Super-Nintendo en 1993, la série Starfox nous a habitués à ses phases de shooter. On y contrôle le quatuor de pilotes légendaires que sont Fox McLoud (le renard), Peppy Hare (le lapin), Falco Lombardi (un aigle) et Slippy Toad (un crapaud). Le joueur contrôle alors les vaisseaux Arwings, et assure la paix dans l’univers en tirant sur tout ce qui bouge… Jusqu’au combat final contre l’antagoniste de la série : Andross.

Starfox Adventures se distingue quant à lui par son gameplay orienté action-aventure, bien différent des jeux de tir sur rails qui avaient défini la série jusque-là. C’est une grande première pour la saga, qui reviendra vite au shoot’em up par la suite ! Contrairement aux jeux précédents de la série, Starfox Adventures est donc majoritairement un jeu d’action-aventure en 3D, très inspiré par The Legend of Zelda (et notamment Ocarina of Time). Fox utilise un bâton pour combattre, résoudre des énigmes et interagir avec l’environnement.

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Le jeu comprend aussi des séquences de vol dans l’Arwing. Mais pour être honnête, elles sont limitées et servent surtout de transitions entre les zones. Si on range le jeu dans la catégorie aventure, il emprunte aussi quelques éléments au RPG. Par exemple, Fox collecte des objets, comme des fruits de Bombspore ou des gemmes magiques, pour progresser dans l’histoire. Comme dans les jeux de rôle, le soft propose aussi des quêtes secondaires et des interactions avec divers PNJ.

Enfin, comme dans beaucoup de jeux, Fox est accompagné par un petit dinosaure. Un compagnon qui peut l’aider à creuser, souffler du feu ou résoudre certaines énigmes. Et qui est-il ? Et bien, Tricky bien entendu. Souvenez-vous, on a parlé de lui plus haut. Il est le survivant du duo Tricky et Kyte de Dinosaur Planet. Dans l’introduction du jeu, on peut aussi contrôler Krystal alors qu’elle explore le vaisseau volant Krazoa et découvre des secrets liés à l’histoire principale. Mais dès lors qu’elle est capturée, le jeu commence, et le joueur prend le contrôle de Fox.

Un jeu avec des qualités… Et des défauts

Starfox Adventures est un jeu qui a véritablement marqué les joueurs, et les fans du GameCube. Et le premier point qui saute aux yeux, c’est évidemment les graphismes, très colorés et plutôt détaillés pour l’époque. Techniquement, le jeu exploitait pleinement les capacités du GameCube. La console de Nintendo nous proposant ici une aventure immersive, dans un univers riche… Dans l’un des jeux encore considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs de la marque.

Cette ambiance est aussi renforcée par une bande-son aux petits oignons, composée par David Wise (série Donkey Kong Country y compris les Tropical Freeze, Yooka-Laylee, Battletoads, Pin Bot, Wizards & Warriors…). Avec des morceaux superbes, tantôt planant, tantôt empreints de féerie. L’une des plus belles OST du Cube !

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Pour autant, le jeu a pu diviser, notamment pour son changement d’orientation, justement. Si certains ont adoré, les fans de Starfox ont pu regretter l’absence de phases de tir et des combats spatiaux, qui constituent l’ADN de la série. D’autres ont aussi pu lui reprocher une jouabilité parfois approximative, et particulièrement lors de passages de plateforme qui demandent de la précision.

Et si le jeu est correctement long (environ 25 heures pour le boucler), on peut aussi trouver à redire sur son rythme un peu lent… Et des collectes d’items qui prennent un peu trop de place dans l’aventure. Ces phases contribuent justement à ralentir le rythme, et vous imposent quelques allées et venues dont on se serait bien passé.

Au final

StarFox Adventures est souvent vu comme un jeu à part dans la série. Bien qu’il n’ait pas vraiment reçu de suite directe, il a influencé le développement d’autres jeux de la franchise. Notamment StarFox Assault, toujours sur GameCube. Il a marqué les passionnés de jeux vidéo pour deux aspects marquants. Toute d’abord, son orientation Aventure/RPG, dans une série qui s’est construite autour des phases de tir. Il est également un témoignage du talent de Rare, qui a su créer un monde immersif et captivant, avant de quitter Nintendo pour Microsoft.

Malgré des critiques mitigées, le jeu reste une expérience unique et culte pour les fans de StarFox et de Rare. Par ailleurs, il a introduit Krystal, un personnage qui deviendra un pilier des jeux suivants. Si vous aimez les jeux d’aventure avec un mélange de combats, d’énigmes et d’exploration, Starfox Adventures reste une recommandation incontournable pour les amateurs du GameCube !


Starfox Adventures

  • Par : Rareware
  • Sur : GameCube
  • Genre : action/aventure
  • Classification : Tous Publics (équivalent PEGI 3)
  • Conditions de test : testé sur la version PAL d’origine
  • Estimation : au moment de publier ce test, le site argusjeux.fr estime le jeu à 51,95€ en occasion
  • Des graphismes plutôt jolis pour l’époque
  • Un univers riche et une ambiance immersive
  • Des personnages attachants
  • Un scénario qui invite à la découverte
  • Un gameplay diversifié
  • Les musiques de David Wise
  • Le doublage vocal
  • Pas mal de missions et quêtes
  • Le gameplay manque parfois de précision
  • Un rythme parfois lent
  • L’intégration de Starfox dans Dinosaur Planet, parfois un peu maladroite : on voit parfois « les ruines sous les immeubles modernes »
  • Une durée de vie globalement assez courte (autour de 25 heures pour finir le jeu)
  • Les quêtes de collecte un peu trop présentes